30 mars 2023
Saint-Denis (La Réunion), le 28 mars 2023
Chers amis du serviteur de Dieu, le frère Marie-Joseph Lagrange O.P.,
Merci pour votre prière au Vivant et pour vos dons qui soutiennent la cause de béatification du fondateur de l’École biblique de Jérusalem.
De nombreuses grâces sont répandues dans les cœurs de ceux qui comptent sur l’intercession du père Lagrange : lumière de la foi, réconciliations, communion avec les défunts, fidélité dans l’amour, droiture et courage dans la vie sociale …
N’hésitez pas à confier les malades de votre entourage à son intercession. La béatification passe par la reconnaissance d’un miracle.
Merci aussi pour les cotisations à l’association. Vous pouvez proposer à d’autres personnes d’y adhérer.
La pandémie nous a empêché l’organisation d’événements en présentiel. J’espère que ce n’est que partie remise et dès que le ciel de la santé publique « s’éclaircira » nous mettrons sur pied le colloque prévu à Saint-Maximin (Var), lieu du noviciat en 1879 et de l’exode vers le Père du père Lagrange en 1938.
À La Réunion, nous avons accueilli pendant une semaine les reliques de sainte Marie-Madeleine qui sont habituellement à la Sainte-Baume, ce qui a représenté un événement heureux et fort dans notre diocèse : célébrations dans les paroisses (cathédrale, Petite-Île, Saint-Benoît, Saint-Gilles), dans des établissements catholiques d’enseignement et dans des monastères (Carmélites et Dominicaines). De nombreuses confessions ont eu lieu pendant ces temps de prière et de prédication. Des adultes, des jeunes et des enfants ont témoigné des grâces reçues pendant ces temps de prière.
Le père Marie-Joseph Lagrange O.P., fondateur de l’École biblique de Jérusalem, était marqué par la figure de sainte Marie-Madeleine. C’est pourquoi il enfouit le 5 juin 1891 une médaille de cette sainte dans les fondations de l’École. Il voulut orienter ainsi le travail de l’exégèse biblique dans le sens de la contemplation et de l’apostolat pour le salut des âmes.
Dans son Journal spirituel, le père Lagrange cite à plusieurs reprises sainte Marie-Madeleine : « Permettez-moi, ô Jésus, de me tenir constamment au pied de la Croix avec votre Mère Immaculée, sainte Marie-Madeleine et saint Jean[1] » ; « me considérer auprès de mes frères comme sainte Marie-Madeleine aux pieds de Marie Immaculée[2] ».
Tout au long de sa vie dominicaine, le père Lagrange s’est évertué à défendre l’honneur de l’Église et à promouvoir la vérité évangélique qui rend libre.
Ses commentaires bibliques scientifiques ont toujours eu pour finalité le salut des âmes par la foi. Aussi achève-t-il son commentaire sur la femme pécheresse chez un Pharisien en le reliant au « mot qui vient sur les lèvres du prêtre après l’absolution sacramentelle[3] » : « Ta foi t’a sauvée ; va en paix » (Lc 7,50).
En vous souhaitant une belle Semaine sainte, je vous confie à l’intercession du père Lagrange avec vos familles du Ciel et de la terre.
Fr. Manuel Rivero, O.P.
Vice-postulateur de la cause de béatification du père Lagrange, O.P.
[1] Marie-Joseph Lagrange, des frères prêcheurs, Journal spirituel 1879-1932, Avant-propos de Fr. Manuel Rivero O.P., Paris, Cerf, 2014. P. 58. 7 mars 1880.
[2] Marie-Joseph Lagrange, des frères prêcheurs, Journal spirituel 1879-1932, Avant-propos de Fr. Manuel Rivero O.P., Paris, Cerf, 2014. P. 63. 3 avril 1880.
[3] Marie-Joseph Lagrange, Évangile selon saint Luc, Paris, J. Gabalda, éditeur, 1927.P. 233.
Bulletin d’adhésion 2023+RIB-Association des amis du père Lagrange, O.P.
29 mars 2023
L’Église, notre mère.
Conférence de carême 2023.
Cathédrale de Saint-Denis (La Réunion).
Fr. Manuel Rivero O.P.
« Femme, voici ton fils » (Jn 19, 26) , a dit Jésus à sa mère, Marie, sur le Calvaire, en voyant son disciple Jean. Les théologiens chrétiens ont interprété cette dernière parole de Jésus en croix, comme l’achèvement du mystère de la Rédemption de l’humanité, qui comprend le don et l’accueil de la Mère du Messie comme modèle et mère spirituelle des croyants.
Jésus a dit aussi à son disciple bien-aimé : Voici ta mère » (Jn 19,27). Jean, habité par la lumière de l’amour, a accueilli chez lui la mère de Jésus. « Chez lui » veut dire dans son âme et non seulement dans sa maison. Visiblement Joseph était déjà parti vers Dieu quand Jésus a expiré sur la croix ; autrement Marie aurait été confiée à son époux. Il n’est pas question non plus de frères et de sœurs de Jésus sur le Golgotha. Si la Vierge Marie avait eu d’autres enfants, Jésus leur aurait demandé de prendre soin de leur mère. L’accueil dont il est question ici dépasse l’hospitalité matérielle, bonne et nécessaire, pour conduire les disciples de Jésus vers la maternité spirituelle de Marie qui veillera par son intercession sur la foi et la croissance de l’Église, Corps du Christ, dont son fils Jésus-Christ en est la tête, et les baptisés ses membres.
À La Réunion, les catholiques aiment « Maman Marie », notre Mère du Ciel. Notre île brille comme une île mariale par sa foi et par sa prière. De nombreux pèlerinages témoignent de l’attachement et la proximité des fidèles envers la Mère de Dieu : pèlerinage de la Salette, de la Vierge Noire, de la Vierge au Parasol … Des grottes de Lourdes et des statues de la Vierge Marie marquent les routes et les chemins comme des invitations à des haltes d’élévation spirituelle dans la prière. Les mères veillent sur le fruit de leurs entrailles. La Vierge Marie demeure attentive aux besoins de ses enfants à La Réunion.
Les catholiques croient en un seul Dieu. Ils n’ont pas besoin d’une déesse. Marie n’est pas une déesse mais une créature, la plus grande des sauvés par la foi en son Fils Jésus. Les catholiques adorent le Fils de Dieu, Jésus. Ils vénèrent la Vierge Marie, la Mère de Dieu.
Loin de représenter un obstacle pour la foi en Jésus, comme le craignent quelques protestants qui critiquent la ferveur mariale, la dévotion envers la Vierge Marie garantit la véritable foi en Jésus, le Fils de Dieu fait homme, seul médiateur entre Dieu et les hommes, le seul Sauveur.
Il arrive que des sociologues s’étonnent de l’impact de la spiritualité mariale auprès des chrétiens qui ont subi la violence, l’emprisonnement, la pauvreté et toutes sortes de persécutions. Avec la Vierge Marie, ils ont gardé la foi au Christ.
Notre âme s’appelle « Marie »
C’est ainsi que l’âme, par la foi, peut devenir mère du Christ et elle reçoit le nom de la mère de Jésus « Marie ». Saint Ambroise de Milan (†397) enseigne ce mystère : « Lorsque cette âme commence à se convertir au Christ, elle s’appelle « Marie » : c’est-à-dire qu’elle reçoit le nom de celle qui a mis au monde le Christ ; elle est devenue une âme qui engendre le Christ de manière spirituelle ». Le chrétien devient mère du Seigneur. Le Christ Jésus va grandir en lui à l’image du bébé porté par la mère dans son sein et qui se développe de jour en jour, jour et nuit. Il s’agit d’accueillir le Christ Jésus comme Marie l’a fait à l’Annonciation. Selon la chair, il n’y a qu’une maternité divine, celle de Marie, « mais selon la foi, le Christ est le fruit de tous ».
Mère spirituelle des chrétiens, Mère de l’Église, la Vierge Marie, femme au regard pénétrant, active dans son amour, conduit au Christ comme elle l’a fait lors des noces de Cana : « Faites tout ce qu’il vous dira » (Jn 2,5).
Le père Marie-Joseph Lagrange (1855-1938), dominicain, fondateur de l’École biblique de Jérusalem notait dans son Journal spirituel au cours de son noviciat au couvent royal de Saint-Maximin : « La bienheureuse Vierge Marie a détruit dans sa personne toutes les hérésies : elle est Mère de Dieu, donc, le Fils de Dieu, Jésus-Christ, n’est qu’une seule Personne, et il a deux natures puisqu’il est aussi vraiment son Fils, né de sa substance ». Les hérésies font de Jésus un Dieu sans humanité ou un homme sans divinité. Marie conduit à l’unité du mystère de Jésus, « visage humain de Dieu et visage divin de l’homme » selon la belle expression du saint pape Jean-Paul II dans Ecclesia in America (n°47), le seul pape qui soit venu dans notre île et traversé l’allée centrale de cette cathédrale.
La conférence de ce soir a pour titre « L’Église, notre Mère ». J’ai choisi de commencer par l’évocation de la Vierge Marie comme Mère spirituelle des chrétiens car les titres attribués à la Vierge Marie ont d’abord concerné l’Église, notre Mère par la transmission de la Parole de Dieu et de la grâce pascale dans les sacrements.
Et si l’Église est appelée Mère, c’est grâce à l’Esprit Saint qui donne la vie, comme nous le disons dans le Credo de Nicée-Constantinople à la messe du dimanche : « Je crois en l’Esprit Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie » .
C’est pourquoi il y aura trois parties dans mon exposé : la Vierge Marie, notre Mère ; l’Église, notre Mère ; l’Esprit Saint qui donne la vie et qui fait renaître.
La Vierge Marie, Mère du Christ, Mère de l’Église, notre mère
C’est le saint pape Paul VI qui a tenu à vénérer la Vierge Marie sous le vocable de « Mère de l’Église » au cours du concile Vatican II, le 21 novembre 1964, lors du discours d’approbation de la Constitution dogmatique sur l’Église « Lumen Gentium », tout en ne faisant pas partie de celle-ci. De son côté, le Catéchisme de l’Église catholique a intégré officiellement dans la foi catholique ce vocable riche en signification théologique, même s’il n’a pas été le résultat d’un vote lors de ce concile (n°963).
Le saint pape Paul VI avait déclaré lors de la clôture du concile Vatican II le 8 décembre 1965 : « Alors que nous clôturons le concile œcuménique, nous honorons la Très Sainte Vierge Marie, Mère du Christ, et, par conséquent, (…) la Mère de Dieu et notre Mère spirituelle (…) c’est la femme, la vraie femme idéale et réelle (…) cette femme qui est tout à la fois notre humble sœur et notre céleste Mère et Reine ».
