31 octobre 2024
Éclairage sur l’évangile de ce jour par le P. Marie-Joseph Lagrange O.P.
Les ruses du renard Hérode et le dessein de Dieu (Luc 13, 31-32)
Luc 13. À cette heure même quelques Pharisiens s’approchèrent et lui dirent : « Sors d’ici, et va-t’en ; car Hérode veut te tuer. » Et il leur dit : « Allez dire à ce renard : “Voici : aujourd’hui et demain je chasse des démons, et j’accomplis des guérisons, et le troisième [jour] je suis consommé. 3Cependant, aujourd’hui et demain et le [jour] suivant, je dois être en route, car il ne convient pas qu’un prophète périsse en dehors de Jérusalem.” »
Jésus termina sa réponse sur ces paroles : « Quelques-uns des derniers seront les premiers, et des premiers seront les derniers. » Il était aisé de comprendre que les premiers appelés étaient les docteurs Juifs ; ils s’exposaient à arriver trop tard, par leur refus d’écouter le vrai docteur envoyé par Dieu, tandis que d’autres, d’abord égarés sur des voies trompeuses, seraient admis, ayant fait pénitence, même s’ils avaient appartenu au monde des Gentils.
Cette allusion ne pouvait être agréable aux Pharisiens. À leur ordinaire ils dissimulèrent, et, feignant une inquiétude sympathique, ils dirent à Jésus avec une brusquerie qui trahissait leur secrète pensée : « Sors d’ici et va-t’en ; car Hérode veut te tuer. » On comprend très bien qu’ils se sont faits les complices empressés des désirs du tétrarque. Cauteleux plutôt que violent, celui-ci ne voulait pas d’affaires. Jésus revenu sur ses terres, c’était une nouvelle poussée de l’agitation qui avait secoué la Galilée, plus dangereuse encore sur la frontière des Nabatéens, ses ennemis depuis son divorce avec la fille de leur roi. Faire enlever Jésus et recommencer la tragédie du meurtre de Jean Baptiste eût été une solution extrême, désagréable. Le mieux était d’éloigner l’indésirable par un conseil discret et bienveillant en lui laissant croire qu’il déjouait de la sorte une embûche. Mais Jésus n’avait d’autre règle que la volonté de son Père. Sa mission n’était pas terminée : « Allez dire à ce renard » – cette ruse était digne de la bête artificieuse fertile en bons tours – : « Voici que je chasse des démons et que j’accomplis des guérisons aujourd’hui et demain, et le troisième jour je dois être consommé. » C’est alors seulement qu’il se rendra à Jérusalem où la parole d’un prophète est plus sonore et plus chargée de conséquences, soit qu’on l’écoute ainsi qu’il arriva à Isaïe, soit qu’on le méconnaisse et le maltraite comme ce fut le lot de Jérémie, car il ne convient pas qu’un prophète, surtout tel que lui, périsse en dehors de Jérusalem. Il n’a donc rien à craindre d’Hérode, et Hérode n’a qu’à prendre patience quelque peu : « Aujourd’hui et demain et le jour suivant, je dois continuer ma route. » C’est donc par deux fois que Jésus énonce ce délai de trois jours, manifestement dans une intention prophétique. Ce ne sont pas des jours naturels, la suite l’indique assez. Ce ne sont pas non plus des années, car la Passion est proche. Ce sont donc plutôt des mois. Or si ces paroles ont été prononcées après la fête de la Dédicace, vers la fin de janvier, comme il est très vraisemblable, il restait à Jésus deux mois et demi avant de mourir à Jérusalem.
Nous ne savons comment le tétrarque accueillit cette réponse, qui fut sans doute plutôt envenimée qu’atténuée par les Pharisiens. Elle ne fit qu’exciter davantage cette curiosité, tempérée alors par la prudence politique, que Jésus sut tenir en respect de la même manière lors de la Passion.
