Écho de notre page Facebook : septembre 2024

30 septembre 2024
Saint Jérôme
J’estime que le père Lagrange est comme l’initiateur de toute la renaissance catholique des études bibliques. Penser qu’au début de ce renouveau il y a eu un saint nous encourage à vivre ces Études avec l’attitude de saint Jérôme et des autres saints exégètes qui ont cherché le visage de Dieu dans les Écritures. (Lettre du cardinal Carlo Maria Martini s. j. (1927-2012), de Jérusalem, le 22 juillet 2007, au père Manuel Rivero, o. p., en faveur de la cause de béatification du père Lagrange.)

Saint Jérôme dans l’œuvre du père Marie-Joseph Lagrange Dominicain
Dans ses écrits, le père Lagrange nous dévoile sa relation avec Dieu dans la prière souvent à la suite des enseignements reçus au cours de retraites spirituelles. C’est à juste titre que le cardinal Carlo Maria Martini, jésuite, archevêque de Milan, parlait de « la prière de feu » du fondateur de l’École biblique de Jérusalem qui avait marqué les débuts de ses études d’exégèse. Le Journal laisse transparaître ce coeur à coeur avec Dieu qui fut la racine, le moteur et le but de la recherche biblique du « nouveau saint Jérôme » comme aiment l’appeler les biblistes et théologiens qui voient en lui un « docteur » que l’Église écoute et vénère.

Le père Lagrange avait un cahier de notes scientifiques prises en 1905 afin de préparer un livre sur le Royaume de Dieu … Voilà une échappée révélant à quelle source le père Lagrange puisait son inspiration. De façon moins personnelle, dans les Conseils pour l’étude, qu’il adressait aux jeunes dominicains venus dès 1890-1891 faire leur théologie à Jérusalem, sans doute alléguait-il, à travers des citations de saint Jérôme et de saint Augustin, sa propre expérience chrétienne.

Contemplation : « Je te le demande, frère très cher, vivre au milieu de ces textes sacrés, les méditer, ne rien connaître, ne rien chercher d’autre, ne crois-tu pas que c’est déjà, dès ici-bas, habiter le royaume céleste ? » (Jérôme, au prêtre Paulin, LIII, 10)

Prédication : « Un homme parle avec d’autant plus ou d’autant moins de sagesse qu’il a fait plus ou moins de progrès dans la science des saintes Écritures. » (Note de cours, ASEJ, fonds Lagrange).

Note :
Saint Jérôme et le lion
La légende dorée raconte l’histoire de la rencontre du saint et du lion. Se promenant dans le désert saint Jérôme se retrouve en face d’un lion qui, au lieu de l’attaquer, se lèche la patte d’un air malheureux.
Saint Jérôme, plein de pitié, retire l’épine qui le blessait. Accompagné du lion reconnaissant, il rejoint son monastère où le fauve jette d’abord l’effroi et la crainte. Mais devant sa douceur et son affection pour le saint, les moines se prennent d’amitié pour le lion et le chargent de garder l’âne du monastère. Mais un jour, le lion revient seul car des bédouins avaient enlevé l’âne. Accusé de l’avoir mangé, le lion subit avec patience et humilité la pénitence qui lui fut infligée, puis disparut. Il retrouva les voleurs, les mit en fuite puis ramena l’âne au monastère mais, épuisé par ses recherches, il expira aux pieds de saint Jérôme.

Photo : St Jérôme (autel saint Jérôme, basilique st-Étienne, Jérusalem)

 

28 septembre 2024

  1. Guillaume Courtet, op, 1590-1637.

Ô saints martyrs, colonnes inébranlables de notre foi, donnez-nous votre courage généreux : vous avez aimé Jésus-Christ et vous êtes morts pour lui ; votre amour l’a vengé des calomnies absurdes des païens, de la lâcheté des tièdes ; vous êtes jusqu’à la fin des temps notre modèle et notre soutien. (Marie-Joseph Lagrange op, Journal spirituel, Cerf, 2014.)

https://dominicains.re/saintguillaumecourtet.html

 

25 septembre 2024

Mémoire du bienheureux Marc de Modène OP, +1498.

Marc, né à Modène, dans la première moitié du XVe siècle, entra dans l’Ordre au couvent de sa ville natale. Ce fut un contemplatif et un religieux rayonnant de sainteté. Il s’adonna avec ferveur à l’étude de la doctrine sacrée, et la force de son éloquence, ‘plus puissante que sa voix même’, suscita de nombreuses conversions. Il demeura longtemps au couvent de Pesaro dont il fut le prieur. Il y mourut le 21 septembre 1498. (Historia OP. Les saints dominicains)

Béatifié, par équivalence, par le pape Pie IX, en 1857.

Ô mon Jésus, toutes les fois que j’ai voulu mettre du mien, j’ai mis obstacle à votre amour. C’en est fait, je vous abandonne ma volonté : tua voluntas fiat, non seulement parce que vous êtes mon maître absolu, mais encore parce que je vous ai abandonné ma volonté, parce que je vous aime et que tout mon bonheur est d’agir selon votre bon plaisir. Ô divine Marie, vous m’avez tendu une main secourable, sans vous j’étais perdu ; donnez-moi Jésus pour père, pour ami, pour l’époux de mon âme. Ô Jésus, mon Dieu et mon tout, ne me quittez plus et ne permettez pas que je vous quitte.

(Marie-Joseph Lagrange O.P. Journal spirituel, Cerf. 2017

 

23 septembre 2024

Témoignage du cardinal Henri de Lubac (1896-1991), théologien, jésuite,

The Spirit of the Scriptures: The Source of Revelation S.J. Smith

L’ESPRIT DES ÉCRITURES – Extrait de la monographie : La source de la révélation par Henri de Lubac. New York : Herder et Herder, 1968. xii, 244 p.

Ce livre est la traduction d’un ouvrage publié en français sous le titre précis : L’Écriture dans la Tradition. Il contient trois chapitres extraits d’autres ouvrages de de Lubac. Les trois chapitres « partagent un seul objectif : la compréhension spirituelle des Écritures, telle qu’elle existait au cours des siècles chrétiens ». L’ensemble du livre peut être considéré comme un appel aux exégètes et aux théologiens pour qu’ils prennent au sérieux « l’idée clé qui, depuis les temps apostoliques, a dominé la doctrine de la compréhension spirituelle des Écritures, telle qu’elle s’est élaborée à travers les âges », c’est-à-dire que le Nouveau Testament est caché dans le Vieux ; l’Ancien « Je » est révélé dans le Nouveau.

Paul, Origène, Tertullien, Ambroise, Augustin, Grégoire le Grand, Jean Chrysostome, Bernard, Bonaventure, Jean de la Croix, Newman, M.-J. Lagrange sont quelques-uns des maillons de la chaîne des témoignages qui s’étend à travers les siècles.

Ils témoignent du sens spirituel de l’Écriture. Ils témoignent du fait qu’il ne suffit pas de considérer l’Ancien Testament comme unique ; document inspiré qui nous instruit sur le passé du peuple de Dieu, sur sa foi, ses attentes, sur les préparations faites par Dieu à travers lui pour son Christ. Ceci est évidemment faux et doit être présupposé, mais c’est incomplet. Ce point de vue doit être complété par une attitude qui cherche dans la Bible « non pas une parole morte, emprisonnée dans le passé, mais une parole vivante, adressée immédiatement à l’homme d’aujourd’hui… une parole qui le touche, puisqu’elle EST pour lui » ; qu’elle a été prononcée et qu’elle reste prononcée ». La béatification du cardinal Henri de Lubac a été demandée le 31 mars 2023.

21 septembre 2024

Saint Matthieu, Ap. et Évangéliste

Notre premier évangile, dont l’identité n’est pas douteuse, est attribué par la tradition ecclésiastique à l’apôtre Matthieu, classé par les trois synoptiques parmi les Douze (Mt 10,3 ; Mc 3,18 ; Lc 6,15), et que le premier évangile est le seul à nommer Matthieu au moment de sa vocation, tandis que Mc et Lc le nomment Lévi (Mt 9,9 ; Mc 2,14 ; Lc 5,27).

Cette tradition a selon nous une valeur décisive. Il semble que personne parmi les critiques n’en conteste l’existence. Mais un très grand nombre de savants non catholiques affirment qu’elle dépend du seul Papias. Mais quelques-uns soutiennent encore l’opinion dominante il y a une trentaine d’années, que Papias, responsable de la tradition, ne regardait pas Matthieu comme l’auteur de notre premier évangile, mais d’un recueil de discours. Si Papias désignait ce recueil, plusieurs pensent qu’il ne s’est pas trompé en l’attribuant à l’apôtre Matthieu. Mais s’il avait en vue le premier évangile, comme on le reconnaît aujourd’hui, il s’est trompé, et il a égaré la tradition tout entière.

Comme Papias affirme en même temps que Matthieu s’est servi de la langue dite hébraïque, la question de sa langue originale se greffe sur la première. Il y a cependant intérêt à les envisager séparément, car si notre première affirmation est d’une grande portée, il semble qu’il n’en est pas ainsi de cette autre affirmation que Matthieu a écrit en hébreu ou en araméen. En effet, la langue employée ne change rien à la valeur du témoignage. De plus l’évangile en grec est l’évangile canonique dont l’Église s’est toujours servie comme d’un ouvrage inspiré, le traitant exactement comme le texte de saint Luc, lequel, sans aucun doute, a écrit en grec. On serait donc tenté de traiter ce point comme une question d’érudition pure. En fait, cependant, il a de grandes conséquences quant à l’intégrité de l’évangile, et c’est sur lui que s’arrête la critique moderne. C’est donc celui qui nous retiendra le plus.

(Marie-Joseph Lagrange des Frères Prêcheurs, Évangile selon saint Matthieu, col. Études bibliques, chap. I « La tradition », Lecoffre-Gabalda, 1941, p.VI.

 

10 septembre 2024

Journée-Anniversaire

Souvenons-nous du grand serviteur de Dieu le frère Marie-Joseph Lagrange, O.P.

Que son intercession nous obtienne la grâce dont nous avons besoin

et que notre demande monte vers le Père, au nom de son Fils Jésus Christ, dans la communion du Saint-Esprit,

un seul Dieu vivant pour les siècles des siècles. Amen.

Comme chaque mois, la messe est célébrée par Fr. Manuel Rivero, O.P.

Et si vous partagiez vos témoignages ? 

 

7 et 8 septembre 2024

Fête de la Nativité de l’Immaculée Vierge Marie.

« Immaculée Vierge Marie, faites-moi aimer Jésus. » (Marie-Joseph Lagrange. Journal spirituel 3 septembre 1881)

« Le rôle de la femme dans l’Église (…) c’est vraiment l’icône de la Vierge, de Notre Dame, celle qui aide l’Église à grandir. » (Pape François)

« L’heure vient, l’heure est venue où la vocation de la femme s’accomplit en plénitude, l’heure où la femme acquiert dans la cité une influence, un rayonnement, un pouvoir jamais atteints jusqu’ici. C’est pourquoi, en ce moment où l’humanité connaît une si profonde mutation, les femmes imprégnées de l’esprit de l’Évangile peuvent tant pour aider l’humanité à ne pas déchoir. » (Message du Concile Vatican II aux femmes (8 décembre 1965) : AAS 58 (1966), p. 13-14. Cité par Jean-Paul II dans l’introduction de sa lettre apostolique Mulieris dignitatem, le 15 août 1988.)

Écho de notre page Facebook : août 2024

27 août 2024

Le Seigneur « n’éteint pas la mèche qui faiblit » 

Sainte Monique a su, dans les larmes et les prières, avoir confiance en Dieu et en son fils Augustin. Son exemple nous montre que pour conduire une âme à Dieu, il faut agir par la douceur, la confiance et la patience, car le Seigneur « n’éteint pas la mèche qui faiblit » (Is 42, 3), Il intervient en temps voulu.

Le P. Lagrange n’a entrevu le succès de son grand dessein que de loin ; il en a surtout subi les avanies. À lui il a été donné de semer dans les larmes ce que d’autres récoltent dans la joie : « Vraiment, nous avons créé un mouvement, d’autres en recueilleront le fruit : il nous suffit d’avoir travaillé pour Dieu. » (Cité par Bernard Montagnes o. p. dans Marie-Joseph Lagrange. Biographie critique. 2004.)

À Saint-Maximin, la maman d’un jeune frère dominicain pleurait en accompagnant son fils au couvent. Ému par les larmes de cette femme, le père Lagrange lui dit : « Madame, ma mère me disait : une mère ne connaît toutes les joies de la maternité que lorsqu’elle a un fils prêtre. »

Prions pour toutes les mamans qui ont le souci de la formation chrétienne de leurs enfants.

 

22 août 2024

Mémoire de La Vierge Marie Reine

Dans son livre « Le père Lagrange. Sa vie. Son œuvre », le père Louis-Hugues Vincent o. p. mentionne : « le père Lagrange confiait sa détresse » à la Très Sainte Vierge, sa Reine, sa Mère, dont il veut être « l’esclave absolu », pour qu’elle fasse de lui « le serviteur et l’esclave de Jésus par l’amour de la Croix ».

Si discret que demeure ce coup d’œil furtif sur ses dispositions religieuses, je me le serais interdit si l’expérience personnelle ultérieure et bien longtemps prolongée de sa direction spirituelle n’avait rendu manifeste pour moi que les principes surnaturels dont il s’efforçait, avec une indulgente bonté de m’inculquer, tout au moins le désir, étaient ceux-là même dont sa piété vivait depuis sa formation dominicaine. » (Parole et Silence, 2013)

« Marie, Reine du Ciel, priez pour nous ! »

Photo : Vierge Marie Reine – Fra Angelico (détail)

 

20 août 2024

Il est difficile d’écrire une vie de Jésus

Environ trente ans après leur naissance, Jean, fils de Zacharie, et Jésus, fils de Marie, se trouveront en présence l’un de l’autre. Comment leur esprit s’est-il développé, quelles furent leurs premières impressions, quelles influences s’exercèrent sur leur âme, les évangélistes ne l’ont pas dit, et cette lacune est peut-être celle qui rend plus difficile la tâche d’écrire une vie de Jésus. Comprendrait-on le génie de Racine si l’on ignorait son séjour à Port-Royal, la mélancolie de Chateaubriand sans les Mémoires d’outre-tombe, le granit chatoyant de Renan sans les Souvenirs de jeunesse ?

Il est vrai que dans la vie de Jésus ces éléments de formation intellectuelle et morale ne paraissent pas indispensables, puisque la Lumière et la Vie qu’il avait en lui suffisaient à tout.

(Marie-Joseph Lagrange, L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège-Lethielleux, 2017.)

Illustration : Anbibale-Carracci (1600), Saint Jean le Baptiste montrant Jésus.

 

17 août 2024, en la fête de saint Hyacinthe, frère prêcheur en Pologne

Une demande de grâce vient de nous parvenir.

C’est avec une grande ferveur que nous confions la santé d’Édith de La Réunion à l’intercession du serviteur de Dieu Marie-Joseph Lagrange, o.p.

 

 

 

 

15 août 2024

Assomption de la Vierge Marie

« Je vous salue, blanc lis de la glorieuse et paisible Trinité. Ô vous de qui a voulu naître et du lait de laquelle a voulu se nourrir le Roi des cieux, abreuvez nos âmes des effusions de la grâce divine. Ainsi-soit-il. » (Marie-Joseph Lagrange, Journal spirituel, Cerf, 2014, p. 167.)

Le Journal spirituel du frère Marie-Joseph Lagrange (Cerf, 2014) révèle son dialogue fervent avec la Vierge Marie qu’il invoque surtout sous le vocable de Marie Immaculée, Vierge Marie Immaculée, Mère Immaculée. Dans son cœur à cœur avec Marie, il l’appelle « ma Dame, mon Avocate, ma Patronne, mon Guide, ma Reine, ma Mère ! » C’est à la bienheureuse Vierge Marie Immaculée qu’il se consacre le 31 mai 1880. Il remet son corps et son âme, tout son être, entre les mains de la Vierge Marie, « Maîtresse de sa vie présente et future ». Mû par un ardent désir de louer, de bénir et de prêcher l’amour de Jésus-Christ, il compte sur l’intercession de sa Mère. Dominicain, il oriente tous ses efforts vers « le salut des âmes », but de l’ordre créé par saint Dominique. Les chrétiens savent que la Vierge Marie n’est pas une mère possessive. Loin de s’enfermer dans une prière intimiste, la prière mariale du frère Marie-Joseph manifeste le don total de lui-même par amour au service du Règne de Dieu.

(Fr. Manuel Rivero O. P. : La dévotion du P. Lagrange à la Vierge Marie. Extrait.)

Illustration : Assomption de la Vierge Marie (1430-1434), Fra Angelico (détail).