La foi de l’Église trouve sa naissance dans la Bible. La prière de l’Église manifeste aussi le projet de salut de Dieu pour l’humanité : « Lex orandi, lex credendi » (« La loi de la prière est la loi de la foi »). C’est pourquoi, il convient de faire appel à la liturgie de l’Église pour comprendre le mystère de la Vierge Marie. À l’Annonciation, la Vierge Marie est devenue la Mère du Fils de Dieu fait homme, qui recevra le nom de Jésus. L’événement de l’Annonciation représente non seulement la nouveauté de l’Incarnation mais aussi le commencement de l’Église. La liturgie de cette fête appelée par certains Pères de l’Église « la fête de la racine », car cachée et fondatrice, exprime le mystère de l’accueil du Fils de Dieu « par la foi de Marie » et sa tendresse maternelle envers le corps de son fils Jésus (cf. Préface de la messe), tandis que la prière sur les offrandes met en lumière la naissance de l’Église, Corps du Christ : « L’Église n’oublie pas qu’elle a commencé le jour où ton Verbe s’est fait chair ».
Si Marie est mère de Jésus, elle est aussi la mère de l’Église. Étant la Mère de la Tête du Corps elle demeure aussi la Mère du reste du Corps, les membres unis au Christ par la foi et le baptême. S’il n’est pas possible de séparer la Tête du Corps ; il n’est pas possible non plus de séparer la maternité divine de Marie de sa maternité spirituelle envers le Corps de son Fils Jésus, l’Église.
Un théologien du XIIe siècle, Isaac de l’Étoile , moine cistercien, a su mettre en valeur l’union du Christ et de l’Église, la maternité de Marie envers le Christ et à l’égard de l’Église : « ʺCe que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare donc pas. Ce mystère est grand, je veux dire qu’il s’applique au Christ et à l’Église.ʺ Garde-toi bien de séparer la tête du corps ; n’empêche pas le Christ d’exister tout entier ; car le Christ n’existe nulle part tout entier sans l’Église, ni l’Église sans le Christ. Le Christ total, intégral, c’est la tête et le corps. »
Et dans un autre sermon sur l’Assomption, Isaac d’enseigner : « Ce Christ unique est le Fils d’un seul Dieu, dans le ciel et d’une seule mère sur la terre. Il y a beaucoup de fils, et il n’y a qu’un seul fils. Et, de même que la tête et le corps sont un seul fils et plusieurs fils, de même Marie et l’Église sont une seule mère et plusieurs mères, une seule vierge et plusieurs vierges. L’une et l’autre ont conçu du Saint-Esprit, sans attrait charnel (…). L’une a engendré, sans aucun péché, une tête pour le corps ; l’autre a fait naître, dans la rémission des péchés, un corps pour la tête. L’une et l’autre sont mères du Christ, mais aucune des deux ne l’enfante tout entier sans l’autre. Aussi c’est à juste titre que, dans les Écritures divinement inspirées, ce qui est dit en général de la vierge mère qu’est l’Église, s’applique en particulier à la Vierge Marie ; et ce qui est dit de la vierge mère qu’est Marie, en particulier, se comprend en général de la vierge mère qu’est l’Église.
De plus, chaque âme croyante est également, à sa manière propre, épouse du Verbe de Dieu, mère, fille et sœur du Christ, vierge et féconde. Ainsi donc c’est la Sagesse même de Dieu, le Verbe du Père, qui désigne à la fois l’Église au sens universel, Marie, dans un sens très spécial et chaque âme croyante en particulier.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « Je demeurerai dans l’héritage du Seigneur ». L’héritage du Seigneur, dans sa totalité, c’est l’Église, c’est tout spécialement Marie, et c’est l’âme de chaque croyant en particulier. En la demeure du sein de Marie, le Christ est resté neuf mois ; en la demeure de la foi de l’Église, il restera jusqu’à la fin du monde ; et dans la connaissance et l’amour du croyant, pour les siècles des siècles ».
Au XIIIe siècle, le grand théologien dominicain, saint Thomas d’Aquin voit dans les noces de Cana l’image de l’union mystique du Christ et de l’Église, union commencée à l’Annonciation : « Ces épousailles eurent leur commencement dans le sein de la Vierge, lorsque Dieu le Père unit la nature humaine à son Fils dans l’unité de la personne, en sorte que le lit nuptial de cette union fut le sein virginal … Ce mariage fut rendu public lorsque l’Église s’est unie au Verbe par la foi ».
Le Docteur Angélique s’inspire de la pensée de saint Augustin pour qui le sein de la Vierge Marie est une chambre nuptiale où s’unissent dans la personne du Verbe la nature divine et la nature humaine. Pour saint Augustin, le corps de Jésus s’unit à l’Église formant ainsi « le Christ total, Tête et Corps ».
L’Incarnation comporte une dimension ecclésiale. Marie a accueilli le Verbe au nom de l’humanité et pour l’humanité. Marie, nouvelle Ève, accomplit la prophétie du livre de la Genèse en écrasant la tête du serpent par sa foi (cf. Gn 3,15). Elle est aussi la femme de l’Apocalypse qui enfante une nouvelle humanité (cf. Ap 12).
La Constitution pastorale sur l’Église dans le monde de ce temps « Gaudium et spes » enseigne que « par son Incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme » (n°22,2). Par conséquent, la Vierge Marie est devenue aussi mère de cette humanité ce qui peut expliquer en partie la dévotion des croyants des religions non chrétiennes qui se rendent en pèlerinage dans les sanctuaires mariaux comme Lourdes ou Notre-Dame de la Garde à Marseille.
L’Église, notre mère
Le concile Vatican II dans sa constitution dogmatique sur l’Église « Lumen Gentium » (« Lumière des nations ») a choisi de ne pas présenter la Vierge Marie pour elle-même. Dans le chapitre VIIIe, Lumen Gentium met en lumière la grâce et la mission de la Vierge Marie, Mère de Dieu, « dans le mystère du Christ et de l’Église » : « La bienheureuse Vierge se trouve en intime union avec l’Église : de l’Église, selon l’enseignement de saint Ambroise, la Mère de Dieu est le modèle dans l’ordre de la foi, de la charité et de la parfaite union au Christ » (n°63). Le concile Vatican II relie la maternité divine de la Vierge Marie à la maternité de l’Église. Jésus, le Fils de Dieu, a été engendré en Marie par l’Esprit Saint. Ceux qui croient en Jésus sont engendrés aussi par l’Esprit Saint pour devenir fils de Dieu en union avec le Fils unique engendré du Père. Le Prologue de saint Jean révèle cette nouvelle naissance par la foi au Verbe : « À tous ceux qui l’ont accueilli, le Verbe a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu » (Jn 1,12). Marie qui occupe la première place dans l’Église a été enveloppé par l’Esprit Saint donnant naissance au « premier-né parmi une multitude de frères » (Rm 8,29). Cette multitude de frères c’est l’Église : « L’Église devient à son tour une Mère, grâce à la parole de Dieu qu’elle reçoit dans la foi : par la prédication et par le baptême elle engendre, à une vie nouvelle et immortelle, des fils conçus du Saint-Esprit et nés de Dieu » (Lumen Gentium n° 64).
La maternité de l’Église grandit par la prédication de l’Évangile. Les prédicateurs, les catéchistes et tous les témoins du Seigneur actualisent par la parole et par l’exemple le mystère de la charité du Christ, présent et agissant, ici et maintenant, dans l’histoire de l’humanité. L’Église ne se développe pas par le prosélytisme mais par l’attraction de Jésus glorifié qui touche les cœurs par l’Esprit Saint, Amour : « élevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi » (Jn 12,32). L’Église est mère à la manière de la Vierge Marie, par la foi, le service dans l’humilité, la proclamation des merveilles de Dieu et la prière.
L’Esprit Saint, qui a fait jaillir la vie du Fils de Dieu dans le sein de Marie, fait jaillir la grâce divine dans le sein de l’Église au baptême. L’eau baptismale devient le liquide amniotique qui donne la vie de Dieu par l’action de l’Esprit Saint.
L’Esprit Saint a formé le corps de Jésus en Marie. Aujourd’hui l’Esprit Saint forme le Corps du Christ, l’Église. L’Esprit Saint forme le Corps et le sang de Jésus dans l’eucharistie au moment miraculeux de l’épiclèse : « Toi qui es vraiment saint, sanctifie ces offrandes en répandant sur elles ton Esprit ; qu’elles deviennent pour nous le Corps et le Sang de Jésus, le Christ, notre Seigneur » (Prière eucharistique n°2). Former le Corps du Christ est la spécialité de l’Esprit Saint. Former le Corps du Christ devient la spécialité de l’Église par l’Esprit Saint. L’Esprit Saint formera aussi nos corps de gloire à la résurrection finale.
Le pape François a donné un bel enseignement sur « l’Église, mère des chrétiens » citant la symbolique baptismale : « Si vous allez au baptistère de Saint-Jean-de-Latran, à la cathédrale du pape, il y a à l’intérieur une inscription latine qui dit plus ou moins ceci : « Ici naît un peuple d’origine divine, engendré par l’Esprit Saint qui féconde ces eaux ; notre mère l’Église met au monde ses enfants dans ces flots ». (11 septembre 2013, audience générale).
Saint Paul, célèbre le Christ « Tête du Corps, c’est-à-dire de l’Église » (Col 1,18). Dans son épître aux Colossiens, l’apôtre des nations appelle l’Église « Corps du Christ » (Col 1,24). L’image du corps humain avec la tête et ses membres correspond au Christ total, qui rassemble dans l’unité le Christ, sa Tête, et les chrétiens, ses membres. Dans son épître aux Corinthiens (1 Cor 12,12.27), saint Paul explique la dépendance des membres du même corps avec ses différentes fonctions, image qui s’applique à l’Église, « le Christ répandu et communiqué », selon la belle formule de Bossuet, où chaque baptisé participe à la vie du Fils de Dieu en tant que membre vivant de son Corps.
C’est une erreur que d’imaginer l’Église comme existant sans le Christ. L’Église, c’est nous tous et non seulement les évêques ou les prêtres. Quand des chrétiens critiquent l’Église ils se critiquent eux-mêmes. Le Catéchisme de l’Église catholique rappelle « l’esprit filial à l’égard de l’Église » (n°2040).
L’Église est appelée « notre mère » (cf. LG n°6 ; Ga 4,26 ; cf. Ap 12,17) parce qu’elle nourrit ses enfants du pain de la Parole de Dieu et de l’eucharistie. L’Église prend soin de ses enfants malades dans le sacrement de l’onction des malades. Elle éduque par la catéchèse. L’Église nous accompagne dans notre croissance spirituelle à travers les étapes parfois difficiles, voire tourmentés de notre existence. Mère fidèle, elle est toujours là, heureuse d’accueillir ses enfants quand ils reviennent à la maison. L’Église travaille pour la paix dans le monde à travers la doctrine sociale de l’Église et la diplomatie vaticane. L’Église divinise l’amour humain dans le sacrement du mariage. L’Église se construit et se développe à travers les sacrements de la Confirmation et des ordinations diaconales, presbytérales et épiscopales.
C’est l’Église, par son rayonnement universel du mystère du Christ Sauveur, qui évangélise et convertit. Si chaque chrétien est appelé à témoigner de sa foi et à favoriser la conversion joyeuse des hommes, c’est en réalité le témoignage et la prédication qui convertit. On raconte cet aveu d’un vieux prêtre : « Jeune prêtre j’aspirais à convertir le monde ; au bout de vingt ans, je me suis dit qu’arriver à convertir quelques personnes ce serait bien ; maintenant après tant d’années de sacerdoce, je me dis : si j’arrive à me convertir moi-même ce sera déjà très bien ».
