Fr. Manuel Rosaire, radio Arc-en-ciel (Saint-Denis/La Réunion), le lundi 12 février 2024. par Fr. Manuel Rivero, o. p.

8 janvier 2024

Rosaire, radio Arc-en-ciel (Saint-Denis/La Réunion), le lundi 12 février 2024.

Mystères douloureux à la lumière des enseignements de Maître Eckhart.

Fr. Manuel Rivero O.P.

Bonsoir chers amis du Rosaire. Nous allons méditer les mystères douloureux du Rosaire à la lumière des enseignements d’un grand mystique, frère prêcheur appelé aujourd’hui dominicain, au XIIIe siècle, Maître Eckhart. Il appartenait à l’École rhénane. Aujourd’hui nous nous adresserons au Christ Jésus aidés par les entretiens spirituels de Maître Echkart accordés aux novices dominicains d’Allemagne entre 1294 et 1298[1].

C’est à Paris, à Strasbourg et en Allemagne qu’il enseigne. Pour lui, Dieu demeure le Dieu caché annoncé par le prophète Isaïe et au-delà de tous les concepts, connus comme inconnus : Dieu indicible qui vient habiter en l’homme. Connaissance négative de Dieu, apophatisme, nous savons de Dieu ce qu’il n’est pas.

C’est l’amour qui unit Dieu aimant et l’humanité aimée. Mais pour cela, le disciple de Jésus le Christ doit vivre le détachement, le renoncement à sa volonté propre, à son ego, pour recevoir son vrai moi en grâce comme un don gratuit de Dieu.

Il en va des mystiques comme des diamants. Rien ne ressemble autant à un diamant vrai qu’un diamant faux. La mystique véritable participe au mystère de Dieu qui est charité. Nous reconnaissons la valeur des mystiques à leurs fruits. Un bon mystique porte de bons fruits. Il ne conduit pas à lui-même mais à Dieu. Il renonce à tout pour tout recevoir de Dieu, à l’image du mystère pascal de mort et de résurrection de Jésus. « Todo y nada », disait saint Jean de la Croix. Il faut passer par le rien, par la mort, pour parvenir à la résurrection. Le point de départ de la vie spirituelle, le point alpha, est bien le renoncement, le rien, pour atteindre le point oméga, dans le Christ ressuscité. Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus s’était bien exclamée : « Tout est grâce ! ».

Cette vie mystique n’est pas réservée à quelques religieux hors du monde mais à tous les baptisés, plongés dans l’anéantissement de la mort du Christ et glorifiés dans sa résurrection. La vie mystique ne relève pas des lieux géographiques comme les monastères ni de connaissances académiques des théologiens érudits mais d’un état d’esprit : la foi agissant dans la charité, à la suite de Jésus.

C’est ainsi que tout chrétien monte vers le Père par Jésus, en parcourant le chemin de la croix et en exultant dans la nouvelle naissance de la résurrection spirituelle.

En ce sens, tout baptisé est appelé à devenir mystique, avec une vision chrétienne de l’homme et de l’histoire. Par son âme surnaturelle, l’homme s’ouvre à la vie de Dieu. Par sa foi en Dieu qui marche avec l’humanité, l’histoire n’apparaît pas comme un chaos mais comme une succession de morts et de résurrections où Jésus le Christ agit en synergie avec les croyants pour les élever  vers Dieu le Père.

Faisons le signe de la croix, signe de l’amour qui renonce jusqu’à la mort et qui porte du fruit comme le grain de blé tombé en terre qui devient épi.

Tous : Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen.

Credo. Notre Père. 3 Ave Maria. Gloria.

Premier mystère douloureux : Gethsémani.

De l’Évangile selon saint Marc 14,32 s : « Arrivés à un domaine du nom de Gethsémani, Jésus dit à ses disciples : « Restez ici tandis que je prierai. » Puis il prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et il commença à ressentir effroi et angoisse. Et il leur dit : « Mon âme est triste à en mourir ; demeurez ici et veillez. » Étant allé un peu plus loin, il tombait à terre, et il priait pour que, s’il était possible,cette heure passât loin de lui. Et il disait : « Abba (Père) ! tout t’est possible : éloigne de moi cette coupe ;  pourtant, pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! ».

