« Libérés pour aimer », par le frère Manuel Rivero O.P.
Conférence de Carême. Cathédrale de Saint-Denis/La Réunion, le 26 mars 2025
« Ô Toi, l’au-delà de tout » . Toi, qu’aucune pensée ne peut concevoir. Toi, qu’aucun mot ne peut exprimer. Toi, silence des origines, source de la vie. Toi, au-delà du temps et de l’espace. Esprit créateur. Esprit invisible. « Tu es vraiment un Dieu caché ! » (Is 45,15).
Le Dieu Très-haut s’est abaissé. Dieu, que personne n’a jamais vu, s’est manifesté en Jésus de Nazareth, Fils de Dieu fait homme, né d’une femme juive, Marie. Dieu tout-puissant a voulu recevoir sa vie humaine d’une femme de notre humanité. Le Fils de Dieu s’est donné à l’humanité en recevant son humanité d’une femme, Marie. Fils de Dieu, devenu vulnérable, mendiant de l’accueil d’une jeune fille qui l’a porté dans son cœur et dans son sein ; femme d’Israël qui l’a conçu et préconçu dans sa foi et dans son espérance de la venue du Messie.
Un jour, à midi, près du puits de Jacob, Jésus a mendié de l’eau à une femme samaritaine : « Donne-moi à boire » (Jn 4, 7). Jésus a soif. Dans l’une des sept paroles prononcées sur la croix, Jésus a crié sa soif physique mais surtout sa soif de la conversion des hommes.« Convertissez-vous et croyez à l’Évangile », avons-nous entendu en recevant l’imposition des cendres au début du Carême. Conversion veut dire retournement, « faire demi-tour », changer de mentalité et de manière d’agir, se retourner et retourner son cœur à la manière dont un paysan retourne la terre sèche pour qu’elle reçoive l’eau et la lumière qui vont la rendre féconde.
En rencontrant Jésus, au bord du puits de Jacob, la vie de cette femme de Samarie a connu une conversion, un retournement. En évoquant son histoire conjugale, les paroles de Jésus ont provoqué un choc en cette femme qui s’est sentie rejointe par un grand prophète. Non par un donneur de leçons mais par le Messie, habité par le respect et l’amour.
Sur les lignes de fracture
Jésus s’est révélé en Samarie, lieu de passage entre la Galilée et Jérusalem. D’anciennes querelles religieuses opposaient les habitants de la Judée aux Samaritains. Lors de l’installation des colonies étrangères en Samarie par l’Assyrie au VIIIe siècle avant Jésus-Christ, des cultes païens avaient remplacé l’adoration du Dieu vivant d’Israël. Parmi ces divinités païennes figuraient Nergal, dieu de la violence et de la mort.
Ce culte de la mort perdure aujourd’hui dans les guerres diaboliques qui entraînent des morts, des handicapés et des destructions.
L’avortement, désignée comme interruption volontaire de grossesse, fait disparaître des millions de vies chaque année. Par exemple, en Espagne, depuis la loi de 1985, ont eu lieu deux millions et demi d’avortements. Les relations humaines en pâtissent et le pays vieillit.
Les moyens de communication qui déversent chaque jour un grand nombre d’images de violence risquent de nous anesthésier face aux souffrances provoquées volontairement. Comme nous vivons chaque jour pendant des heures devant des écrans, nous sommes menacés de confondre le réel et le virtuel. Malheureusement certaines tragédies dans notre île de La Réunion le montrent. Des jeunes accomplissent des actes graves sans penser aux conséquences. On peut tuer pour voir ce que cela produit comme effet. On manque de respect envers des représentations religieuses en ignorant probablement la blessure morale profonde que ces atteintes aux symboles représentent. En un mot, nous devenons irresponsables et inconscients. La loi restant la loi, de dures sanctions tombent qui brisent l’existence des jeunes et des familles.
La Samarie, région de passage, annonce déjà la pâque de Jésus : passage de la mort à la résurrection, passage de la violence au pardon, passage de la haine à l’amour, passage de l’exclusion à l’inclusion.
Jésus choisit les lignes de fracture de l’humanité pour accomplir sa mission de réconciliation et de salut : lignes de rupture entre Samaritains et Judéens, entre le culte à rendre à Jérusalem et celui du mont Garizim, en Samarie.