Au cours des premiers siècles de l’histoire de l’Église, les grands théologiens ont été africains. Les Pères de l’Église ont mis en lumière la maternité spirituelle de la Vierge Marie envers les chrétiens. C’est ainsi que saint Cyprien, évêque de Carthage, martyr en l’an 258, déclarait : « On ne peut pas avoir Dieu pour père quand on n’a pas l’Église pour mère ».
Plus tard, saint Augustin (+430) prêchera à ses fidèles : « Nul ne peut compter sur la grâce de Dieu son Père, s’il méprise l’Église sa mère ».
Au VIIIe siècle, en Angleterre, saint Bède le Vénérable, écrira : « Toujours à nouveau l’Église engendre le Christ, chaque jour l’Église engendre l’Église ». Par le sacrement du baptême, par la prédication et le témoignage, l’Église donne naissance au Christ dans le cœur des hommes. En engendrant le Christ, elle s’engendre elle-même.
L’Esprit Saint qui donne la vie
Dieu est Esprit, il n’a pas de sexe. Pour nous adresser à Dieu qui est au-delà de tout, au-delà de tous nos mots et concepts, nous utilisons des exemples, des métaphores et des analogies. Les amoureux connaissent bien les limites du langage pour partager les émotions du cœur qui dépassent les déclarations d’amour. Pourtant les mots demeurent une médiation nécessaire pour communiquer. Les amoureux font aussi appel à la communication non verbale, aux symboles et aux cadeaux pour manifester l’amour caché dans le cœur, invisible aux regards extérieurs.
Il en va de même dans notre relation de foi et d’amour envers Dieu. Nous avons besoin de mots, de symboles et des réalités tangibles comme l’eau, le pain, le vin ou l’huile.
Dans la révélation biblique Dieu est appelé Père mais il a des sentiments maternels de tendresse et de miséricorde. L’hébreu de l’Ancien Testament trouve dans l’utérus maternel, « rahamin », qui frémit devant la souffrance des enfants, une image des sentiments de Dieu envers l’humanité dans la douleur. En Dieu il y a des sentiments propres à l’homme et à la femme, au père et à la mère, tout en restant au-delà de tout ce que nous connaissons. À proprement parler, en rigueur de termes, Dieu n’est ni père, ni mère, mais Esprit qui donne la vie.
Les mères donnent la vie. La Vierge Marie est appelée « notre mère » parce qu’elle nous donne Jésus. L’Église est appelée « notre Mère » parce qu’elle nous donne la Parole de Dieu et les sacrements de la vie divine. En réalité, la Vierge Marie et l’Église transmettent ce qu’elles reçoivent de Dieu : l’Esprit Saint. C’est l’Esprit Saint qui nous engendre à une vie nouvelle et qui nous fait renaître.
Jésus a bien déclaré à Nicodème : « En vérité, en vérité, je te le dis, à moins de naître d’en haut, nul ne peut voir le Royaume de Dieu » (Jn 3,3). Et comme Nicodème ne comprenait pas cette parole qu’il interprétait au sens matériel d’un retour au sein maternel, Jésus lui a précisé : « En vérité, en vérité, je te le dis, à moins de naître d’eau et d’Esprit, nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, ce qui est né de l’Esprit est esprit » (Jn 3, 5-6).
Naissance mystérieuse mais bien réelle : « Le vent souffle où il vaut et tu entends sa voix, mais tu ne sais pas d’où il vient ni où il va. Ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit. » (Jn 3,8).
Cette nouvelle naissance nous rappelle le don de Dieu aux fidèles annoncé dans le livre de l’Apocalypse : « Un caillou blanc portant gravé un nom nouveau que nul ne connaît, hormis celui qui le reçoit » (Ap 2, 17).
Ce nom nouveau reçu au baptême est bien « enfant de Dieu ».
Puissions-nous nous souvenir non seulement du jour anniversaire de notre naissance mais aussi du jour anniversaire de notre nouvelle naissance dans le baptême. Au jour de notre naissance, nous sommes nés de notre père et de notre mère. Au jour de notre nouvelle naissance, nous sommes renés du Père de Jésus et nous avons eu pour mère l’Église qui nous transmis la vie de l’Esprit Saint.
Nous sommes dans la cathédrale du diocèse, l’Église-mère du diocèse, signe de l’unité du peuple de Dieu. Dans la tradition ecclésiale, les ordinations épiscopales et presbytérales ont lieu à la cathédrale, c’est dans sa cathédrale que l’évêque célèbre la messe chrismale où sont bénies les saintes huiles pour tout le diocèse : huile de catéchumène, le Saint Chrême et huile pour l’onction des malades. C’est dans sa cathédrale que l’évêque promulgue ses orientations pastorales pour dynamiser la mission. La cathédrale manifeste la dimension maternelle de l’Église.
Les mères rassemblent les enfants. La cathédrale rassemble les fidèles venus de plusieurs villes du diocèse.
C’est curieux, le carreau-cathédrale est devenu le lieu du rassemblement à Saint-Denis. Il doit y avoir une plusieurs raisons pour cela. Ne faut-il pas y penser aussi à l’attrait spirituel et maternel de la cathédrale, Église mère ?
La Vierge Marie nous a été donnée pour mère spirituelle par Jésus lui-même. Elle nous accompagne de manière fidèle tout au long de notre vie, de la naissance à la mort, comme la Mère Église, depuis notre naissance dans les eaux baptismales jusqu’au jour de la mort, naissance au Ciel. Aussi prions-nous dans l’Ave Maria : « Prie pour nous, maintenant et à l’heure de notre mort ». L’heure de notre mort étant l’heure de la rencontre avec Dieu où nous ouvrons les yeux à la lumière de la gloire de Dieu.
C’est l’Esprit Saint qui donne la vie et qui accomplira cela, nous dit saint Paul : « Si l’Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité le Christ Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous » (Rm 8,11).
« À Celui dont la puissance agissant en nous est capable de faire bien au-delà, infiniment au-delà de tout ce que nous pouvons demander ou concevoir, à Lui la gloire, dans l’Église et le Christ Jésus, pour tous les âges et tous les siècles. Amen » (Ep 3,20-21).
29 mars 2023
L’Église, notre mère.
Conférence de carême 2023.
Cathédrale de Saint-Denis (La Réunion).
Fr. Manuel Rivero O.P.
« Femme, voici ton fils » (Jn 19, 26) , a dit Jésus à sa mère, Marie, sur le Calvaire, en voyant son disciple Jean. Les théologiens chrétiens ont interprété cette dernière parole de Jésus en croix, comme l’achèvement du mystère de la Rédemption de l’humanité, qui comprend le don et l’accueil de la Mère du Messie comme modèle et mère spirituelle des croyants.
Jésus a dit aussi à son disciple bien-aimé : Voici ta mère » (Jn 19,27). Jean, habité par la lumière de l’amour, a accueilli chez lui la mère de Jésus. « Chez lui » veut dire dans son âme et non seulement dans sa maison. Visiblement Joseph était déjà parti vers Dieu quand Jésus a expiré sur la croix ; autrement Marie aurait été confiée à son époux. Il n’est pas question non plus de frères et de sœurs de Jésus sur le Golgotha. Si la Vierge Marie avait eu d’autres enfants, Jésus leur aurait demandé de prendre soin de leur mère. L’accueil dont il est question ici dépasse l’hospitalité matérielle, bonne et nécessaire, pour conduire les disciples de Jésus vers la maternité spirituelle de Marie qui veillera par son intercession sur la foi et la croissance de l’Église, Corps du Christ, dont son fils Jésus-Christ en est la tête, et les baptisés ses membres.
À La Réunion, les catholiques aiment « Maman Marie », notre Mère du Ciel. Notre île brille comme une île mariale par sa foi et par sa prière. De nombreux pèlerinages témoignent de l’attachement et la proximité des fidèles envers la Mère de Dieu : pèlerinage de la Salette, de la Vierge Noire, de la Vierge au Parasol … Des grottes de Lourdes et des statues de la Vierge Marie marquent les routes et les chemins comme des invitations à des haltes d’élévation spirituelle dans la prière. Les mères veillent sur le fruit de leurs entrailles. La Vierge Marie demeure attentive aux besoins de ses enfants à La Réunion.
Les catholiques croient en un seul Dieu. Ils n’ont pas besoin d’une déesse. Marie n’est pas une déesse mais une créature, la plus grande des sauvés par la foi en son Fils Jésus. Les catholiques adorent le Fils de Dieu, Jésus. Ils vénèrent la Vierge Marie, la Mère de Dieu.
Loin de représenter un obstacle pour la foi en Jésus, comme le craignent quelques protestants qui critiquent la ferveur mariale, la dévotion envers la Vierge Marie garantit la véritable foi en Jésus, le Fils de Dieu fait homme, seul médiateur entre Dieu et les hommes, le seul Sauveur.
Il arrive que des sociologues s’étonnent de l’impact de la spiritualité mariale auprès des chrétiens qui ont subi la violence, l’emprisonnement, la pauvreté et toutes sortes de persécutions. Avec la Vierge Marie, ils ont gardé la foi au Christ.
Notre âme s’appelle « Marie »
C’est ainsi que l’âme, par la foi, peut devenir mère du Christ et elle reçoit le nom de la mère de Jésus « Marie ». Saint Ambroise de Milan (†397) enseigne ce mystère : « Lorsque cette âme commence à se convertir au Christ, elle s’appelle « Marie » : c’est-à-dire qu’elle reçoit le nom de celle qui a mis au monde le Christ ; elle est devenue une âme qui engendre le Christ de manière spirituelle ». Le chrétien devient mère du Seigneur. Le Christ Jésus va grandir en lui à l’image du bébé porté par la mère dans son sein et qui se développe de jour en jour, jour et nuit. Il s’agit d’accueillir le Christ Jésus comme Marie l’a fait à l’Annonciation. Selon la chair, il n’y a qu’une maternité divine, celle de Marie, « mais selon la foi, le Christ est le fruit de tous ».
Mère spirituelle des chrétiens, Mère de l’Église, la Vierge Marie, femme au regard pénétrant, active dans son amour, conduit au Christ comme elle l’a fait lors des noces de Cana : « Faites tout ce qu’il vous dira » (Jn 2,5).
Le père Marie-Joseph Lagrange (1855-1938), dominicain, fondateur de l’École biblique de Jérusalem notait dans son Journal spirituel au cours de son noviciat au couvent royal de Saint-Maximin : « La bienheureuse Vierge Marie a détruit dans sa personne toutes les hérésies : elle est Mère de Dieu, donc, le Fils de Dieu, Jésus-Christ, n’est qu’une seule Personne, et il a deux natures puisqu’il est aussi vraiment son Fils, né de sa substance ». Les hérésies font de Jésus un Dieu sans humanité ou un homme sans divinité. Marie conduit à l’unité du mystère de Jésus, « visage humain de Dieu et visage divin de l’homme » selon la belle expression du saint pape Jean-Paul II dans Ecclesia in America (n°47), le seul pape qui soit venu dans notre île et traversé l’allée centrale de cette cathédrale.