En ce 8 août 2024,
Fête de saint Dominique,« le doux espagnol », comme l’appelait sa fille spirituelle sainte Catherine de Sienne.
Belle fête avec ma prière à la messe ! Fr. Manuel.
Vie de saint Dominique de Caleruega (1174-1221), par le frère Manuel Rivero O.P.
La bienheureuse Jeanne d’Aza, mère de saint Dominique
Saint Dominique est né en Espagne, à Caleruega, en terre de Castille vers 1174, diocèse d’Osma, aujourd’hui province de Burgos.
Son père s’appelait Félix, homme religieux et droit. Jeanne d’Aza, femme de prière, s’était rendue en pèlerinage au monastère bénédictin de Saint- Dominique de Silos à une vingtaine de kilomètres de Caleruega pour confier au Seigneur son fils Dominique. Son prénom est à relier à celui du saint abbé bénédictin Dominique de Silos (1000-1073).
Enceinte de Dominique, sa mère Jeanne fit un rêve étrange . Elle portait un jeune chien qui tenait dans sa gueule une torche qui enflammait le monde. Image du défenseur de l’Église qui par le feu de la Parole de Jésus ressuscité transformerait les cœurs tristes en cœurs brûlants (cf. Lc 24, 32).
La miséricorde de Jeanne d’Aza, mère de saint Dominique
Femme de miséricorde, Jeanne transmettra à son fils Dominique l’amour des pauvres et des affligés. Alors que la pénurie frappait la Castille, la mère de Dominique eut compassion des malheureux auxquels elle servit le vin gardé soigneusement dans un tonneau de la maison. Redoutant la réaction de son mari, elle pria le Seigneur : « Seigneur Jésus-Christ, bien que je ne sois pas digne d’être exaucée pour mes mérites, exauce-moi à cause de ton serviteur, mon fils, que j’ai consacré à ton service. » Et voici que le tonneau fut rempli à nouveau d’un excellent vin. Jeanne s’empressa de le servir à son mari et à ses amis dans l’admiration générale.
Jeanne eut trois fils, Antoine, Manès et Dominique. Les deux aînés, devenus prêtres, seraient nés d’un premier mariage. Manès entra dans l’Ordre fondé par son frère Dominique.
L’éducation de saint Dominique
L’éducation de Dominique fut confiée à son oncle maternel, Gonzalo de Aza, archiprêtre de Gumiel de Izán, dès l’âge de sept ans . Il apprit ainsi la lecture, l’écriture sur des tablettes de cire, le calcul et la grammaire.
Son oncle l’initia surtout à la langue latine et à déchiffrer les Psaumes dans le cadre fervent de la prière liturgique. L’âme de Dominique fut ainsi imprégnée dès son enfance du parfum du Christ.
Les veillées d’adoration la nuit et l’amour du chant sacré de saint Dominique au cours de sa vie apostolique n’ont-ils pas trouvé de bonnes racines dans cette première initiation spirituelle ?
Aujourd’hui encore l’Église constate qu’un grand nombre de vocations presbytérales a fait l’expérience intense de la présence de Dieu en servant l’autel comme servants de messe. Joie de servir Dieu !
Saint Dominique à Palencia
Vers l’âge de quatorze ans, Dominique commence l’étude des arts libéraux au Chapitre de la cathédrale de Palencia : le trivium (grammaire, rhétorique et logique) et quadrivium (arithmétique, géométrie, musique, astronomie).
C’est à Palencia que l’on verra naître la première université espagnole (1208-1214).
Au bout de cinq années, Dominique se tourna avidement vers les Saintes Écritures qu’il approfondit de 1193 à 1197, de l’âge de 19 ans à 23 ans ; la lectio divina occupant une grande place dans sa vie. Saint Dominique aimait les livres et le Livre par excellence, la Bible .
Un choc émotionnel allait alors frapper le jeune Dominique. Une cruelle famine sévit à Palencia. Dominique agit selon la miséricorde notamment apprise au contact de sa mère. Il vendit ses livres dont il avait pourtant besoin : « Je ne veux pas étudier sur des peaux mortes lorsque des hommes meurent de faim. » Il manifesta aussi son sens de l’organisation en créant une institution pour l‘accueil des pauvres, malades et pèlerins.
Chanoine à Osma (Castille)
Arrivé comme chanoine du Chapitre de la cathédrale d’Osma vers 1197, Dominique va y vivre la règle de saint Augustin, trésor de sagesse pour avancer dans la vie religieuse par la mise en commun des biens, qui deviendra par la suite le socle des Constitutions de l’Ordre des prêcheurs, suivant la demande du pape Innocent III faite à saint Dominique en 1215, dans le souci de fonder les nouveaux ordres religieux sur des règles de vie religieuse déjà approuvées.
Arrivés de France, des moines remarquables par leur sainteté et leur savoir devinrent évêques d’Osma, dont saint Pierre de Bourges (1101-1109), actuel patron du diocèse. Mobilité européenne qui ouvrira l’esprit de saint Dominique à la mission universelle.
Sous-prieur du Chapitre de la cathédrale, Dominique bénéficie de l’empreinte d’un grand prieur, Diègue d’Acébès, nommé plus tard évêque du diocèse (1201-1208).
À Osma, Dominique étudie aussi les Conférences des Pères du désert de Jean Cassien (+435). À vingt-cinq ans, il est ordonné prêtre.
Voyage aux Marches (Danemark) et rencontre avec les cathares
C’est en 1203 que saint Dominique suit son évêque Diègue dans son voyage aux Marches (Danemark) dans le souci d’accomplir une mission diplomatique confiée par le roi Alphonse VIII : le mariage de Ferdinand, fils du roi Alphonse VIII de Castille, avec une fille noble .
Sur la route, à Toulouse, ils vont rencontrer l’hérésie cathare, nouveau manichéisme. La racine grecque du mot cathare veut dire « pur ». Les chefs cathares impressionnaient la population par leur austérité, entraînant une baisse de l’audience de l’Église considérée comme la synagogue de Satan .
Un soir, Dominique rencontre longuement son hôte cathare. Malgré la fatigue du voyage, il passe la nuit à dialoguer avec lui. À l’aube, son interlocuteur est converti par la lumière du Christ. Cet hôte cathare abandonne sa vision dualiste : un dieu du bien et un dieu du mal. L’esprit proviendrait d’un principe bon, la matière d’un principe mauvais. Désormais le corps humain n’est plus pour lui la prison de l’esprit ; la sexualité n’est plus le mal. Il ne voit plus dans le ventre de la femme le laboratoire de la reproduction du mal mais le corps habité et sanctifié par Dieu.
Les autorités juives qui ont conduit Jésus devant Pilate tenaient à garder la pureté rituelle en évitant le contact avec les païens. Ce débat sur le pur et l’impur demeure d’actualité. Des militants religieux continuent d’invoquer la pureté de leur foi et de leurs pratiques pour justifier leur agressivité envers d’autres croyants. Dans sa rhétorique, Daech, l’État islamique, se présente comme l’islam pur par rapport à d’autres musulmans déclarés impurs. Des sectes se réclament d’un Évangile pur pour dénoncer d’autres chrétiens comme impurs ou « sujets de Satan ».
Saint Dominique prêchait la pureté du mariage et de la création : « Tout est pur pour les purs » (Tite 1,15).
Saint Dominique à Montpellier en 1206
De retour d’un deuxième voyage au Danemark, l’évêque Diègue choisit de passer par Rome, où il expose au pape Innocent III la situation du diocèse d’Osma et son désir de renoncer à sa charge épiscopale de manière à se rendre libre pour prêcher aux cathares dans le Midi de la France. Mais le pape n’accepte pas sa démission.
Sur le chemin vers la Castille, à Montpellier, Diègue et Dominique rencontrent des légats du pape et d’autres ecclésiastiques, auxquels ils proposent de changer de mentalité et de méthode pour prêcher dans la pauvreté volontaire à la manière des apôtres, afin d’éviter ainsi les critiques des cathares.
À Servian, près de Béziers, Diègue et Dominique vivent un débat contradictoire avec les cathares à partir des citations du Nouveau Testament. Dans l’église de Servian, une plaque rappelle cette prédication de saint Dominique au mois de mars 1206.
D’autres débats contradictoires, « disputes », eurent lieu à Béziers et à Carcassonne.
La fondation du monastère de Prouilhe
L’évêque Diègue d’Acébès et Dominique s’étaient occupés en Castille des religieuses de Saint-Étienne de Gormaz qui devinrent par la suite des moniales dominicaines à Caleruega, ville natale de saint Dominique.
À Prouilhe (Aude), non loin de Carcassonne, il existait un sanctuaire marial sous le patronage de l’Assomption de la Vierge Marie. C’est là qu’en 1207 Diègue et Dominique installent le premier monastère de la Sainte Prédication sous la règle de saint Augustin pour accueillir des dames d’origine noble converties du catharisme.
Des laïcs au service de de la sainte prédication
Attiré par le charisme de la nouvelle prédication, un couple de laïcs vient aussi se joindre à l’évêque, Dominique et la communauté des premières moniales, figure de la Famille dominicaine à venir.
Il s’agit d’Ermengarde-Godoline et de Sanche Gasc qui font profession dans les mains de Dominique le 8 août 1207. Ils promettent de se donner à la sainte prédication en communion avec les frères et les sœurs .
Saint Dominique était appelé « prêcheur ». Il dialoguait avec les cathares à Fanjeaux et dans les alentours cherchant le salut des âmes en homme d’Évangile.
La mort de l’évêque Diègue d’Acébès
Pendant des années, saint Dominique a vécu à l’ombre de son évêque d’Osma.
C’était lui le grand missionnaire et visionnaire de l’entreprise de prédication nécessaire au XIIIe siècle dans le sud de l’Europe.
Au mois de septembre 1207, Diègue retourne dans son diocèse pour gérer les affaires courantes et chercher des fonds pour la création du monastère de Prouilhe, près de Carcassonne.
L’évêque Diègue d’Acébès meurt le 30 décembre 1207 à Osma (Castille).
Saint Dominique restera alors presque seul en Languedoc, consacré corps et âme à la prédication, véritable dialogue avec ceux qui critiquent l’Église, où comprendre et croire se nourrissent réciproquement : comprendre pour croire et croire pour comprendre, selon le principe de saint Anselme (+1109).
« Le ministère de la réconciliation »
Prêtre, saint Dominique a relié la prédication et son fruit « la réconciliation avec Dieu » (2 Co 5,18). Parmi les quelques rares textes, que l’histoire a gardé du fondateur de l’ordre des frères prêcheurs, figure l’acte de réconciliation d’un hérétique du Midi de la France daté entre 1204 et 1212, Pons Roger : « À tous les fidèles du Christ à qui parviendront les présentes lettres, frère Dominique, chanoine d’Osma, le plus petit des prédicateurs, salut dans le Christ.
Par l’autorité du seigneur abbé de Cîteaux, légat du siège apostolique, qui nous a chargé de cet office, nous avons réconcilié le porteur des présentes, Pons Roger, qui, par la largesse de Dieu, a été converti de la secte des hérétiques ; et nous lui ordonnons, en vertu du serment qu’il a prêté, que trois dimanches ou jour de fête, il soit conduit nu, en braies, par un prêtre, et fouetté, de l’entrée de la ville jusqu’à l’église.
Nous lui avons enjoint de s’abstenir de viandes, d’œufs, de fromage ou de tout ce qui tire son origine d’une semence de chair en en tout temps, sauf le jour de Pâques, le jour de Pentecôte et le jour de la naissance du Seigneur, pendant lesquels nous lui enjoignons de s’en nourrir en signe de renonciation de son erreur d’autrefois. Qu’il fasse trois carêmes dans l’année avec abstinence de poisson. Qu’il s’abstienne toujours trois jours par semaine de poissons, d’huile et de vin, et qu’il jeûne, à moins qu’une maladie corporelle ou les travaux de l’été n’exigent une dispense ; qu’il revête des vêtements religieux tant par la forme que par la couleur, auxquels soient cousues de chaque côté, au niveau du téton, de petites croix. Chaque jour, s’il en a l’opportunité, qu’il entende la messe, et que les jours de fêtes il se rende à l’église pour les vêpres. Pour les autres heures, tant nocturnes que diurnes, où qu’il soit, qu’il s’en acquitte envers Dieu : sept fois le jour, qu’il dise dix fois le Notre Père, au milieu de la nuit vingt fois.
Qu’il observe pleinement la chasteté et demeure à Tréville. Qu’il montre ce document au chapelain du lieu chaque mois. Au chapelain aussi nous prescrivons de prendre soin avec grande attention de la vie de cet homme.
Tout cela, qu’il l’observe avec soin, jusqu’à ce que l’abbé nous exprime sur ce sujet sa volonté. Et s’il dédaigne de l’observer, nous prescrivons qu’il soit considéré comme parjure, hérétique et excommunié, et qu’il soit séparé de la communauté des fidèles ».
Habitués à une culture relativiste et souvent laxiste, ces pénitences peuvent paraître excessives. Elles renvoient surtout à la Vérité du Christ Jésus, à son Salut et à la faiblesse humaine qui a besoin de miséricorde et d’engagement humain à la lumière du mystère de l’Incarnation qui met en valeur le corps.
Dès les premiers siècles de l’histoire de l’Église, les évêques ont imposé des pénitences aux pécheurs repentis dans un but de guérison spirituelle lors des péchés graves comme l’apostasie, le meurtre ou l’adultère notoire et prolongé.
Nous pouvons nous interroger sur nos silences par rapport à des apostasies contemporaines : l’idolâtrie du pouvoir, de l’argent et des plaisirs ; l’abandon de la foi chrétienne pour épouser un conjoint d’une autre religion …
La foi en Dieu exige que le fidèle lui accorde la première place : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force et ton prochain comme toi-même » (cf. Mt 22,34-40).
Par ailleurs, la dignité de la personne passe par sa liberté. Enlever la liberté équivaut à enlever la dignité. Dans l’Évangile, Jésus ne force jamais la liberté des personnes. Il laissa partir l’homme riche sur qui il avait posé son regard d’amour (cf. Mc 10,21).
À la suite de Jésus, les chrétiens dénoncent l’idolâtrie et la violence physique, psychologie ou spirituelle. La foi en Dieu forme le cœur et l’identité de la personne humaine. Obliger quelqu’un à renoncer à sa foi et à sa liberté représente une violence, un manque de respect et l’aliénation de la personne qui devient alors étrangère à soi-même. Saint Dominique a pratiqué la prédication évangélique et non les méthodes de l’Inquisition qui date de 1231, dix ans après sa mort.
Prédication de saint Dominique à Toulouse, Carcassonne et Pamiers
Il arrive que les fondateurs de congrégations religieuses connaissent des conflits douloureux avec leurs évêques. Ce n’est pas le cas de saint Dominique. Disciple de Diègue d’Acébès et ami de Foulques, évêque de Toulouse, saint Dominique a transmis à la Famille dominicaine l’amour de l’Église et l’affection envers les évêques.
Le parcours de Foulques sort de l’ordinaire. Marseillais d’origine génoise, troubadour, marié et père de famille, il rejoint le monastère du Thoronet tandis que sa femme entre aussi dans un monastère féminin près de Marseille quand leurs enfants atteignent l’âge adulte. Devenu abbé du Thoronet, Foulques est élu évêque de « la Ville rose », Toulouse. Il devient rapidement l’ami et le soutien de saint Dominique.
Des débats contradictoires, « disputes », ont lieu à Montréal, près de Carcassonne, et à Pamiers. À Montréal, les juges de la dispute font appel à la « preuve du feu ». L’écrit de saint Dominique sort miraculeusement des flammes. À Pamiers, la dispute fut dirigée par Diègue en présence de Foulques et sans doute de saint Dominique. Diègue apparaît comme le moteur et l’organisateur de cette nouvelle évangélisation.
Amoureux de la Bible
En voyage, saint Dominique portait avec lui l’évangile selon saint Matthieu et les épîtres de saint Paul qu’il connaissait par cœur et
par le cœur. La lectio divina, lecture priante de la Parole de Dieu, nourrissait sa prière et sa prédication. Il avait la passion de la pédagogie de la foi car si l’Évangile est annoncé sans que l’auditeur le comprenne ni en saisisse le sens, le diable parvient à extirper aisément cette semence divine qui venait tomber dans la mémoire de l’homme (cf. Mt 13,19). Jésus, exégète du Père, expliquait aux foules le mystère de Dieu. La prédication de saint Dominique s’adressera aussi à l’intelligence humaine. Ce faisant, il mettait en pratique l’exhortation de l’apôtre Pierre : « Soyez toujours prêts à rendre raison de l’espérance qui est en vous » (1P 3, 15). C’est pourquoi l’étude des Saintes Écritures occupera une place centrale dans la vie dominicaine. Sur la croix, Jésus n’a pas prié en disant : « Père, pardonne-leur car ils sont méchants », il a prié pour ceux qui n’avaient pas compris le sens de sa prédication : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 34).
Saint Dominique distribuera aux affamés de Dieu le pain de la Vérité révélée en s’adressant à la raison que saint Thomas d’Aquin (+1274) honorera comme une participation à la lumière divine.
Le portrait de saint Dominique
Sœur Cécile, moniale dominicaine entrée dans le monastère de Saint-Sixte de Rome à l’âge de dix-sept ans et qui a connu personnellement saint Dominique, décrit ainsi son maître spirituel : « Taille moyenne, corps mince, visage beau et légèrement coloré, cheveux et barbe légèrement roux, de beaux yeux. De son front et de ses cils une sorte de splendeur rayonnait qui attirait la révérence et l’affection de tous. Il restait toujours souriant et joyeux, à moins qu’il ne fût ému de compassion par quelque affliction du prochain. Il avait les mains longues et belles; une grande voix belle et sonore. Il ne fut jamais chauve, et sa couronne de cheveux était complète, parsemée de rares fils blancs. »
Le bienheureux frère Jourdain de Saxe, biographe de saint Dominique, s’attache plutôt à mettre en lumière sa physionomie spirituelle caractérisée par une exceptionnelle égalité d’âme, fruit de la prière au Seigneur et de son abandon à la volonté divine. Saint Dominique avait jeté l’ancre de sa vie dans le Christ (He 6, 19). Son âme résistait aux vagues et aux tempêtes hostiles qui l’assaillaient dans sa mission de prédication.
« Il s’infiltrait sans peine dès le premier regard dans l’affection de tous », écrit Jourdain de Saxe.
Changement de société
Le XIIIe siècle comporte des changements économiques, politiques et scolaires importants. Le monde féodal hiérarchisé avec le seigneur et les serfs qui labourent la terre voit naître un système économique nouveau dans les villes, fondé cette fois-ci sur les corporations des artisans où chaque membre jouit de la même égalité de dignité et de pouvoir.
Inspirés par Dieu, saint Dominique et saint François réagiront en fondant des Ordres de frères. Dans l’Ordre des prêcheurs, le responsable est appelé non pas supérieur mais prieur, prior inter pares, le premier parmi ceux
qui sont égaux.
L’école cathédrale sous la tutelle de l’évêque découvre à son tour l’arrivée de l’université : communauté de professeurs et d’étudiants où l’autorité relève de la vérité. Saint Thomas d’Aquin dira que l’argument d’autorité est le dernier des arguments.
La miséricorde de saint Dominique
Saint Dominique aimait les pauvres et les pécheurs. Habituellement paisible, d’égalité d’âme et joyeux, il était bouleversé par la souffrance des hommes.
L’étymologie de « miséricorde », mot d’origine latine, renvoie à la sensibilité du cœur devant les misérables.
Dans ce sentiment de compassion il passait rapidement à l’action pour venir en aide aux personnes dans la douleur et la tristesse.
Dieu est miséricordieux par amour. Sa miséricorde n’est pas signe de faiblesse mais de puissance. Sa toute-puissance se déploie dans l’aide apportée aux hommes aux prises avec le mal et la mort.
Saint Dominique aimait les personnes, d’où sa miséricorde envers les affamés, les malades et les pécheurs.
Les chrétiens forment le Corps du Christ, le Christ total, dont Jésus ressuscité est la tête et les fidèles ses membres. Dans sa miséricorde, le Christ aime les hommes comme étant une part de lui-même.
Saint Dominique aimait les captifs au point de vouloir se vendre pour leur rachat. Il aimait ceux qui le menaçaient de mort au point de se réjouir du martyre qui porterait des fruits de conversion.
La méthode de saint Dominique était bien l’amour et la miséricorde.
Saint Dominique à Toulouse en 1215
Curé de Fanjeaux, prêchant la Parole de Dieu à Carcassonne et à Toulouse, saint Dominique reçoit le soutien de Foulque, évêque de
Toulouse, qui l’institue avec ses compagnons prédicateurs dans son diocèse.
Les frères prêcheurs suivent les cours de théologie du maître Alexandre Stavensky. L’étude fait partie des piliers de leur vie
consacrée à faire resplendir la lumière du Verbe. Plus tard, sainte Catherine de Sienne, dominicaine, docteur de l’Église, patronne de l’Europe, enseignera que les frères et les sœurs de saint Dominique ont reçu dans l’Église « l’office du Verbe ». La foi vient de la prédication (Rm 10, 17) et la prédication se nourrit de la Parole de Dieu expliquée dans la théologie.
Au mois de novembre 1215, Dominique accompagne l’évêque Foulque à Rome pour participer au IVe Concile de Latran convoqué par le pape Innocent III.
Pour répondre aux demandes du Concile et du pape, Dominique et ses frères choisissent la Règle de saint Augustin comme fondement pour leur vie apostolique. Ils bénéficièrent aussi des coutumiers des Prémontrés fondés par saint Norbert (+1134).
Le pape Honorius III confirme l’Ordre en 1216
Le pape Innocent III, selon Constantin d’Orvieto, avait eu une vision dans laquelle saint Dominique soutenait la basilique du Latran qui tombait en ruines. Aussi chercha-t-il la collaboration des prêcheurs de Toulouse. Innocent III mourut le 16 juillet 1216. Deux jours plus tard fut élu le pape Honorius III qui confirma l’Ordre des prêcheurs dans une bulle datée du 22 décembre 1216.
À Rome, saint Dominique reçut l’aide du cardinal Hugolin qui deviendra pape sous le nom de Grégoire IX.
Dans la basilique Saint-Pierre, Dominique en prière fit une expérience extraordinaire, selon son biographe Constantin d’Orvieto, il reçut une vision dans laquelle l’apôtre Pierre lui transmettait un bâton et l’apôtre Paul un livre. Ils lui disaient : « Va et prêche. » Cette vision spirituelle enhardit saint Dominique dans sa soif d’annoncer l’Évangile à toutes les nations.
Plus tard, dans une bulle du 21 janvier 1217, le pape Honorius III appelle le prieur et les frères de l’église Saint-Romain à Toulouse « les athlètes du Christ ».
La dispersion des frères
Les frères habitaient le couvent Saint-Romain à Toulouse. Ils avaient promis obéissance à saint Dominique.
Après avoir prié longuement le Saint-Esprit, saint Dominique annonça aux frères sa décision de les envoyer annoncer l’Évangile dans d’autres villes malgré leur nombre réduit: « Le grain entassé pourrit mais dispersé il porte du fruit. »
« Ne me faites pas opposition, je sais bien ce que je fais », leur dit le saint apôtre du Christ.
La date probable de cet événement fut le 15 août 1217 à Prouilhe (Aude). Les frères partirent vers Paris et Madrid, Bologne…
De passage à Rome en 1218, saint Dominique rencontra Réginald, chanoine d’Orléans, qui choisit la vie dominicaine à quarante ans
ayant été guéri miraculeusement par l’intercession de la Vierge Marie. Frère Réginald donna une grande impulsion à l’Ordre attirant de nombreuses vocations parmi les étudiants. Heureux d’avoir épousé la vie apostolique et mendiante, frère Réginald s’était exclamé : « Je crois n’avoir aucun mérite à vivre dans cet Ordre, car j’y ai trouvé trop de joie. »