À l’image de la croix avec ses deux bras, vertical vers Dieu le Père, et horizontal vers toute l’humanité, Jésus relie en sa Personne et avec Dieu et avec les autres. Jamais un homme sur la terre n’est allé aussi loin dans l’union avec Dieu ; jamais un homme n’a vécu une telle communion fraternelle. Par sa croix, Jésus agit à la manière d’un ascenseur qui élève vers Dieu le Père et en même temps, par ses bras étendus, il rassemble les hommes en son Corps total, le Christ total.
Nous comprenons sans peine l’étonnement de cette femme samaritaine quand Jésus non seulement lui adresse la parole mais il lui demande à boire. Les Juifs fuient les Samaritains et les Samaritains, qui se sentent méprisés par les Juifs, éprouvent du ressentiment envers ceux qui s’estiment meilleurs religieux et plus purs qu’eux.
Dans la parabole du bon Samaritain, Jésus bouleverse les convenances sociales de Jérusalem jusqu’à la provocation. Alors que le prêtre et le lévite de la parabole ignorent l’homme blessé par des brigands, un Samaritain réagit avec générosité envers cette victime qui gît au bord de la route.
Le bienheureux frère Pierre Claverie O.P., évêque d’Oran en Algérie, martyr le 1er août 1996, en compagnie de son chauffeur musulman Mohamed, a donné sa vie sur la ligne de rupture entre musulmans et chrétiens. Français, né en Algérie, parlant parfaitement l’arabe littéraire, dominicain de la Province de France, le frère Pierre a voué son existence au dialogue interreligieux. Théologien à la pensée lumineuse, le frère Pierre n’avait rien d’un philosophe relativiste mais il n’hésitait pas à affirmer : « J’ai besoin de la vérité des autres ». Chaque être humain cherche Dieu ; personne ne possède la vérité ; personne ne peut posséder Dieu. Ce n’est que dans la foi que les fidèles s’approchent du mystère du Seigneur afin de progresser dans la vérité par l’écoute de la Parole de Dieu, la prière et la charité fraternelle.
Les lignes de rupture sont en nous et autour de nous. Notre enfance porte des failles : fissures provoquées par l’injustice, l’abandon, la souffrance et le manque d’amour ; lignes de rupture dans les relations avec nos parents ; rêves disloqués ; échecs et frustrations.
Aujourd’hui, près de nous ou pas trop loin de nous, les conflits sociaux et militaires opposent des personnes et des nations au point de craindre une guerre mondiale par morceaux.
Sur la croix, Jésus a étendu ses mains transpercées pour unir les ennemis en seul Homme nouveau, en détruisant le mur de la haine afin de réconcilier tous les hommes en un seul Corps (cf. Ep 2, 14-17).
Les lignes de fracture sont diverses entre riches et pauvres, hommes et femmes, ignorants et savants … Élevé en croix, Jésus attire à lui tous les hommes par la puissance du pardon qui libère de la condamnation à mort qui concerne tous les hommes pécheurs. Chacun d’entre nous peut se considérer comme condamné à mort et amnistié par Jésus. Le Seigneur a annulé nos dettes en clouant sur la croix l’acte du jugement qui provoque notre chute.
Aujourd’hui, Jésus vient guérir nos blessures et unifier nos cœurs fissurés. À la suite de Jésus et à son exemple, Dieu nous appelle. Il veut que nous devenions des artisans de paix sur les lignes de fracture partout où nous sommes : famille, vie professionnelle, économique, politique et ecclésiale.
La prière, source d’eau vive
Là où ont régné des puissances de mort, Jésus apporte l’eau vive : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : ‘’Donne-moi à boire’’, c’est toi qui l’aurais prié et il t’aurait donné de l’eau vive ».
Cette femme, terre à terre, pense à l’eau du puits : « Tu n’as rien pour puiser et le puits est profond », autour de 10 mètres. Mais Jésus fait référence à une autre eau, l’eau vive, c’est-à-dire l’Esprit Saint qui donne la vie : « L’eau que je donnerai deviendra source d’eau jaillissant en vie éternelle ».
La source de la vie éternelle se trouve cachée au plus profond de nous-mêmes, dans le fond sans fond de notre âme. Par sa Parole, Jésus met en route la femme samaritaine vers son propre cœur afin de prier et d’adorer Dieu « dans l’esprit et la vérité ».
Dieu est esprit. Dieu est prière, c’est-à-dire dialogue éternel du Père, du Fils et de l’Esprit saint. Relation sans domination dans l’amour. Amour en expansion comme le cosmos lui-même.