La conférence de ce soir a pour titre « L’Église, notre Mère ». J’ai choisi de commencer par l’évocation de la Vierge Marie comme Mère spirituelle des chrétiens car les titres attribués à la Vierge Marie ont d’abord concerné l’Église, notre Mère par la transmission de la Parole de Dieu et de la grâce pascale dans les sacrements.
Et si l’Église est appelée Mère, c’est grâce à l’Esprit Saint qui donne la vie, comme nous le disons dans le Credo de Nicée-Constantinople à la messe du dimanche : « Je crois en l’Esprit Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie » .
C’est pourquoi il y aura trois parties dans mon exposé : la Vierge Marie, notre Mère ; l’Église, notre Mère ; l’Esprit Saint qui donne la vie et qui fait renaître.
La Vierge Marie, Mère du Christ, Mère de l’Église, notre mère
C’est le saint pape Paul VI qui a tenu à vénérer la Vierge Marie sous le vocable de « Mère de l’Église » au cours du concile Vatican II, le 21 novembre 1964, lors du discours d’approbation de la Constitution dogmatique sur l’Église « Lumen Gentium », tout en ne faisant pas partie de celle-ci. De son côté, le Catéchisme de l’Église catholique a intégré officiellement dans la foi catholique ce vocable riche en signification théologique, même s’il n’a pas été le résultat d’un vote lors de ce concile (n°963).
Le saint pape Paul VI avait déclaré lors de la clôture du concile Vatican II le 8 décembre 1965 : « Alors que nous clôturons le concile œcuménique, nous honorons la Très Sainte Vierge Marie, Mère du Christ, et, par conséquent, (…) la Mère de Dieu et notre Mère spirituelle (…) c’est la femme, la vraie femme idéale et réelle (…) cette femme qui est tout à la fois notre humble sœur et notre céleste Mère et Reine ».
La foi de l’Église trouve sa naissance dans la Bible. La prière de l’Église manifeste aussi le projet de salut de Dieu pour l’humanité : « Lex orandi, lex credendi » (« La loi de la prière est la loi de la foi »). C’est pourquoi, il convient de faire appel à la liturgie de l’Église pour comprendre le mystère de la Vierge Marie. À l’Annonciation, la Vierge Marie est devenue la Mère du Fils de Dieu fait homme, qui recevra le nom de Jésus.
L’événement de l’Annonciation représente non seulement la nouveauté de l’Incarnation mais aussi le commencement de l’Église. La liturgie de cette fête appelée par certains Pères de l’Église « la fête de la racine », car cachée et fondatrice, exprime le mystère de l’accueil du Fils de Dieu « par la foi de Marie » et sa tendresse maternelle envers le corps de son fils Jésus (cf. Préface de la messe), tandis que la prière sur les offrandes met en lumière la naissance de l’Église, Corps du Christ : « L’Église n’oublie pas qu’elle a commencé le jour où ton Verbe s’est fait chair ».
Si Marie est mère de Jésus, elle est aussi la mère de l’Église. Étant la Mère de la Tête du Corps elle demeure aussi la Mère du reste du Corps, les membres unis au Christ par la foi et le baptême. S’il n’est pas possible de séparer la Tête du Corps ; il n’est pas possible non plus de séparer la maternité divine de Marie de sa maternité spirituelle envers le Corps de son Fils Jésus, l’Église.
Un théologien du XIIe siècle, Isaac de l’Étoile , moine cistercien, a su mettre en valeur l’union du Christ et de l’Église, la maternité de Marie envers le Christ et à l’égard de l’Église : « ʺCe que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare donc pas. Ce mystère est grand, je veux dire qu’il s’applique au Christ et à l’Église.ʺ Garde-toi bien de séparer la tête du corps ; n’empêche pas le Christ d’exister tout entier ; car le Christ n’existe nulle part tout entier sans l’Église, ni l’Église sans le Christ. Le Christ total, intégral, c’est la tête et le corps. »
Et dans un autre sermon sur l’Assomption, Isaac d’enseigner : « Ce Christ unique est le Fils d’un seul Dieu, dans le ciel et d’une seule mère sur la terre. Il y a beaucoup de fils, et il n’y a qu’un seul fils. Et, de même que la tête et le corps sont un seul fils et plusieurs fils, de même Marie et l’Église sont une seule mère et plusieurs mères, une seule vierge et plusieurs vierges. L’une et l’autre ont conçu du Saint-Esprit, sans attrait charnel (…). L’une a engendré, sans aucun péché, une tête pour le corps ; l’autre a fait naître, dans la rémission des péchés, un corps pour la tête. L’une et l’autre sont mères du Christ, mais aucune des deux ne l’enfante tout entier sans l’autre. Aussi c’est à juste titre que, dans les Écritures divinement inspirées, ce qui est dit en général de la vierge mère qu’est l’Église, s’applique en particulier à la Vierge Marie ; et ce qui est dit de la vierge mère qu’est Marie, en particulier, se comprend en général de la vierge mère qu’est l’Église.
De plus, chaque âme croyante est également, à sa manière propre, épouse du Verbe de Dieu, mère, fille et sœur du Christ, vierge et féconde. Ainsi donc c’est la Sagesse même de Dieu, le Verbe du Père, qui désigne à la fois l’Église au sens universel, Marie, dans un sens très spécial et chaque âme croyante en particulier.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « Je demeurerai dans l’héritage du Seigneur ». L’héritage du Seigneur, dans sa totalité, c’est l’Église, c’est tout spécialement Marie, et c’est l’âme de chaque croyant en particulier. En la demeure du sein de Marie, le Christ est resté neuf mois ; en la demeure de la foi de l’Église, il restera jusqu’à la fin du monde ; et dans la connaissance et l’amour du croyant, pour les siècles des siècles ».
Au XIIIe siècle, le grand théologien dominicain, saint Thomas d’Aquin voit dans les noces de Cana l’image de l’union mystique du Christ et de l’Église, union commencée à l’Annonciation : « Ces épousailles eurent leur commencement dans le sein de la Vierge, lorsque Dieu le Père unit la nature humaine à son Fils dans l’unité de la personne, en sorte que le lit nuptial de cette union fut le sein virginal … Ce mariage fut rendu public lorsque l’Église s’est unie au Verbe par la foi ».
Le Docteur Angélique s’inspire de la pensée de saint Augustin pour qui le sein de la Vierge Marie est une chambre nuptiale où s’unissent dans la personne du Verbe la nature divine et la nature humaine. Pour saint Augustin, le corps de Jésus s’unit à l’Église formant ainsi « le Christ total, Tête et Corps ».
L’Incarnation comporte une dimension ecclésiale. Marie a accueilli le Verbe au nom de l’humanité et pour l’humanité. Marie, nouvelle Ève, accomplit la prophétie du livre de la Genèse en écrasant la tête du serpent par sa foi (cf. Gn 3,15). Elle est aussi la femme de l’Apocalypse qui enfante une nouvelle humanité (cf. Ap 12).
La Constitution pastorale sur l’Église dans le monde de ce temps « Gaudium et spes » enseigne que « par son Incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme » (n°22,2). Par conséquent, la Vierge Marie est devenue aussi mère de cette humanité ce qui peut expliquer en partie la dévotion des croyants des religions non chrétiennes qui se rendent en pèlerinage dans les sanctuaires mariaux comme Lourdes ou Notre-Dame de la Garde à Marseille.
L’Église, notre mère
Le concile Vatican II dans sa constitution dogmatique sur l’Église « Lumen Gentium » (« Lumière des nations ») a choisi de ne pas présenter la Vierge Marie pour elle-même. Dans le chapitre VIIIe, Lumen Gentium met en lumière la grâce et la mission de la Vierge Marie, Mère de Dieu, « dans le mystère du Christ et de l’Église » : « La bienheureuse Vierge se trouve en intime union avec l’Église : de l’Église, selon l’enseignement de saint Ambroise, la Mère de Dieu est le modèle dans l’ordre de la foi, de la charité et de la parfaite union au Christ » (n°63). Le concile Vatican II relie la maternité divine de la Vierge Marie à la maternité de l’Église. Jésus, le Fils de Dieu, a été engendré en Marie par l’Esprit Saint. Ceux qui croient en Jésus sont engendrés aussi par l’Esprit Saint pour devenir fils de Dieu en union avec le Fils unique engendré du Père. Le Prologue de saint Jean révèle cette nouvelle naissance par la foi au Verbe : « À tous ceux qui l’ont accueilli, le Verbe a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu » (Jn 1,12). Marie qui occupe la première place dans l’Église a été enveloppé par l’Esprit Saint donnant naissance au « premier-né parmi une multitude de frères » (Rm 8,29). Cette multitude de frères c’est l’Église : « L’Église devient à son tour une Mère, grâce à la parole de Dieu qu’elle reçoit dans la foi : par la prédication et par le baptême elle engendre, à une vie nouvelle et immortelle, des fils conçus du Saint-Esprit et nés de Dieu » (Lumen Gentium n° 64).
La maternité de l’Église grandit par la prédication de l’Évangile. Les prédicateurs, les catéchistes et tous les témoins du Seigneur actualisent par la parole et par l’exemple le mystère de la charité du Christ, présent et agissant, ici et maintenant, dans l’histoire de l’humanité. L’Église ne se développe pas par le prosélytisme mais par l’attraction de Jésus glorifié qui touche les cœurs par l’Esprit Saint, Amour : « élevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi » (Jn 12,32). L’Église est mère à la manière de la Vierge Marie, par la foi, le service dans l’humilité, la proclamation des merveilles de Dieu et la prière.
L’Esprit Saint, qui a fait jaillir la vie du Fils de Dieu dans le sein de Marie, fait jaillir la grâce divine dans le sein de l’Église au baptême. L’eau baptismale devient le liquide amniotique qui donne la vie de Dieu par l’action de l’Esprit Saint.
L’Esprit Saint a formé le corps de Jésus en Marie. Aujourd’hui l’Esprit Saint forme le Corps du Christ, l’Église. L’Esprit Saint forme le Corps et le sang de Jésus dans l’eucharistie au moment miraculeux de l’épiclèse : « Toi qui es vraiment saint, sanctifie ces offrandes en répandant sur elles ton Esprit ; qu’elles deviennent pour nous le Corps et le Sang de Jésus, le Christ, notre Seigneur » (Prière eucharistique n°2). Former le Corps du Christ est la spécialité de l’Esprit Saint. Former le Corps du Christ devient la spécialité de l’Église par l’Esprit Saint. L’Esprit Saint formera aussi nos corps de gloire à la résurrection finale.
Le pape François a donné un bel enseignement sur « l’Église, mère des chrétiens » citant la symbolique baptismale : « Si vous allez au baptistère de Saint-Jean-de-Latran, à la cathédrale du pape, il y a à l’intérieur une inscription latine qui dit plus ou moins ceci : « Ici naît un peuple d’origine divine, engendré par l’Esprit Saint qui féconde ces eaux ; notre mère l’Église met au monde ses enfants dans ces flots ». (11 septembre 2013, audience générale).