En 1218, saint Dominique se rendit à Ségovie (Espagne) où sa prière obtint la pluie au cours d’une terrible sécheresse. Une grotte rappelle à Ségovie l’oraison et la pénitence de saint Dominique. Sainte Thérèse d’Avila la visita avec ferveur.
La communauté comme référence
Point de narcissisme ou de culte de la personnalité dans l’existence de saint Dominique.
Il aimait l’Église comme une Mère. Dans son charisme de fondateur, il a renvoyé les frères non pas à lui mais à la communauté.
Jésus avait dit : « Je ne vous laisserai pas orphelins » (Jn 14, 18). Saint Dominique n’a pas laissé non plus ses frères orphelins car ils avaient comme référence non pas sa personne mais la communauté.
Le mot « séduire » veut dire « conduire à soi ». Saint Dominique n’était pas un séducteur mais il conduisait au Christ, à l’Église et à la communauté.
Aussi comprenons-nous ses propos à l’approche de la mort : « À Dieu ne plaise que je repose ailleurs que sous les pieds de mes frères. »
Il arrive que dans la solitude nous voyions clairement des choses qui sont fausses. Le dialogue communautaire constitue un lieu de vérité dans la tradition dominicaine.
Les premiers frères dominicains arrivés à Saint-Domingue au moment de la découverte de l’Amérique préparaient les prédications en communauté. Ce n’était pas un frère qui prêchait en son nom personnel mais la communauté qui prêchait à travers la voix d’un frère. Cela apporta beaucoup de force à l’annonce de l’Évangile et à la défense des Indiens.
Vivre en frères
Une question surgit souvent lors des projets de fondation dans un nouveau pays : qu’est-ce que l’Ordre peut apporter alors que l’Église y est déjà présente ? Un jour, le frère Bruno Cadoré, Maître de l’Ordre depuis 2010, avait répondu « l’esprit fraternel ». Tant il est vrai que saint Dominique a insufflé dans l’Église l’esprit fraternel. Chaque frère est respecté dans ses droits. La démocratie dominicaine avec son souci de participation de tous en témoigne. Il ne s’agit pas d’une démocratie de consensus à la manière de certains parlements mais d’une vision théologale où chacun illuminé par le Saint-Esprit est appelé à bâtir la société et l’Église.
Le grand cadeau que saint Dominique a laissé à sa Famille spirituelle est bien la fraternité. Les frères et les sœurs dominicains s’émerveillent devant cet attachement qui surgit naturellement ou plutôt surnaturellement. Nous en avons un exemple patent dans l’hospitalité chaleureuse vécue dans l’Ordre envers les frères et les sœurs qui se rencontrent pour la première fois.
Saint Dominique, homme de prière
Saint Dominique parlait avec Dieu ou de Dieu. Le jour, il allait à la rencontre des hommes et des femmes qui souffraient dans leurs âmes ou dans leurs corps. Les nuits, il les passait en dialogue avec Dieu. Très souvent, il couchait dans l’église des couvents, implorant la miséricorde de Dieu : « Mon Dieu, ma miséricorde, que vont devenir les pécheurs ? ».
Il intercédait pour les pécheurs se demandant ce qu’ils allaient faire dans leur éloignement du Seigneur. Il demandait aussi à Dieu la lumière pour choisir la route à suivre dans la prédication de manière à se rendre utile pour le salut du prochain.
Saint Dominique aimait les personnes atteintes par le péché mais il détestait le mal.
Avec ses frères prêcheurs, il célébrait la liturgie. Lors de la célébration de la messe il lui arrivait de verser d’abondantes larmes. Sur la route, il chantait le Veni, creator Spiritus. Fils de la Vierge Marie, il reprenait souvent l’hymne marial Ave, maris stella, « Salut, étoile de la mer ».
Saint Dominique et saint François d’Assise
Nés à la même époque, partageant la même vocation à la prédication dans la pauvreté évangélique, les Dominicains et les Franciscains ont grandi dans l’amitié pendant huit siècles.
Ils ont répondu aux nouveaux défis de leur temps. Deux biographes de saint Dominique, Rodrigo de Cerrato et Gérard de Frachet, évoquent la rencontre mystique de saint Dominique et de saint François d’Assise à Rome en cette année 1217. Signe de cette fraternité qui unit les prêcheurs et les mineurs, chaque année à la fête de saint Dominique c’est un frère franciscain qui prêche; lors de la fête de saint François il revient à un frère
dominicain de mettre en lumière la vie du poverello.
L’art chrétien s’est plu à représenter cette amitié entre les Dominicains et les Franciscains à travers le symbole du baiser fraternel de Dominique et de François, unis par le Saint-Esprit, que saint Bernard appelait « le baiser du Père et du Fils ».
Saint Dominique et la Vierge Marie
Le frère catalan Romée de Livia priait mille Ave Maria par jour. Compagnon de saint Dominique sur les routes du Midi de la France, nous pouvons imaginer aisément le fondateur de l’Ordre des prêcheurs comme l’inspirateur aussi de la prière du Rosaire qui sera définie ultérieurement par un pape dominicain, saint Pie V, en 1569, dans la forme que l’Église pratique depuis le XVIe siècle.
Le Rosaire, appelé par les frères dominicains le Psautier de la Vierge Marie en raison des 150 Psaumes et des 150 Ave Maria, conduit le priant au cœur de Marie pour contempler Jésus avec la foi de la Mère de Dieu, qui est aussi la foi de l’Église.
Le Salve Regina achevait la journée liturgique dans les couvents dominicains.
Le frère Humbert de Romans, Maître de l’Ordre de 1254 à 1263, rappelait aux frères que « la bienheureuse Vierge Marie fut l’aide principale dans la fondation de l’Ordre ». Aussi est-elle célébrée comme sa patronne chaque 8 mai, mois traditionnellement consacrée à la Mère de Dieu.
Premier Chapitre général à Bologne en 1220
Saint Dominique convoqua le premier Chapitre général de son Ordre lors de la fête de la Pentecôte en l’an 1220 à Bologne (Italie). Des frères délégués, dits « définiteurs », chargés de définir les lois de l’Ordre, arrivèrent des différents couvents d’Espagne, de France et d’Italie.
Saint Dominique n’a laissé aucune prédication écrite. Nous avons quelques-unes de ses phrases gardées précieusement dans la mémoire de ses disciples et une lettre envoyée aux moniales de Madrid. Il ne ressemble pas à certains fondateurs de congrégations dont les innombrables livres et lettres ont fini par produire de la fatigue chez les religieux.
Son esprit et son génie apparaissent surtout dans les Constitutions dont le but est d’organiser et d’actualiser la mission de la prédication, but de l’Ordre.
Saint Dominique aimait les institutions car il tenait à ce que la charité et l’évangélisation durent et progressent dans le temps en faisant du neuf et de l’ancien.
En 1220, saint Dominique prêcha en Lombardie et il visita Milan.
En janvier 1221, le pape Honorius III lui fit don de la basilique Sainte-Sabine sur l’Aventin romain, où réside à présent la curie générale de l’Ordre.
Attiré par les Cumans
Né en Castille, marqué par l’invasion musulmane et par la Reconquête, saint Dominique ne s’est pas tourné vers l’Islam mais vers l’Europe centrale et orientale. Il était attiré par la mission auprès des Cumans , tribu lointaine et redoutée.
Retenu par sa mission en France et en Italie, il rêvait néanmoins de partir au loin pour vivre l’aventure missionnaire comme les apôtres. C’est ainsi qu’il avait dit au frère Paul de Venise : « Quand nous aurons affermi notre Ordre, nous irons chez les Cumans, nous leur prêcherons la foi au Christ et nous les gagnerons au Seigneur. »
Aujourd’hui encore, les jeunes aiment les défis difficiles. Nombreux sont ceux qui partent en coopération pour vivre sur un autre continent la découverte d’une autre culture, rendre service, se retrouver eux-mêmes dans le don de soi et entrevoir le sens de la vie apostolique, missionnaire.
Saint Dominique s’est donné à Dieu dès l’enfance. Saint Thomas d’Aquin redoutait les jeunes repliés sur eux-mêmes car la jeunesse représente l’âge de la générosité et de l’absolu dans la foi et l’amour, autrement il y a corruption d’une vie appelée à porter du fruit : « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas il reste seul mais s’il meurt il porte beaucoup de fruit » (Jn 12, 24).
La mort de saint Dominique
À la fin du mois de juillet 1221, saint Dominique arriva à Bologne, exténué. Sentant sa mort approcher, il exhorta les frères à vivre la charité, l’humilité et la pauvreté volontaire.
Il leur ouvrit le cœur en leur révélant sa virginité ainsi que l’une de ses imperfections : la conversation avec les jeunes femmes l’avait attiré davantage que les échanges avec les femmes âgées.
Voyant ses frères pleurer à l’idée de perdre leur maître spirituel, il leur déclara : « Je vous serai plus utile après ma mort et je vous aiderai plus efficacement que pendant ma vie. » Le Catéchisme de l’Église catholique a retenu cette phrase (n°956) qui fait penser à une déclaration semblable de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus : « Je passerai mon ciel à faire du bien sur la terre. »
Ceux qui croient en Jésus ressuscité doivent se garder de dire deux choses : « c’est trop tard », « c’est fini », car il n’est jamais trop tard et rien n’est jamais fini.
Saint Dominique passa de ce monde au Père à Bologne le 6 août 1221 vers midi.
Les funérailles furent célébrées par son ami le cardinal Hugolin, le futur pape Grégoire IX.
La canonisation de saint Dominique
En 1233, le Chapitre général de l’Ordre eut lieu à Bologne en la fête
de la Pentecôte. Les frères choisirent cet événement pour célébrer la translation des reliques de saint Dominique dans un sarcophage en marbre au cœur de l’église Saint-Nicolas.
Les frères dominicains craignaient que cette ouverture du tombeau de leur fondateur ne soit rendue pénible à cause de la corruption que la pluie, la neige et la chaleur de Bologne auraient pu provoquer dans ses restes mortels.
L’ouverture du tombeau eut lieu dans la nuit du 23 au 24 mai 1233 en présence de l’évêque de Bologne, Henri de Fratta et de nombreuses personnalités de la ville.
Au moment où fut soulevée la pierre tombale, un parfum intense, délicieux et original envahit les esprits des fidèles en prière. Ce parfum demeura plusieurs jours dans le tombeau et même dans les vêtements de ceux qui l’avaient touché. La joie des frères et des chrétiens de Bologne fut immense. Le 13 juillet 1233, le pape Grégoire IX ouvrit le procès de canonisation et après l’enquête canonique le pape décida à Rieti l’inscription de saint Dominique dans le catalogue des saints le 3 juillet 1234.
Il fut décidé que saint Dominique serait fêté principalement le 5 août tandis que la translation des reliques serait célébrée le 24 mai. Dans l’ancien calendrier liturgique du temps de saint Dominique, le 6 août ne correspondait pas à la fête de la Transfiguration comme aujourd’hui mais à la mémoire du pape saint Sixte II, mort martyr à Rome le 6 août 258. C’est le pape saint Pie V, en 1570, qui assigna de manière définitive dans le Missel Romain la date du 6 août pour la Transfiguration du Christ.
De beaux textes furent aussi créés pour mettre en lumière la sagesse de saint Dominique et son amour pour l’Église, lui qui voulut toujours grandir in medio Ecclesiae, au cœur de l’Église.
Hymne à saint Dominique
Au sein de son Église le Seigneur l’appela,
pour porter sa Parole, il lui donna l’Esprit,
le combla de sagesse, de gloire le vêtit
et sur lui fit descendre allégresse et bonheur.
Aux sources d’Évangile le Seigneur le mena,
le planta comme un arbre, près des eaux du salut,
lui donna sans mesure la sève du savoir,
lui fit en abondance porter du fruit de choix.
Du trésor de ses grâces le Seigneur l’instruisit,
dans la Nouvelle Alliance lui enseigna la Loi;
il lui donna d’en vivre avec fidélité,
puis d’enseigner l’Église avec humilité.
Gloire à toi, notre Père, qui nous attires à toi;
pour vivre en ta lumière la joie des fils de Dieu;
fais-nous grandir sans cesse dans l’amour de ton Fils
et rechercher ta face, guidés par ton Esprit.
La spiritualité de saint Dominique
La mystique dominicaine, sainte Catherine de Sienne, comparait la religion de saint Dominique à « un jardin, large, joyeux et parfumé ».
Saint Dominique n’a pas transmis aux frères un moule spirituel ni une recette magique à répéter pour réussir l’annonce de Jésus Sauveur. Il a laissé à la Famille dominicaine un esprit large où chacun garde sa personnalité tout en entrant dans la dynamique transformante de la vie communautaire réglée par les Constitutions. Quand il arrivait dans un couvent, saint Dominique se renseignait auprès du prieur des us et coutumes propres à la maison pour s’y conformer avec joie. Saint Dominique rayonnait la joie. Sa joie, musique de l’âme et signature du Saint-Esprit, impressionnait ses contemporains. Il était aussi « le parfum de la connaissance du Christ » (1 Co 2, 14). Tous ceux qui rencontrent des frères et des sœurs dominicains sont frappés de la diversité des psychologies et des mentalités tout en repérant aussi un esprit de famille.
VERITAS
Les visiteurs des couvents dominicains découvrent souvent la devise de l’Ordre dans des mosaïques ou des tableaux : Veritas.
Les disciples de saint Dominique « cherchent la vérité dans un doux compagnonnage », selon l’expression de saint Albert le Grand (+1280).
« Qu’est-ce que la vérité? » (Jn 18, 38), s’était exclamé Pilate devant Jésus.
Question passionnante qui suscite une soif jamais assouvie car la Vérité pour les chrétiens ne relève pas en dernier lieu de concepts ni de formules scientifiques, elle est une personne, Jésus lui-même, qui a dit : « Je suis le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14, 6). C’est pourquoi saint Thomas d’Aquin (+1274) enseignera qu’à proprement parler il n’y a de vérité qu’en Dieu.
Saint Dominique et ses frères se sont évertués à s’approcher de cette Vérité par la contemplation, l’étude et la charité qui illumine l’âme.
Les fils et les filles de saint Dominique
Dans l’Évangile, Jésus nous enseigne que « l’arbre se reconnaît à ses fruits » (Mt 7,17). La Famille dominicaine représente une parole vivante de saint Dominique : saint Thomas d’Aquin, saint Albert le Grand, sainte Catherine de Sienne, Fra Angelico, saint Pie V, sainte Rose de Lima, saint Martin de Porrès, une foule de martyrs et de bienheureux …
Il y a aussi de belles figures plus proches de nous dans l’histoire : le père Lacordaire, prédicateur à Notre-Dame de Paris; Mélanie Calvat, voyante de la Salette, tertiaire dominicaine; le bienheureux Pierre-Georges Frassati, patron de la JMJ (Journée Mondiale de la Jeunesse); Sigrid Undset, norvégienne, Prix Nobel de littérature en 1928, laïque dominicaine; le père Lagrange, fondateur de l’École biblique de Jérusalem …
Aujourd’hui la Famille dominicaine comprend 2 800 moniales, 6 000 frères, 23 000 sœurs apostoliques, 166 000 laïcs dominicains, 265 membres des Fraternités sacerdotales et 150 membres des Instituts séculiers.
Famille dominicaine que la Vierge Marie garde avec affection sous son manteau de prière.
VIIIe centenaire de la fondation de l’Ordre des prêcheurs
L’Ordre fondé par saint Dominique a fêté ses huit siècles d’existence : 22 décembre 1216 – 22 décembre 2016.
Le site Internet de l’Ordre informe régulièrement des événements qui marquent sa mission : http://www.op.org
Le poète espagnol Juan Ramon Jiménez, Prix Nobel de littérature en 1956, a écrit : « Des racines et des ailes. Mais que les ailes s’enracinent et que les racines s’envolent . »
Huit cents ans ont donné de profondes racines à l’Ordre fondé par saint Dominique; ces racines le poussent à aller plus loin dans la mission.
La meilleure manière de célébrer la fondation de l’Ordre n’est-elle pas de se renouveler par de nouvelles fondations missionnaires ?
Le 6 août 2021, l’Ordre des prêcheurs célèbre le VIIIe centenaire de la naissance au Ciel de son fondateur, saint Dominique, entré dans la joie de son Seigneur à Bologne (Italie), le 6 août 1221.
7 août 2024
« La paix est possible »
Homélie pour le mercredi 7 août 2024.
Monastère des moniales dominicaines de Saint-Denis/ La Réunion.
Fr. Manuel Rivero O.P.
Aujourd’hui l’Évangile nous fait voyager au Liban. Jésus entre dans la région de Tyr et de Sidon où il va délivrer du pouvoir démoniaque la fille d’une femme cananéenne, étrangère, païenne, qui manifeste une grande foi en lui, « fils de David ».
L’occasion nous est donnée de prier pour la population libanaise qui souffre de la faillite économique et des conflits armés. Portons dans notre eucharistie les chrétiens du Liban, de moins en moins nombreux à pouvoir vivre sur place. Prions pour les chrétiens persécutés en Orient et Afrique, témoins du Christ dans la douleur et la mort.
Nous sommes menacés pour une troisième guerre mondiale. La guerre est toujours « une défaite de l’humanité », avait déclaré le saint pape Jean-Paul II au corps diplomatique en 2003. Le pape François nous rappelle que l’on ne gagne pas la guerre mais la paix.
Travaillons pour la culture de la paix et non pour la guerre. Gagnons la paix et non la guerre.
Le démon pousse à la violence et à la mort. Dieu ne veut pas la guerre. Chaque jour nous assistons au risque de nous y habituer au spectacle de la destruction massive des personnes et des biens en Ukraine, à Gaza, dans la République démocratique du Congo, en Birmanie …
Les chrétiens ne se résignent pas dans ce désordre mondial. A travers la doctrine sociale de l’Église, ils proposent un nouvel ordre mondial, fondé sur la justice, la paix, le respect de la dignité inhérente à chaque personne humaine, le bien commun et la solidarité.
Jésus, non violent, artisan de paix, nous donne son Esprit Saint, Esprit de force et d’amour, pour vaincre le mal par le bien. Il ne s’agit pas de tomber dans un pacifisme naïf. Nous constatons que les dites « solutions militaires » ne fonctionnent pas pour résoudre les conflits qui s’éternisent en laissant chaque jour dans les villes et les campagnes une multitude de blessés, de morts, de veuves et des orphelins. Nous avons à emprunter d’autres voies que la guerre pour dépasser les conflits. Le Saint-Siège met en garde contre les dangers des armes nucléaires, du dérèglement climatique et de l’intelligence artificielle utilisée pour la destruction.
La théorie de « la guerre juste » invoquée pendant des siècles perd de sa pertinence à cause l’énorme puissance destructrice des nouvelles armes et du risque d’extension des conflits à des guerres mondiales.
Le fondateur de droit international, le frère dominicain Francisco de Vitoria O.P., enseignait déjà à l’université de Salamanque en 1539 que « la guerre ne doit pas provoquer plus de maux qu’elle ne cherche à éviter par la réaction violente ».
La paix est possible.
Personne n’a de solution « magique » à ces conflits qui découlent de plusieurs causes. L’Église pense que la paix est la seule solution et elle propose la justice et le dialogue, la négociation et les accords diplomatiques internationaux. Seuls le respect, la confiance mutuelle et la solidarité pourront dépasser les guerres qui ont à la base le désir de domination et de possession, le mépris et la haine.
« La violence commence là où le dialogue s’arrête », déclarait la philosophe Hannah Arendt (+1975). Le philosophe français Albert Camus (+1960) dénonçait déjà il y a 70 ans l’attitude passive de certains citoyens : « Je vous méprise, disait-il, parce qu’ayant des moyens pour faire tant de choses vous avez osé si peu ».
Ce serait se faire illusion que de penser que la paix arrivera par la multiplication des armes et des armes nucléaires. La guerre froide entre les grandes puissances n’apportera pas la paix mais le commerce des armes et la pauvreté.
Il s’avère nécessaire de réformer et de refonder l’ONU, inefficace, qui ne correspond plus aux besoins. La réforme de l’ONU passe par la reconnaissance démocratique des nations. A l’heure actuelle, le Conseil de sécurité des Nations Unies utilise fréquemment le droit de véto imposée par les grandes puissances. En cinq mois, le Conseil de sécurité de l’ONU a utilisé six fois le droit de véto. Il convient de parvenir à une autorité publique universelle qui respecte et fasse respecter les droits des personnes et des nations de manière démocratique.
Un proverbe qui transmet l’expérience populaire enseigne : « Pas de paix dans le monde sans paix entre les peuples, pas de paix entre les peuples sans paix en famille, pas de paix en famille sans paix en moi, pas de paix en moi sans paix avec Dieu ».
Demandons à l’Esprit Saint de nous donner la pensée du Christ Jésus pour penser la paix d’une manière nouvelle et « penser d’une manière nouvelle l’homme et la vie en commun avec des hommes » (saint pape Paul VI).
Alors la paix viendra et les tentations meurtrières du démon seront vaincues.
« Amour et vérité se rencontreront, justice et paix s’embrasseront » (Ps 85, 11).
Amen.
Image : peintre Benn.
5 août 2024
Fête de la dédicace de la basilique de Sainte-Marie-Majeure à Rome le 5 août 434 par le pape Sixte III.
Cathédrale de Saint-Denis/La Réunion, le 5 août 2024.
Fr. Manuel Rivero O.P.
Première basilique d’Occident à être placée sous le vocable de Sainte-Marie, elle a été érigée en l’honneur de la Mère de Dieu, théotokos, le 5 août 434, comme venait de le reconnaître le Concile d’Éphèse trois ans auparavant en 431.
Le titre de théotokos, « Mère de Dieu », « celle qui engendre Dieu », a été créé par les chrétiens pour manifester leur foi en la conception virginale dans le sein de Marie du Verbe de Dieu.
Nestorius acceptait le titre de « Mère du Christ » mais non pas celu
de « Mère de Dieu ». Il est évident que la maternité divine de Marie se réfère uniquement à la génération humaine du Fils de Dieu et non à sa génération divine. Le Fils de Dieu est engendré par Dieu le Père et il lui est consubstantiel comme nous le prions dans le Credo. Marie ne joue aucun rôle dans la génération éternelle du Fils de Dieu par le Père. Marie est la Mère du Verbe incarné. Femme libre et responsable, Marie a accueilli dans son cœur par la foi et dans ses entrailles le Verbe de Dieu. En la personne de Jésus, né de Marie, s’accomplit l’unité de la nature divine et de la nature humaine.
Le père Marie-Joseph Lagrange O.P. (+1938), fondateur de l’École biblique de Jérusalem, aimait à souligner qu’en Marie sont détruites toutes les hérésies qui font de Jésus soit uniquement un homme soit seulement Dieu. C’est dans le sein de Marie, dans le lit nuptial de ses entrailles maternelles, que la nature divine a épousé la nature humaine en l’unité de la personne de Jésus le Christ, le Verbe fait chair.
En cette basilique si riche en art et en histoire, ont été ensevelis les reliques de saint Jérôme (+420), traducteur de la Bible, et du saint pape Pie V O.P., apôtre du Rosaire (+ 1572). Saint Ignace de Loyola y a célébré sa première messe le 25 décembre 1538.
Avant ses voyages apostoliques ainsi qu’au retour de ses missions à l’étranger, le pape François se rend à la basilique Sainte-Marie-Majeure, pour confier à la Mère de Dieu ses rencontres et ses enseignements. Il prie devant l’icône de la Vierge Marie, protectrice du peuple romain, « Salus populi romani ».
Le pape François a choisi cette basilique mariale comme lieu pour sa future sépulture, et non pas la basilique de saint Pierre.
Sainte Marie, Mère de Dieu, prie pour nous pauvres pécheurs.