Prier ne veut pas dire réciter des prières mais entrer dans la prière de Jésus : « Abba (Père) ! tout t’est possible : éloigne de moi cette coupe ;  pourtant, pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! ». Prière d’abandon filial à la volonté de Dieu le Père dans le renoncement.

Nombreux sont ceux qui cherchent une prière efficace pour résoudre leurs problèmes insolubles, l’intercession d’un saint plus fort que les autres …

Maître Eckhart met en lumière la prière la plus efficace. Cette prière ne trouve pas sa force dans les mots mais dans l’esprit de celui qui prie. La prière la plus puissante est bien celle qui vient d’un esprit renoncé : « Plus l’esprit est renoncé, plus la prière et l’œuvre sont fortes, dignes, utiles, louables et parfaites. » (Enseignements aux novices dominicains).

Dieu écoute ceux qui ne cherchent pas leur intérêt personnel mais le bien de Dieu et du prochain, en se détachant des biens temporels. Quand le priant n’est lié à rien et qu’il sort de son égo pour accomplir la volonté de Dieu, il reçoit tout de la part de Dieu.

Il devient illusoire d’imaginer que c’est en changeant de lieu que l’on va trouver la paix et la plénitude. La libération et le salut ne relèvent pas de lieux géographiques mais de l’attitude profonde de l’esprit. Le défi lancé par Jésus dans l’Évangile consiste à se quitter soi-même. Inutile de rêver d’un bonheur qui se trouverait à l’étranger, dans un monastère ou dans un ermitage, déclare Maître Eckhart. L’insatisfaction surgit du vouloir propre, égocentrique. Les souffrances proviennent non pas des choses elles-mêmes qui entraveraient la liberté mais de la façon de vivre les réalités quotidiennes : « C’est toi qui t’entraves dans les choses ».

La paix ne réside pas dans les choses extérieures mais dans le renoncement à son orgueil et sa volonté propre. Ceux qui voyagent au loin dans la recherche de la paix ne font que s’éloigner du but dans la mesure où ils ne renoncent pas à leur volonté. Et Maître Eckhart de citer la première des béatitudes, socle de la vie chrétienne : « Bienheureux les pauvres en esprit » (Mt 5,3) et plus loin dans le même évangile de saint  Matthieu : « Celui qui veut me suivre, qu’il renonce d’abord à lui-même » (Mt 16,24). En un mot : « Quitte-toi ».

Dieu ne se donne qu’à ceux qui perdent pied, le total contrôle de leur existence, pour suivre Jésus dans la foi : « Dieu entre en toi avec tout son être, dans la mesure où toi, tu te dépouilles de toi-même en toutes choses ».

Se détacher des choses et des créatures pour s’attacher à Dieu et tout recevoir comme un don gratuit. Il ne s’agit pas de tomber dans le vide mais d’une disposition de l’esprit tourné entièrement vers Dieu comme source de la vie : « Celui qui s’attache à Dieu, Dieu et toutes vertus s’attachent à lui ».

Et ce don de soi-même à Dieu demeure une entreprise jamais achevée dans la vie spirituell, car un renoncement appelle de nouveaux renoncements pour atteindre la perfection dans la résurrection accordée aux morts qui meurent dans la foi.

Prions pour ceux qui cherchent Dieu et pour ceux qui l’ont mis de côté.

Prions pour que les chrétiens découvrent la richesse de la vie baptismale et les trésors des enseignements mystiques de l’Église catholique.

Prions pour ceux qui ont quitté l’Église, à la recherche d’expériences mystiques dans d’autres religions,sans avoir goûté à la Sagesse infinie et heureuse de la Bible, des Pères de l’Église et des mystiques chrétiens.

Notre Père. Ave Maria. Gloria.

Deuxième mystère douloureux : Jésus devant le Sanhédrin.