Saint Paul, célèbre le Christ « Tête du Corps, c’est-à-dire de l’Église » (Col 1,18). Dans son épître aux Colossiens, l’apôtre des nations appelle l’Église « Corps du Christ » (Col 1,24). L’image du corps humain avec la tête et ses membres correspond au Christ total, qui rassemble dans l’unité le Christ, sa Tête, et les chrétiens, ses membres. Dans son épître aux Corinthiens (1 Cor 12,12.27), saint Paul explique la dépendance des membres du même corps avec ses différentes fonctions, image qui s’applique à l’Église, « le Christ répandu et communiqué », selon la belle formule de Bossuet, où chaque baptisé participe à la vie du Fils de Dieu en tant que membre vivant de son Corps.
C’est une erreur que d’imaginer l’Église comme existant sans le Christ. L’Église, c’est nous tous et non seulement les évêques ou les prêtres. Quand des chrétiens critiquent l’Église ils se critiquent eux-mêmes. Le Catéchisme de l’Église catholique rappelle « l’esprit filial à l’égard de l’Église » (n°2040).
L’Église est appelée « notre mère » (cf. LG n°6 ; Ga 4,26 ; cf. Ap 12,17) parce qu’elle nourrit ses enfants du pain de la Parole de Dieu et de l’eucharistie. L’Église prend soin de ses enfants malades dans le sacrement de l’onction des malades. Elle éduque par la catéchèse. L’Église nous accompagne dans notre croissance spirituelle à travers les étapes parfois difficiles, voire tourmentés de notre existence. Mère fidèle, elle est toujours là, heureuse d’accueillir ses enfants quand ils reviennent à la maison. L’Église travaille pour la paix dans le monde à travers la doctrine sociale de l’Église et la diplomatie vaticane. L’Église divinise l’amour humain dans le sacrement du mariage. L’Église se construit et se développe à travers les sacrements de la Confirmation et des ordinations diaconales, presbytérales et épiscopales.
C’est l’Église, par son rayonnement universel du mystère du Christ Sauveur, qui évangélise et convertit. Si chaque chrétien est appelé à témoigner de sa foi et à favoriser la conversion joyeuse des hommes, c’est en réalité le témoignage et la prédication qui convertit. On raconte cet aveu d’un vieux prêtre : « Jeune prêtre j’aspirais à convertir le monde ; au bout de vingt ans, je me suis dit qu’arriver à convertir quelques personnes ce serait bien ; maintenant après tant d’années de sacerdoce, je me dis : si j’arrive à me convertir moi-même ce sera déjà très bien ».
Au cours des premiers siècles de l’histoire de l’Église, les grands théologiens ont été africains. Les Pères de l’Église ont mis en lumière la maternité spirituelle de la Vierge Marie envers les chrétiens. C’est ainsi que saint Cyprien, évêque de Carthage, martyr en l’an 258, déclarait : « On ne peut pas avoir Dieu pour père quand on n’a pas l’Église pour mère ».
Plus tard, saint Augustin (+430) prêchera à ses fidèles : « Nul ne peut compter sur la grâce de Dieu son Père, s’il méprise l’Église sa mère ».
Au VIIIe siècle, en Angleterre, saint Bède le Vénérable, écrira : « Toujours à nouveau l’Église engendre le Christ, chaque jour l’Église engendre l’Église ». Par le sacrement du baptême, par la prédication et le témoignage, l’Église donne naissance au Christ dans le cœur des hommes. En engendrant le Christ, elle s’engendre elle-même.
L’Esprit Saint qui donne la vie
Dieu est Esprit, il n’a pas de sexe. Pour nous adresser à Dieu qui est au-delà de tout, au-delà de tous nos mots et concepts, nous utilisons des exemples, des métaphores et des analogies. Les amoureux connaissent bien les limites du langage pour partager les émotions du cœur qui dépassent les déclarations d’amour. Pourtant les mots demeurent une médiation nécessaire pour communiquer. Les amoureux font aussi appel à la communication non verbale, aux symboles et aux cadeaux pour manifester l’amour caché dans le cœur, invisible aux regards extérieurs.
Il en va de même dans notre relation de foi et d’amour envers Dieu. Nous avons besoin de mots, de symboles et des réalités tangibles comme l’eau, le pain, le vin ou l’huile.
Dans la révélation biblique Dieu est appelé Père mais il a des sentiments maternels de tendresse et de miséricorde. L’hébreu de l’Ancien Testament trouve dans l’utérus maternel, « rahamin », qui frémit devant la souffrance des enfants, une image des sentiments de Dieu envers l’humanité dans la douleur. En Dieu il y a des sentiments propres à l’homme et à la femme, au père et à la mère, tout en restant au-delà de tout ce que nous connaissons. À proprement parler, en rigueur de termes, Dieu n’est ni père, ni mère, mais Esprit qui donne la vie.
Les mères donnent la vie. La Vierge Marie est appelée « notre mère » parce qu’elle nous donne Jésus. L’Église est appelée « notre Mère » parce qu’elle nous donne la Parole de Dieu et les sacrements de la vie divine. En réalité, la Vierge Marie et l’Église transmettent ce qu’elles reçoivent de Dieu : l’Esprit Saint. C’est l’Esprit Saint qui nous engendre à une vie nouvelle et qui nous fait renaître.
Jésus a bien déclaré à Nicodème : « En vérité, en vérité, je te le dis, à moins de naître d’en haut, nul ne peut voir le Royaume de Dieu » (Jn 3,3). Et comme Nicodème ne comprenait pas cette parole qu’il interprétait au sens matériel d’un retour au sein maternel, Jésus lui a précisé : « En vérité, en vérité, je te le dis, à moins de naître d’eau et d’Esprit, nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, ce qui est né de l’Esprit est esprit » (Jn 3, 5-6).
Naissance mystérieuse mais bien réelle : « Le vent souffle où il vaut et tu entends sa voix, mais tu ne sais pas d’où il vient ni où il va. Ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit. » (Jn 3,8).
Cette nouvelle naissance nous rappelle le don de Dieu aux fidèles annoncé dans le livre de l’Apocalypse : « Un caillou blanc portant gravé un nom nouveau que nul ne connaît, hormis celui qui le reçoit » (Ap 2, 17).
Ce nom nouveau reçu au baptême est bien « enfant de Dieu ».
Puissions-nous nous souvenir non seulement du jour anniversaire de notre naissance mais aussi du jour anniversaire de notre nouvelle naissance dans le baptême. Au jour de notre naissance, nous sommes nés de notre père et de notre mère. Au jour de notre nouvelle naissance, nous sommes renés du Père de Jésus et nous avons eu pour mère l’Église qui nous transmis la vie de l’Esprit Saint.
Nous sommes dans la cathédrale du diocèse, l’Église-mère du diocèse, signe de l’unité du peuple de Dieu. Dans la tradition ecclésiale, les ordinations épiscopales et presbytérales ont lieu à la cathédrale, c’est dans sa cathédrale que l’évêque célèbre la messe chrismale où sont bénies les saintes huiles pour tout le diocèse : huile de catéchumène, le Saint Chrême et huile pour l’onction des malades. C’est dans sa cathédrale que l’évêque promulgue ses orientations pastorales pour dynamiser la mission. La cathédrale manifeste la dimension maternelle de l’Église.
Les mères rassemblent les enfants. La cathédrale rassemble les fidèles venus de plusieurs villes du diocèse.
C’est curieux, le carreau-cathédrale est devenu le lieu du rassemblement à Saint-Denis. Il doit y avoir une plusieurs raisons pour cela. Ne faut-il pas y penser aussi à l’attrait spirituel et maternel de la cathédrale, Église mère ?
La Vierge Marie nous a été donnée pour mère spirituelle par Jésus lui-même. Elle nous accompagne de manière fidèle tout au long de notre vie, de la naissance à la mort, comme la Mère Église, depuis notre naissance dans les eaux baptismales jusqu’au jour de la mort, naissance au Ciel. Aussi prions-nous dans l’Ave Maria : « Prie pour nous, maintenant et à l’heure de notre mort ». L’heure de notre mort étant l’heure de la rencontre avec Dieu où nous ouvrons les yeux à la lumière de la gloire de Dieu.
C’est l’Esprit Saint qui donne la vie et qui accomplira cela, nous dit saint Paul : « Si l’Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité le Christ Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous » (Rm 8,11).
« À Celui dont la puissance agissant en nous est capable de faire bien au-delà, infiniment au-delà de tout ce que nous pouvons demander ou concevoir, à Lui la gloire, dans l’Église et le Christ Jésus, pour tous les âges et tous les siècles. Amen » (Ep 3,20-21).
25 mars 2023
L’Annonciation du Seigneur
« Ne crains pas, Marie, car tu as trouvé grâce devant Dieu. Et voici que tu concevras et enfanteras un fils ; tu l’appelleras du nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé fils du Très-Haut ; le Seigneur lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. » (Luc 1, 30-33)
Dieu avait choisi Marie pour être la Mère du Messie. Si élevé que fût le titre de Fils du Très-Haut, ce pouvait être une marque d’honneur décernée au Messie comme fils adoptif de Dieu. Ce que Marie voyait très clairement, c’est que le Messie qui naîtrait d’elle serait le fils de David. Faudrait-il donc qu’il fût le fils de Joseph, son fiancé, qui précisément appartenait à la maison de David ? Le sens humain, qui s’estime volontiers le bon sens, aurait dit : Pourquoi non ? C’est donc le cours des choses. – Mais le cours des choses avait procédé autrement dès les jours de l’éternité, et le Fils de Dieu ne devait pas avoir d’autre père que Dieu le Père.
(Marie-Joseph Lagrange, o. p. dans L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège, 2017, p. 47-48)
Photo : Vierge de l’Annonciation (détail) – Jean Bourdichon (1503-1508)
21 mars 2023
« Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau ! dit le Seigneur. Même si vous n’avez pas d’argent, venez et buvez avec joie. » (Isaïe 55, 1)
« La grâce ne coule pas comme un torrent qui ravage, mais comme une eau tranquille qui se répand dans des canaux disposés avec art : les plantes les plus rapprochées du réservoir sont arrosées avec plus d’abondance : ainsi importe-t-il de se tenir, le plus possible, en communication avec ceux que Dieu a chargés de nous distribuer la grâce avec leurs paroles, les sacrements et les prières. »
(Marie-Joseph Lagrange, o. p. Journal spirituel, p. 108.)
20 mars 2023
Solennité de saint Joseph
« Très bon St Joseph, la Très Sainte Vierge Marie, votre Épouse Immaculée, nous a placés sous votre patronage ; daignez nous protéger, nous apprendre l’humilité, la pauvreté, la pureté, l’obéissance, la prière continuelle. Enflammez nos cœurs du très ardent amour que vous aviez pour Jésus et Marie très pure. Je vous prie aussi pour l’Église, l’ordre de St Dominique, nos familles de la terre ; daignez aussi à l’heure de notre mort nous recevoir et nous conduire aux pieds de Jésus et de Marie. »
« Saint Joseph. Priez pour nous. »
(Marie-Joseph Lagrange, o. p. Journal spirituel, Cerf, 2014, p. 131.)
18 mars 2023
Sainte Marie-Madeleine, disciple-missionnaire de Jésus
Homélie pour la messe votive du samedi 11 mars 2023.
Vénération des reliques de sainte Marie-Madeleine au monastère des moniales dominicaines de Saint-Denis de La Réunion (France).
Fr. Manuel Rivero O.P.
