Le martyre des frères cisterciens de l’Atlas a secoué la conscience de l’humanité. Un livre récent a mis en lumière la vie et le travail comme médecin de l’un d’entre eux, le frère Luc, qui a consacré son existence au service des malades en Algérie. À l’occasion de ses 80 ans, le frère Luc a reçu comme cadeau deux fois dans la même journée la biographie du père Lagrange écrite par son disciple, le philosophe Jean Guitton, de l’Académie française : « Les manifestations autour du doyen se poursuivent le lendemain, en présence de l’ami de toujours, le père Carmona et de Mgr Teissier. Puis l’archevêque d’Alger offre à l’octogénaire la biographie du père Lagrange par Jean Guitton… Quelques heures plus tard, frère Luc a repris ses consultations, et un patient lui fait la joie de lui offrir un livre : Portrait du père Lagrange, par Jean Guitton, que le malade avait déniché dans une librairie d’Oran » (Christophe Henning, Dom Thomas Georgeon, Frère Luc, biographie, moine, médecin et martyr à Tibhirine, Paris, Éditions Bayard, 2011, p. 106).
Le père Lagrange avait mené le combat pour la vérité. Il n’avait pas étudié pour étudier mais pour répondre aux questions fondamentales posées par ses contemporains sur la dimension surnaturelle de la Bible. À ceux qui lui reprochaient de ne pas soigner son style littéraire, le fondateur de l’École biblique de Jérusalem répondait en citant les soldats qui n’ont pas le temps d’astiquer leurs bottes quand ils doivent partir sur le chemin du combat. Le frère Luc, à sa manière, a mené le combat de la foi et du dialogue interreligieux par l’exemple et par la parole. Mgr Tessier et le patient qui lui ont offert la biographie du père Lagrange pour ses 80 ans ont dû saisir le point commun qui unissait ces deux hommes : la passion pour la vérité et pour la paix.
À Jérusalem, le 15 novembre 1890, le frère Marie-Joseph Lagrange, âgé de 35 ans, avait fondé une école pratique d’études bibliques. Au lieu de s’enfermer dans la bibliothèque du couvent Saint-Étienne, « le nouveau saint Jérôme », traversait le désert pour faire de l’histoire « avec des documents et des monuments ».
L’étude de la doctrine sociale de l’Église doit aller de pair avec des stages sur le terrain. Nos frères dominicains aux États-Unis envoient les étudiants en stage en veillant à l’accompagnement et à la rédaction d’un rapport qui rend compte de l’expérience et de l’articulation vécue entre la doctrine sociale de l’Église et les situations souvent dramatiques des gens. Un véritable travail théologique d’interprétation est à faire sur le terrain. Ayant découvert la méthode des récits de vie au Centre de pastorale de nos frères dominicains à Montréal, je l’ai appliquée principalement avec de jeunes étudiants en Haïti de manière à relire et interpréter les chocs et les changements provoqués par le séisme du 12 janvier 2010. Ces jeunes Haïtiens m’ont fait part du progrès psychologique et spirituel éprouvé en rédigeant leur récit de vie. La revue dominicaine Lumière et vie a publié un article qui résume cette expérience : « Vivre et croire en Haïti après le séisme de 2010 »
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