De l’Évangile selon saint Marc 14, 63 : « Quelques-uns se mirent à cracher au visage de Jésus, à le gifler et à lui dire : « Fais le prophète ! » Et les valets le bourrèrent de coups. »

Les épreuves et les persécutions peuvent devenir occasion de perfectionnement pour la foi du chrétien, qui découvre la force de Dieu dans sa faiblesse. Maître Eckhart de citer saint Paul : « La vertu se perfectionne dans l’infirmité » (2 Co 12,9).

Mais Dieu demeure aimant au cœur de la douleur et de la contradiction : « Dieu est caché dans le fond de l’âme ». Et l’amour de Dieu grandit en proportion de la foi agissant par la charité. Sans confort, sans santé, sans succès, le chrétien n’est pas séparé de Dieu, sa consolation : « Les amis de Dieu ne sont jamais sans consolation ».

Prions pour les chrétiens persécutés à cause de leur foi.

Prions pour ceux qui désespèrent dans les épreuves.

Prions pour ceux qui sont attirés par le suicide, sans espérance.

Notre Père. Ave Maria. Gloria.

 Troisième mystère douloureux : Le couronnement d’épines.

De l’Évangile selon saint Marc 15,16s : « Les soldats emmenèrent Jésus à l’intérieur du palais, qui est le Prétoire, et ils convoquent toute la cohorte. Ils le revêtent de pourpre, puis, ayant tressé une couronne d’épines, ils la lui mettent. Et ils se mirent à le saluer : « Salut, roi des Juifs ! » Et ils lui frappaient la tête avec un roseau et ils lui crachaient dessus, et ils ployaient le genou devant lui pour lui rendre hommage. »

« Tout concourt au bien de ceux qui cherchent Dieu », enseigne saint Paul (Rm 8,28). Et Maître Eckhart d’ajouter à la suite de saint Augustin : « Oui, même les péchés ».

La mort n’a pas été créée par Dieu. Le chrétien n’est point masochiste. Dieu ne se manifeste pas sadique mais miséricordieux, sensible envers la personne en souffrance.

Jésus a subi l’injustice, les moqueries, les crachats, les coups de fouet, la crucifixion et la mort. Le disciple de Jésus n’est pas au-dessus de son Maître. Les épreuves de l’existence lui font ressembler à Jésus dans sa Passion. Configuré au Christ, le chrétien rejoint l’amour du Père, qui n’est jamaisloin.

La perfection du croyant ne dépend pas de la grandeur de ses œuvres mais de son vouloir, de son amour, dans le renoncement jusqu’à la mort.

« Le sang des martyrs, semence de chrétiens », déclarait Tertullien (+240), en Afrique du Nord, à Carthage, dans l’actuelle Tunisie.

Par la grâce pascale de Jésus, mort et ressuscité, les martyrs deviennent source de vie. Dans le témoignage absolu de la mort, le martyr participe à la fécondité de l’amour de Dieu.

La fécondité de nos vies passe par l’acte de foi et le renoncement à notre volonté propre. Maître Eckhart présente alors la foi de la Vierge Marie à l’Annonciation, comme la condition de sa maternité divine : « Aussitôt que Marie eut abandonné sa volonté, elle devint la vraie mère du Verbe éternel et conçut Dieu immédiatement (Lc 1,26s) ». Marie ne s’appartenait plus à elle-même mais à Dieu : « Plus nous nous appartenons, moins nous appartenons à Dieu ».

Si tous les chrétiens sont appelés à témoigner de leur foi, « tous les hommes ne peuvent pas suivre une seule voie ». Chacun annonce le Christ par son exemple et par sa parole de manière originale et personnelle. Il y a le renoncement du martyr dans sa mort, il y a aussi le témoignage du renoncement dans les petites choses : « Il t’est parfois plus pénible de taire un mot que de t’abstenir entièrement de toute parole », commente Maître Eckhart. Dieu regarde le cœur. Et les âmes sont pesées par lui au poids de l’amour. Ceux qui sont fidèles dans les petites choses le sont aussi dans les grandes. Le service quotidien et fidèle dans la vie familiale et professionnelle exige beaucoup d’amour et de sacrifices. Tous les hommes sont appelés à la sainteté dans la vie ordinaire vécue de manière extraordinaire.