Introduction à la messe :
En ce jour où nous vénérons les reliques de sainte Marie-Madeleine arrivées de la Sainte-Baume, allons à son cœur pour regarder Jésus avec ses yeux et son cœur de disciple-missionnaire : cœur contemplatif assoiffé de l’enseignement du Maître, cœur purifié de sept démons, cœur généreux dans le service de la communauté apostolique, cœur fidèle sur le Calvaire, cœur en deuil près du tombeau, cœur brûlant dans le jardin de la Résurrection. Regardons Marie-Madeleine avec les yeux et le cœur de Jésus qui l’appelle par son prénom et l’envoie comme apôtre des apôtres : « Va trouver mes frères et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu » (Jn 20, 17).
Homélie
Nous ne sommes pas sauvés par l’accomplissement de la Loi mais par la foi en Jésus. Marie-Madeleine a fait l’expérience en son corps et en son âme de ce salut. Aussi est-elle devenue témoin de la miséricorde divine.
La Famille dominicaine aime sainte Marie-Madeleine et plus particulièrement la Province dominicaine de Toulouse qui l’a pour patronne.
Dieu a appelé saint Dominique pour prêcher la grâce : « Predicátor grátiae », « prédicateur de la grâce », chantent les frères prêcheurs à l’office des Complies.
Je voudrais citer ici cinq grandes figures dominicaines qui nous aident à mieux comprendre, chacun selon son charisme, la vocation et la mission de sainte Marie-Madeleine : saint Thomas d’Aquin, le théologien ; Fr. Angelico, l’artiste ; le père Lacordaire, prédicateur à Notre-Dame de Paris ; le père Lataste, apôtre des prisons et le père Lagrange, exégète, fondateur de l’École pratique d’études bibliques de Jérusalem.
Saint Thomas d’Aquin (+1274) : « Nouvelle Ève » et « apôtres des apôtres ».
Le docteur Angélique présente sainte Marie-Madeleine comme la « nouvelle Ève » et « l’apôtre des apôtres ». Si, par son manque de foi, Ève avait été cause de malheur et de mort, sainte Marie-Madeleine a annoncé la bonne nouvelle de la Résurrection aux apôtres : « Il faut ici noter le triple privilège qui fut octroyé à Madeleine. D’abord un privilège prophétique, car elle a mérité de voir les anges ; le prophète, en effet, est l’intermédiaire entre les anges et le peuple. Ensuite, elle est au-dessus des anges, du fait qu’elle voit le Christ sur lequel les anges désirent se pencher. Enfin elle a reçu un rôle apostolique ; bien plus, elle est devenue Apôtre des Apôtres en ceci qu’il lui fut confié d’annoncer aux disciples la Résurrection du Seigneur pour que, de même qu’une femme apporta au premier homme des paroles de mort, de même une femme annonce la première à des hommes les paroles de vie[1] ».
Les larmes de sainte Marie-Madeleine symbolisaient son amour de la vérité et elles ont lavé ses péchés[2]. Son amour ardent pour Jésus remplace le froid mortel du péché[3]. La miséricorde divine interdit à l’homme le désespoir[4].
Fra Angelico (1455).
Le patron des artistes apporte sa lumière non seulement dans les couleurs éclatantes de ses tableaux et de ses fresques mais aussi dans sa vision théologique. Homme de prière contemplative, Fra Angelico a peint la Vierge Marie sur le Calvaire soutenue par les bras de Marie-Madeleine qui à genoux l’étreint pour qu’elle demeure « debout près de la croix, seule au plus haut de la douleur » comme le chante le Stabat Mater.
Le père Henri-Dominique Lacordaire (+1861).
Le prédicateur de Notre-Dame de Paris a consacré un magnifique opuscule à sainte Marie-Madeleine, si aimée des Provençaux, à Saint-Maximin et à la Sainte-Baume. À ses yeux, Marie-Madeleine resplendit dans l’Évangile et dans l’Église comme l’amie de Jésus, citée la première parmi les femmes qui accompagnaient la communauté apostolique (cf. Lc 8, 1s) et parmi les femmes qui se sont rendues au tombeau le matin de Pâques : « Ressuscité le matin, le premier jour de la semaine, il apparut d’abord à Marie de Magdala » (Mc 16,9).
Celui qui a restauré l’Ordre des prêcheurs en France après la Révolution met en lumière la source de l’amitié qui a relié Jésus et Marie-Madeleine : « Fondée sur la beauté de l’âme, l’amitié naît dans des régions plus libres, plus pures et plus profondes que toute autre affection[5] ».
Jésus ressuscité et Marie de Magdala n’ont pas eu besoin de grands discours pour se comprendre. Jésus l’a appelé par son prénom et elle l’a reconnu comme son « Maître ». Et le père Lacordaire de commenter : « Plus les âmes s’aiment, plus leur langage est court » ; les amis représentent « deux existences libres de se séparer toujours et ne se séparant jamais » ; « C’est donc une rare et divine chose que l’amitié, le signe assuré d’une grande âme et la plus haute des récompenses visibles attachées à la vertu ».
Le bienheureux père Jean-Joseph Lataste (+1869).
Sainte Marie-Madeleine a joué un grand rôle dans la mission de l’apôtre des prisons. Ses prédications sont nées en embrassant les reliques de sainte Marie-Madeleine dans le couvent royal de Saint-Maximin (Var) : « Baisant cette tête autrefois avilie, aujourd’hui sacrée, je me disais : Il est donc vrai que les plus grands pécheurs, les plus grandes pécheresses ont en eux ce qui fait les plus grands saints ?[6] » ; « Pénitentes ou immaculées, Jésus ne pèse les âmes, quelles qu’elles soient, qu’au poids de leur amour[7] ».
Sainte Marie-Madeleine, témoin et prêcheresse de la divine miséricorde, a inspiré l’œuvre du père Lataste qui a réuni, de manière nouvelle et prophétique, dans la même congrégation religieuse des sœurs dominicaines de Béthanie, des femmes ferventes et des femmes condamnées par la justice. Il écrivait : « Je ne sais pas si là-haut, au grand jour des révélations dernières, nos yeux étonnés ne contempleront pas Madeleine, l’ancienne pécheresse occupant auprès du Sauveur une place au-dessus de toutes les autres femmes, la première femme après la Vierge immaculée[8] ».
Disciple-missionnaire de Jésus le Christ, l’exemple de Marie-Madeleine soutient aujourd’hui des personnes détenues ou en souffrance. Des aumôniers de prison l’invoquent à la suite du père Lataste dans leur ministère de la divine miséricorde. C’est l’une des caractéristiques originales de la vie dominicaine en France que de compter dans un grand nombre de couvents sur des frères aumôniers de prison inspirés par la sainteté de sainte Marie-Madeleine et du père Lataste.
Le père Lagrange (+1938), exégète.
Le père Marie-Joseph Lagrange O.P., fondateur de l’École biblique de Jérusalem, était aussi marquée par la figure de sainte Marie-Madeleine. C’est pourquoi il enfouit le 5 juin 1891 une médaille de cette sainte dans les fondations de l’École. Il voulut orienter ainsi le travail de l’exégèse biblique dans le sens de la contemplation et de l’apostolat pour le salut des âmes.
Dans son Journal spirituel, le père Lagrange cite à plusieurs reprises sainte Marie-Madeleine : « Permettez-moi, ô Jésus, de me tenir constamment au pied de la Croix avec votre Mère Immaculée, sainte Marie-Madeleine et saint Jean[9] » ; « me considérer auprès de mes frères comme sainte Marie-Madeleine aux pieds de Marie Immaculée[10] ».
Tout au long de sa vie dominicaine, le père Lagrange s’est évertué à défendre l’honneur de l’Église et à promouvoir la vérité évangélique qui rend libre.
Ses commentaires bibliques scientifiques ont toujours eu pour finalité le salut des âmes par la foi. Aussi achève-t-il son commentaire sur la femme pécheresse chez un Pharisien en le reliant au « mot qui vient sur les lèvres du prêtre après l’absolution sacramentelle[11] » : « Ta foi t’a sauvée ; va en paix » (Lc 7,50).
[1] Saint Thomas d’Aquin, Commentaire à l’Évangile selon saint Jean, n° 2519, sur Jn 20, 17 : « Ut sicut mulier viro primo nuntiavit verba mortis, ita et mulier primo nuntiaret verba vitae ».
[2] Cf. Saint Thomas d’Aquin, Commentaire à l’Évangile selon saint Jean, n° 2493.
[3] Cf. Catena aurea, In Io. XX, 11-18. Saint Grégoire (homélie 25 sur l’Évangile).
[4] Catena aurea. In Io 20, 11-18. Commentaire de Bède.
[5] Henri Lacordaire, Sainte Marie-Madeleine, Grenoble, éditions Jérôme Million. 1998. P. 27.
[6] Monique Longueira, Prier 15 jours avec le père Jean-Joseph Lataste, dominicain, apôtre des prisons, Nouvelle Cité 2012. P.35. Sermon 95.
[7] Monique Longueira, Prier 15 jours avec le père Jean-Joseph Lataste, dominicain, apôtre des prisons, Nouvelle Cité 2012. P. 36. Les Réhabilitées.
[8] Monique Longueira, Prier 15 jours avec le père Jean-Joseph Lataste, dominicain, apôtre des prisons, Nouvelle Cité 2012. P. 42. Sermon 95.
[9] Marie-Joseph Lagrange, des frères prêcheurs, Journal spirituel 1879-1932, Avant-propos de Fr. Manuel Rivero O.P., Paris, Cerf, 2014. P. 58. 7 mars 1880.
[10] Marie-Joseph Lagrange, des frères prêcheurs, Journal spirituel 1879-1932, Avant-propos de Fr. Manuel Rivero O.P., Paris, Cerf, 2014. P. 63. 3 avril 1880.
[11] Marie-Joseph Lagrange, Évangile selon saint Luc, Paris, J. Gabalda, éditeur, 1927.P. 233.
17 mars 2023
Chema, Écoute
« Le maître est à l’intérieur : que de fois n’ai-je pas reconnu la supériorité de ce qu’il enseigne sur ce qu’on apprend, et encore [sur] ce qu’on voit dans les livres. C’est lui qui l’enseigne : il faut l’écouter, il ne faut pas désespérer d’avance d’entendre sa voix ; la science qu’il donne est sûre, profonde, savoureuse, c’est la Sagesse. ô bon Jésus, ô ma Mère Immaculée. »
(Marie-Joseph Lagrange, o. p. Journal spirituel, Cerf, 2014, p. 120.)
15 mars 2022
Le dimanche 12 mars, à 19h45, comme annoncé, le Fr. Antoine-Marie avait préparé le chapelet pour la glorification du serviteur de Dieu le Fr. Marie-Joseph Lagrange, o. p., à l’occasion de 85e anniversaire de son retour vers le Père.
Un beau moment de prière.
Chapelet pour la glorification du serviteur de Dieu,
Le Père Marie-Joseph LAGRANGE, o.p.
Bourg-en-Bresse 1855 Saint Maximin 1938
Couvent des Dominicains de Nice avec Fr. Charles Moïse, o. p.