Apostrophe à Jérusalem
Lc 13. « Jérusalem ! Jérusalem ! qui tues les prophètes et lapides ceux qui te sont envoyés ! Combien de fois ai-je voulu réunir tes enfants comme la poule sa couvée sous ses ailes, et vous n’avez pas voulu… Voici qu’on vous laisse votre maison… Or je vous [le] dis, vous ne me verrez plus, jusqu’à ce que vienne [le moment] où vous direz : « Béni celui qui vient au nom du Seigneur ! »
[…] Ainsi la justice longtemps suspendue, va frapper. Ainsi le peuple choisi, dont l’élection était figurée par Abel, est entré dans les sentiments de Caïn contre le Messie, frère issu de son sang qui lui était envoyé, et il poursuivra encore de sa haine les messagers du pardon qui viendront après lui. Aucun homme n’est puni que pour ses fautes, mais cette fois la nation va se charger d’un crime qui résume tous les crimes amoncelés depuis l’origine du monde, et son châtiment, longtemps différé, sera définitif : « Jérusalem, Jérusalem ! qui tues les Prophètes, et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu réunir tes enfants comme une poule réunit ses poussins sous ses ailes, et vous n’avez pas voulu ? Voici que votre maison vous est laissée déserte » Et pourtant ! Que parlions-nous d’un châtiment définitif ? La ruine est certaine, mais n’exclut pas l’espérance, la certitude du repentir : « Car, je vous le dis, vous ne me verrez plus désormais, jusqu’à ce que vous disiez : “Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur.” »
C’est sans doute sur cette parole que saint Paul a fondé sa prophétie du retour des Juifs à leur Messie. L’Église n’en a jamais désespéré : elle attend toujours.
(Marie-Joseph Lagrange. L’Évangile de Jésus-Christ avec la synopse, Artège-Lethielleux. 2017)
25 octobre 2024
Dilexit nos : du verbe latin diligo, lexi, lectum, ere (dis et lego), tr., prendre de côté et d’autre, choisir, [d’où] distinguer, estimer, honorer, aimer [d’une affection fondée sur le choix et la réflexion]. (Traduction du Gaffiot)
20 octobre 2024
Le mois d’octobre est un mois favorable au chapelet nous rappelle Fr. Manuel Rivero O.P.
https://youtu.be/pUDImkAQ830?si=6-8FdN4MWN0RUMJq
Ave Maria Gratia Plena !
17 octobre 2024
Saint Ignace d’Antioche, Évêque, martyr et Père de l’Église.
https://www.collegedesbernardins.fr/mag-digital/saint-ignace-dantioche-ce-quil-a-apporte-a-leglise
Revoir aussi : https://www.mj-lagrange.org/?p=13036
15 octobre 2024
Sainte Thérèse d’Avila (1515-1582). Docteur de l’Église.
Une sainte qui représente l’un des sommets de la spiritualité chrétienne de tous les temps (Benoît XVI).
Le premier contact avec l’Espagne dans les jours déjà brumeux de novembre ne fut pas sans mélancolie. Le splendide couvent de San Esteban, abandonné depuis longtemps, n’était guère en état de nous recevoir. C’était plus que la pauvreté, le dénuement. Mais la joie surabondait. À Salamanque nous étions à dix-neuf kilomètre d’Alba de Tormès, où reposait le corps de sainte Thérèse. Dès les premiers jours, la grande sainte, la mistica doctora des Espagnols, nous ouvrit ce grand cœur que l’on croyait voir percé d’épines. Si ces lignes ont pour but principal d’exprimer ma gratitude envers ceux qui m’ont fait du bien, je reconnais ici que le peu de lumières que j’ai eues sur la vie spirituelle m’est venu surtout de sainte Thérèse d’Avila. Mon ordination au sous-diaconat à Avila n’a pu qu’augmenter ma dévotion pour la noble et vaillante sainte. Le couvent lui-même était plein de sa mémoire. On montrait sous le grand cloître un petit guichet par où le P. Bañez entendait sa confession quand elle était dans l’église. S’installer à Salamanque, c’était prendre pied dans la théologie du XVIe siècle, car nulle part saint Thomas d’Aquin ne fut plus étudié et plus admiré, par les Carmes comme par les Dominicains.
(Souvenirs personnels. Fr. Marie-Joseph Lagrange o.p. Salamanque 1880-1884. Cerf. 1967. P. 282).
15 octobre 2024
10 octobre 2024
Homélie à la cathédrale de Saint-Denis/La Réunion, le 6 octobre 2024.
Fr. Manuel Rivero O.P.