Un joli santon confectionné par soeur Marie-Reine O. P.

18 juillet 2024

Soeur Marie Reine O.P. a réalisé de belles statuettes (santon) qui représentent le père Lagrange O.P.
En confiant la cause de béatification du père Lagrange à l’intercession de son disciple à Jérusalem, le bienheureux frère Matthieu Girotti O.P., » Juste parmi les nations », martyr à Dachau en 1945.
Joie dans l’Esprit.
fr. Manuel.

Écho de notre page Facebook : juillet 2024

25 juillet 2024

Aujourd’hui, le P. Lagrange écrit dans son Journal spirituel une belle prière que nous pouvons faire nôtre :

Marie Immaculée,
refuge des pécheurs

Ave Maria ! Ô mon Jésus, ô ma Mère, si vous l’aviez voulu, je me serais avec joie consacré à une vie toute de prière, de solitude, mais puisque je ne puis douter que ma Mère Immaculée

m’a donné et rendu ma vocation dominicaine, souffrez que je me prépare à travailler à votre gloire, même par l’action extérieure, sans oublier que ce que vous me demandez avant tout pour votre gloire, c’est ma propre sanctification.

Mais vous, ô Jésus, sans pitié, ou plutôt avec toute votre miséricorde, écrasez, faites mourir ma mauvaise nature, humiliez-moi, détachez-moi des créatures, éteignez l’amour-propre, cette idolâtrie secrète qui me consume, attachez-moi à vous seul, Dieu de gloire, béni dans les siècles.

 

18 juillet 2024

Je suis doux et humble de cœur

« En ce temps-là, Jésus prit la parole et dit : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. Oui mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. »

Matthieu 11, 28-30 : La révélation du Père et du Fils adressée aux petits.

 

C’est la perle la plus précieuse de Mt.

Le logion se divise en trois parties : I. action de grâces au Père (25-28) ; II, point central sur la connaissance du Fils et du Père (27) ; III, appel aux âmes (28-30).

28-30. Appel aux dociles, propre à Mt. C’est dans cette partie que les ressemblances verbales sont plus étroites avec Sir. 51. Nous les signalerons, mais il ne faut pas oublier l’esprit de l’évangile. Tandis que le Siracide invite à étudier la Sagesse dans le Beth-midrach, c’est-à-dire dans l’école où l’on enseigne la Loi, et à prendre un joug qui est donc celui de la Loi et les invite à recevoir de lui une doctrine qui les repose, et un joug suave. Si donc il s’est servi de réminiscences du Siracide, c’est pour les pénétrer d’un sens nouveau ; ce n’est plus le rabbin qui répète la leçon qu’il a apprise ; c’est le Fils révélateur qui apporte aux âmes de bonne volonté le repos dans l’accomplissement de sa parole

(Extrait de Marie-Joseph Lagrange O.P. L’évangile selon saint Matthieu. Lecoffre-Gabalda, 1941.)

11 juillet 2024

Retraite du mois. (Prier, crier, gémir, rendre grâce).

Le devoir de tendre à la perfection par les trois vœux : l’humilité, la présence de Dieu, la contrition. Je ne puis voir très clairement les fautes du mois passé ; en somme je me sens beaucoup plus faible ; il faut prier, et pour prier en paix avoir la charité fraternelle ; ne jamais juger ; protester dès le matin contre tous les jugements de la journée ; me sanctifier par mes frères.

Ô Marie, je vous donne mon cœur pour Jésus.

(Marie-Joseph Lagrange, o.p. Journal spirituel, 11 juillet 1880, Cerf, 2014.)

10 juillet 2024

Jour-anniversaire du départ au Ciel du P. Marie-Joseph Lagrange o.p.

Le dossier en béatification du serviteur de Dieu Marie-Joseph Lagrange est déposé à Rome à la Congrégation de la cause des Saints, notre fidèle prière ne se lasse pas de demander à la Vierge Marie d’intercéder auprès de son Fils, Jésus, afin que la cause de ce grand serviteur de Dieu soit enfin reconnue publiquement par l’Église. Pour cela, il faut encore un miracle.  Nous confions à Fr. Manuel Rivero O.P., qui célèbre la messe de ce jour, toutes les intentions actuelles et déjà confiées par nos adhérents et amis ainsi que pour la béatification du P. Lagrange.

Peuple de Dieu, mets ta foi dans le Seigneur (Ps 113-115)

 

5 juillet 2024

« Je veux la miséricorde, non le sacrifice » (Mt 9, 13)

Dans son « Journal spirituel », le P. Lagrange écrit :

Modèle et docteur de la charité envers le prochain

Elle commence dans la miséricorde et s’achève dans le zèle : deux branches bien distinctes : pour la première, les âmes douces, bonnes, caressantes, pour la deuxième, les âmes plus âpres, qui montrent le sacrifice.

Miséricorde : amour indulgent et compatissant qui soulage et console celui qui en est l’objet. Elle gagne par la bienfaisance, surtout les âmes faibles, préoccupées de leurs intérêts : les âmes fortes en ont besoin aussi : ce sont les consolations que Dieu mêle aux épreuves. Tuis vero Misericors Deus maestis rebus quædam etiam jucunda permiscuit, quod certe in sanctis omnibus facit, quos neque tribulationes neque jucunditates sinit habere continuo. Saint Jean Chrysostome (Fête de saint Joseph).

La miséricorde de N. S. s’annonce, même avant sa naissance, par le nom qu’il prend : Jésus, Sauveur. Celui qui sauve l’honneur, la fortune, la vie, le courage de son frère est miséricordieux : que dire de celui qui sauve l’âme. Dès le premier moment il se met à la portée des plus petits : natus est vobis hodie Salvator, aux bergers qu’il remplit de joie. Pour récompenser les mages, il les réjouit en revoyant l’Étoile. Joies religieuses, pures et profondes : il vient apporter la miséricorde.

Le dénuement, les privations de N.S. sont un acte vrai de miséricorde pour toutes les âmes qui, dans la suite, viendraient se réconforter dans cette méditation : il touchait l’âme de tous les chrétiens de tous les temps. Pauvreté, obscurité, humilité de sa vie, œuvre personnelle de miséricorde : en même temps ces actes appelaient à lui les âmes qui devaient l’imiter.

La pédagogie du projet comme facteur de développement par Fr. Manuel Rivero O. P.

16 juin 2024

La pédagogie du projet comme facteur de développement

Fr. Manuel Rivero O.P.

Professeur à l’UCM de Tananarive. Doyen de la faculté des sciences sociales de DOMUNI-universitas https://www.domuni.eu/fr/

Les changements sociaux commencent à l’école. Parmi les méthodes pédagogiques qui favorisent le développement figure la culture du projet : mise en œuvre des potentialités, le sens de la participation et de la responsabilité, la confiance en soi-même, la connaissance de soi, le goût d’entreprendre et le leadership, la cohésion sociale, la création des relations entre les institutions, les partenariats, les sponsors …

La culture du projet engendre des innovations dans tous les domaines : personnel, social, économique, politique, artistique … L’économie contemporaine repose sur l’offre et non seulement sur la demande. Il s’agit d’offrir de nouveaux produits : « Si l’on innove sur le marché on gagne, si l’on répète on perd ».

L’étymologie du mot « projet », « pro-jet », désigne une vision, « voir en avant », « pour-voir ». Le projet suppose de « pré-voir », d’être aussi pro-actif ; à partir d’une problématique les parties prenantes du projet parviennent à une prospective et à une mise en perspective.

Un projet peut être défini comme « un ensemble d’activités visant à atteindre dans des délais fixés et avec un budget donné, des objectifs clairement définis ».

Un projet représente un processus d’apprentissage et non seulement un résultat. D’après des études en pédagogie, l’élève retient 10% de ce qu’il entend et 75% de ce qu’il a mis en pratique.

Il y a plusieurs types de savoir : savoir être, savoir vivre, savoir-faire, savoir apprendre, savoir transmettre. Ces différents savoirs apparaissent et grandissent quand le projet est bien organisé et conduit.

Il s’agit d’une pédagogie active où l’élève apprend en faisant. Il y a différentes manières d’apprendre : lire, écouter, copier, mémoriser, restituer … Les études en psychologie montrent que c’est en faisant que l’élève assimile le mieux une connaissance. Par ailleurs, saint François de Sales n’hésitait pas à déclarer : « Si tu veux apprendre enseigne ». Enseigner ce que l’on a appris représente une étape supérieure dans la maîtrise d’une matière. En effet, ce qui paraît simple à l’écoute peut se manifester complexe dès qu’il s’agit de le faire comprendre à une autre personne. Des subtilités inaperçues et la culture de l’élève peuvent susciter de nouveaux problèmes au professeur.

Le développement économique suppose des moyens matériels, des moyens de production et des capitaux, mais il passe aussi et surtout par des capitaux humains. Des personnes différentes en fonction de leurs attitudes et compétences obtiennent des résultats fort divers à partir des mêmes moyens matériels ou financiers.

Parmi les causes d’échec et de sous-développement figurent plusieurs facteurs psychologiques et culturels : individualisme, corruption, faible esprit d’entreprise, incapacité à travailler en équipe, à organiser et à planifier …

Outre les objectifs précis et divers des projets à atteindre, cette pédagogie apporte aussi dans son déploiement des fruits pour les personnes au-delà des résultats matériels. Les personnes grandissent humainement et acquièrent des compétences relationnelles. Le capital matériel et le capital humain grandissent en synergie.

La gestion des projets s’applique à des objectifs de développement comme planter des arbres ou creuser des puits mais pas uniquement, la culture et la connaissance religieuse y ont aussi leur place : pèlerinages, découvertes des églises et des musées, visites à des lieux archéologiques ou historiques, organisation des jeux sportifs … Le projet peut être modeste comme l’organisation de la découverte d’un lieu historique ou importants du point de vue financier comme la construction d’une école. Dans tous les cas, il faudra de la rigueur dans l’organisation et dans la tenue des budgets avec le calcul des coûts et des recettes.

Enseignant en doctrine sociale de l’Eglise depuis de longues années, aumônier d’enfants et de jeunes, accompagnateur spirituel des chefs d’entreprise, je suis convaincu de la pertinence de la culture du projet pour le développement de la personnalité, de l’économie et de l’esprit citoyen. Plutôt que d’attendre des aides financières extérieures ou l’avènement de chefs providentiels qui changeraient tout, il me semble préférable et plus heureux de compter sur les forces disponibles et de développer les talents comme l’enseigne Jésus dans une parabole où sont félicités ceux qui font grandir les richesses et où durement condamné celui qui ne faisait que se plaindre et critiquer dans la paresse (Mt 25,14s).

À l’image des stars du football qui ont commencé à s’entraîner dès l’enfance dans les écoles du sport, le changement politique et économique passe aussi par une longue et persévérante pédagogie à déployer à l’école et en catéchèse.

L’Église catholique compte sur un grand nombre d’enfants et de jeunes dans les paroisses et dans l’Enseignement catholique. Ils représentent une puissance démographique et créatrice dans la société civile : prêtres, religieuses, catéchistes, parents, professeurs, élèves …

Il est possible d’inclure la culture du projet au cœur de l’enseignement et de la catéchèse. D’ailleurs, des experts en éducation proposent des programmes pour les enfants ayant quatre buts et non pas trois : lire, compter, écrire et faire des projets.

Une éducation fondée sur la participation et le travail en équipe ne peut que favoriser l’arrivée d’une démocratie riche en liberté, intelligence et sens du bien commun.

En œuvrant ensemble, les inconnus ne sont plus estimés comme des dangers ou des ennemis mais comme des partenaires et des chances pour aller plus loin. La gestion des projets met sur le chemin d’une conversion des mentalités en faisant passer du repli sur soi et de la méfiance à la collaboration dans la solidarité.

La mise en route de la culture du projet suppose la maîtrise élémentaire de ses étapes, aisée à intégrer dans les formations ainsi que la connaissance des risques, des menaces et des chances, des forces et des faiblesses.

Voici les 4 étapes fondamentales de la gestion du projet : 1) Partir des besoins et discerner ensemble sur la faisabilité du projet ; 2) préparer le projet ; 3) exécuter le projet ; 4) évaluer le projet, tirer des enseignements et remercier .

Certains experts estiment comme suit le temps nécessaire pour chaque étape : 10% pour l’étude de la faisabilité ; 50% pour la préparation ; 30% pour la planification et le pilotage ; 10% pour son bilan et évaluation.

1) Première étape : l’étude sur la faisabilité du projet.

Un projet ne se réduit pas à une idée. Le projet suppose l’analyse des besoins en ressources humaines et des besoins matériels et financiers, la réflexion sur les motivations et l’évaluation des moyens humains et matériels disponibles. Le projet suppose un budget prévisionnel en distinguant le budget d’investissement et le budget de fonctionnement. Des projets échouent car ils ne comprenaient pas le budget de fonctionnement à court, moyen et long terme selon la nature des actions. Par exemple, iIl ne suffit pas de construire une école ; encore faut-il pouvoir la faire vivre : salaires des enseignants, entretien des bâtiments, matériel scolaire, nourriture des enfants … Il est triste de voir une école abandonnée ou vendue, faute de la prévision indispensable pour sa survie. Il arrive aussi que le projet tourne au cauchemar financier, à l’endettement et à la fuite en avant, parce que les conditions sine qua non pour qu’il perdure n’avaient pas été étudiées ou prévues.

La réussite d’un projet passe par une bonne comptabilité et administration. Dans des pays en voie de développement, l’économie ne comporte pas toujours des factures à la manière des pays développés. Les donateurs qui soutiennent financièrement les projets exigent une comptabilité rigoureuse, un échéancier et des prévisions de risques ainsi que des provisions pour le fonctionnement une fois la construction achevée.

À titre personnel, je peux évoquer ici une expérience de projet humanitaire réussie. Lors du terrible séisme en Haïti le 12 janvier 2010, environ 200.000 personnes ont perdu la vie et un nombre incalculable de malades et de réfugiés ont trouvé un refuge dans des camps, sans les garanties indispensables d’hygiène, ils ont souffert pendant des mois et des années. L’Hôpital Saint-Joseph de Marseille, hôpital privé le plus important de France, fondé par le bienheureux abbé Jean-Baptiste Fouque (1926) et des sœurs dominicaines de la Congrégation de la Présentation de Tours, a créé une Fondation dont le but est de soutenir les malades pauvres. C’est ainsi que les sœurs dominicaines de Port-au-Prince (Haïti) ont proposé la construction d’une clinique en pédiatrie dans un quartier défavorisé de la capitale. Grâce à la générosité et à la rigueur des responsables de la Fondation, cette clinique a pu être non seulement construite mais son fonctionnement a été aussi assuré par des apports financiers annuels et l’envoi des volontaires compétents . Toutefois ce beau projet a failli échouer faute de rigueur comptable et de communication. Dépourvus des renseignements demandés par la Fondation de l’Hôpital Saint-Joseph, les responsables avaient envisagé de renoncer à la poursuite de cette réalisation. Il a fallu un voyage sur place, à Port-au-Prince (Haïti), pour mieux comprendre la complexité de la situation et l’honnêteté des personnes sur place .

Ceux qui aident de manière professionnelle sont en droit d’exiger des budgets prévisionnels, de pouvoir contrôler l’avancement des réalisations, et d’établir des évaluations périodiques qu’il sera bon de mettre par écrit de manière à garder une mémoire du déroulement du projet. La tenue d’un journal du projet permettra aussi l’apprentissage et la relecture.

Le chef de projet est chargé de travailler avec une équipe où les buts et les fonctions de chacun sont définis dans un cahier des charges. Plus la description du projet comporte des divisions et subdivisions et plus le travail se déroule harmonieusement.

Le capital humain n’est pas à sous-estimer par rapport au capital financier, bien au contraire. La formation de l’équipe passe par la recherche des compétences, non seulement techniques, mais aussi relationnelles. Une équipe divisée court à sa perte.

Dans l’Évangile, Jésus envoie ses disciples deux par deux. Le fait de travailler en binôme, un responsable et un adjoint, garantit la durabilité du projet, le témoignage de ce qui a été entendu et le feed-back, source d’enrichissement et d’interprétation juste. Les dimensions culturelles, juridiques et politiques doivent entrer en ligne de compte comme des paramètres ou des variables du projet. Les divers risques sont à intégrer dans le budget prévisionnel : augmentation des prix des matériaux, maladie ou défaillance du personnel, retards dans l’exécution des tâches et des étapes du chantier …

La communication fait partie des éléments du projet : communication interne et externe. Par la communication externe, des parrains et des aides de toutes sortes peuvent soutenir le projet. L’utilisation des logiciels d’écriture (Word) ; de comptabilité (Excel ou Ciel Compta), et de communication (PowerPoint) et Access, gestion de bases de données, constituent des outils importants pour le développement du projet quand cela s’avère possible.

La dimension économique reste importante dans tout projet mais si elle arrive en premier, cela veut dire que le projet n’est pas bien conçu. Un projet répond à un but désiré, à des besoins et à des motivations personnelles et collectives.

Il convient d’écouter son cœur et de « rêver » comme aime à le proposer le pape François à la jeunesse.

À Marseille, l’écrivain Marcel Pagnol est souvent cité par ses boutades comme celle-ci : « Tout le monde savait que c’était impossible, arriva un imbécile qui ne le savait pas et il le fit ». Un proverbe canadien va dans le sens du réalisme plutôt que dans le fatalisme et le sens d’impuissance : « Il faut labourer avec les bœufs que l’on a ». Ce qui s’avère impossible sur le plan individuel peut devenir possible dans un travail d’équipe.

Les grandes réalisations naissent petites. Dans la Bible, David sort vainqueur contre le géant Goliath avec quelques galets et une fronde de berger (cf. 1 Samuel 17, 32-37 ; 48-49). Dans l’évangile, Jésus accomplit des miracles en multipliant cinq pains et deux poissons apportés par un enfant (cf. Mc 6, 34-44). Jésus multiplie ce que des croyants pauvres mettent en commun, ce faisant il montre la voie à suivre pour la gestion des projets. La réussite dépendra de la mise en commun des compétences et de petits moyens financiers disponibles.

La gestion des projets exige une mise en commun permanente des idées et des moyens. Dès le départ, le discernement se fait en commun en libérant l’imagination dans le respect, la bienveillance et la discrétion. Le « brainstorming » reste une bonne méthode de créativité. Il s’agira d’une démocratie participative qui suscite l’intelligence collective : « À plusieurs nous sommes plus intelligents que tout seuls ». Un chef de projet pilote et il consulte régulièrement son équipe.