Demandons à Dieu le Père par son Fils bien-aimé Jésus-Christ le discernement dans l’amour de l’Esprit Saint.

Demandons à Dieu la grâce d’un regard surnaturel sur notre existence  souvent difficile voire chaotique. Puissions-nous voir Dieu en toute chose et toute chose en Dieu.

Demandons à Dieu la grâce de mener une vie qui laisse son empreinte d’amour et de foi dans la mémoire des hommes.

Notre Père. Ave Maria. Gloria.

Quatrième mystère douloureux : le portement de la croix.

De l’Évangile selon saint Marc 15, 21s : « Les soldats requièrent pour porter la croix de Jésus, Simon de Cyrène, le père d’Alexandre et de Rufus, qui passait par là, revenant des champs. Et ils amènentJésus au lieu-dit Golgotha, ce qui se traduit par lieu du Crâne. »

Simon de Cyrène a rencontré Dieu en la personne de Jésus souffrant sur le chemin du Calvaire. Il rentrait fatigué après le travail aux champs et voilà qu’il est choisi d’office par un soldat romain pour aider Jésus à porter sa croix. Ce qui paraissait aux yeux du monde, comme une corvée et un moment de malchance, s’est avéré un événement de grâce. Libéré du mal au contact de la sainteté de Jésus, son esprit a prié au rythme du Cœur sacré de Jésus. Il lui a adressé quelques mots qui font partie du secret au Ciel. Son cœur a été lavé de ses péchés par le regard de reconnaissance et d’amour de Jésus. Ses péchés ont été expiés par son acte de charité.

Le cœur de Simon de Cyrène s’est enflammé d’amour au contact physique et spirituel de Jésus, sous le dur bois de la croix. Ce faisant, Simon de Cyrène était plus proche de Dieu que jamais. Maître Eckhart distingue en Jésus ses forces supérieures qui lui faisaient posséder et jouir de la béatitude éternelle et ses forces intérieures qui restaient à la même heure dans les plus grandes souffrances. En Jésus se trouvaient unies et la béatitude divine et la douleur humaine. Les deux natures du Christ Jésus, divine et humaine, sont unies « sans confusion ni changement, sans division ni séparation », comme le définit le Concile œcuménique de Chalcédoine en l’an 451.  

Son geste de quelques minutes a reçu une valeur éternelle. Sans le savoir, il a participé à la Rédemption de l’humanité.

Cette rencontre a bouleversé sa vie. Il a découvert la présence divine en la personne d’un condamné épuisé de fatigue. Habité par la grâce, Simon de Cyrène a loué Dieu le Père en communion avec Jésus. Désormais il verra le monde à travers le regard de Jésus.

Prions pour les malades.

Prions pour tous ceux qui prennent soin des autres dans leurs souffrances : les parents envers leurs enfants, les éducateurs, les infirmières et les médecins.

Rendons gloire à Dieu pour tous les gestes d’humanité, de solidarité et de tendresse qui sont vécus chaque jour.

Cinquième mystère douloureux : La mort de Jésus.

De l’Évangile selon saint Marc 33s : « Quand il fut la sixième heure, l’obscurité se fit sur la terre entière jusqu’à la neuvième heure. Et à la neuvième heure Jésus clama en un grand cri : « Élôï, Élôï, lama sabachthani », ce qui se traduit : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ».

Sur la croix, le corps de Jésus porte en lui les péchés de l’humanité entière. À l’image d’une éponge imbibée de vinaigre et de fiel, le saint corps de Jésus est imbibé du péché, c’est-à-dire du rejet de Dieu dans l’ignorance et l’orgueil. « Dieu l’a fait péché pour nous », écrit saint Paul ( 2 Co 5,21). C’est ce péché du monde pris par lui qui ressent l’abandon de Dieu bien au-delà des tortures physiques de la croix : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ».

Mais Dieu n’a pas abandonné son Fils bien-aimé, qui s’est dépouillé de la gloire qui était la sienne,dès avant la fondation du monde, pour accomplir la volonté aimante de Dieu le Père qui veut le salut de l’humanité.