La liturgie de la Parole nous fait voyager dans le temps pour rejoindre la pensée et le cœur de Dieu : « Au commencement de la création, Dieu les fit homme et femme » (Mc 10, 6) ; « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa » (Gn 1,27). Pour comprendre le mystère de l’amour de l’homme et de la femme, nous avons à contempler leur origine : la sainte Trinité. Dieu n’est pas solitaire. Il est relation. Trois Personnes qui sont un seul Dieu dans des relations subsistantes. Non pas trois Personnes, les unes à côté des autres, mais trois Personnes qui demeurent les unes dans les autres. Le Père n’existe pas sans le Fils. Il se donne entièrement au Fils. Le Fils se reçoit du Père et se donne dans l’action de grâce filiale au Père. Le Père fait le Fils et le Fils fait le Père. Il n’y a pas de Père sans Fils ni Fils sans Père. Le va-et-vient entre le Père et le Fils, leur communication, leur partage, leur lien, leur communion, leur Amour, c’est la Personne de l’Esprit Saint qui fait l’unité au cœur de la Trinité.
Créés à l’image de cette relation, sans domination, dans l’égale divinité, l’homme et la femme participent à la circulation d’amour trinitaire. Leur relation manifeste cette relation trinitaire. Façonnés par amour et pour l’amour, l’amour de l’homme et de la femme brille au cœur de la création comme a plus haute épiphanie de Dieu. L’homme et la femme sont les seules créatures que Dieu a voulues pour elles-mêmes. Tout dans la création a été prévu par Dieu pour eux. Mais ils ne sont pas les propriétaires de la Terre. Locataires et gestionnaires des biens confiés, ils doivent rendre des comptes au Seigneur.
Appelés à devenir une seule chair et un seul esprit dans le Christ Jésus, l’homme et la femme participent au mouvement d’amour des trois Personnes divines. La Bible ne dit pas que les animaux deviendront une seule chair. Ils se reproduisent par instinct. L’union de l’homme et de la femme a été voulue comme un accomplissement intégral de leur humanité. Il arrive que les époux parlent de leur conjoint comme leur « moitié ». Cela peut sembler grand et beau mais le mystère de leur union dépasse des moitiés juxtaposées. Dieu le Père n’est pas la moitié du Fils et le Fils ne représente pas la moitié du Père. Ils sont Un.
Dans l’amour conjugal les époux deviennent « une seule chair ». « Le Verbe s’est fait chair », dévoile le Prologue de l’évangile selon saint Jean. La chair, l’humanité dans sa faiblesse, est aimée de Dieu. Le Fils de Dieu est devenu fils d’une femme de notre race. L’époux demeure dans l’épouse ; tout ce qu’il accompli est réalisé en union de cœur et d’esprit avec son épouse ; l’épouse œuvre habitée par son époux. Ils sont un.
Saint Paul parle du péché contre son corps (cf. I Cor 6,18). En effet, le corps étant la demeure de Dieu, l’homme et la femme qui vont à l’encontre de la volonté d’amour pour eux comme dans la prostitution, pèchent contre la vocation du corps, « contre la chair ».
Dans le sacrement du mariage, l’époux reflète l’amour de Dieu pour l’épouse ; l’épouse transmet la grâce du Christ à son époux. Dans l’union conjugale, les conjoints grandissent en grâce et en connaissance de Dieu. Ils deviennent sacrement et visage de Dieu l’un pour l’autre. En s’aimant, ils rencontrent Dieu.
Dans la prière sacerdotale, Jésus a prié : « Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi qu’eux aussi soient en nous » (Jn 17, 21). Jésus veut cette unité pour tous ses disciples. Dans le sacrement du mariage, les époux s’unissent en Dieu et ils tirent leur union de l’union des trois Personnes de la Trinité sainte.
En ce moment, des laïcs mariés participent au synode sur la synodalité à Rome. Dans la communication conjugale, les époux peuvent vivre « un mini-synode » en marchant ensemble à la lumière de la Révélation divine. Nous pouvons penser à Jésus ressuscité qui a rejoint les disciples d’Emmaüs sur la route. Véritable pédagogie divine où le Ressuscité marche en silence avec deux disciples tristes ; il se met à leur écoute en leur posant des questions ouvertes afin qu’ils expriment émotions et pensées. Ce n’est qu’après ce temps d’effacement et d’humilité que Jésus leur explique le sens de la mort du Messie à la lumière de Loi de Moïse, des prophètes et des Psaumes (cf. Lc 24, 13s). Cette longue catéchèse rend leurs cœurs brûlants.