Pour les croyants, la prière à l’Esprit Saint est source d’inspiration, d’innovation, de force et de communion. Georges Bernanos (+1948), écrivain catholique, disait « c’est fou ce que mes idées changent quand je les prie ». Il en va de même pour les projets quand ils sont priés ; ils s’ajustent à la volonté de Dieu en se purifiant et en s’améliorant.

La préparation d’un projet demande du temps : du temps pour s’approprier le projet et du temps pour se décider à s’y investir personnellement. Le temps fait partie des variables d’un projet. La précipitation irait à l’encontre de la réussite du projet.

L’objectif et les besoins seront clairs et précis. Une fois identifiés, il faudra passer à l’étude de la faisabilité du projet : Est-il possible, réaliste et réalisable ? À quelles conditions ? Sommes-nous motivés pour nous y investir ?

La méthode de 5 questions aide dans cette première étape : quoi (objectif) ? ; comment (plan d’action) ? ; quand (calendrier) ? ; qui (ressources humaines) ? ; combien (budget) ?

2) Deuxième étape : la préparation du projet.

La préparation du projet demande du temps ; ce serait une erreur que de vouloir aller vite sans étudier posément le pour et le contre des actions et des choix à faire.

Il est bon de donner un nom au projet ; nom qui évoque son sens.

Pour réussir un projet, il s’avère nécessaire de bien préciser la méthodologie et les missions de chacun. Il arrive que de bon projets avec des bases matérielles s’arrêtent en cours de route à cause du désir de domination, de la rivalité et de la jalousie. Ce n’est pas une seule personne, si douée soit-elle, qui peut faire réussir un projet, mais l’équipe dans un esprit de solidarité. Les participants d’un projet apprennent à dire « nous », en assumant les succès aussi bien que les échecs. Quand un pays gagne dans une compétition, ses habitants s’exclament en disant « nous avons gagné » ; quand l’équipe perd nous entendons souvent dire « la France a perdu » ou « Madagascar a perdu » …

Dans une bonne équipe, chacun se réjouit de la réussite de l’autre.

Les valeurs humaines comme le respect de la dignité de chacun constituent la base des projets.

Le rôle du chef de projet est capital. Sa mission doit être clairement définie. L’organigramme avec les différents postes et définitions des postes requiert aussi une étude détaillée : « The right man in the right place », « l’homme compétent à la place qui convient ». Le chef de projet ne perd pas de vue l’objectif à atteindre, il a pour mission de former et d’animer l’équipe, en dispensant des encouragements sans hésiter à aborder les conflits voire à sanctionner les fautes si nécessaire. Il est prudent de prévoir des binômes pour les différents travaux : le responsable et son adjoint. En cas de maladie ou de défaillance du responsable, l’adjoint peut prendre la suite en connaissant le dossier et la manière de faire.

Le chef de projet partage les responsabilités selon le principe de subsidiarité qui ne se réduit pas à une simple délégation verticale mais qui constitue un droit exigible à être respecté dans l’autonomie des missions reçues et à être aidé par l’instance supérieure. Le mot subsidiarité vient du latin « subsidium » qui veut dire soutien, aide.

Le chef de projet développe la communication et il veille au respect du calendrier établi. Il vérifie l’accord entre l’échéancier et l’avancement des travaux.

Les cinq autres principes fondamentaux de la doctrine sociale de l’Église illuminent la route : la dignité inaliénable de toute personne humaine, le droit et le devoir de participer, le bien commun, la solidarité et la destination universelle des biens.

Il convient d’écrire le projet avec ses acteurs et ses différentes parties de manière à bénéficier d’une référence objective et accessible en cas de doute ou de besoin : le demandeur du projet, le chef de projet, l’équipe, les collaborateurs.

Les coordonnées (adresse, courriel, téléphone) des différents membres et partenaires figurent dans des listes disponibles et mises à jour.

De brèves réunions quotidiennes permettent l’évaluation des travaux et l’éventuelle gestion des conflits. La communication bienveillante permet d’avancer sans juger ni condamner directement ceux qui auraient tort. En partant du ressenti personnel, il devient possible de faire comprendre à l’autre de manière concrète les erreurs, les souffrances occasionnées et les solutions possibles. La communication bienveillante comprend quatre étapes : 1) l’observation de la situation ; 2) l’expression des sentiments et des réactions ; 3) la présentation des besoins ; 4) la proposition ou la demande concrète, réaliste, possible et positive. La communication en « je » plutôt que « le tu qui tue » offre des portes de sorties au conflit sans marteler les fautes sans tomber dans le « petit train » : « tu-tu-tu-tu-tu … » ; « tu n’as pas fait », « tu aurais dû » …. En principe, les corrections et les critiques se font de manière discrète tandis que les félicitations se font en public, de manière à ne pas humilier et à faire perdre la face.

La gestion des crises doit être aussi prévue pour ne pas se retrouver au dépourvue (personnes et institutions à contacter avec leurs coordonnées) en cas de vols, d’accidents, de maladie ou d’agression …

La dimension juridique doit aussi entrer dans la préparation du projet : lois et coutumes, réglementations et autorisations officielles et accord écrit des parents pour les projets des mineurs … Un projet se déroule dans un contexte social avec sa culture et ses normes.

Le plan de communication interne et externe fait partie aussi de la préparation du projet : « Une bonne communication externe est une bonne communication interne exportée ».

3) L’exécution du projet.

Une fois la préparation achevée, le chef avec son équipe passe à sa réalisation en mettant en œuvre le contrôle régulier et l’analyse en continu des tâches selon des critères d’évaluation (le monitoring).

Pendant l’exécution du projet, des réunions régulières sont organisées avec un ordre du jour, les participants invités ou convoqués, l’heure du début et de la fin de la réunion.

Si les prévisions ne correspondent pas aux possibilités ni aux exécutions, il convient de les noter en expliquant les raisons. Le Journal du projet représente un outil en vue de l’évaluation.

Les outils comptables qui peuvent être des logiciels permettent le contrôle des travaux et sa comparaison avec les prévisions selon l’échéancier et les budgets. Les logiciels de communication interne et externe rendent compte de l’investissement accompli ou à accomplir.

4) L’évaluation post-projet et clôture.

Un projet comporte toujours des enseignements soit dans la réussite soit dans l’échec. La réunion d’évaluation doit coucher par écrit l’interprétation des résultats positifs et négatifs. Ce compte rendu restera aux archives.

L’apprentissage se fait par l’action (« learning by doing ») et on apprend en faisant des erreurs : mes problèmes rencontrés et les solutions proposées.

Une fois relevées les failles ou les défaillances dans l’application du projet, il importe de finir toujours sur du positif.

Les échecs apportent des connaissances. L’homme apprend davantage dans l’échec que dans le succès. L’échec vécu comme une recherche et un don de soi mérite félicitations et applaudissements tandis que la passivité et la mollesse appellent la réprobation. Malheureusement, dans le quotidien, ceux qui ne font pas grand-chose critiquent durement les échecs d’autrui tout en se présentant comme des « sages », alors que souvent ils n’étaient que médiocres ou tièdes. L’Apocalypse dévoile la pensée de Dieu à cet égard : « Puisque te voilà tiède, ni chaud ni froid, je vais te vomir de ma bouche » (Ap 3, 16).

Saint Grégoire de Nysse (+394) a légué cette belle expression pour décrire le cheminement de l’homme vers Dieu qui correspond aussi à la pédagogie du projet : « De commencement en commencement par des commencements qui n’ont jamais de fin » (Homélie sur le Cantique des Cantiques).

Saint-Denis (La Réunion), le 14 juin 2024.

Rosaire du Sacré-Coeur de Jésus, radio Arc-en-Ciel, le 3 juin 2024 par Fr. Manuel Rivero O.P.

Bonsoir chers amis du Rosaire, vendredi prochain nous célébrerons la fête solennelle du Sacré-Cœur de Jésus, source de vie divine et de miséricorde pour nous « pauvres pécheurs », comme nous le prions dans l’Ave Maria. Du côté transpercé de Jésus ont jailli l’eau et le sang, symbole des sacrements du baptême et de l’eucharistie.
Ce soir nous allons méditer les mystères douloureux du Rosaire en suivant la Passion selon saint Marc.
Faisons le signe de la croix en prenant en main la croix de notre chapelet :
TOUS : Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen.
Credo, Notre Père, 3 Ave Maria.
Premier mystère douloureux : la prière de Jésus à Gethsémani
De l’Évangile selon saint Marc 14, 32s : « Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et il commença à ressentir effroi et angoisse. Et il leur dit : « Mon âme est triste à en mourir ; demeurez ici et veillez. Étant allé un peu plus loin, il tombait à terre, et il priait pour que, s’il était possible, cette heure passât loin de lui. Et il disait : « Abba (Père) ! tout t’est possible : éloigne de moi cette coupe ; pourtant pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! »
Le cœur sacré de Jésus a éprouvé l’angoisse à Gethsémani. Mais il tient à accomplir fidèlement la mission reçue de Dieu le Père : sauver l’humanité par son amour plus fort que la mort.
Prions pour les malades angoissés.
Prions pour ceux qui se sentent seuls dans la souffrance et qui perdent l’espérance en l’aide de Dieu.
Notre Père. Ave Maria. Gloria.
CD Regardez l’humilité de Dieu. https://www.youtube.com/watch?v=GLpW9CdmSqA
Deuxième mystère douloureux : La flagellation de Jésus
De l’Évangile selon saint Marc 14, 65 : « Quelques membres du Sanhédrin se mirent à cracher au visage de Jésus, à le gifler et à lui dire : « Fais le prophète ! » Et les valets le bourrèrent de coups ».
« Regardons l’humilité de Dieu », chantent les chrétiens en contemplant l’abaissement de Jésus, insulté, giflé, frappé. Non, toutes les religions ne se valent pas. Il n’y a qu’un seul Dieu mais le Dieu qui s’humilie jusqu’à la mort et des dieux dominateurs et vengeurs ne se ressemblent pas.
Notre Dieu est unique comme notre religion chrétienne est unique : « Dieu est amour » (1 Jn 4, 16), amour qui donne et non pas amour qui vole ; amour qui respecte la liberté de l’aimé et non pas amour qui s’impose par la force.
Prions pour ceux qui cherchent Dieu.
Prions pour ceux qui subissent le rejet et des humiliations.
Notre Père. Ave Maria. Gloria.
CD Regardez l’humilité de Dieu. https://www.youtube.com/watch?v=GLpW9CdmSqA
Troisième mystère douloureux : Le couronnement d’épines
De l’Évangile selon saint Marc 15, 16s : « Les soldats romains emmènent Jésus à l’intérieur du palais, qui est le Prétoire, et ils convoquent toute la cohorte. Ils le revêtent de pourpre, puis, ayant tressé une couronne d’épines, ils la lui mettent. Et ils se mirent à le saluer : « Salut, roi des Juifs ! » Et ils lui frappaient la tête avec un roseau et ils lui crachaient dessus, et ils ployaient le genou devant lui pour lui rendre hommage. Puis, quand ils se furent moqués de lui, ils lui ôtèrent la pourpre et lui remirent ses vêtements ».
Jésus est ridiculisé par des soldats qui abusent de leur pouvoir.
Prions pour ceux qui abusent de leur pouvoir politique, économique et militaire.
Prions pour les magistrats et les militaires afin qu’ils respectent la dignité sacrée de toute personne humaine.
Notre Père. Ave Maria. Gloria.
CD Regardez l’humilité de Dieu. https://www.youtube.com/watch?v=GLpW9CdmSqA
Quatrième mystère douloureux : Le portement de la croix
De l’Évangile selon saint Marc 15, 20s : « Les soldats mènent Jésus hors du Prétoire pour le crucifier. Et ils requièrent, pour porter sa croix, Simon de Cyrène, le père d’Alexandre et de Rufus, qui passait par là, revenant des champs. Et ils amènent Jésus au lieu-dit Golgotha, ce qui se traduit lieu du Crâne ».
Il arrive souvent que nous rencontrions de près Dieu sans nous en apercevoir. C’est ce qui a dû se passer pour Simon de Cyrène qui a aidé Jésus à porter sa croix. Il n’aurait jamais imaginé servir Dieu de si près.
Dieu vient à notre rencontre de manière imprévue et imprévisible. Dieu se révèle dans le service fraternel.
Demandons à Dieu l’attention aux autres et aux événements quotidiens où Jésus nous rencontre en la personne des affamés, des assoiffés, des malades, des familles en deuil, des prisonniers et des étrangers.
Notre Père. Ave Maria. Gloria.
CD Regardez l’humilité de Dieu. https://www.youtube.com/watch?v=GLpW9CdmSqA
Cinquième mystère douloureux : la mort de Jésus en croix
De l’Évangile selon saint Marc 15, 23s : « Les soldats donnaient à Jésus du vin parfumé de myrrhe, mais il n’en prit pas. Puis ils le crucifient et se partagent ses vêtements en tirant au sort ce qui reviendrait à chacun. C’était la troisième heure quand ils le crucifièrent. L’inscription qui indiquait le motif de sa condamnation était libellée : « Le roi des Juifs. » Et avec lui ils crucifient deux brigands, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche. Les passants l’injuriaient en hochant la tête et disant : « He ! toi qui détruis le Sanctuaire et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même en descendant de la croix ! » Pareillement les grands prêtres se gaussaient entre eux avec les scribes et disaient : « Il en a sauvé d’autres et il ne peut se sauver lui-même ! Que le Christ, le Roi d’Israël, descende maintenant de la croix, pour que nous voyions et que nous croyions ! » Même ceux qui étaient crucifiés avec lui l’outrageaient.
Quand il fut la sixième heure, l‘obscurité se fit sur la terre entière jusqu’à la neuvième heure. Et à la neuvième heure Jésus clama en un grand cri : « Éloï, Éloï, lema sabachtani », ce qui se traduit : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Certains des assistants disaient en l’entendant : « Voilà qu’il appelle Élie ! » Quelqu’un courut tremper une éponge dans du vinaigre et, l’ayant mise au bout d’un roseau, il lui donnait à boire en disant : « Laissez ! que nous voyions si Élie va venir le descendre ! » Or Jésus, jetant un grand cri, expira. Et le voile du Sanctuaire se déchira en deux de haut en bas. Voyant qu’il avait ainsi expiré, le centurion, qui se tenait en face de lui, s’écria : « Vraiment cet homme était fils de Dieu ! »
Saint Marc précise que les deux bandits crucifiés sur le Calvaire à la droite et à la gauche de Jésus l’injuriaient. Celui que nous appelons le bon larron a dû se convertir en voyant Jésus souffrir par amour, sans haine, dans le rayonnement de la sainteté divine.
Quand Jésus est mort, le voile du Temple de Jérusalem s’est déchiré en deux, symbole de la fin de la présence divine dans le Temple.
Un païen, centurion de l’armée romaine, a été bouleversé par la mort de Jésus. Le Fils de Dieu fait homme, Jésus le Christ, s’est révélé dans l’Incarnation, à travers son enseignement et des miracles. Il s’est révélé au sommet de la croix en mourant en union avec Dieu le Père.
Prions pour que le Seigneur nous accorde de vivre la mort dans la foi et l’amour.
Prions pour ceux qui accompagnent les mourants et les familles en deuil.
Prions pour ceux qui prennent soin des dépouilles mortelles qui gardent leur dignité, ayant été animées par l’âme donnée par Dieu et devenues la demeure de Dieu dans le baptême. Prions pour les employés des hôpitaux et des pompes funèbres.
Prions pour les chrétiens qui œuvrent dans la pastorale des funérailles, si importantes pour manifester la foi en Jésus, mort et ressuscité, prémices d’une multitude de frères et de sœurs.
Notre Père. Ave Maria. Gloria.
CD Regardez l’humilité de Dieu. https://www.youtube.com/watch?v=GLpW9CdmSqA
……………………………………………..
Prions le Seigneur : Seigneur notre Dieu, dans le Cœur de ton Fils meurtri par nos péchés, tu nous prodigues avec miséricorde les trésors infinis de ta tendresse ; nous t’en prions : fais que, dans l’hommage fervent de notre piété, nous lui rendions aussi les devoirs d’une juste réparation. Lui qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit, un seul Dieu, pour les siècles des siècles. Amen.
La prière de ce soir a été animée par Lauviette, Marie-Johanie, Laura à la technique et le frère Manuel.
Bénédiction :
Chant à la Vierge
CD Monastère des Dominicaines de Beaufort n°24. Salve Regina
Chant à saint Dominique
CD Monastère des Dominicaines de Beaufort n°23 Tropaire à saint Dominique.

Écho de notre page Facebook : juin 2024

Le règne de Dieu

Le grain de sénevé devenu un arbre – nous dirions un arbuste – indiquait l’extension du règne de Dieu.

Le pain fermenté ne tient pas beaucoup plus de place que le pain azyme, mais il prend une saveur différente.

Le règne de Dieu sera donc comme une force cachée puisqu’elle est mêlée à la farine, mais agissante, dont les effets s’étendent à toute la pâte. Et assurément le règne de Dieu, tel qu’on l’attendait, devait être un règne meilleur : les Israélites étaient déjà bons, les Gentils devaient se convertir.

Mais l’idée d’une vertu intérieure, qu’elle s’exerce dans l’âme ou parmi les hommes, était étrangère aux rêves des voyants.

Les rabbins eux-mêmes, intarissables sur la transfiguration des plantes, des animaux, des hommes, ne parlent pas de cette vertu de Dieu qui, d’après saint Paul, est tout l’évangile (1) (extrait de L’Évangile de Jésus Christ par Marie-Joseph Lagrange. Les paraboles du règne de Dieu).

(1) Romains 1, 16 : « Car je ne rougis pas de l’Évangile : il est une force de Dieu pour le salut de tout croyant, du Juif d’abord, puis du Grec. »

10 juin 2024

Jour-anniversaire du dies natalis du Serviteur de Dieu Marie-Joseph Lagrange O.P.

Comme chaque mois, nous prions aujourd’hui pour la béatification du P. Lagrange www.mj-lagrange.org  et confions à son intercession les demandes de prières qui nous sont parvenues : pour la guérison de Vincent qui vient de subir une grave intervention chirurgicale.

Pour Bayakissa Patricia Audrey qui nous a confié par mail : J’habite au Gabon à Franceville. Moi et ma famille nous vous demandons de nous inclure s’il vous plaît dans vos prières. Mon mari Pambou Roland Félix travaille dans la construction de bâtiments. Cela fait 3 ans qu’il a terminé la construction d’un hôpital mais jusqu’à présent son employeur n’essaie même pas de lui donner son argent. Tout ce pour quoi il a énormément travaillé est entre les mains d’une seule personne. S’il vous plaît prier pour cet homme qui vit à la sueur de son front. Aie pitié de nous. Je vous prie d’agréer mon Père Marie-Joseph Lagrange à ma requête. Que Dieu vous bénisse.

Nous prions aussi pour toutes les intentions de prière non exprimées mais qui vous tiennent à cœur.

« Ô mon Dieu, je reviens à vous, à la prière. Prier, sans prétention, mais avec
confiance ô Jésus, Dieu homme, vous connaître et vous aimer. Retour à
Jésus » (M.-J. Lagrange. Journal spirituel, 15 août 1883).

07 juin 2024

Le Sacré-Cœur de Jésus

La dévotion du père Lagrange au Sacré-Cœur de Jésus

La première pierre de l’École biblique de Jérusalem fut posée le 5 juin 1891 en la fête du Sacré-Cœur de Jésus. Le parchemin de l’inauguration signalait que cette École était destinée à Dame du Rosaire. Le père Lagrange avait averti que dans les fondations de l’École les fouilleurs trouveraient des médailles du Sacré-Cœur, de Notre-Dame de Lourdes, de Notre-Dame du Rosaire, de saint Benoît, de sainte Marie-Madeleine et du pape Léon XIII qui régnait à ce moment-là.

Le pape Léon XIII pensait que cette consécration au Sacré-Cœur s’harmonisait avec le lieu de la lapidation de saint Étienne, sur lequel était bâtie l’École biblique et la basilique Saint-Étienne. Le pape Léon XIII exhortait le père Lagrange et les frères dominicains en ces termes : « Oui, consacrez toute votre œuvre et l’église au Sacré-Cœur de Jésus. Le Sacré-Cœur ne peut être mieux que là, car lorsque saint Étienne voyait les cieux ouverts et Jésus debout à la droite de son Père, Jésus se montrait à lui avec ses plaies, celles de ses pieds et de ses mains, celle de son cœur ! »

Dans sa prière personnelle, le frère Marie-Joseph, étudiant à Salamanque en 1881, se confie à l’intercession de la Vierge Marie, sa « très douce Reine », lui demandant de le conduire à Jésus : « Conduisez-moi au Cœur-Sacré de Jésus ». En 1881, au début de la même année, il avait choisi comme patron de l’année le Sacré-Cœur de Jésus en citant saint Bernard : « Enlevez la volonté propre et il n’y aura plus d’enfer ».