Dimanche 12 mars 2023
L’Association des amis du père Lagrange a pour but de faire connaître sa vie et son œuvre en vue de son procès de Béatification. Le Frère Massimo MANCINI étant le postulateur de sa cause et le Frère Manuel RIVERO est le vice-postulateur.
Dominicain, Fondateur de l’École biblique de Jérusalem, le père LAGRANGE serviteur passionné de la Parole de Dieu, a voué son existence à l’étude scientifique de la bible dans l’harmonie évangélique de la foi et de la raison afin de sauver les âmes perturbées par la critique scientifique.
Nous avons fêté le 10 mars la 85ème année de son retour au Père.
Son journal spirituel reflète la présence permanente de la Vierge Marie dans son esprit, dans sa prière, dans toute son existence.
Le Père LAGRANGE a témoigné de son amour envers Jésus et la Vierge Marie, dans une attitude de foi et d’abandon à la Providence divine.
Prions ensemble avec le Père LAGRANGE pour qu’il nous obtienne les grâces dont nous avons besoin.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen
Je crois en Dieu… Notre Père
En l’honneur du Père à qui tu as dit oui, pour la grâce de la Foi
Je vous salue Marie…
En l’honneur du Fils que tu as porté dans ton sein, pour la grâce de l’Espérance
Je vous salue Marie…
En l’honneur de l’Esprit Saint, pour la grâce de la Charité
Je vous salue Marie…
1er Mystère Lumineux : Le Baptême
Matthieu 3,14 : « C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi » dit Jean le Baptiste
Marie-Joseph LAGRANGE : Les saints reconnaissent plus facilement leurs fautes que les grands pécheurs
Intercession :
Par l’intercession du Père LAGRANGE prions pour ceux qui se préparent au baptême et pour ceux qui redécouvrent la grâce de leur baptême.
Notre Père, 10 je vous salue Marie… Gloire au Père, …
TOUS :
O mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer et conduisez au ciel toutes les âmes et surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde
O Marie conçue sans péché TOUS : priez pour nous qui avons recours à vous !
2ème Mystère Lumineux : Les Noces de Cana
Jean 2,4 : « Femme que me veux-tu, mon heure n’est pas encore venue »
Marie-Joseph LAGRANGE – Connaisseur de la langue araméenne et de la culture arabe- traduit ainsi « Laissez-moi faire, tout ira bien »
Intercession :
Avec le Père LAGRANGE croyons fermement à l’intercession maternelle de la Vierge Marie dans tous nos besoins
Notre Père, 10 je vous salue Marie… Gloire au Père, …
TOUS :
O mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer et conduisez au ciel toutes les âmes et surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde
O Marie conçue sans péché TOUS : priez pour nous qui avons recours à vous !
3ème Mystère Lumineux : L’Annonce du Royaume
Luc 4,18 « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres »
Marie-Joseph LAGRANGE : L’Esprit qui est descendu sur Jésus lors du baptême le meut de l’intérieur pour proclamer le temps du salut aux pauvres et aux opprimés
Intercession :
Par l’intercession du Père LAGRANGE prions pour que la Parole de Dieu soit annoncée dans la lumière de l’Esprit Saint et prions pour la conversion des cœurs ainsi que pour la Paix dans le monde
Notre Père, 10 je vous salue Marie… Gloire au Père, …
TOUS :
O mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer et conduisez au ciel toutes les âmes et surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde
O Marie conçue sans péché TOUS : priez pour nous qui avons recours à vous !
4ème Mystère Lumineux : La Transfiguration
Luc 2,34 « Prenant avec lui Pierre, Jacques et Jean, Jésus gravit la montagne pour prier »
Luc précise que Jésus a dévoilé la lumière de sa divinité pendant qu’il priait. Pour le Père LAGRANGE, la prière était lumière et repos dans les épreuves
Intercession :
Par l’intercession du Père LAGRANGE demandons la grâce de la Contemplation et la foi
Notre Père, 10 je vous salue Marie… Gloire au Père, …
TOUS :
O mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer et conduisez au ciel toutes les âmes et surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde
O Marie conçue sans péché TOUS : priez pour nous qui avons recours à vous !
5ème Mystère Lumineux : L’Eucharistie
Luc 22,48 : « « Allez nous préparer la Pâque, que nous la mangions »
Marie-Joseph LAGRANGE : les disciples ont bien préparé un repas pascal qui a reçu de Jésus une signification nouvelle par sa mort sur la croix, à l’image de l’agneau pascal, il est la victime sacrée qui sauve l’humanité.
Intercession :
Par l’intercession du Père LAGRANGE prions pour ceux qui sont éloignés du sacrement de l’Eucharistie
Notre Père, 10 je vous salue Marie… Gloire au Père, …
TOUS :
O mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer et conduisez au ciel toutes les âmes et surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde
O Marie conçue sans péché TOUS : priez pour nous qui avons recours à vous
Apparition de l’ange aux enfants de Fatima.
Il dit : « Ne craignez pas, je suis l’ange de la paix. Priez avec moi :
« Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je vous aime. Je vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas et ne vous aiment pas. »
Notre Dame du Très Saint Rosaire Priez pour nous
Notre Dame de la Paix Priez pour nous
Saint Joseph Priez pour nous
Saint Dominique Priez pour nous
Sainte Catherine de Sienne Priez pour nous
Saints et saintes de l’Ordre des Prêcheurs Priez pour nous
Père Marie-Joseph LAGRANGE, serviteur de Dieu Priez pour nous
Nos saints anges gardiens Veillez sur nous
Fr. Charles Moïse, o. p. : Le Seigneur soit avec vous… (et bénédiction)
15 mars 2023
Pour le 85e anniversaire du retour du Père de Marie-Joseph Lagrange, o. p.
Le 10 mars dernier, au couvent des Dominicains de Nice, la messe de midi était célébrée, par le Fr. Manuel-Marie, o. p. pour le 85e anniversaire du retour au Père de Marie-Joseph Lagrange, o.p. Cette messe était animée par le Fr. Antoine-Marie, en communion avec la messe célébrée par Fr. Manuel Rivero, o.p. à La Réunion dont vous avez eu les échos précédemment.
L’homélie de Fr. Manuel-Marie a bien évoqué la vie du serviteur de Dieu, passionné pour l’étude la Bible, son œuvre immense, sa fidélité dans les épreuves, et sa foi rayonnante.
À la fin de la messe, les prêtres et l’assemblée ont prié ensemble la prière d’intercession pour la glorification du P. Lagrange suivie du Salve Regina.
15 mars 2023
Il domenicano Marie-Joseph Lagrange
Dialogo con chi è fuori
2014-11-29 L’Osservatore Romano
par Cristiana Dobner
Paolo VI nel 1974 alla Pontificia Commissione Biblica parlò di “un gran maestro dell’esegesi, un uomo nel quale hanno brillato in modo eccezionale la sagacità critica, la fede e l’attaccamento alla Chiesa: vogliamo dire il Padre Lagrange”. A sua volta Giovanni Paolo II, il 31 ottobre 1992 in un discorso ai membri dell’Accademia Pontificia delle Scienze ha definito l’opera in campo biblico del padre domenicano “l’opera di un pioniere”. Continuando a delinearne l’epoca affermò: “Certuni, preoccupati di difendere la fede, pensarono che si dovessero rigettare conclusioni storiche seriamente fondate. Fu quella una decisione affrettata e infelice.”
Travagliata e insieme solare fu infatti la vita del domenicano che aprì nuove prospettive nello studio della Sacra Scrittura. La sua produzione scientifica lascia stupefatti: quattordici volumi nella collana Études bibliques, altri tredici volumi meno poderosi ma non meno importanti, millecinquecento recensioni di studi biblici, duecentosettanta articoli. In totale sedicimila pagine di argomento biblico. In vista del suo processo di beatificazione tutti gli scritti sono stati individuati e riordinati.
Egli seppe riconciliare, come dimostrò Jean Guitton, scienza e fede. Nella biografia più autorevole, scritta dal confratello Bernard Montagnes, giustamente padre Lagrange è considerato una figura gigantesca di studioso, ora però gli si può affiancare quella altrettanto gigantesca dell’uomo di Dio, grazie alla stampa nei tipi di Journal Spirituel (Parigi, Cerf, 2014, pagine 522, euro 29). Un tomo imponente, che si apre con il primo quaderno (1879-1895) e si chiude con le ultime note nel luglio 1932.
Il padre maestro, durante il noviziato a Saint-Maximin, aveva chiesto al giovane domenicano Marie-Joseph di tenere un diario spirituale per poter distinguere le sue emozioni e i suoi stati d’animo, per comprendere l’azione di Dio nella sua anima. Si scopre così il suo volto più personale, inedito e riservato, il lavorio dello Spirito e l’accettazione di ogni avvenimento da parte di una persona sensibilissima e rivolta costantemente a Dio. Un censore teologo gesuita scrisse: “Dopo san Girolamo, la Chiesa non ha conosciuto un gigante simile nell’interpretazione della Sacra Scrittura. Tanto nell’uno che nell’altro, vi è lo stesso amore di Dio, di Cristo, della Chiesa, delle anime; la stessa attenzione per la Tradizione e per il dialogo con chi si trova al di fuori; il medesimo ardore per il lavoro e per la pubblicazione.”
Traduction
Le Journal spirituel du dominicain Marie-Joseph Lagrange par Cristiana Dobner
L’Osservatore Romano, 29 novembre 2014
Paul VI en 1974 à la Commission biblique parla d’ « un grand maître de l’exégèse, un homme dans lequel ont brillé de manière exceptionnelle la sagacité critique, la foi et l’attachement à l’Église : nous voulons dire le Père Lagrange. » À son tour Jean-Paul II, le 31 octobre 1992, dans un discours aux membres de l’Académie pontificale des sciences a défini l’œuvre dans le domaine biblique du père dominicain « l’œuvre d’un pionnier ». Continuant à en brosser le tableau de l’époque, il affirma : « Certains, préoccupés de défendre la foi, pensèrent que l’on devrait rejeter les conclusions historiques sérieusement fondées. Cela fut une décision hâtive et malheureuse. »
Tourmentée et en même temps éclatante fut en effet la vie du dominicain qui ouvrit de nouvelles perspectives dans l’étude de l’Écriture sainte. Sa production scientifique nous laisse stupéfaits : quatorze volumes dans la collection Études bibliques, les autres treize volumes moins puissants mais non moins importants, mille-cinq-cents comptes-rendus d’études bibliques, deux cent soixante articles. Au total seize mille pages de sujets bibliques. En vue de son procès en béatification tous les écrits ont été identifiés et remis en ordre.
Il sut réconcilier, comme le démontra Jean Guitton, science et foi. Dans la biographie plus digne de foi, écrite, par son confrère Bernard Montagnes, justement le père Lagrange est considéré comme une figure gigantesque de savant, mais maintenant on peut adjoindre celle autant gigantesque d’homme de Dieu, merci pour la publication du Journal spirituel (Paris, Cerf, 2014, 522 pages, 20 euro). Un tome imposant, qui s’ouvre avec le premier cahier (1879-1895) et se termine avec les ultimes notes de juillet 1932.
