30 août 2022
Pensée du jour
Ô très douce Marie, ma Mère, grâces vous soient rendues : il me semble que vous m’avez rendu la paix du noviciat simple, un peu de détachement et un désir ardent de travailler pour votre gloire, d’aimer Jésus seul. Et pourtant je suis vraiment plus faible et plus engourdi que jamais : seule votre grâce Immaculée peut vivifier ces désirs de mort qui tendent toujours à la vanité. Vous avez été si bonne de me faire religieux ! Je suis venu pour vous, « Ave Maria ! » Je resterai pour vous si vous m’en faites la grâce : mais ne permettez pas que tout cela n’aboutisse qu’à une vie naturelle et scientifique ! Ce serait trop misérable ! Enflammez-moi de votre esprit : je me donne à vous, pour être votre chose et votre instrument. Gardez tous mes frères, donnez-nous l’amour de Jésus : qu’un souffle nouveau nous embrase, et soyez éternellement bénie !
(Marie-Joseph Lagrange, o. p., Journal spirituel, Cerf, 2014, p. 168.)
24 août 2022
Jésus rentre en Galilée. La conversation entre Jésus et Nathanaël.
Jésus vit Nathanaël venant à lui. Il dit à son sujet : « Voici un véritable Israélite, en qui il n’y a pas d’artifice ! » Nathanaël lui dit : « D’où me connais-tu ? » Jésus lui répondit : « Avant que Philippe t’appelât, quand tu étais sous le figuier, je t’ai vu ». » Nathanaël lui répondit : « Rabbi, tu es le fils de Dieu, tu es le roi d’Israël ! » Jésus lui répondit : « Parce que je t’ai dit : Je t’ai vu au-dessous du figuier, tu crois ? Tu verras de plus grandes choses que celles-là. » Et il lui dit : « En vérité, en vérité, je vous le dis : vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu montant et descendant au-dessus du Fils de l’homme. » (Jn 1, 47-51.)
Dans son commentaire du verset 51, le père Lagrange écrit : Au pays d’Israël, on savait qu’à Béthel, Jacob avait vu en songe une échelle suspendue au ciel, le long de laquelle les anges montaient et descendaient (Gn 28, 10-17). C’était un gage pour le voyageur, obligé de quitter la terre promise, que Dieu serait avec lui : « Car je ne t’abandonnerai point que je n’aie fait ce que je t’ai dit. »
Ce que Dieu avait promis au patriarche, Jésus affirmait qu’il le tiendrait pour lui, et avec tant d’évidence que les disciples, en voyant ses œuvres, devaient être convaincus de sa mission, non point sous l’impression passagère d’une surprise mais par l’évidence des faits surnaturels.
Cette conversation avait donc une grande portée, et l’on comprend que l’évangéliste en ait fait le point de départ d’une période de trois jours avec laquelle on se trouva à Cana, au pays de Nathanaël
(Note : Jean ne nomme jamais Barthélemy, que les synoptiques associent toujours à Philippe. Il est très vraisemblable que le même personnage portait les deux noms. Ichodad (vers 850) le tient pour assuré.) (Marie-Joseph Lagrange o. p., L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège, 2017, p. 107.)
Photo : Le Songe de Jacob par Jose de Ribera (17e)
21 août 2022
« Et on viendra de l’orient et du couchant, et du nord et du midi, pour s’asseoir à table dans le royaume de Dieu. Et voici que quelques-uns des derniers seront les premiers, et que des premiers seront les derniers. » (Luc 13, 29-30)
Commentaires du P. Lagrange : Juifs réprouvés, Gentils sauvés.
29) En effet, aux patriarches viennent se joindre des personnes appelées de tous les points cardinaux, qui ne sont point nécessairement ou seulement des Juifs dispersés (Is, 53, 5 ss), mais aussi les gentils comme dans Matthieu. Comment entreront-ils, puisque la porte est fermée ? Luc est plus attentif à conserver le texte de la parole de Dieu qu’à narrer avec l’aisance d’un inventeur. Il a pu supposer que la porte s’ouvrira à ces personnes, car la parabole ne met pas tant en lumière la nécessité d’arriver avant le moment fatal, que de présenter de façon à être admis. Aussi bien ce menu détail disparaît dans la solennité de la dernière scène.
30) C’est une sorte de proverbe, dont l’application peut changer selon les circonstances. Dans Mc 10, 31 et Mt 19, 20, il s’agit de l’ordre du rang, dans Mt 20, 16, de l’ordre du temps.
Ici la question est retournée en ce sens que d’ordinaire les premiers entrent et les derniers non ; ici il y a des derniers qui entrent, des premiers qui ont le lot réservé d’ordinaire aux derniers. D’ailleurs il n’y a d’article. Les catégories ne sont donc pas absolues, la règle ne s’applique pas à tous les individus, et en effet les patriarches venus les premiers sont demeurés tels. L’opposition est entre les Juifs contemporains et les gentils, car si ces deux groupes sont substitués par la pensée aux termes vagues de la parabole, il est clair que les Juifs étaient les premiers par l’appel de Dieu, par opposition aux gentils.