« Dieu ne se donne qu’à sa propre volonté », enseigne Maître Eckhart. C’est pourquoi Dieu exalte son Fils Jésus dans la résurrection car il a accompli la mission confiée : « Tout est accompli ».

« L’homme doit apprendre en tous les dons à se désapproprier de lui-même et à ne rien garder en propre, ni rien chercher, ni utilité, ni plaisir, ni intimité ; ni douceur, ni récompense, ni royaume des cieux, ni volonté propre. Dieu ne s’est jamais donné et Il ne se donne jamais sans un vouloir qui lui soit étranger. Il ne se donne que suivant sa propre volonté. Mais là où Dieu trouve sa volonté, alors Il se donne et se laisse entrer en cette volonté avec tout ce qu’Il est. Plus nous nous désincorporons de nous-mêmes, plus véritablement nous nous incorporons à Lui », enseigne Maître Eckhart aux novices dominicains.

La mort représente le renoncement absolu à la vie ; le dépouillement total, la pauvreté sans limites. Loin d’être la dégringolade finale dans le vide et le néant,  la mort rapproche l’homme de sa résurrection. Elle est à célébrer comme l’acte majeur d’une vie et le sommet d’une existence, porte du passage à la Vie éternelle. « Je ne meurs pas, j’entre dans la vie », déclarait sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face. Union de la volonté croyante des chrétiens avec la volonté de Dieu. Communion des volontés, transformante dans l’amour.

Prions pour que la mort soit célébrée dignement dans nos églises.

Prions pour que le Seigneur nous accorde de mourir en accomplissant sa volonté.

Prions pour ceux qui sont morts aujourd’hui ou qui vont mourir ce soir.

Notre Père. Ave Maria. Gloria.

………………………………………………………………………………….

Prière finale : Seigneur notre Dieu, que la splendeur de la Résurrection nous illumine, pour que nous puissions échapper à l’ombre de la mort et parvenir à la lumière éternelle dans ton Royaume. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen.

Bénédiction : Que le Seigneur qui nous a sauvés par sa croix soit pour nous la résurrection et la vie. Amen.

La prière de ce soir a été animée par ……………………………………………………………………………………………………………………….

Bonne nuit ! 

[1] Maître Eckhart, Conseils aux novices. Discours sur le discernement. Traduits par le frère A.-M. Festugière O.P., in La vie spirituelle, Paris, Cerf, n°648, 649, 650 et 652.

 

Traduction Google :

Rosary, radio Arc-en-ciel (Saint-Denis/Reunion), Monday February 12, 2024.

Sorrowful mysteries in the light of the teachings of Master Eckhart.

Fr. Manuel Rivero O.P.

8 janvier 2024

Rosary, radio Arc-en-ciel (Saint-Denis/Reunion), Monday February 12, 2024.Sorrowful mysteries in the light of the teachings of Master Eckhart.Fr. Manuel Rivero O.P.

Good evening dear friends of the Rosary. We will meditate on the painful mysteries of the Rosary in the light of the teachings of a great mystic, a brother preacher called today a Dominican, in the 13th century, Master Eckhart. He belonged to the Rhenish School. Today we will address Christ Jesus helped by the spiritual conversations of Master Echkart granted to Dominican novices in Germany between 1294 and 1298.

He teaches in Paris, Strasbourg and Germany. For him, God remains the hidden God announced by the prophet Isaiah and beyond all concepts, known as unknown: the unspeakable God who comes to live in man. Negative knowledge of God, apophaticism, we know about God what he is not.

It is the love that unites loving God and beloved humanity. But for this, the disciple of Jesus the Christ must experience detachment, the renunciation of his own will, of his ego, to receive his true self in grace as a free gift from God.