(Extrait de « La dévotion du père Lagrange au Sacré-Cœur de Jésus » par Manuel Rivero O.P. www.mj-lagrange.org )

3 juin 2024

Rosaire sur le Sacré-Coeur de Jésus, radio Arc-en-Ciel, le 3 juin 2024 par Fr. Manuel Rivero, O.P.

Bonsoir chers amis du Rosaire, vendredi prochain nous célébrerons la fête solennelle du Sacré-Cœur de Jésus, source de vie divine et de miséricorde pour nous « pauvres pécheurs », comme nous le prions dans l’Ave Maria. Du côté transpercé de Jésus ont jailli l’eau et le sang, symbole des sacrements du baptême et de l’eucharistie.
Ce soir nous allons méditer les mystères douloureux du Rosaire en suivant la Passion selon saint Marc.
Faisons le signe de la croix en prenant en main la croix de notre chapelet :
TOUS : Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen.
Credo, Notre Père, 3 Ave Maria.
Premier mystère douloureux : la prière de Jésus à Gethsémani
De l’Évangile selon saint Marc 14, 32s : « Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et il commença à ressentir effroi et angoisse. Et il leur dit : « Mon âme est triste à en mourir ; demeurez ici et veillez. Étant allé un peu plus loin, il tombait à terre, et il priait pour que, s’il était possible, cette heure passât loin de lui. Et il disait : « Abba (Père) ! tout t’est possible : éloigne de moi cette coupe ; pourtant pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! »
Le cœur sacré de Jésus a éprouvé l’angoisse à Gethsémani. Mais il tient à accomplir fidèlement la mission reçue de Dieu le Père : sauver l’humanité par son amour plus fort que la mort.
Prions pour les malades angoissés.
Prions pour ceux qui se sentent seuls dans la souffrance et qui perdent l’espérance en l’aide de Dieu.
Notre Père. Ave Maria. Gloria.
CD Regardez l’humilité de Dieu. https://www.youtube.com/watch?v=GLpW9CdmSqA
Deuxième mystère douloureux : la flagellation de Jésus
De l’Évangile selon saint Marc 14, 65 : « Quelques membres du Sanhédrin se mirent à cracher au visage de Jésus, à le gifler et à lui dire : « Fais le prophète ! » Et les valets le bourrèrent de coups ».
« Regardons l’humilité de Dieu », chantent les chrétiens en contemplant l’abaissement de Jésus, insulté, giflé, frappé. Non, toutes les religions ne se valent pas. Il n’y a qu’un seul Dieu mais le Dieu qui s’humilie jusqu’à la mort et des dieux dominateurs et vengeurs ne se ressemblent pas.
Notre Dieu est unique comme notre religion chrétienne est unique : « Dieu est amour » (1 Jn 4, 16), amour qui donne et non pas amour qui vole ; amour qui respecte la liberté de l’aimé et non pas amour qui s’impose par la force.
Prions pour ceux qui cherchent Dieu.
Prions pour ceux qui subissent le rejet et des humiliations.
Notre Père. Ave Maria. Gloria.
CD Regardez l’humilité de Dieu. https://www.youtube.com/watch?v=GLpW9CdmSqA
Troisième mystère douloureux : le couronnement d’épines
De l’Évangile selon saint Marc 15, 16s : « Les soldats romains emmènent Jésus à l’intérieur du palais, qui est le Prétoire, et ils convoquent toute la cohorte. Ils le revêtent de pourpre, puis, ayant tressé une couronne d’épines, ils la lui mettent. Et ils se mirent à le saluer : « Salut, roi des Juifs ! » Et ils lui frappaient la tête avec un roseau et ils lui crachaient dessus, et ils ployaient le genou devant lui pour lui rendre hommage. Puis, quand ils se furent moqués de lui, ils lui ôtèrent la pourpre et lui remirent ses vêtements ».
Jésus est ridiculisé par des soldats qui abusent de leur pouvoir.
Prions pour ceux qui abusent de leur pouvoir politique, économique et militaire.
Prions pour les magistrats et les militaires afin qu’ils respectent la dignité sacrée de toute personne humaine.
Notre Père. Ave Maria. Gloria.
CD Regardez l’humilité de Dieu. https://www.youtube.com/watch?v=GLpW9CdmSqA
Quatrième mystère douloureux : Le portement de la croix
De l’Évangile selon saint Marc 15, 20s : « Les soldats mènent Jésus hors du Prétoire pour le crucifier. Et ils requièrent, pour porter sa croix, Simon de Cyrène, le père d’Alexandre et de Rufus, qui passait par là, revenant des champs. Et ils amènent Jésus au lieu-dit Golgotha, ce qui se traduit lieu du Crâne ».
Il arrive souvent que nous rencontrions de près Dieu sans nous en apercevoir. C’est ce qui a dû se passer pour Simon de Cyrène qui a aidé Jésus à porter sa croix. Il n’aurait jamais imaginé servir Dieu de si près.
Dieu vient à notre rencontre de manière imprévue et imprévisible. Dieu se révèle dans le service fraternel.
Demandons à Dieu l’attention aux autres et aux événements quotidiens où Jésus nous rencontre en la personne des affamés, des assoiffés, des malades, des familles en deuil, des prisonniers et des étrangers.
Notre Père. Ave Maria. Gloria.
CD Regardez l’humilité de Dieu. https://www.youtube.com/watch?v=GLpW9CdmSqA
Cinquième mystère douloureux : la mort de Jésus en croix
De l’Évangile selon saint Marc 15, 23s : « Les soldats donnaient à Jésus du vin parfumé de myrrhe, mais il n’en prit pas. Puis ils le crucifient et se partagent ses vêtements en tirant au sort ce qui reviendrait à chacun. C’était la troisième heure quand ils le crucifièrent. L’inscription qui indiquait le motif de sa condamnation était libellée : « Le roi des Juifs. » Et avec lui ils crucifient deux brigands, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche. Les passants l’injuriaient en hochant la tête et disant : « He ! toi qui détruis le Sanctuaire et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même en descendant de la croix ! » Pareillement les grands prêtres se gaussaient entre eux avec les scribes et disaient : « Il en a sauvé d’autres et il ne peut se sauver lui-même ! Que le Christ, le Roi d’Israël, descende maintenant de la croix, pour que nous voyions et que nous croyions ! » Même ceux qui étaient crucifiés avec lui l’outrageaient.
Quand il fut la sixième heure, l‘obscurité se fit sur la terre entière jusqu’à la neuvième heure. Et à la neuvième heure Jésus clama en un grand cri : « Éloï, Éloï, lema sabachtani », ce qui se traduit : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Certains des assistants disaient en l’entendant : « Voilà qu’il appelle Élie ! » Quelqu’un courut tremper une éponge dans du vinaigre et, l’ayant mise au bout d’un roseau, il lui donnait à boire en disant : « Laissez ! que nous voyions si Élie va venir le descendre ! » Or Jésus, jetant un grand cri, expira. Et le voile du Sanctuaire se déchira en deux de haut en bas. Voyant qu’il avait ainsi expiré, le centurion, qui se tenait en face de lui, s’écria : « Vraiment cet homme était fils de Dieu ! »
Saint Marc précise que les deux bandits crucifiés sur le Calvaire à la droite et à la gauche de Jésus l’injuriaient. Celui que nous appelons le bon larron a dû se convertir en voyant Jésus souffrir par amour, sans haine, dans le rayonnement de la sainteté divine.
Quand Jésus est mort, le voile du Temple de Jérusalem s’est déchiré en deux, symbole de la fin de la présence divine dans le Temple.
Un païen, centurion de l’armée romaine, a été bouleversé par la mort de Jésus. Le Fils de Dieu fait homme, Jésus le Christ, s’est révélé dans l’Incarnation, à travers son enseignement et des miracles. Il s’est révélé au sommet de la croix en mourant en union avec Dieu le Père.
Prions pour que le Seigneur nous accorde de vivre la mort dans la foi et l’amour.
Prions pour ceux qui accompagnent les mourants et les familles en deuil.
Prions pour ceux qui prennent soin des dépouilles mortelles qui gardent leur dignité, ayant été animées par l’âme donnée par Dieu et devenues la demeure de Dieu dans le baptême. Prions pour les employés des hôpitaux et des pompes funèbres.
Prions pour les chrétiens qui œuvrent dans la pastorale des funérailles, si importantes pour manifester la foi en Jésus, mort et ressuscité, prémices d’une multitude de frères et de sœurs.
Notre Père. Ave Maria. Gloria.
CD Regardez l’humilité de Dieu. https://www.youtube.com/watch?v=GLpW9CdmSqA
……………………………………………..
Prions le Seigneur : Seigneur notre Dieu, dans le Cœur de ton Fils meurtri par nos péchés, tu nous prodigues avec miséricorde les trésors infinis de ta tendresse ; nous t’en prions : fais que, dans l’hommage fervent de notre piété, nous lui rendions aussi les devoirs d’une juste réparation. Lui qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit, un seul Dieu, pour les siècles des siècles. Amen.
La prière de ce soir a été animée par Lauviette, Marie-Johanie, Laura à la technique et le frère Manuel.
Bénédiction :
Chant à la Vierge
CD Monastère des Dominicaines de Beaufort n°24. Salve Regina
Chant à saint Dominique
CD Monastère des Dominicaines de Beaufort n°23 Tropaire à saint Dominique.

 

2 juin 2024

KTO 20h35 : La Foi prise au mot

Le Père Marie-Joseph Lagrange

Voir sur YouTube.

 

Écho de notre page Facebook : mai 2024

31 mai 2024

La Visitation de la Vierge Marie à sa cousine Élisabeth (Luc 1, 39-56)

Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur, et mon esprit tressaille de joie en Dieu mon Sauveur !

Deux femmes enceintes se rencontrent et à travers elles leurs enfants : Jésus et Jean le Baptiste, le précurseur. Selon le père Lagrange, Élisabeth a compris par le tressaillement de son enfant l’arrivée du Messie chez elle.

Pour le père Lagrange, « ce qui est propre au Magnificat, c’est que cette fois les expressions ne sont pas trop fortes pour dire ce qui s’est opéré en Marie, et qu’elles paraissent à peine suffisantes pour exprimer l’humilité de celle qui glorifie le Seigneur. Pour que toute gloire Lui soit rendue, elle avoue sa bassesse, et cependant, répondant à la félicitation d’Élisabeth, elle avoue que toutes les générations la nommeront bienheureuse ». (Manuel Rivero O.P. Le père Lagrange et la Vierge Marie. Méditations des mystères du Rosaire. Cerf. 2012.)

28 mai 2024

Pour soutenir notre association, votre prière est nécessaire pour l’aboutissement de la cause du P. Lagrange, votre adhésion également, rejoignez ainsi tous les amis de l’association du père Lagrange ? Nous serons heureux de vous accueillir. https://www.mj-lagrange.org/?page_id=526

24 mai 2024

Translation de Notre Saint Dominique

Saint Dominique naquit à Caleruega (Espagne), entre 1171 et 1173.

Lors de son baptême, une noble marraine porta l’enfant jusqu’à la paroisse. Les fonts baptismaux dans lesquels il fut baigné ont été pieusement conservés jusqu’à nous.

La lumière de grâce qui l’enveloppa dès l’heure de son baptême fut-elle la source de lumière que plusieurs virent briller sur son front dès l’enfance ? Aux derniers jours de sa vie « cette sorte de splendeur » qui rayonnait sur son front, ou filtrait entre ses cils baissés pour la prière, « attirait le respect et l’affection de tous ». Transparence du regard d’un enfant au cœur spécialement aimant et pur ? Ou déjà grâce propre d’un saint dont l’unique espérance, à la suite du Christ et des apôtres, serait d’ « illuminer les hommes assis dans les ténèbres à l’ombre de la mort » ?

Sa mère, en effet, l’avait reçu en grand esprit de religion et orienté dès le premier jour en son cœur vers la cléricature. Jeanne, dont l’histoire a conservé le souvenir de beaux traits de miséricorde, lui transmit assurément sa vive sensibilité à la misère d’autrui, à toutes les misères.

(Marie-Humbert Vicaire, O.P. Saint Dominique. Une lumière se lève. P. 31. DDB. 1957.)

19 mai 2024

Solennité de la Pentecôte. L’Esprit de vérité est descendu sur Marie et les apôtres.

L’Esprit Saint prend soin de chacun d’entre nous. Il agit dans nos cœurs pour que nous portions du fruit et des fruits en abondance comme le dit saint Paul dans son épître aux Galates : « charité, joie, paix, serviabilité, confiance dans les autres, patience, maîtrise de soi » (Gal 5, 23).

À Jérusalem, l’Esprit Saint descend sous forme de flamme sur les apôtres rassemblés autour de Marie. La Pentecôte apporte à l’Église plénitude et lumière. Les disciples qui s’étaient enfermés par peur des autorités juives proclament avec audace la résurrection du Christ. « Rien n’est impossible à Dieu », avait dit l’ange Gabriel à la Vierge Marie lors de l’Annonciation. Célébrer la Pentecôte nous entraîne dans une conversion profonde pour passer de la « langue de vipère » à la louange. Oui, viens, Esprit Saint, prends soin de nous, sanctifie-nous !

(Extrait de l’homélie de Fr. Manuel Rivero o.p. Martigues, le 27 mai 2012.)

 

10 mai 2024

Jour-anniversaire du départ vers le Père de Marie-Joseph Lagrange o.p. (10 mars 1938).

« Mon Seigneur Jésus, je n’ai plus confiance qu’en votre amour. Ma douce et tendre Mère, tota Mater, Marie Immaculée, vous êtes ma vie, ma douceur, mon espérance : oui, vous me sauverez, vous me permettrez de célébrer vos grandeurs et votre miséricorde, vous me donnerez Jésus, vous me donnerez à Jésus ; je suis encore tout accablé du poids de mes péchés et de ma misère, mais j’espère en vous. » (Journal spirituel, Cerf, 2014)

Comme tous les mois, Fr. Manuel Rivero o.p. célèbre la messe du jour aux intentions confiées à l’intercession du P. Lagrange, particulièrement pour Louise, Vincent, toutes les intentions de prière qui vous sont chères, et, pour la béatification du P. Lagrange.

9 mai 2024

La fête des fêtes : Le mystère liturgique de l’Ascension

« Or, le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel … Et il s’est assis à la droite de Dieu. Et eux s’en allèrent partout, le Seigneur les assistant et confirmant la parole par les miracles qui accompagnaient cette parole » (Marc 16 19-20).

[Ce jour-là Jésus] conduisit ses Apôtres dans la direction de Béthanie. D’après la tradition ancienne, il s’arrêta au lieu où il les avait instruits de la ruine de Jérusalem et de son avènement glorieux, au lieu où [est] bâti aujourd’hui, sur l’emplacement de l’ancienne Éléona, une église en l’honneur du Sacré-Cœur, avec le concours de toutes les nations, comme un vœu pour la paix.

Là le Christ leva les mains et bénit les siens. Puis il s’éloigna, et ils le virent enlevé au ciel. Prosternés à terre, ils comprirent que cette apparition était la dernière. Et au lieu d’être envahis par la tristesse, ils éprouvaient cette grande joie qu’il leur avait promise à la Cène.

Où est Jésus Christ ? Il est, dit l’évangile de saint Marc, assis à la droite de Dieu, c’est-à-dire qu’il est associé à la puissance de son Père. Il y a là un mystère pour notre intelligence, un des aspects insondables du mystère de l’Incarnation. Nous sommes invités à rejoindre notre Sauveur. La certitude de notre espérance n’est pas moins amoindrie par le voile de la foi, qui sera levé un jour.

(Marie-Joseph Lagrange. O.P. L’Évangile de Jésus avec la synopse évangélique. Artège. 2017. P. 648-649.)

 

 

1er mai 2024

La spiritualité mariale du P. Lagrange constitue la racine cachée de sa foi dans son labeur d’interprète de l’Écriture sainte. Il vivait avec la Vierge à qui il parlait comme un ami parle à son ami, comme un fils parle à sa mère. (Manuel Rivero o.p. Avant-propos du livre Le Père Lagrange et la Vierge Marie. Méditations des mystères du Rosaire. Cerf. 2012.)

« Ô Marie, ma Dame, <mon> Avocate, ma Patronne, mon Guide, ma Reine, ma Mère ! Je n’espère connaître, aimer et posséder Jésus, mon Souverain bien, que par vous et en vous, <vous, étoile maîtresse de ma vie présente et future.> Je me donne à votre amour comme un fils très aimant, je me voue à votre service comme votre petit esclave, indigne de lever sur vous mes regards. Je vous fais donation et vous conjure d’accepter la cession de tous les mérites, satisfactions, indulgences que je pourrai tenir de la miséricorde de votre Fils et de votre bonté. Je ne retiens rien pour moi, je remets tout entre vos mains bénies, content si par votre grâce ma vie se passe tout entière à vous louer, à vous bénir, à vous prêcher et par vous votre Fils Jésus-Christ Notre-Seigneur. Daignez disposer de mon esprit, de mon cœur, de mon sang, de toutes les forces de mon corps et de mon âme, selon votre bon plaisir, pour défendre votre honneur, augmenter la gloire de Dieu, procurer le salut des âmes, et attendre <l’extension> du règne de Jésus-Christ. Ainsi-soit-il. »

« Vous êtes la Maîtresse de ma vie présente et future. (Anniversaire en date de ma première communion. Corpus Christi. »)

(P. Marie-Joseph Lagrange, Journal spirituel, Cerf, 2014, p. 70)

Écho de notre page Facebook : avril 2024

29 avril 2024

Pensée du jour

Sainte Catherine de Sienne

« L’humble, continuelle et fidèle prière. Cette prière est une mère, tout embrasée et enivrée du Précieux Sang ; elle nourrit les vertus sur son sein. » (Ste Catherine de Sienne. Lettres, Cartier, 2, 118.)

(P. Marie-Joseph Lagrange. Journal spirituel. Cerf. 2014, p. 83)

 

28 avril 2024

Parole du jour

« Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruit et que vous soyez pour moi des disciples. » (Jean 15, 8)

 

Le fruit de la fête doit être un plus grand désir de connaître, d’aimer et d’imiter N.S. qui a daigné avoir une vocation apostolique que St Dominique a reproduite parfaitement.

(P. Marie-Joseph Lagrange. Journal spirituel. Cerf. 2014, p. 96)

 

 

25 avril 2024

Saint Marc. Évangéliste

Le précurseur

Commencement de l’évangile de Jésus Christ, Fils de Dieu : Selon qu’il est écrit dans le prophète Isaïe : « Voici que j’envoie mon ange devant ta face, pour disposer ta voie, Voie de celui qui crie dans le désert : préparez la voie du Seigneur, rendez droit ses sentiers », Jean le Baptiste, fut dans le désert, proclamant un baptême pour la rémission des péchés. (Mc 1, 1-2)

Chacun des évangélistes a son symbole. Celui de Mars est le lion, parce que son évangile débute par la mission de saint Jean-Baptiste, dont la voix retentit comme celle du lion au désert. Dans le monde romain, la publicité se faisait naturellement dans les villes. Le magistrat annonçait « la bonne nouvelle » de l’avènement d’un empereur. C’est aussi dans les villes que Paul avait prêché la bonne nouvelle ou l’évangile du salut en Jésus Christ. Marc remonte plus haut : Le véritable début de l’évangile, c’est l’appel du Baptiste à la pénitence, avec l’annonce d’un baptême nouveau. Ou plutôt il faut remonter plus haut encore, avait annoncé le retour de la captivité de Babylone. Pressés de revenir à Sion, et craignant plus, conduits par le Seigneur Le prophète demandait qu’on lui préparât la route, à Lui, le guide d’Israël, et Malachie (3, 1) avait parlé d’un ange chargé de la mission de disposer la voie, quand plus tard viendrait le Seigneur. Marc réunit ces deux textes sous me nom d’Isaïe, le grand prophète du Messie. L’ange c’est Jean-Baptiste, et c’est lui qui a préparé la voie à Jésus.  En effet, il prêchait dans le désert un baptême de pénitence en vue de la rémission des péchés qui devrait l’œuvre de Celui dont il était l’avant-coureur ou le précurseur. Après ces quelques mots qui font de Jean-Baptiste le lien avec les anciennes révélations et le salut annoncé par les apôtres, Marc trace les traits concrets du tableau. Ayant déjà posé le personnage de Jean dans son rôle historique, il montre l’ébranlement des foules de la Judée vers le Jourdain. Aucun Juif n’ignorait la loi qui dominait toute l’histoire nationale. L’épreuve, spécialement la sujétion envers des étrangers, était un châtiment qui supposait une faute. Au temps du Christ cette faute n’était pas comme sous les Juges, une apostasie générale. Le sentiment du péché personnel était plus développé. Chacun se sentait responsable, et comprenait que la pénitence était la première démarche pour obtenir le secours de Dieu en faveur de tous les fils d’Israël.