Peu à peu, cette femme passe de l’éros à l’agapè. Éros, mot grec, évoque l’amour soif. Agapè, mot grec aussi, désigne l’amour source, oblatif.
Tout à coup, l’âme de cette femme samaritaine s’élargit en accueillant la vie nouvelle de l’Esprit Saint. Son dialogue avec Jésus devient prière « en esprit et en vérité » ; l’eau vive de l’Esprit Saint jaillit en elle en source inépuisable.
À Lourdes, lors des apparitions, la Vierge Marie a demandé à Bernadette d’aller boire à la source de la grotte. Bernadette a commencé par creuser dans la terre. L’eau était boueuse. Petit à petit, l’eau est devenue claire.
Grâce à l’Évangile, nous prenons conscience de la boue de notre péché. En demeurant fidèles à la prière, nous rejoignons la grâce de notre baptême. Nous voici dans la clarté !
Le cœur de la femme samaritaine devient de plus en plus clair au fur et à mesure qu’elle dialogue avec Jésus. Ces échanges la transforment à la racine. Elle sent en elle la libération des ténèbres de l’ignorance et du péché. Elle rayonne dans l’amour de la vie, de Dieu et des proches.
En ce Carême, l’Esprit Saint nous pousse à sortir de nous-mêmes pour nous placer sur les lignes de fracture qui nous concernent. Avec Jésus, chaque chrétien affronte le combat spirituel contre son ego, contre le diable, le diviseur, contre les forces de mort.
Librement et dans l’allégresse, en laissant sa cruche par terre, la femme samaritaine, figure de l’Église en sortie, a couru vers son village en témoin d’une rencontre extraordinaire : « Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait ; ne serait-il point le Christ ? » (Jn 4, 29).
C’est ainsi que la femme samaritaine devient apôtre auprès de ses voisins. Elle ne peut pas contenir son bonheur d’avoir rencontré Jésus qui l’a sauvé de la tristesse en lui ouvrant un chemin de lumière pour aimer de manière nouvelle. Sa peur du quand dira-t-on a été vaincue par sa foi. En découvrant personnellement Jésus, les voisins font à leur tour l’expérience de la présence de Dieu tout près d’eux, en eux. Ils croient non sur un ouï-dire mais par eux-mêmes. La femme samaritaine est dépassée par les événements. Le Royaume des cieux est arrivé en Samarie, terre et population maudites par les citoyens de la capitale, Jérusalem.
Nous comprenons pourquoi le père Marie-Joseph Lagrange (+10 mars 1938), dominicain, fondateur de l’École biblique de Jérusalem en 1890, serviteur de Dieu, a commencé son commentaire de ce chapitre quatrième de l’Évangile selon saint Jean sur la femme samaritaine en l’intitulant : « La merveille des merveilles ».
Ceux qui accueillent avec foi Jésus, l’envoyé du Père, font leur le Magnificat de la Vierge Marie : « Le Seigneur fit pour moi des merveilles ».
Le bienheureux père Jean-Joseph Lataste (+10 mars 1869) s’est aussi exclamé « j’ai vu des merveilles », en contemplant la conversion des femmes détenues de la prison de Cadillac près de Bordeaux. Envoyé par son supérieur prêcher une retraite spirituelle dans cette prison, le frère Lataste a reculé en sentant la mauvaise odeur des couloirs de cet établissement pénitentiaire ; homme de foi et de prière, il s’est repris en faisant un pas en avant pour dire « mes chères sœurs ». Voilà la conversion : faire un pas en avant pour aimer.
Le père Lataste n’aurait jamais imaginé que l’annonce de l’Évangile pouvait transfigurer les cœurs et les visages de ces femmes fatiguées et tristes. Pourtant, en adorant le Saint-Sacrement pendant des heures, ces femmes détenues se relevaient « comme les fleurs après la pluie ». Libérées de leurs fautes et du poids de leur passé, devenues justes et innocentes par la miséricorde du Seigneur, ces femmes ont aussi eu accès à la vie religieuse apostolique grâce à la fondation par le père Lataste des religieuses dominicaines de Béthanie qui accueillent dans leur sein des femmes au passé simple et au passé compliqué.