Mystics are like diamonds. Nothing looks like a real diamond like a fake diamond. The true mystic participates in the Mystery of God which is charity. We recognize the value of mystics by their fruits. A good mystic bears good fruit. He does not lead to himself but to God. He renounces everything to receive everything from God, like the paschal mystery of death and resurrection of Jesus. “Todo y nada”, said Saint John of the Cross. You have to go through nothing, through death, to achieve resurrection. The starting point of spiritual life, the alpha point, is indeed renunciation, nothing, to reach the omega point, in the resurrected Christ. Saint Thérèse of the Child Jesus exclaimed: “Everything is grace! « .

This mystical life is not reserved for a few religious people outside the world but for all the baptized, immersed in the annihilation of Christ’s death and glorified in his resurrection. The mystical life does not depend on geographical places like monasteries nor academic knowledge of learned theologians but of a state of mind: faith acting in charity, following Jesus.

This is how every Christian ascends to the Father through Jesus, traveling the path of the cross and exulting in the new birth of spiritual resurrection.In this sense, every baptized person is called to become a mystic, with a Christian vision of man and history. Through his supernatural soul, man opens himself to the life of God. Through his faith in God who walks with humanity, history does not appear as chaos but as a succession of deaths and resurrections where Jesus the Christ acts in synergy with believers to elevate them towards God the Father.

Let us make the sign of the cross, the sign of love which renounces even unto death and which bears fruit like the grain of wheat fallen into the ground which becomes an ear.

All: In the name of the Father and of the Son and of the Holy Spirit. Amen.

Credo. Our Father. 3 Ave Maria. Gloria.

First painful mystery: Gethsemane. From the Gospel according to Saint Mark 14.32 f: “Arriving at an area called Gethsemane, Jesus said to his disciples: “Stay here while I pray. » Then he takes with him Peter, James and John, and he begins to feel fear and anguish. And he said to them: “My soul is sad to death; stay here and watch.” Having gone a little further, he fell to the ground, and he prayed that, if it were possible; this hour passed away from him. And he said: “Abba (Father)! everything is possible for you: take this cup away from me; However, not what I want, but what you want! « .

Praying does not mean reciting prayers but entering into Jesus’ prayer: “Abba (Father)! everything is possible for you: take this cup away from me; However, not what I want, but what you want! « . Prayer of filial abandonment to the will of God the Father in renunciation.

Many people seek an effective prayer to resolve their insoluble problems, the intercession of a saint who is stronger than the others…

Master Eckhart highlights the most effective prayer. This prayer does not find its strength in words but in the spirit of the one who prays. The most powerful prayer is indeed the one that comes from a renounced spirit: “The more the spirit is renounced, the stronger, more worthy, more useful, more praiseworthy and more perfect the prayer and work. » (Teachings to Dominican novices).

God listens to those who do not seek their personal interest but the good of God and their neighbor, detaching themselves from temporal goods. When the praying person is not tied to anything and he leaves his ego to accomplish the will of God, he receives everything from God.

It becomes illusory to imagine that it is by changing place that we will find peace and fulfillment. Liberation and salvation do not depend on geographical locations but on the deep attitude of the spirit. The challenge thrown by Jesus in the Gospel is to leave oneself. No need to dream of happiness that would be found abroad, in a monastery or in a hermitage, declares Master Eckhart. Dissatisfaction arises from one’s own, egocentric desire. Suffering comes not from the things themselves which hinder freedom but from the way of living daily realities: “It is you who hinders yourself in things”.

Peace does not reside in external things but in the renunciation of one’s pride and self-will. Those who travel far and wide in search of peace only stray from the goal to the extent that they do not renounce their will. And Maître Eckhart cites the first of the beatitudes, the basis of Christian life: “Blessed are the poor in spirit” (Mt 5:3) and further in the same Gospel of Saint Matthew: “He who wants to follow me, let him first deny himself” (Mt 16:24). In a word: “Leave yourself”.

God only gives himself to those who lose their footing, total control of their existence, to follow Jesus in faith: “God enters you with his whole being, to the extent that you strip yourself of yourself by all things « .

Detach yourself from things and creatures to attach yourself to God and receive everything as a free gift. It is not a question of falling into the void but of a disposition of the mind turned entirely towards God as the source of life: “He who attaches himself to God, God and all virtue attaches to him”. And this gift of oneself to God remains an enterprise never completed in the spiritual life because a renunciation calls for new renunciations to achieve perfection in the resurrection granted to the dead who die in faith.