(Marie-Joseph Lagrange OP, Évangile de saint Marc, Librairie Lecoffre Gabalda, 1935)

 

20 avril 2024

Comment l’atteindre [Dieu] ?

Par l’eucharistie. Comment cela ? Vous constatez le contact pour l’électricité… pour le son, air battu… pour le parchemin qui transmet la pensée… L’eucharistie met en communication avec la vie divine… C’est une nourriture, mais non pas une nourriture que nous transformerions, c’est l’aliment qui nous transforme… C’est la vie divine… Non pas encore cet éblouissement du Verbe… Oh que c’est peu de chose, semble-t-il… La pensée, la vue que tout est voilé… Mais ce n’en n’est pas moins la vie qui travaille en silence […], ne croyez-vous pas que la vie agit en silence… c’est le mouvement, le mouvement de la foi, le mouvement de l’espérance, le mouvement de la charité.

Trois figures : goûte un peu de miel et ses yeux sont illuminés… ou bien les Israélites dans le désert, la manne… ou bien Élie, le pain apporté par le corbeau qui lui donne la force d’aller à Dieu… ainsi l’eucharistie nous donne la lumière au début de la vie spirituelle, nous soutient dans l’ennui de la vie, nous prépare au dernier voyage…

Le Dieu qui réjouit une jeunesse… quelle lumière sur l’amour de Jésus et sur l’amour de Dieu… sur le monde, sur les délices la vie cachée (elegi abjectus esse : Je préfère être négligé… (Psaume 84(83) 11), j’ai goûté un peu de nourriture, cette petite hostie, et mes yeux se sont illuminés ; je suis ce que Dieu veut… libre ?

Mais c’est aussi la manne… cette manne toujours de la manne et on en est fatigué… il semble que cela ne nourrit pas, ne donne pas de force… et cependant c’est la vie… Dieu a pu disparaître… c’est le désert, l’ennui… redoutable… les luttes, les Amalécites, mais le plus formidable c’est ce sable, ces occupations toujours les mêmes, le pied s’enfonce, il faut le soulever… et cette nourriture qui est fade (ne projicias me, …cum deficerit virtus mea (Ne me rejette pas, … quand décline ma vigueur… (Psaume 71 (70) 9)… non c’est le contact avec Dieu… c’est le mystère de la vie… sur une vie naturelle Dieu a greffé une vie surnaturelle… c’est un germe ; qu’y a-t-il de plus mystérieux qu’un germe : la parabole de Marc… l’homme a semé… et la moisson se prépare… Oui, c’est la foi qui s’affermit, c’est l’espérance, irritée par le voile, qui soupire… c’est la charité envers Dieu et le prochain… par l’union…

Enfin, c’est le pain d’Élie… bref… sentiments d’un saint Thomas d’Aquin. (P. 377..)

(Marie-Joseph Lagrange, o.p. Journal spirituel. Cerf. 2014.)

 

16 avril 2024

Nécessité de l’interprétation de la Bible par l’Église

Le but de l’inspiration n’est point d’enseigner immédiatement, mais de conserver avec une autorité divine ce qu’il nous importe de savoir, montre clairement que l’enseignement contenu dans la Bible, s’il est quelquefois donné directement et clairement, est souvent aussi une résultante, qu’il est infiniment délicat d’apprécier avec précision, et c’est pour cela que l’interprétation de la Bible est confiée à l’Église seule. Personne ne peut dire : je cherche la vérité religieuse dans la Bible parce que Dieu l’a inspirée pour m’enseigner immédiatement, sans aucun intermédiaire, toutes les vérités que j’ai besoin de savoir pour me sauver… Voilà ce que nous soutenons contre le protestantisme ; nous ajoutons que la Bible a surtout pour but la vérité religieuse… N’est-il pas étrange après cela que chacun dise avec assurance : Quant au reste, je n’ai besoin de personne. Dieu enseigne clairement. Tout ce que je lis, je le tiens pour une affirmation catégorique de l’auteur sacré ou plutôt de Dieu, et si vous trouvez étrange, inouï, invraisemblable, que Sara ait plu au Pharaon, roi d’Égypte, à l’âge de 90 ans, vous blasphémez outrageusement la véracité de Dieu. – Toute cette histoire que Dieu a voulu conserver était-elle donc exempte des imperfections de la vérité religieuse d’alors ? était-elle adressée plus directement de Dieu à nos âmes que la vérité religieuse elle-même sur laquelle nous attendons de l’Église un jugement définitif ?

(Marie-Joseph Lagrange, OP. La Méthode historique – La notion d’inspiration. Cerf. Coll. Foi vivante. 1966.)

 

12 avril 2024

Marie-Joseph Lagrange o.p. Un missionnaire sans cesse en mouvement

Témoignage de Georges Radet (1859-1941), épigraphiste, archéologue et historien français.

En 1907, à l’occasion de la sortie du livre Les Études sur les Religions sémitiques, Georges Radet écrit dans la Revue des Études Anciennes :

On ne peut séparer le P. Lagrange du P. Vincent, et puisque notre collaborateur Victor Chapot rend compte du récent travail de l’un, ce nous est une occasion toute naturelle de signaler à nos lecteurs l’excellent ouvrage de l’autre. Les Études sur les Religions sémitiques, qui appartiennent à la même collection que Canaan, rendent, elles aussi, l’inappréciable service de débrouiller un sujet horriblement touffu et complexe. Non seulement l’auteur possède l’énorme littérature relative à la question, mais à l’érudition livresque il joint cette qualité sans laquelle les plus savants commettent tant de fausses notes : la connaissance personnelle de la race et des lieux. Le P. Lagrange n’est pas un compilateur de cabinet : c’est un missionnaire sans cesse en mouvement, qui campe au milieu même des problèmes. De là, l’entrain et l’accent de son exposé. Ce manuel commode se termine par un choix de textes épigraphiques en langue phénicienne et en dialecte araméen : à signaler, d’utiles traduction du tarif de Marseille, des épitaphes de Tabnit et d’Echmounazar, de la stèle de Carpentràs, et de quelques-unes des inscriptions de Sendjirli.

 

10 avril 2024

Jour anniversaire du rappel à Dieu de frère Marie-Joseph Lagrange, dominicain, serviteur de Dieu.

Notre prière se joint à celle de Fr. Manuel Rivero, o.p. qui célèbre la messe de ce jour à la mémoire du P. Lagrange en confiant à son intercession les intentions particulières de chacun. « Que la sainteté de sa vie soit reconnue publiquement par l’Église et que son exemple bienfaisant entraîne nos frères à croire en la Parole de Dieu. »

C’était le 10 mars 1855 après une vie donnée à l’étude de la Parole de Dieu. De santé fragile, il avait dû quitter Jérusalem pour le Couvent royal de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume, aujourd’hui devenu un hôtel.

Infatigable dans sa mission de prêcher la Parole de Dieu, Fr. Marie-Joseph Lagrange ne cessait de répondre aux nombrables invitations que lui valait sa profonde connaissance des évangiles.

Le 1er mars 1938, par un temps exceptionnellement froid (-0°, couvent glacial), il revient d’une série de conférences aux étudiants de Montpellier. Il donne par la suite un cours sur la Passion aux étudiants dominicains de Saint-Maximin et fait la correction des épreuves de son article sur « L’authenticité mosaïque de la Genèse ». Le 8 mars, Fr. Marie-Joseph Lagrange, dans un état d’épuisement physique, est obligé de s’aliter : diagnostic congestion pulmonaire, qui empire rapidement. Le 10 mars 1938, le vénéré P. Lagrange, « le Père, le Maître, l’Ami », s’éteignait doucement entouré de ses frères.

 

8 avril 2024

L’Annonciation à Marie

Lc 1 26 Or, au sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé de la part de Dieu dans une ville de Galilée nommée Nazareth, 27 à une vierge fiancée à un homme nommé Joseph, de la maison de David, et le nom de la vierge était Marie.

28 Et l’ange, étant entré chez elle, lui dit : « Salut, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi » (Tu es bénie parmi les femmes.) »

29 Et elle fut troublée de ce discours, et se demandait ce que pouvait être cette salutation.

30 Et l’ange lui dit : « Ne crains pas, Marie, car tu as trouvé grâce devant Dieu. 31 Et voici que tu concevras et que tu enfanteras un fils. Et tu l’appelleras du nom de Jésus. 32 Il sera grand et sera appelé fils du Très-Haut. Et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père : 33 et il régnera sur la maison de Jacob pour les siècles.  Et son règne n’aura pas de fin. »

34 Or Marie dit à l’ange : « Comment en sera-t-il ainsi, puisque je ne connais pas d’homme ? » 35 Et l’ange, répondant, lui dit : « L’Esprit Saint viendra sur toi, la vertu du Très-Haut te couvrira de son ombre ; et pour cela l’enfant né [sera] saint, il sera appelé Fils de Dieu. 36 Et voici qu’Élisabeth, ta parente, elle aussi a conçu un fils dans sa vieillesse, et celle qu’on appelait stérile en est à son sixième mois, 37 car rien n’est impossible à Dieu. » 38 Or Marie dit : « Voici la servante du Seigneur : qu’il me soit fait selon ta parole. »

Et l’ange la quitta. (Lc 1, 26-38)

– L’apparition de l’ange Gabriel dans le Temple était une des dernières manifestations de la faveur de Dieu dans ce lieu saint avant les voix lugubres de la ruine et le fracas de l’incendie. C’était un suprême oracle dans le décor grandiose empreint de la majesté des siècles, pour annoncer le dernier des hérauts de Dieu. Nous sommes maintenant à Nazareth. Tout y sera, non pas plus divin, mais absolument divin, et tout y est beaucoup plus simple, dans le seul cadre qui convienne au Verbe incarné venu pour servir. Nazareth n’est nommée ni dans la Bible, ni dans Josèphe, ni dans les in-folio du Talmud. Les Vies de Jésus en font une description enchanteresse.

C’est en effet un des plus jolis endroits de Galilée, avec des maisons proprettes, adossées à une haute colline qui domine le sanctuaire de l’Annonciation. Mais, transporté au temps d’Hérode, ce tableau ne serait qu’un mirage, fort décevant.

Le problème est d’ailleurs très difficile à résoudre, et c’est à peine si, depuis quelques mois, on peut se former une idée exacte du développement de la petite cité. Les pères Franciscains reconstruisent leur couvent du sanctuaire. En établissant les fondations, le frère Jean, qui dirige les travaux avec une parfaite compétence, a cru d’abord pouvoir faire état du rocher qui paraissait solide, mais il s’est aperçu qu’il était perforé de cavernes artificielles, formant jusqu’à trois étages, de sorte qu’il a dû appuyer sa construction sur des piliers de ciment armé de neuf mètres de hauteur. Sa persuasion est que ces cavités, qui ne contenaient ni ossements ni poteries, étaient des magasins de graines (silohs), mis à l’abri, sinon dans une forteresse, du moins dans un lieu facile à défendre, dans l’intérêt des habitants des alentours.

Le lieu du sanctuaire, aujourd’hui en contrebas du village en était donc autrefois le point fort, comme ce fut le cas de l’ancienne Sion de Jérusalem, d’abord la citadelle, puis la ville basse par rapport aux puissants massifs du Temple et de la ville haute.

En suivant cette piste, on reconnaît que l’ancienne Nazareth était assise sur une élévation, à peine digne du nom de colline, nettement dessinée du côté de l’orient, mais peu détachée de la haute colline de l’ouest, et allant du sud au nord jusqu’à la source dite de la Vierge. C’est là sans doute la Nazareth du temps d’Hérode, et quand nous chercherons le site du sommet d’où l’on voulut précipiter Jésus, ce ne sera pas sur les points les plus élevés de la moderne Nazareth, mais à l’ancienne et modeste acropole, au point où elle se dresse au-dessus de la vallée de l’est.

En contact immédiat avec la basilique du Moyen Âge, le R. P. Prosper Viaud a découvert des grottes transformées en habitations, qui semblent bien représenter l’état de la maison de la Vierge avant qu’on l’ait transformée en crypte d’une église. Tel était sans doute le type le plus commun des habitations de Nazareth : il en existe encore de semblables dans les rues de la ville moderne, dissimulées par des maisons neuves. L’obscurité où était demeurée Nazareth nous oblige à croire que sa transformation ne s’opéra qu’aux temps chrétiens par l’attraction du sanctuaire. Aujourd’hui encore la cité de Marie monte toujours, jusqu’au sanctuaire de Jésus adolescent, et s’étend même sur la colline orientale, développant sa forme d’amphithéâtre d’où la vue s’étend sur la plaine d’Esdrelon, étalée à l’infini au pied de ses derniers gradins.

C’est donc vraisemblablement dans le plus modeste réduit que se trouvait celle à laquelle l’ange Gabriel vint adresser un message beaucoup plus auguste que celui qu’il avait apporté dans les lambris dorés du Temple de Jérusalem.

Elle se nommait Marie, en hébreu Mariam. Ce nom était alors assez commun, et, selon les analogies de la langue parlée, on l’interprétait probablement Dame ou Maîtresse. Nous disons encore Notre-Dame pour désigner la Mère de Jésus.

Elle était vierge, fiancée à Joseph, qui était de la maison de David, et elle-même appartenait à cette lignée, comme saint Luc le laisse entendre. Elle était cependant parente d’Élisabeth, qui était, comme son mari Zacharie, de la tribu de Lévi. Les unions d’une tribu à l’autre n’étaient point rares, et Élisabeth descendait sans doute, à un degré que nous ne savons pas, d’une mère de la tribu de Juda et d’un père lévite. C’était la seconde fois en six mois que l’ange Gabriel était chargé d’un message de Dieu. Tous les traits de la seconde entrevue relèvent sa grandeur intérieure bien au-dessus de la première. Tandis que Zacharie avait éprouvé du trouble et de la peur à la vue de l’ange qui ne l’avait pas salué tout d’abord, Gabriel aborde Marie chez elle, et lui dit : « Salut, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous », paroles si souvent redites par les chrétiens ! C’était dire à Marie qu’elle possédait avec plénitude la faveur du Tout-Puissant. Alors seulement la Vierge se troubla, c’est-à-dire que son humilité s’étonna d’une salutation si glorieuse. Elle ne s’était pas effrayée, et cependant l’ange l’invite à ne pas éprouver de crainte, car le but de sa visite est une grâce de Dieu plus insigne que celles qu’elle avait déjà reçues. Elle enfantera un fils auquel elle donnera le nom de Jésus, en hébreu Iechoua, c’est-à-dire « Iaho (le dieu d’Israël) sauve ». Il sera grand et on le regardera comme fils du Très-Haut, et il sera fils de David, appelé par Dieu à régner sur le trône de son père, non pas comme lui pour quelques années, mais pour des siècles, car son règne n’aura pas de fin.

Ainsi Dieu avait choisi Marie pour être la Mère du Messie. Si élevé que fût le titre de Fils du Très-Haut, ce pouvait être une marque d’honneur décernée au Messie comme fils adoptif de Dieu. Ce que Marie voyait très clairement, c’est que le Messie qui naîtrait d’elle serait fils de David. Faudrait-il donc qu’il fût le fils de Joseph, son fiancé, qui précisément appartenait à la maison de David ? Le sens humain, qui s’estime volontiers le bon sens, aurait dit : Pourquoi non ? C’est dans le cours des choses. – Mais le cours des choses avait procédé autrement dès les jours de l’éternité, et le Fils de Dieu ne devait pas avoir d’autre père que Dieu le Père. Marie, elle, s’étonne et interroge : « Comment en sera-t-il ainsi, puisque je ne connais pas d’homme ? » Parole étonnante, assurément, si peu en situation que bien des critiques veulent la rayer du texte. Le résultat serait clair : il ne contiendrait plus rien de ce que saint Luc a voulu signifier, ce serait enlever le diamant pour ne laisser que la monture. Luc, écrivain délicat et coutumier des nuances, n’a pas entendu mettre sur les lèvres de la Vierge remplie de grâce une parole naïve à l’excès, une de ces banalités qu’on nomme truismes, pour l’enchâsser dans les discours divins. Marie a voulu dire qu’étant vierge, comme l’ange le savait, elle désirait demeurer telle, ou, comme ont traduit les théologiens, qu’elle avait fait vœu de virginité et entendait le garder. Elle n’osait pas cependant mettre sa volonté en contradiction avec celle que Dieu avait commencé de lui signifier. « Je ne connais pas », dans sa pensée, c’est : « Je désire ne pas connaître ». Elle ne dit donc pas : « Je ne connaîtrai jamais » pour ne pas traverser les desseins de Dieu ; elle attend la suite de cette ouverture.

Alors, ajoute le sens vulgaire, pourquoi était-elle fiancée à Joseph ? – Parce que, peut-on répondre, elle devait inévitablement l’être par la volonté de ses parents, surtout par la tyrannie de la coutume qui n’admettait pas le célibat volontaire d’une fille d’Israël. Ou bien, obligée de résister sans cesse, elle eût été engagée dans une lutte perpétuelle, elle seule contre tous, et comme ils penseraient, contre toute raison. Elle était fiancée, mais à Joseph. Une simple conjecture, fondée sur la suite des faits, suffit à expliquer comment son vœu de virginité se conciliait avec son propos de mariage, c’est que Joseph était dans les mêmes sentiments, où vivaient alors tant de ces personnages qu’on nomme les Esséniens. Unie par le mariage à cet homme juste, chaste comme elle, elle s’assurait une paix tranquille dans une vie toute consacrée à Dieu par deux âmes dignes de se comprendre et de s’aimer en Lui.

Aussi l’ange ne dit pas un mot pour la détourner de son intention de mariage qui servait si utilement le dessein de Dieu. Il lui révèle seulement que son propos de virginité y répond mieux encore, puisque cette naissance du Messie sera uniquement l’œuvre de Dieu et la sienne : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la vertu du Très-Haut te couvrira de son ombre ; et pour cela l’enfant qui doit naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu. »

Cette fois, c’est la pleine lumière, celle du moins que projette dans la raison un mystère qui la surpasse. L’enfant qui doit naître n’aura d’autre Père que Dieu. Certes ce n’est pas l’opération divine dans le sein de Marie qui en fera ce qu’il est déjà, le Fils de Dieu. Sa génération est éternelle, et le Messie n’aura pas d’autre personnalité que Lui.

Mais cette opération donnant naissance à une nature humaine sans autre action humaine, on peut dire qu’elle sera la cause de la sainteté hors de pair de l’enfant, et la raison pour laquelle on lui donnera un titre auquel il a droit éternellement, celui de Fils de Dieu.

L’union du Fils de Dieu avec la nature humaine eût pu comporter une naissance ordinaire, – les théologiens ne le nient pas, – mais quelle suprême convenance à ce qu’il ne donne à personne autre qu’à Dieu le nom auguste de Père ! Quelle clarté plus grande sur le fait des deux natures unies en une personne ! Quelle dignité plus haute pour Marie, qui seule avec le Père peut dire : « Mon Fils Jésus ! » Quelle consécration de la vie de parfaite chasteté si féconde en biens spirituels parmi les hommes !

Marie avait donc, elle aussi, à consentir au mystère. Elle n’avait pas douté en s’informant, comme avait fait Zacharie. L’ange lui offre un signe, quoique d’un ordre très inférieur, un simple miracle, un indice de la Toute-Puissance de Dieu, et c’est qu’Élisabeth, sa parente, a conçu un fils dans sa vieillesse et que cette femme stérile en est à son sixième mois.

Alors Marie s’inclina, s’abandonna à la volonté de Dieu, et par là même donna le consentement qu’il daignait lui demander : « Voici la servante du Seigneur ; qu’il m’arrive selon votre parole. » Et dès lors, le mystère de l’Incarnation s’accomplit dans son sein. Le salut du genre humain commençait. Cette bonne nouvelle fut aussitôt connue au ciel. Elle allait se répandre peu à peu sur la terre.

(Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique. Artège. 2017.)

  • Jésus a soulevé plus d’intérêt par sa conception, dont Luc livre un récit très travaillé, que par sa naissance rapportée avec une sobriété qui confine à l’apophatisme. Revendiquant d’avoir Marie comme source (Lc 2, 19.51). Luc relate l’événement dans un récit hautement stylisé dont l’enjeu est l’accomplissement des Écritures et l’institution de Marie comme signe donné à Israël de la Nouvelle Alliance. Comme Mt 1, 16, il rapporte à Marie seule l’origine humaine de Jésus. Il a laissé de nombreuses traces de sa composition, qui sollicite les conceptions miraculeuses de l’Ancient Testament, mais aussi des récits populaires. Il montre avec soin en Marie l’accomplissement de l’espérance qui a ciselé de l’intérieur la piété d’Israël.