« La main de Dieu qui relève celles qui sont tombées est la même main qui soutient celles qui s’estiment justes », aimait à prêcher le père Jean-Joseph Lataste. Tous les hommes sont pécheurs ; tous peuvent devenir justes ; tous se situent sur le même plan, au même niveau : le salut par la foi. Tous sauvés par Jésus !
Les plus grands saints sont les plus grands sauvés, comme le montre la Vierge Marie Immaculée, sauvée de tout péché par une grâce venant de la mort et de la résurrection de son Fils Jésus. Le pape François cite le dicton : « Il n’y a pas de saint sans passé ni de pécheur sans avenir ». Voilà la bonne nouvelle, l’Évangile !
Il n’y a pas que la prison matérielle avec ses murs et ses lourdes portes. Beaucoup d’autres prisons enferment les hommes et les femmes : la cupidité, les drogues, l’alcool, l’obsession de la reconnaissance sociale, le culte de l’ego, la pornographie …
Nous célébrons le 20 décembre l’anniversaire de la libération de l’esclavage annoncée officiellement le 20 décembre 1848. Faire mémoire, c’est bien ; agir pour la libération de nouveaux esclavages contemporains, c’est mieux. Parmi ces esclavages figure la pornographie. Ses images sont ineffaçables comme certains feutres dont les marques restent gravées sur des tableaux. Les images pornographiques reviennent sans cesse ; elles poussent à l’accomplissement ; en devenant une addiction, la pornographie appelle davantage de violence.
Des relations sexuelles sans respect ni dialogue font basculer de nombreuses personnes dans les prisons réunionnaises, saturées de condamnées dont trente-cinq pour cent relèvent des violences conjugales. Il s’agit d’une véritable épidémie qui fait souffrir plus que le chikungunya.
Le saint pape Paul VI a exhorté l’Église au dialogue et à la conversation comme chemin de sagesse et de résolution des conflits. Le père Henri Caffarel, fondateur des Équipes Notre-Dame au service de la sainteté des couples, pensait que le problème des relations entre l’homme et la femme résidait dans l’ignorance réciproque et le non-dit, cellule cancéreuse en reproduction permanente et véritable bombe à retardement qui explose par des paroles et des gestes à des moments inattendus. Le père Caffarel aimait à dire que le couple a besoin d’être sauvé. Bien au-delà des déclarations doucereuses sur l’amour, le père Caffarel fondait l’amour durable sur le Christ qui sauve de l’aveuglement et du désir de domination. Pour grandir dans l’amour, il a proposé le devoir de s’asseoir, rendez-vous que le couple prend régulièrement pour désamorcer la violence qui réside en chacun à travers l’écoute et le dialogue. Trois questions favorisent l’ouverture des cœurs et la libération de la parole : « est-ce que ça va ? ; est-ce que quelque chose te dérange ? ; qu’est-ce que tu souhaiterais ? ». Sans couper la parole même si les propos sont durs, l’écoute et l’échange ouvrent de nouveaux chemins. Cela suppose du courage et du travail ! Très rares sont ceux qui déclarent être fatigués de dialoguer. Nous investissons davantage de temps devant nos écrans pour des informations sans intérêt majeur que dans le dialogue qui guérit et développe l’amour.
Jésus a dialogué avec la femme samaritaine. Avec les disciples d’Emmaüs, il a pratiqué la maïeutique socratique qui aide l’interlocuteur à « accoucher » de ses pensées et de ses sentiments. Jésus ne s’impose pas ; il éveille le meilleur de l’autre, « sa meilleure version » selon l’expression à la mode. Hölderlin (+1873), le philosophe et poète allemand, a écrit : « Dieu a créé l’homme, comme la mer a fait les continents, en s’en retirant ».
En ce carême, nous sommes attirés par le Christ Jésus pour faire du neuf avec lui, en synergie. La devise de l’ACI (Action Catholique), présente à La Réunion, garde sa pertinence : « Regarder, discerner, transformer ».
La démarche synodale proposée par l’Église repose sur cette méthode d’analyse des situations sociales qui peut se vivre individuellement ou en groupe. En communauté, dans la prière et l’écoute de la Parole de Dieu, les chrétiens sont appelés à investir leur intelligence dans le discernement et la transformation sociale. Quand on dit de quelqu’un qu’il est intelligent, il convient de demander : « intelligent en quoi ? ». Il y a plusieurs types d’intelligence : intelligence du commerce, intelligence des langues, intelligence des sciences, intelligence émotionnelle … N’oublions pas l’intelligence de la foi et la sainteté de l’intelligence.