Si l’on cherchait une application aux circonstances de l’Église primitive, on aurait la perspective d’un royaume de Dieu d’où les Juifs s’étaient exclus par leur infidélité, tandis que les gentils y entraient de toute part. Dans cette voie on en viendrait à trouver dans v. 25 une allusion à la résurrection du Christ. Mais ce serait transformer insensiblement le sens de tout ce passage et l’altérer par trop de précision, car il ne serait plus possible de trouver les patriarches et les prophètes dans l’Église chrétienne, où les Juifs ne demandaient pas à entrer. La véritable perspective est celle du jugement dernier, qui condamne les impénitents et admet au royaume de Dieu des hommes dignes d’être associés aux patriarches et aux prophètes, quelle que soit leur origine. Avis aux Juifs qui se croient et sont en quelque façon les premiers, de ne pas se réduire à n’être plus que les derniers, ceux auxquels d’ordinaire on ferme la porte. Si les images ne sont pas rigides, le sens est très clair, et la leçon redoutable. À la question sur le nombre de ceux qui seront sauvés, Jésus répond : Efforcez-vous de n’être pas parmi ceux qui peuvent se perdre, dussent-ils parmi mes compatriotes et mes familiers.
(Marie-Joseph Lagrange, o. p. L’Évangile selon saint Luc. Lecoffre-Gabalda, 1941, pp. 387-392.)
Photo : Jugement dernier (détail) Fra Angelico. La ronde des élus.
15 août 2022
Belle fête de l’Assomption de la Vierge Marie
La dévotion à Marie, dont le père Lagrange évoque volontiers les fêtes à chaque tournant important de sa vie, est une manifestation frappante de cette piété d’enfant, qui semblerait même puérile si elle n’était associée chez lui à une foi très adulte, dans un bel équilibre qui fait toute la richesse de son âme (Souvenirs personnels, préface de P. Benoit, O. P., Cerf, 1967, p. 15.)
La Vierge Marie, l’Immaculée Conception, occupe une place privilégiée dans la vie du père Lagrange. Ses feuilles manuscrites commencent toujours par la prière « Ave Maria » en haut de la page, signe de la présence de la Mère de Dieu dans son âme. (Manuel Rivero, O. P. Avant-propos dans l’édition du Journal spirituel, Cerf. 2014.
Aujourd’hui, dans l’évangile de saint Luc, v. 48) Marie accepte les louanges des générations à l’œuvre de Dieu en elle. Ce qui la remplit de joie est donc bien ce à quoi Élisabeth a fait allusion, la conception du Seigneur. C’est le thème du cantique, indiqué avec une extrême délicatesse, mais indiqué. […] v. 49) Marie ne prononce plus le nom de Dieu, mais donne une haute idée de sa nature et de son action. […] Le puissant est dit saint, parce qu’il est objet de crainte et de respect. L’idée de sainteté, dans le sens de Majesté suprême et redoutable est caractéristique des religions sémitiques. […] Plus haute est l’idée de Dieu, puis elle reconnaît son absolue perfection morale ; nouvelle raison pour que son nom soit révéré. Marie prélude à la première demande du Pater. V. 50) Cf. psaume (102, 17) indique bien la suite des idées dans le Magnificat. C’est parce que Dieu est puissant et dépasse l’homme de son infini qu’il éprouve pour lui de la pitié ou de la miséricorde. Ce sentiment s’exerce sur ceux qui le craignent, c’est-à-dire le reconnaissent et le servent. Cette crainte, en effet, n’exclut pas le sentiment filial ; même psaume, v. 13 : « comme un père a pitié de ses fils, le Seigneur aura pitié de ceux qui le craignent » ; cf. encore v. 11. On put donc nommer ceux qui s’attachaient au culte de Dieu, même s’ils n’étaient que prosélytes. V. 51-53) Les aoristes sont expliqués de plusieurs manières : 1) ils signifient ce que Dieu a fait dans le passé ; 2) ce qu’il fera dans l’avenir, au moment de la grande transformation messianique ; 3) ce qu’il a coutume de faire ; 4) ce qu’il a commencé en Marie selon son plan. […] Ce que Dieu fait d’ordinaire, il l’a fait spécialement dans la circonstance présente dont Marie comprend qu’elle est le début du règne de Dieu. […] v. 54-55) Ce qui suit est évidemment messianique de l’aveu de tous, et se rattache pour le rythme à ce qui précède. […] v. 56) On objecte la charité : aussi Marie reste-t-elle aussi longtemps que ses services sont utiles ; elle se retire lorsque d’autres doivent venir en aide à Élisabeth. […] [Dans le Magnificat] tout y coule de source, et l’Église admirera toujours le sentiment religieux de l’humble servante qui ne voit que Dieu dans la gloire qui l’attend. Elle a compris la bonté de Dieu pour les petits, et sa compassion pour les pauvres. Ce seront les sentiments de Jésus. (Marie-Joseph Lagrange, O. P. L’Évangile selon saint Luc, 1, 39-56. Lecoffre-Gabalda, 1941, pp. 41-54.)
10 août 2022
Vous souvenez-vous ? C’est le jour-anniversaire de la mort du P. Lagrange (10 mars 1938), ce grand Serviteur de Dieu auquel nous demandons son intercession et celle de la Vierge Marie pour nos intentions de prière portées par Fr. Manuel Rivero, O. P. au cours de la célébration de l’eucharistie. Prions également pour que la cause de béatification du P. Lagrange introduite à Rome aboutisse favorablement. La réputation de sainteté du P. Lagrange est celle d’un docteur dont le rayonnement spirituel s’exerce de manière plus discrète mais non moins fervente sur ses disciples et sur ses lecteurs.
N’hésitez pas à demander régulièrement des grâces, comme l’indique la prière. À nous informer des grâces reçues. À nous donner vos témoignages. Si vous vous êtes inscrit(e) sur ce site, c’est parce que vous vous intéressez à la vie et à l’Œuvre immense de ce grand savant et de ce grand spirituel qui a donné à l’École biblique et archéologique française de Jérusalem l’élan de renommée internationale dont elle bénéficie aujourd’hui. Pour plus de détails : www.mj-lagrange.orget http://www.ebaf.edu/