(Dictionnaire Jésus. École biblique de Jérusalem. Édition établie sous la direction de Renaud Silly O.P. Collection Bouquins.)

 

 

7 avril 2024

Dimanche de la Divine Miséricorde

« La paix soit avec vous ! »

La miséricorde est le critérium du dernier jugement. Ceux qui cherchent dans la vie le dévouement pour soulager les autres ne sombreront jamais. Ceux qui cherchent la science, la gloire, même avec des vues élevées, peuvent sombrer, ceux-là non. Nous aimons à croire que les hommes miséricordieux seront sauvés, nous espérons que, s’ils sont incroyants, Dieu leur fera la grâce finale.

(Marie-Joseph Lagrange o.p. Journal spirituel. Cerf. 2014.)

https://www.vaticannews.va/fr/priere/chapelet-de-la-divine-misericorde.html

 

6 avril 2024

La notion de l’inspiration. L’inerrance de l’Écriture

La raison elle-même, comme la foi, oppose au bon endroit une barrière infranchissable. Il est impossible que Dieu enseigne l’erreur. Il est donc impossible, non pas que la Bible, où tout le monde prend la parole, contienne des erreurs, mais que l’examen intelligent de la Bible nous force à conclure que Dieu a enseigné l’erreur.

L’impie a dit : il n’y a pas de Dieu. Mais il est l’impie. Les idées sur Dieu peuvent paraître dans la Bible avec toute la gamme des couleurs, depuis la négation absolue, jusqu’à l’amour parfait, mais nous n’y trouverons pas une idée fausse sur Dieu – ou sur un sujet quelconque – qui puisse passer pour enseignée par Dieu.

(Marie-Joseph Lagrange O.P. La Méthode historique. La critique biblique et l’Église. Col. Foi vivante. Cerf. 1966.)

 

 

 

Écho de notre page Facebook : mars 2024

 

31 mars 2024

 

Christ est ressuscité ! Alléluia !

Le tombeau trouvé vide

Les évangélistes ont attesté ce qu’on a constaté sur la terre, d’abord que le tombeau était vide, ensuite que le Christ était toujours vivant, dans un corps associé à la gloire de son âme mais qui était bien le sien. (Marie-Joseph Lagrange O.P. L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège. 2017.

 

 

29 mars 2024

Le coup de lance

(33) Arrivés à Jésus, ils le trouvèrent mort. (34) L’un des soldats de sa lance, lui perça le côté et aussitôt il sortit du sang et de l’eau.

L’acte du soldat ne peut s’expliquer que par son désir de constater, à tout hasard, si vraiment Jésus est mort, sauf à l’achever s’il ne l’était pas. Mais c’est là un acte individuel, on dirait presque une fantaisie, un instinct auquel cède le soldat, et par là en lui-même sa raison d’être. […] Ici le résultat prouve que le coup a été fortement porté. […] Il semble que d’après S. Jean, lui-même, le sang du Christ est un instrument de propitiation : lorsque le sang coule, la rédemption est consommée. Mais de plus, Jésus est celui qui vient par l’eau et par le sang, l’eau a donc aussi un sens profond : ce doit être l’eau du baptême, dans lequel est appliquée la rédemption. […] L’eau et le sang sont donc unis comme deux agents de purification. […] Mais le sang pouvait signifier aussi l’eucharistie. […]

La dévotion au Sacré-Cœur de Jésus n’est plus touchante que lorsqu’elle évoque cette blessure du Cœur qui nous a tant aimés. […] Jésus était donc le véritable agneau pascal, l’envoyé de Dieu l’Écriture, celui en qui il faut croire.

Extraits de Marie-Joseph Lagrange. Évangile selon Saint Jean. Lecoffre-Gabalda. 1936.

27 mars 2024

 

Intention confiée à notre prière

Confions au Seigneur et à l’intercession du père Lagrange l’état de santé de la petite Louise, nièce de notre amie Murielle.

 

 

26 mars 2024
Belle fête du Jeudi Saint, avec ma prière à la messe. Fr. Manuel.
Prédication pour la messe du dimanche 10 mars 2024.
4è dimanche du Carême (vêtements liturgiques roses).
Fr. Manuel Rivero O.P. (Vice-postulateur de la cause de béatification du père Lagrange).
Messe présidée par Mgr Yousif Mirkis O.P., archevêque de Kirkouk (Irak).
Couvent des Dominicains de Nice.
Messe célébrée au jour anniversaire du départ vers le Père du père Marie-Joseph Lagrange, le 10 mars 1938 au couvent royal de Saint-Maximin (Var), en lien avec la Journée d’étude sur le père Lagrange autour du thème « Progrès dans la Vérité » du samedi 9 mars 2024 à Nice.
« Je veux que ma langue s’attache à mon palais si je perds ton souvenir, si je n’élève Jérusalem au sommet de ma joie. » (Psaume 136,6.)
La liturgie de la Parole de Dieu en ce quatrième dimanche de Carême nous conduit à Jérusalem. Voyage providentiel car nous honorons en cette messe la mémoire du père Marie-Joseph Lagrange O.P., fondateur de l’École biblique de Jérusalem. Il est parti vers le Seigneur le 10 mars 1938 au couvent des Dominicains de Saint-Maximin (Var. France). Avant de remettre son dernier souffle entre les mains du Père, il s’est exclamé : « Jérusalem ! Jérusalem ! ».
C’est à Jérusalem que Nicodème, pharisien, maître en Israël, a rencontré Jésus de Nazareth. Nicodème, écrit le père Lagrange, est aux yeux de Jésus « l’intellectuel hésitant » . Dans l’évangile selon saint Jean, Nicodème apparaît à trois reprises. Au chapitre troisième, lors de la rencontre nocturne avec Jésus ; au chapitre septième quand Nicodème prend la défense de Jésus devant ses collègues pharisiens qui méprisaient Jésus venu de la Galilée : « Notre Loi juge-t-elle un homme sans d’abord l’entendre et savoir ce qu’il a fait ? ». Au chapitre dix-neuvième, au moment de la descente de la croix, quand Joseph d’Arimathie et Nicodème prennent soin de la dépouille mortelle de Jésus. À l’heure de la mort de Jésus, Nicodème manifeste son amitié en apportant un mélange de myrrhe et d’aloès d’environ cent livres. En prenant dans ses bras le cadavre de l’innocent condamné, le sang très pur et saint de Jésus a imprégné les vêtements et l’âme de Nicodème.
Trois citations évangéliques qui suscitent trois questions : pourquoi Nicodème a-t-il rencontré Jésus ? ; comment est-il devenu son disciple ? ; pour qui Nicodème a-t-il décidé de vivre ?
D’abord, le pourquoi. Nicodème est allé la nuit à la rencontre de Jésus parce qu’il avait soif de Dieu, soif de vérité.
Comment Nicodème a-t-il reçu la grâce de la foi ? — Par le dialogue avec Jésus.
L’étymologie du mot dialogue, d’origine grecque, rappelle « le logos », la raison, mais aussi le Verbe annoncé par saint Jean l’évangéliste dans son Prologue (v. 3). « Dia » (par le) évoque la transmission et la traversée comme nous le voyons dans le mot français « diachronique ». Dialoguer veut dire « se laisser traverser » par la parole et la pensée de l’autre.
Nicodème a progressé dans la connaissance de la Vérité divine, la cherchant avec droiture et la recevant dans la révélation de Jésus, « Chemin, Vérité et Vie » (Jn 14, 4). L’humanité de Jésus est le chemin qui conduit à la Vérité et à la Vie. Saint Paul écrira dans sa lettre envoyée aux chrétiens de Colosses : « Dans le Christ habite corporellement toute la Plénitude de la Divinité » (Col 2, 9). Sous le voile de la chair de Jésus rayonne sa divinité. À travers des mots humains, Jésus dévoile la Vérité de Dieu.
L’enseignement de Jésus sur la nouvelle naissance a traversé l’esprit de Nicodème : « Il vous faut naître d’en haut. Le vent souffle où il veut et tu entends sa voix, mais tu ne sais pas d’où il vient ni où il va. Ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit » (Jn 3, 7-8). La nouvelle naissance de l’Esprit n’était pas connue de l’Ancien Testament. Le père Lagrange de commenter : « Manifestement l’évangéliste a compris que l’entretien de Jésus avec Nicodème soude le Nouveau à l’Ancien Testament par la doctrine de l’Esprit ».
La nouvelle naissance de l’eau et de l’Esprit annonce la nouvelle naissance du baptême.
Le serpent de bronze élevé par Moïse apparaît comme une figure de l’élévation de Jésus sur une croix qui est en réalité une élévation dans la gloire de l’amour de Dieu vainqueur de la mort. Élévation qui attire et guérit les cœurs et les corps des hommes.
Pour qui Nicodème a-t-il vécu ? — Sa présence sur le Calvaire montre son profond attachement à Jésus.
Sans doute Nicodème a-t-il fait partie des disciples qui ont rencontré Jésus ressuscité. Petit à petit, étape après étape, Nicodème a décidé de vivre pour le Christ Jésus, en faisant de son existence « une éternelle offrande à la gloire de Dieu le Père » (Prière eucharistique III).
La liturgie célèbre maintenant Nicodème comme saint : saint Nicodème.
Trois citations, trois questions, trois grâces à demander aujourd’hui : 1) la grâce de la soif de Dieu ; 2) la grâce du courage pour défendre la vérité comme Nicodème l’a fait devant les membres du Sanhédrin. La vie et l’œuvre du père Lagrange n’éclairent pas uniquement des biblistes mais aussi des hommes et des femme mariés qui doivent choisir entre la vérité et le mensonge, la fidélité et ou l’infidélité, des travailleurs et des cadres appelés en conscience à prendre la défense dans leur milieu professionnel des victimes des injustices au lieu de se taire lâchement ; 3) la grâce de la fidélité auprès des proches lors de la mort et du deuil. La mort, moment d’immense solitude, nécessite la présence des amis et la solidarité humaine. Honorons nos défunts dans la mort et soutenons les familles en deuil.
Pour la culture matérialiste, la mort est une dégringolade finale sans lendemain. Pour la foi chrétienne, la mort représente le sommet d’une vie, l’événement le plus important d’une existence. Souvent, l’homme contemporain meurt « volé » ; la maladie et la mort lui volent la vie. Jésus nous dit : « Ma vie nul ne la prend c’est moi qui la donne » (Jn 10,18). Jésus a fait de sa mort une offrande à Dieu son Père pour le salut de l’humanité : offrande d’amour.
Puis-je vous inviter à porter dans votre prière d’offrande eucharistique la cause de béatification du père Lagrange ? Que sa vie et son œuvre éclairent ceux qui sont mordus aujourd’hui par le soupçon envers la révélation divine, transmise dans la Bible, la réduisant à une simple littérature humaine ?
Nicodème brille maintenant au Ciel comme témoin de la recherche de la vérité.
Le père Lagrange a achevé son livre le plus connu « L’Évangile de Jésus-Christ » en s’abandonnant « à l’étreinte de Dieu en Jésus-Christ ».
Unissons-nous maintenant à l’offrande de Jésus-Christ au Père en lui abandonnant toute notre vie !
Photos : Messe au couvent des Dominicains de Nice, le dimanche 10 mars 2024.

 

 

19 mars 2024

« Ô glorieux et très bon saint Joseph, je suis honteux de vous invoquer si peu souvent. Du moins, très indulgent Père nourricier de Jésus, daignez présenter à votre Épouse Immaculée les misérables prières que je lui adresse, et les faire agréer d’elle. En la priant, j’ai toujours recours à vous qu’elle m’a donné pour patron. »

(Marie-Joseph Lagrange O. P., Journal spirituel, Cerf, 2014.)

Le père Marie-Joseph Lagrange avait reçu le prénom d’Albert à son baptême, lors de son entrée dans l’Ordre des prêcheurs au couvent royal de Saint-Maximin (Var) le 6 octobre 1879, le bienheureux père Cormier, prieur provincial, lui a donné un nouveau prénom religieux « Marie-Joseph ». Le père Lagrange a toujours manifesté une grande ferveur envers ses nouveaux patrons dans la vie religieuse comme le montre son Journal spirituel où il confie à saint Joseph « l’esprit de prière continuelle » et l’esprit religieux par l’accomplissement parfait des trois vœux ».

(Extrait d’un article de Fr. Manuel Rivero, O. P. : Saint Joseph dans les commentaires évangéliques du père Lagrange.)

https://fr.zenit.org/2022/01/27/s-joseph-dans-les-commentaires-evangeliques-du-p-lagrange-par-le-fr-rivero-o-p/

Photo : Palais du Rosaire. Lourdes.

12 mars 2023

Dans l’esprit de la journée d’étude du 9 mars 2024 sur le P. Lagrange « Progrès dans la vérité ».

On se fait une idole de la vérité même ; car la vérité hors de la charité n’est pas Dieu, et est son image et une idole qu’il ne faut point aimer, ni adorer. Pascal, Pensées (Lafuma, 738).

Que la vérité puisse devenir une idole, voire une idole cruelle, au nom de laquelle les fils les plus fidèles de l’Église n’ont pas été moins tourmentés que les plus déviants, l’histoire de la crise moderniste au temps de Pie X en administre la preuve. Le fondateur de l’École biblique de Jérusalem, même s’il n’a pas été aussi sévèrement matraqué que d’autres savants catholiques, a dû subir une redoutable épreuve de l’obéissance. La vérité, qui est une lumière de nature à libérer l’esprit, peut devenir une arme meurtrière, tout comme elle peut aussi servir de remède bénéfique. En la personne du P. Lagrange, se voit une figure de la miséricorde de la vérité : de la vérité administrée comme le baume du Samaritain plutôt que comme la trique de l’inquisiteur.

La vérité comme tâche à accomplir

Interpréter scientifiquement les Écritures sacrées, étudier la Bible « de préférence dans son sens historique, avec toutes les lumières que l’archéologie, la topographie, la linguistique et aussi la pratique de l’Orient peuvent ajouter à celles de la tradition », telle est la vérité à la recherche de laquelle le Père Lagrange s’est consacré inlassablement depuis 1890 (lorsque fut fondée l’École de Jérusalem) jusqu’en 1938 (lorsque le maître s’éteignit à Saint-Maximin). « L’œuvre la plus utile à l’Église, écrivait-il en 1894, est celle qui touche à la vérité la plus haute et aux fondements de la foi. »

Pour le P. Lagrange, vouer son activité scientifique à la quête de la vérité touchant la Parole de Dieu, ce n’est pas simplement satisfaire pour soi-même une curiosité intellectuelle, c’est aussi exercer pour les autres un ministère apostolique. Car la mission des docteurs n’est pas moins nécessaire à l’Église que celle des pasteurs. Or le P. Lagrange avait compris, dès la fondation de l’École biblique, que les résultats obtenus à Jérusalem en confrontant l’étude des textes à l’observation du pays devaient être diffusés par des publications, soit sous la forme de la Revue biblique, dont la publication commencerait en 1892, soit par la collection des Études bibliques, qui serait annoncée dès 1900 et inaugurée en 1903. Touchant la diffusion du savoir exégétique, le P. Lagrange en a expliqué la légitimité comme l’opportunité dans l’avant-propos du premier numéro de la Revue biblique. Je me réfère à ce texte de 1892 comme à une déclaration de principes dont le P. Lagrange, durant plus de cinquante ans, ne révoquera jamais la teneur.

« La Bible est un livre sacré sans être un livre secret », explique-t-il. Tout en continuant d’habiter le sanctuaire dans son usage liturgique, elle doit aussi en sortir : elle est destinée aux croyants, qui ont à l’interpréter selon les lumières de leur raison et de leur foi, à l’aide de toutes les ressources qu’offre la modernité. (Extrait Bernard Montagnes o. p. In La Vie spirituelle, « Les miséricordieux » mars-avril 1992, n° 699.)

Le 10 mars, à 11 heures, 9 rue St-François-de-Paule, à Nice, en l’église des Dominicains, au cours de la célébration présidée par Fr. Manuel Rivero, o.p., président de l’association des amis du père Lagrange et vice-postulateur de la Cause en béatification du Père Marie-Joseph Lagrange, toutes nos demandes de grâces seront confiées à l’intercession de ce grand rénovateur de l’exégèse catholique. Demandons au Père de hâter le jour où l’Église reconnaîtra publiquement la sainteté de sa vie.

08 mars 2024

En cette veille de la Journée d’études sur le P. Marie-Joseph Lagrange O.P., à Nice, Couvent des Dominicains (voir ci-dessous), avant-veille du jour-anniversaire de sa « naissance au Ciel » survenue à Saint-Maximin (Var), le 10 mars 1938.

Le 7 mars 2024, le P. Lagrange aurait eu 169 ans. Fondateur, en 1890, du plus ancien centre de recherche biblique et archéologique de Terre sainte dont les scientifiques poursuivent toujours aujourd’hui « ce dialogue entre science et foi ». Le Père Lagrange disait qu’il fallait « prendre au sérieux ces découvertes scientifiques ». « La foi ne doit pas avoir peur de la vérité » disait-il. « C’est très dominicain, nous sommes des hommes d’études et nous croyons que l’étude peut servir notre foi et notre compréhension de Dieu. » À la suite du Père Lagrange, des Dominicains, des savants au caractère aventurier, passionnés par la Bible et le Moyen Orient, ont parcouru toute la région de l’Égypte, à la Turquie jusqu’à l’Arabie du Nord, pour répertorier les sites. (Fr. J.-J. Pérennès o.p.)

https://www.rcf.fr/articles/vie-spirituelle/bienvenue-a-lecole-biblique-et-archeologique-de-jerusalem )

 

03 mars 2024

Programme pour la Journée d’études sur le père Marie-Joseph Lagrange O.P.

« Progrès dans la vérité »

« Dieu a donné dans la Bible un champ indéfini de progrès dans la vérité » (discours d’inauguration de l’École biblique de Jérusalem, le 15 novembre 1890).

ou à distance par zoom, sur inscription : admin (at) domuni.eu

Samedi 9 mars 2024

Accueil à 8h30.

9h. Présentation de la Journée.

Salutations de Mgr Jean-Philippe Nault, évêque de Nice, et du frère Olivier Poquillon O.P. (directeur de l’École biblique de Jérusalem), en distanciel.

9h15. Frère Manuel Rivero O.P., vice-postulateur de la cause de béatification du père Lagrange : « La notion de ‘progrès dans la vérité’ dans l’enseignement et la spiritualité du père Lagrange ». Questions de l’auditoire.

10h15. Frère Michel Van Aerde O.P. (senior advisor à DOMUNI) : « L’histoire de la recherche théologique à DOMUNI et son originalité ». Questions de l’auditoire.

11h15 Sœur Marie Monnet, rectrice de DOMUNI-Universitas : « L’apport de DOMUNI à l’innovation théologique et pédagogique aujourd’hui ». Questions de l’auditoire.

12h30.Pause déjeuner

14h30 Frère Olivier Vénard O.P. (École biblique de Jérusalem) : « L’enracinement « lagrangien » de la Bible en ses traditions (BEST) ». Questions de l’auditoire.

15h30 . Mgr Yousif Mirkis O.P., archevêque de Kirkouk (Irak) : « Le P. Lagrange, entre Orient et Occident, l’écrit et l’oral ». Questions de l’auditoire.

16h30 Frère Emmanuel Dumont O.P., doctorant sur la prédication (Théo-Dom, Avent dans la ville) : « La prédication, un dialogue à trois ? Quand l’homilétique contemporaine éclaire la prédication en ligne». Questions de l’auditoire.

17h30. Lecture de la communication écrite envoyée par le frère Timothy Radcliffe O.P., ancien maître de l’Ordre des prêcheurs. Questions de l’auditoire.

18h. Conclusion et prospective.

18h30. Fin de la Journée d’études.

Lieu : Salle saint Dominique. Couvent des Dominicains de Nice. 9 rue saint François-de-Paule. 06 Nice (France).

Dimanche 10 mars 2024, à 10h30, messe en l’honneur du père Lagrange au couvent des Dominicains de Nice, présidée par le frère Manuel Rivero O.P.

Organisation : Association des amis du père Lagrange, en partenariat avec l’École biblique de Jérusalem (https://www.ebaf.edu) et DOMUNI-universitas (https://www.domuni.eu/fr/universitas/).

Information et contact : pere.marie.joseph.lagrange@gmail.com https://www.facebook.com/MarieJosephLagrangedominicain http://www.mj-lagrange.org/ . Téléphone fr. Manuel Rivero : 0692 80 11 50. (00.262.6 92 80 11 50).

Entrée libre. Retransmission en direct par DOMUNI-universitas.

Posted by Manuel Gonzalo Rivero on January 8, 2024 at 12:34 p.m. Program for the Study Day on Father Marie-Joseph Lagrange O.P. “Progress in Truth” “God has given in the Bible an indefinite field of progress in the truth”