Des couples avouent souvent s’ennuyer. L’idéal matérialiste du bonheur « argent et sexe » ne comble pas. Les conversations tournent souvent autour des événements extérieurs présentés par les médias : commentaire du commentaire à la place d’oser parler de leur moi profond. D’où l’importance de la Bible pour renouveler le contenu et le niveau des échanges.
Dans les Équipes Notre-Dame , les couples prennent rendez-vous dans une ambiance de calme et de prière pour aborder sans tabou ni agressivité l’invisible de leurs existences et surtout les non-dits présents dans toutes les relations, véritables bombes à retardement, gangrène qui se développe en détruisant l’harmonie, cellules cancéreuses qui se reproduisent jour et nuit et qui finissent par rendre malade le couple.
La synodalité met en lumière l’importance de se réunir avec d’autres personnes. Ce que l’on appelle l’amour se réduit parfois à un égoïsme à deux. Le couple gagne à participer à la réflexion sur leur amour dans des fraternités ou dans des équipes de couples. A l’image des arbres qui poussent mieux et plus vite quand ils sont plusieurs en forêt que tout seuls, le couple progresse davantage en se réunissant avec d’autres couples ou d’autres personnes. De jeunes couples font aussi montre d’audace missionnaire en quittant leur pays pour servir dans des pays pauvres au milieu d’une multitude de dangers.
La prière de bénédiction occupe une place importante dans la vie familiale. Par exemple, les couples peuvent prier ensemble en bénissant Dieu et en se bénissant au nom de Dieu. Ils peuvent prendre le temps pour passer des pensées négatives à dire du bien du conjoint. Parmi les exercices pratiques figure celui de dire dix qualités à son conjoint. Curieusement, il semble plus facile de trouver dix défauts que dix qualités !
Au terme de la journée, plutôt que de couper la télévision avec la télécommande ou d’éteindre l’ordinateur en disant « je suis fatigué », il est bon de prier ensemble avec la possibilité de faire le signe de la croix sur le conjoint et sur les enfants. De même, au réveil, la bénédiction avec le signe de la croix augure une bonne journée vécue en communion avec Dieu et avec les autres.
Tout croyant en Jésus est appelé à devenir comme les enfants dans la confiance en Dieu et la bénédiction envers ceux qui vous font du bien. Si je donne un bonbon à un petit enfant, il ne me dira pas merci mais en se tournant vers sa mère il dira du bien de celui qui lui fait du bien en lui offrant une sucrerie.
Les conjoints ont à se convertir pour sauver leur amour en suivant l’esprit d’enfance de l’Évangile, à ne pas confondre avec l’infantilisme. Parfois les épouses disent : « J’ai quatre enfants à la maison ; trois enfants et mon mari qui est comme un enfant ! ».
Que Jésus qui a embrassé et béni les enfants répande sa bénédiction sur nous tous, enfants de Dieu.
Fr. Manuel Rivero O.P.
Tradition séculaire et originalité de l’esprit synodal
Le synode sur la synodalité qui se déroule à Rome en ce mois d’octobre 2024 a du mal à susciter l’enthousiasme des fidèles qui ne parviennent pas à saisir le but et l’intérêt de si nombreux débats.
Dès la naissance de l’Église que saint Luc décrit dans les Actes des apôtres, les apôtres se sont réunis pour traiter des sujets qui faisaient l’objet des débats contradictoires dans les communautés (cf. Ac 15). C’est en invoquant l’assistance de l’Esprit Saint que les apôtres ont pris des décisions après avoir écouté les propositions et les arguments des uns et des autres.
Tout au long de l’histoire de l’Église, les chrétiens ont organisé des réunions communautaires, des synodes, des conciles et des chapitres dans les ordres religieux.
Quelle est alors l’originalité et l’apport de ce synode sur la synodalité ? Il me semble que la nouvelle méthodologie adoptée aspire à répandre dans la vie de l’Église un esprit de dialogue, de participation dans l’égale dignité baptismale. D’où la disposition des tables rondes où s’expriment des évêques, des prêtres, des religieux et des laïcs dans l’intelligence de la foi et dans le but de parvenir à « un bouquet » d’expériences, des propositions voire des décisions en tant que frères et sœurs de Jésus.