Le Père maître, durant son noviciat à Saint-Maximin, avait demandé au jeune dominicain Marie-Joseph de tenir un journal spirituel pour pouvoir discerner ses émotions et ses états d’âme, pour comprendre l’action de Dieu dans son âme. On découvre ainsi son visage plus personnel, inédit et réservé, l’activité intense de l’Esprit et l’acceptation de tout événement de la part d’une personne super sensible et tournée constamment vers Dieu. Un censeur théologien jésuite écrivit : « Après saint Jérôme, l’Église n’a pas connu un géant semblable dans l’interprétation de la sainte Écriture. Aussi bien dans l’un comme dans l’autre, il y a le même amour pour la tradition et pour le dialogue avec celui qui se trouve dehors ; la même ardeur pour le travail et pour la publication. »
10 mars 2023
Homélie pour le 10 mars 2023. 85 ans de la “pâque” du père Lagrange.
Fr. Manuel Rivero O.P. à Saint-Denis de La Réunion
En ce 10 mars, nous faisons mémoire du départ vers le Ressuscité de deux grandes figures dominicaines : le bienheureux père Lataste, apôtre des prisons, qui en embrassant les reliques de sainte Marie Madeleine dans la basilique de Saint Maximin s’était exclamé : « Il est donc vrai que les plus grands pécheurs, les plus grandes pécheresses ont en eux ce qui fait les plus grands saints ».
Par ailleurs, il y a 85 ans, le 10 mars 1938, c’est le père Marie-Joseph Lagrange, dominicain, fondateur de l’École pratique d’études bibliques de Jérusalem, qui partait à la rencontre de Jésus Vivant au couvent de Saint Maximin, près de Toulon.
Nous confions à leur intercession et nous prions le Seigneur de canoniser le père Lataste et de béatifier le père Lagrange, en nous accordant le miracle nécessaire.
Prédication :
Êtes-vous d’accord avec le proverbe portugais « Dieu écrit droit avec des lignes courbes » ? L’histoire de Joseph, le fils de Jacob, vendu comme esclave par ses frères et devenu par la suite leur sauveur va dans ce sens. Saint Paul enseigne que « tout concourt au bien de ceux qui cherchent Dieu » (Rm 8, 28). Et saint Augustin d’ajouter avec l’audace de la foi évangélique : « même le péché ». Même le péché peut devenir chemin vers Dieu par la grâce du Christ Jésus.
Joseph annonce Jésus. C’est par la jalousie de ses frères qui le voyaient aimé de leur père Jacob et revêtu d’une tunique admirablement ornée que Joseph a subi la haine et la violence de ses propres frères. Il a été vendu pour vingt pièces d’argent ; Jésus le sera par Judas pour 30 pièces d’argent.
Esclave, condamné injustement en Égypte, Joseph remonte des ténèbres de la prison au poste de ministre des Finances. Jésus, le Fils du Très-haut deviendra le très-bas, condamné injustement au supplice de la croix et de la mort. Mais Dieu le Père élèvera son Fils Jésus dans la gloire de la résurrection.
Inspiré, Joseph annonça de manière prophétique l’arrivée des années fastes et des famines en Égypte.
Jésus, le plus grand des prophètes, a aussi annoncé le Vendredi Saint et la lumière pascale.
Joseph a pardonné le crime de ses frères et il les a tirés de la famine et de la peur de la mort.
Jésus a pardonné à ses propres bourreaux : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 34) et il leur a accordé la joie du salut.
Rejeté par ses frères, Joseph les rassemble. Jésus, « la pierre rejetée par les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle » (Mt 21,42), qui tient l’Église dans son unité.
L’œuvre de Dieu se fait dans la contradiction. En fondant l’École biblique de Jérusalem et en travaillant à l’interprétation croyante et rationnelle de la Bible, le père Lagrange a souffert aussi de la calomnie et de la diffamation. En 1912, il dut quitter Jérusalem, en exil en France pendant dix mois, sans cause explicite ni justifiée. Il reçut l’autorisation de retourner à Jérusalem en 1913 sans la moindre explication ou excuse. Heureusement que ces méthodes font partie en grande partie du passé.
Fidèle, dans la prière et le pardon, sans révolte ni amertume, comme un soldat vaillant, le père Lagrange a servi l’Église par le renouveau de l’exégèse. Il a relevé le défi du modernisme qui ne voyait dans la Bible qu’une œuvre littéraire sans contenu surnaturel.
Le cardinal de Milan, Carlo Maria Martini, voyait dans le père Lagrange un homme « à la prière de feu ». En effet, le Journal spirituel du père Lagrange apparaît dans l’histoire comme la nappe phréatique de la fondation de l’École biblique de Jérusalem. Le cœur à cœur avec Dieu dans la ferveur de la prière explique la beauté et la grandeur de son œuvre scientifique qui relie l’oratoire et le laboratoire, la foi et la raison dans l’harmonie d’un humanisme intégral.
À l’exemple du parcours de Joseph et de la vie de Jésus, l’existence et l’œuvre du père Lagrange ont connu des progrès : « Dieu nous a donné dans la Bible un champ infini de progrès dans la vérité », avait-il déclaré lors de l’inauguration de l’École biblique le 15 novembre 1890. Dans son commentaire à l’évangile selon saint Jean, il écrit : « La vérité, même religieuse, est toujours en marche, ce qui ne veut pas dire qu’elle cesse d’être ce qu’elle a été : elle se développe. Jésus voulait mettre en garde ses disciples contre une rigidité dans leur enseignement qui eût été en opposition avec tout le mouvement normal de l’humanité ».
Inspiré intérieurement par Dieu, Joseph avait dépassé la sagesse des Égyptiens. Jésus était la Sagesse de Dieu elle-même manifestée dans la chair : « folie pour les païens, scandale pour les juifs » (I Cor 1,23).
En ce Carême, puissions-nous imiter la fidélité de Jésus, de Joseph et du père Lagrange, pour découvrir que « tout concourt au bien de ceux qui cherchent Dieu » et que Dieu écrit droit dans nos vies avec des lignes courbes. « C’est là l’œuvre du Seigneur, merveille devant nos yeux » (Mt 21,42).
8 mars 2023
À Nice : Cette année pour le 85e anniversaire de la mort du P. Marie-Joseph Lagrange, O.P. les adhérents et les sympathisants de l’association des amis du père Lagrange se retrouvent le vendredi 10 mars à la messe de 12h05 célébrée en l’église du couvent des Dominicains 9 rue St François de Paule à Nice. Ensuite, le dimanche 12 mars 2023, après les Vêpres, à 19h45, la méditation du chapelet pour la glorification du serviteur de Dieu, le P. Marie-Joseph Lagrange.
Merci à Marie-Claude qui a tout organisé avec le Fr Antoine-Marie.
À La Réunion, la messe du 10 mars est célébrée en communion avec la messe mensuelle de Fr. Manuel Rivero, o.p., président de l’association, aux intentions de nos adhérents et pour la glorification du P. Marie-Joseph Lagrange, o.p.
En union de prière.
7 mars 2023
Qui est le père Lagrange ? Albert Lagrange est né à Bourg-en-Bresse le 7 mars 1855 en la fête de saint Thomas d’Aquin. Le Docteur Angélique restera sa référence théologique tout au long de son parcours d’exégète. Sa mère, Marie-Élisabeth Falsan, marquera spirituellement l’évolution de son fils par son sens de la miséricorde envers les pauvres et par sa ferveur mariale. D’origine lyonnaise, elle a transmis à Albert la dévotion à la Vierge Immaculée, qui deviendra la patronne de l’École biblique. Son père, Claude-Pierre Lagrange, notaire à Bourg-en-Bresse, donnera à Albert le sens du travail consciencieux et de la droiture ainsi que l’amour de la patrie française. Son parrain de baptême, Albert Falsan, oncle maternel et géologue, éveillera chez Albert l’intérêt pour les couches géologiques. Plus tard, il s’intéressera aux couches rédactionnelles. Élève au petit séminaire d’Autun, étudiant en droit à Paris, Albert Lagrange reçoit l’habit de saint Dominique au couvent royal de Saint-Maximin (Var) le 6 octobre 1879 des mains du prieur provincial, le frère Hyacinthe-Marie Cormier, qui assumera par la suite la charge de Maître de l’Ordre et qui sera béatifié par le saint pape Jean-Paul II en 1994. Ses reliques continuent d’apporter des grâces en cette université pontificale « Angelicum ». Ordonné prêtre à Zamora (Espagne) le 22 décembre 1883 pendant l’exil de la Province de Toulouse, le père Lagrange, en religion frère Marie-Joseph, fonde l’École biblique le 15 novembre 1890, en la fête de son saint patron de baptême. Un mot-clé apparaît déjà dans son discours inaugural : « progrès dans la vérité ». Pour le père Lagrange, Dieu a donné dans la Bible un champ infini de progrès dans la vérité. Toute sa vie sera consacrée à l’étude et à l’enseignement de la Parole de Dieu. Malade à la fin de sa vie, il aimait citer Dante en italien pour évoquer son retour « au bercail où il avait été agneau », c’est-à-dire au couvent de Saint-Maximin, d’où il partira vers le Père le 10 mars 1938.
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7 mars 2023
7 mars 2023
6 mars 2023
La Transfiguration
« Et après six jours Jésus prend à part Pierre et Jacques et Jean son frère, et il les fait monter sur une haute montagne, à l’écart. Il fut transfiguré en leur présence, et son visage brilla comme le soleil, ses vêtements devinrent blancs comme la lumière. (Mt 17, 1-2)
“Celui-ci est mon fils bien-aimé, écoutez-le.” (Mt 17, 5)
Mt avec Lc (mais non Mc) signale un changement dans le visage [de Jésus], qui, dans Mt brille comme le soleil. […] La lumière est constamment le symbole de la présence divine. […] La Transfiguration elle-même, malgré sa gloire, et par les réflexions qu’elle amène, était une annonce de la Passion. (Extraits de l’Évangile selon saint Matthieu 17, 1-9 par le P. Lagrange, éd. Lecoffre-Gabalda, 1941)
Image La transfiguración del señor
1er mars 2023
« Cette génération est une génération mauvaise ; elle cherche un signe, mais en fait il ne lui sera donné que le signe de Jonas. Car ainsi que Jonas a été un signe pour les Ninivites, ainsi le Fils de l’homme sera un [signe] pour cette génération (Luc 11, 29-30). »
Le P. Lagrange précise : D’après l’opinion commune établie sur le texte de Mr., la mort et la résurrection du Christ. Mais si la résurrection en fait partie dans Lc. et doit se lire entre les lignes, cependant sa pense est plus complexe, et son v. 30 montre à l’évidence que le signe de Jonas n’est pas un événement de la vie de Jésus, mais « le signe que fut Jonas ». Ce que fut Jonas, Jésus le sera. […] C’est le Fils de l’homme lui-même qui sera le signe, et, en parallèle avec Jonas, un signe ad “persuadendum” sera aussi un signe de “ad condemnandum“ ; Jonas et Jésus serviront en quelque sorte de “criterium” pour le jugement. […]
(Évangile selon saint Luc, Lecoffre-Gabalda, 1941, pp. 337-338.)
Illustration : Jonas et la baleine. Registre universitaire à Erfurt. Justus Jonas der Ältere (15e)
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