Let us pray for those who seek God and for those who have cast Him aside.

Let us pray that Christians will discover the richness of baptismal life and the treasures of the mystical teachings of the Catholic Church.

Let us pray for those who have left the Church in search of mystical experiences in other religions without having tasted the infinite and happy Wisdom of the Bible, the Fathers of the Church and Christian mystics.

Our father. Ave Maria. Gloria

Second painful mystery: Jesus before the Sanhedrin.

From the Gospel according to Saint Mark 14, 63: “Some began to spit in the face of Jesus, to slap him and to say to him: “Prophet!” » And the valets beat him. 

Trials and persecutions can become an opportunity for improvement in the faith of the Christian, who discovers the strength of God in his weakness. Master Eckhart quotes Saint Paul: “Virtue is perfected in infirmity” (2 Cor 12:9).

But God remains loving in the heart of pain and contradiction: “God is hidden in the depths of the soul”. And the love of God grows in proportion to faith acting through charity. Without comfort, without health, without success, the Christian is not separated from God, his consolation: “The friends of God are never without consolation”.

Let us pray for Christians persecuted because of their faith.

Let us pray for those who despair in trials.

Let us pray for those who are drawn to suicide, without hope.

Our father. Hail Mary. Gloria.
Third painful mystery: The crowning of thorns.

From the Gospel according to Saint Mark 15, 16f: “The soldiers took Jesus inside the palace, which is the Praetorium, and they summoned the whole cohort. They clothe him in purple, then, having woven a crown of thorns, they put it on him.

Fourth painful mystery: carrying the cross.

From the Gospel according to Saint Mark 15, 21f: “The soldiers required to carry the cross of Jesus, Simon of Cyrene, the father of Alexander and Rufus, who was passing by, returning from the fields. And they bring Jus to a place called Golgotha, which translates to the place of the Skull. »

Simon of Cyrene encountered God in the person of Jesus suffering on the road to Calvary. He came home tired after working in the fields and suddenly he was chosen by a Roman soldier to help Jesus carry his cross. What seemed to the world like a chore and a moment of bad luck turned out to be an event of grace. Freed from evil through contact with the holiness of Jesus, his spirit prayed to the rhythm of the sacred Heart of Jesus. He addressed a few words to him which are part of the secret in Heaven. His heart was cleansed of its sins by the look of recognition and love of Jesus. His sins were atoned for by his act of charity.

The heart of Simon of Cyrene was inflamed with love at the physical and spiritual contact of Jesus, under the hard wood of the cross. In doing so, Simon of Cyrene was closer to God than ever before. Master Eckhart distinguishes in Jesus his superior forces which made him possess and enjoy eternal beatitude and his interior forces which remained at the same time in the greatest

suffering. In Jesus were united both divine beatitude and human pain. The two natures of Christ Jesus, divine and human, are united “without confusion or change, without division or separation”, as defined by the Ecumenical Council of Chalcedon in the year 451.

His gesture of a few minutes received eternal value. Without knowing it, he participated in the Redemption of humanity.

This meeting turned his life upside down. He discovered the divine presence in the person of a tired and exhausted convict. Inhabited by grace, Simon of Cyrene praised God the Father in communion with Jesus. From now on he will see the world through the eyes of Jesus.

Let us pray for the sick.

Let us pray for all those who care for others in their suffering: parents to their children, educators, nurses and doctors.

Let us give glory to God for all the gestures of humanity, solidarity and tenderness that are experienced every day.

Our father. Hail Mary. Gloria.

Fourth painful mystery: carrying the cross.

From the Gospel according to Saint Mark 15, 21f: “The soldiers required to carry the cross of Jesus, Simon of Cyrene, the father of Alexander and Rufus, who was passing by, returning from the fields. And they bring Jus to a place called Golgotha, which translates to the place of the Skull. »

Simon of Cyrene encountered God in the person of Jesus suffering on the road to Calvary. He came home tired after working in the fields and suddenly he was chosen by a Roman soldier to help Jesus carry his cross. What seemed to the world like a chore and a moment of bad luck turned out to be an event of grace. Freed from evil through contact with the holiness of Jesus, his spirit prayed to the rhythm of the sacred Heart of Jesus. He addressed a few words to him which are part of the secret in Heaven. His heart was cleansed of its sins by the look of recognition and love of Jesus. His sins were atoned for by his act of charity.