Discerner ensemble
La synodalité repose la dignité baptismale des chrétiens et sur leur vocation à devenir disciples-missionnaires de Jésus le Christ, « Chemin, Vérité et Vie » (Jn 14,6). Habités par le même Saint-Esprit reçu avec le saint-chrême baptismal, les chrétiens pratiquent la méthode bien rodée de l’Action catholique : « regarder, discerner, transformer », en cheminant ensemble selon le sens étymologique du mot grec « synode ».
L’accent est par conséquent mis sur l’agir en commun. Le discernement passe par une recherche commune de la volonté de Dieu à la lumière de la Parole révélée, d’où l’importance de la Bible placée au cœur de la démarche synodale.
La synodalité développe un esprit de participation à l’image d’une ligne de crête en montagne qui évite deux dangers : le cléricalisme d’une part et la passivité de l’autre. Le prêtre demeure un serviteur de la communauté chrétienne. Il n’est pas le seul détenteur de la Vérité ni le seul décideur dans la paroisse. Par ailleurs, il arrive souvent que les laïcs nourrissent le cléricalisme dans une passivité et dans un absentéisme qui les arrangent. La paroisse devient alors l’affaire du prêtre tandis que les laïcs feraient appel à des services du culte selon les besoins.
L’Église, Corps du Christ, a besoin de l’action de chacun de ses membres. La foi grandit dans les rassemblements liturgiques, le partage des responsabilités et la transmission de l’Évangile notamment par la catéchèse.
La synodalité part de l’écoute de la Parole de Dieu dans le silence du cœur, elle se déploie dans la conversation spirituelle, la découverte de l’œuvre de l’Esprit Saint en chacun, la relecture personnelle des événements et l’engagement responsable dans l’Église, Famille de Dieu.
La synodalité se comprend en la pratiquant dans le couple et dans la famille à l’image de cercles concentriques qui partent du cœur et des relations de proximité pour se répandre dans la vie professionnelle et sociale à évangéliser.
Au rythme du cœur, systole et diastole, les chrétiens se rassemblent et ils sont envoyés vers les autres. Ils donnent et ils reçoivent, ils reçoivent en apportant leur expérience et leur connaissance du mystère de Dieu ; ils deviennent meilleurs au contact des autres. Le Fils de Dieu s’est donné aux hommes dans l’Incarnation en se recevant d’eux en la personne de la Vierge Marie, dans la petitesse, le besoin et la vulnérabilité.
Le disciple de Jésus ne fuit pas le monde : « Je ne te prie pas de les enlever du monde mais de les garder du Mauvais » (Jn 17, 15). Si des philosophes stoïciens ont avoué se sentir moins hommes dans les rencontres des hommes, il n’en va pas de même des chrétiens qui vivent les rencontres humaines comme « le sacrement du frère » où le Christ lui-même se rend présent (cf. Mt 25,31s). Dieu se révèle souvent à travers le prochain. L’Esprit Saint répand sa lumière pour discerner la volonté de Dieu aux disciples rassemblés au nom de Jésus. « J’ai besoin de la vérité des autres », aimait à déclarer loin de tout relativisme le bienheureux évêque dominicain Pierre Claverie (+1996).
Exercice de communication et de communion, la synodalité favorise la mise en commun des biens spirituels et matériels, dans le partage des connaissances et des forces.
Démarche d’« extase », c’est-à-dire de sortie de soir, la synodalité permet le dépassement de la peur du changement et de l’innovation. Le chrétien quitte alors sa zone de confort pour ouvrir son intelligence à la nouveauté, son cœur aux expériences des autres et sa volonté dans un lâcher-prise, mort de l’ego frappé d’aveuglement, afin de renaître au-delà des préjugés et des idées toutes faites à la Vie nouvelle que Dieu donne, expérience de résurrection dans le passage des ténèbres du repli sur soi à l’élan de l’annonce joyeuse de l’amour lumineux vainqueur de la mort. Jésus est ressuscité dans le tombeau devenu « le berceau du Premier-né d’entre les morts, prémices d’une multitude de frères ». Jésus le Christ continue de ressusciter dans nos tombeaux : orgueil, désespoir, arrogance. Dieu peut-il faire du neuf dans ma vie ? Oui, par la foi. L’Apocalypse le révèle : « Voici que je fais toutes choses nouvelles » (Ap 21,5).