La France peut se réjouir de compter récemment parmi ses fils des penseurs chrétiens qui ont illuminé l’Église de leur intelligence de la foi, et au-delà de l’Église visible la vision de l’homme et des relations sociales. Je pense à Emmanuel Mounier (+1950), philosophe personnaliste qui a inspiré un grand nombre de politiques ainsi qu’à Jacques Maritain (+1973), qui aimait à rassembler avec son épouse Raïssa poètes, artistes et philosophes, comme nous pouvons le découvrir dans leur livre « Les grandes amitiés ».
Le pape Benoît XVI avait déclaré un jour aux séminaristes français de Rome : « Il y a trois grands théologiens français au XXe siècle : le frère Yves Congar (+1995), dominicain ; le père Henri de Lubac (+1991), jésuite, et le père Marie-Joseph Lagrange (+1938), dominicain, fondateur de l’École biblique de Jérusalem ».
Le Carême appelle aussi à s’engager dans l’intelligence de la foi et dans la conversion des relations sociales.
La femme samaritaine a discerné en Jésus le Sauveur ; son témoignage a transformé ses voisins, qui ont rencontré le Messie d’Israël grâce à elle.
Posséder la vie, c’est bien ; la transmettre, c’est encore mieux. Croire et prier, c’est bien, témoigner du Christ pour que les autres aient la Vie en abondance, c’est encore mieux.
En ce sens, parmi les efforts du Carême, brille la transmission de l’Évangile en famille, dans nos paroisses, dans nos rencontres amicales, « dans les rues et sur les places » aussi, comme le dit le refrain d’une chanson. Pour cela, il faut se former.
Les frères dominicains de Toulouse ont fondé il y a un peu plus de vingt ans une université numérique « DOMUNI-universitas » qui permet d’étudier la théologie, la philosophie et les sciences sociales à distance. À La Réunion, une dizaine de laïcs et de prêtres étudient par Internet la théologie et ils se retrouvent une fois par mois pour partager leurs recherches et leurs questions. La bonne volonté ou « la foi du charbonnier » ne suffisent pas à l’heure de « rendre raison de l’espérance qui est en nous » (I P 3,15). Mon grand-père maternel qui était charbonnier connaissait quand même le latin qu’il avait appris au petit séminaire, mais aujourd’hui il y a peu de charbonniers dans notre île.
Les chrétiens discernent la volonté de Dieu au cœur de l’histoire qui est en train de se faire ; loin de rester passifs, ils représentent une force de propositions positives et réalistes en aimant le débat contradictoire avec des responsables politiques et sur les réseaux sociaux ; ensemble, avec toute personne de bonne volonté, les croyants incarnent ici et maintenant le commandement de l’amour du prochain.
Le saint pape Jean-Paul II qui a traversé l’allée centrale de cette cathédrale, a écrit : « La foi grandit quand on la donne ».
En rigueur de termes, seul Dieu donne la foi qui est une grâce surnaturelle, mais nous pouvons aider les autres à découvrir Jésus dans l’Évangile, vécu ici et maintenant.
Je voudrais finir avec cette belle prière du père Guy Gilbert, humble apôtre auprès des délinquants :
« Dieu seul peut créer, mais tu peux valoriser ce qu’il a créé.
Dieu seul peut donner la vie, mais tu peux la transmettre et la respecter.
Dieu seul peut donner la santé, mais tu peux orienter, guider et soigner.
Dieu seul peut donner la foi, mais tu peux donner ton témoignage.
Dieu seul peut infuser l’espérance, mais tu peux rendre la confiance à ton frère.
Dieu seul peut donner l’amour, mais toi tu peux apprendre à l’autre à aimer.
Dieu seul peut donner la joie, mais tu peux sourire à tous.
Dieu seul peut donner la force, mais toi tu peux soutenir un découragé.
Dieu seul est le chemin, mais tu peux l’indiquer aux autres.
Dieu seul est la lumière, mais tu peux la faire briller aux yeux des autres.
Dieu seul est la vie, mais tu peux rendre aux autres le désir de vivre.
Dieu seul peut faire des miracles, mais tu peux être celui qui apporte les cinq pains et les deux poissons.
Dieu seul pourra faire ce qui paraît impossible, mais tu pourras faire le possible.
Dieu seul se suffit à lui-même mais il a préféré compter sur toi. »
Image : chasuble du père Lacordaire O.P.
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