The heart of Simon of Cyrene was inflamed with love at the physical and spiritual contact of Jesus, under the hard wood of the cross. In doing so, Simon of Cyrene was closer to God than ever before. Master Eckhart distinguishes in Jesus his superior forces which made him possess and enjoy eternal beatitude and his interior forces which remained at the same time in the greatest

suffering. In Jesus were united both divine beatitude and human pain. The two natures of Christ Jesus, divine and human, are united “without confusion or change, without division or separation”, as defined by the Ecumenical Council of Chalcedon in the year 451.

His gesture of a few minutes received eternal value. Without knowing it, he participated in the Redemption of humanity.

This meeting turned his life upside down. He discovered the divine presence in the person of a tired and exhausted convict. Inhabited by grace, Simon of Cyrene praised God the Father in communion with Jesus. From now on he will see the world through the eyes of Jesus.

Let us pray for the sick.

Let us pray for all those who care for others in their suffering: parents to their children, educators, nurses and doctors.

Let us give glory to God for all the gestures of humanity, solidarity and tenderness that are experienced every day.

Our father. Hail Mary. Gloria.

Fifth painful mystery: The death of Jesus. From the Gospel according to Saint Mark 33f: “When it was the sixth hour, darkness fell over the whole earth until the ninth hour. And at the ninth hour Jesus cried out with a loud cry: “Eloi, Eloi, lema sabachtani,” which translates: “My God, my God, why have you forsaken me? « .

On the cross, the body of Jesus carries within it the sins of all humanity. Like a sponge soaked in vinegar and gall, the holy body of Jesus is soaked in sin, that is, the rejection of God in ignorance and pride. “God made him sin for us,” writes Saint Paul (2 Cor 5:21). It is this sin of the world taken by him which feels the abandonment of God well beyond the physical tortures of the cross: “My God, my God, why have you abandoned me? « .

But God did not abandon his beloved Son who stripped himself of the glory that was his since before the foundation of the world to fulfill the loving will of God the Father who wants the salvation of humanity.“God only acts according to his own will,” teaches Master Eckhart. This is why God exalts his Son Jesus in the resurrection because he accomplished the mission entrusted to him: “It is finished”.

“Man must learn in all gifts to disappropriate himself and to keep nothing of his own, nor seek anything, nor utility, nor pleasure, nor intimacy ; neither sweetness, nor reward, nor kingdom of heaven, nor self-will.

God has never given himself and he never gives himself in a will that is foreign to him. He only gives himself to his own will. But where God finds his will, then he gives himself and lets himself enter into this will with all that he is. The more we disincorporate ourselves from ourselves, the more truly we incorporate ourselves into him,” Master Eckhart teaches the Dominican novices

Death represents the absolute renunciation of life; total deprivation, limitless poverty. Far from being the final fall into emptiness and nothingness, death brings man closer to his resurrection. It is to be celebrated as the major act of a life and the summit of an existence, the gateway to eternal Life. “I do not die, I enter life,” declared Saint Thérèse of the Child Jesus and the Holy Face. Union of the believing will of Christians with the will of God. Communion of wills, transforming in love.

Let us pray that death will be celebrated with dignity in our churches.

Let us pray that the Lord grants us to die fulfilling His will.

Let us pray for those who died today or who will die tonight.

Our father. Ave Maria. Gloria.

 

Final Prayer:

Lord our God, may the splendor of the Resurrection illuminate us, so that we may escape the shadow of death and attain eternal light in your Kingdom. Through Jesus, the Christ, our Lord. Amen.

Blessing:

May the Lord who saved us by his cross be to us the resurrection and the life. Amen.

Fr. Manuel Rivero, o.p.

 

 

 

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