Discerner des projets à réaliser : facteur de développement
La synodalité à travers sa méthodologie de discernement en commun favorise la mise en œuvre des projets et du développement.
La prière et l’action se nourrissent mutuellement : « Voir Dieu en toute chose et toute chose en Dieu ». Le dialogue en réunion débouche sur des actions pour le bien commun.
La synodalité peut ainsi devenir source d’innovation, de charité efficace et développer le potentiel de chacun dans une vision d’ensemble.
L’esprit synodal convient aussi à la pédagogie scolaire et à la catéchèse en faisant émerger des valeurs fondamentales : sens de la responsabilité, travail en équipe, confiance en soi, capacité d’adaptation et d’évaluation…
Voici résumé en 12 idées clés les possibilités de relier l’esprit synodal à la pédagogie de projet comme facteur de développement :
1. Changements sociaux et pédagogie de projet : Les changements sociaux commencent à l’école, et la culture du projet favorise le développement personnel, social et économique en valorisant l’innovation et la participation.
2. Concept de projet : Un projet est une vision proactive qui implique des activités visant des objectifs clairs avec un budget et des délais précis, représentant un processus d’apprentissage actif.
3. Types de savoirs : La pédagogie de projet développe divers savoirs (savoir-être, savoir-faire, savoir-vivre, savoir transmettre) en encourageant l’apprentissage par la pratique.
4. Capital humain et capital matériel : Le développement économique repose sur le capital humain autant que sur le capital matériel, nécessitant des compétences, la collaboration, et la planification.
5. Obstacles psychologiques et culturels : Le sous-développement est souvent lié à des facteurs tels que l’individualisme, la corruption, et la faible capacité à travailler en équipe.
6. Projets variés : Les projets peuvent être de nature diverse, allant de la construction d’écoles à l’organisation de pèlerinages, chacun nécessitant une rigueur organisationnelle et budgétaire.
7. Rôle de l’éducation et de la catéchèse : La culture du projet peut être intégrée dans l’enseignement et la catéchèse pour favoriser dès le plus jeune âge un esprit démocratique, participatif, et innovant.
8. Étapes fondamentales de la gestion de projet: La gestion de projet inclut cinq étapes : 1) étude de faisabilité, 2) préparation (planification et organisation), 3) exécution, 4) suivi et contrôle et 5) évaluation.
9. Importance du temps et de la préparation : Une préparation minutieuse est essentielle, incluant la clarification des objectifs, la méthodologie, et les responsabilités au sein de l’équipe.
10. Communication et leadership : Une communication interne et externe efficace, ainsi qu’un leadership clair, sont cruciaux pour la réussite d’un projet.
11. Évaluation post-projet : Chaque projet doit être évalué pour tirer des leçons, que ce soit des réussites ou des échecs, afin de guider les futurs projets. Réussites et échecs font partie intégrante du processus d’apprentissage.
12. Approche spirituelle et collaborative : Le projet se nourrit de la collaboration, de l’intelligence collective, et également de la prière et du discernement, créant ainsi une dynamique d’amélioration continue.
La synodalité peut ancrer le changement en mode de projet de manière à dépasser le refus ou la résistance à l’innovation . Le processus de la synodalité contribue à l’appropriation des projets nouveaux en pastorale dans une pédagogie active et participative.
Saint-Denis/La Réunion, le 10 octobre 2024.
5 octobre 2024
Prière de saint Bernard sur la Vierge Marie pour ce mois d’octobre, mois du Rosaire :
« Lorsque vous la suivez, vous ne faites pas fausse route ; lorsque vous la priez, vous ne perdez pas l’espérance ; lorsqu’elle occupe votre pensée, vous êtes à l’abri de l’erreur ; lorsqu’elle vous soutient, vous ne tombez pas ; lorsqu’elle vous protège, vous ne craignez pas ; lorsqu’elle vous conduit, vous ne vous fatiguez pas ; lorsqu’elle vous est favorable, vous arrivez au port du salut. » (Hom.2 super Missus est, n. 17, Pl 183, 71 A).
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