31 mars 2016
Le Père Lagrange, un grand exégète du début du XXe siècle, dont on a mis en route le processus de canonisation, note dans son Journal spirituel : « Il faut aimer toutes les personnes, sans distinction, les amis et les ennemis, les sages et les sots : tous ont été arrosé du sang de Jésus-Christ ». Mais le Père Lagrange est conscient de la difficulté d’être disciple et de témoigner de sa foi et d’amener les gens à Dieu. Toujours dans son Journal spirituel, il notait un jour : « Le grand défaut de Dieu pour nous, s’il m’est permis de m’exprimer ainsi, c’est qu’il est caché ». Mais le Père Lagrange ajoute quelque chose : « Le grand défaut de Dieu pour nous, s’il m’est permis de m’exprimer ainsi, c’est qu’il est caché; aussi a-t-il ménagé notre faiblesse en se révélant dans ses saints ».
Jésus envoie ses disciples dans le monde pour annoncer à tous les hommes une Bonne Nouvelle. Et les disciples sont remplis de lacunes et de défauts. Que faire? C’est le Père Lagrange encore qui note dans son Journal spirituel : « Il me semble que l’honneur de notre Église exige quand même qu’elle poursuive le retranchement de tout ce qui est faux en elle »… « Nous naissons fragiles. Nous mourrons fragiles. Nous vivons avec nos fragilités » : c’est Jean Vanier qui disait cela.
Nous vivons avec nos fragilités. Saint Paul aussi avait conscience de ses fragilités et de la fragilité aussi du Dieu qu’il annonçait : « Nous prêchons un Messie crucifié ». Qui peut s’intéresser à un condamné crucifié? Et en même temps et malgré cela, ce n’est que par la vie, la Passion et la résurrection du Seigneur Jésus qu’on peut affirmer que Dieu est, en lui-même, amour éternel et trinitaire.
Extrait de l’homélie du dimanche 12 juillet 2015. Abbaye Saint-Paul de Wisques.
27 mars 2016
La vraie fête de Pâque des chrétiens par le P. Lagrange. Extrait de L’Évangile de Jésus Christ.
Pendant qu’ils s’entretenaient ainsi, lui-même se tint au milieu d’eux. Et il leur dit : « Paix à vous ! » Stupéfaits et saisis de crainte, il leur semblait contempler un esprit. Et il leur dit : « De quoi êtes-vous troublés ? Et pourquoi des incertitudes s’élèvent-elles en vos cœurs ? Voyez mes mains et mes pieds : oui, c’est bien moi. Touchez-moi ; et rendez-vous compte qu’un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai. » Et en disant cela, il leur montra ses mains et ses pieds. Comme ils étaient encore incrédules à force de joie et dans l’étonnement, il leur dit : « Avez-vous ici quelque chose à manger ? » Et ils lui donnèrent un peu de poisson grillé ; et il le prit et en mangea en leur présence (Luc 24, 36-42).
Au soir donc, ce jour-là – le premier de la semaine – et les portes de la maison où étaient les disciples étant fermées – à cause de la peur que les Juifs leur inspiraient – Jésus vint et se tint au milieu. Et il leur dit : « Paix à vous ! » Et ayant dit cela, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples se réjouirent donc de voir le Seigneur. Il leur dit donc de nouveau : « Paix à vous ! Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. » Et ayant dit cela, il souffla sur eux, et leur dit : « Recevez l’Esprit Saint, ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus » (Jean 20, 19-23).
Cette grande journée de la Résurrection touchait à son terme. Elle ne s’acheva pas sans que Jésus se manifestât à ce groupe fidèle, désormais impatient de rassasier ses regards de sa présence. Et cependant, lorsqu’on le vit soudain au milieu de tous sans que personne eût heurté aux portes, fermées par crainte des Juifs, le premier mouvement fut d’une terreur sacrée. On reconnaissait Jésus, mais on croyait voir un esprit. Le Christ leur dit : « Pourquoi êtes-vous troublés ? Paix à vous. » Et il leur montra ses mains et ses pieds, qui avaient été cloués, son côté, percé de la lance. Saint Luc, qui était médecin, bon psychologue et sachant le prix des constatations matérielles, ajoute que l’excès de la joie troublait leur conviction, sans doute parce qu’ils craignaient de prendre leurs désirs pour des réalités. Le Christ savait tout cela avant lui, et pour ramener les siens à un sens rassis par la plus familière des réalités, il leur demanda s’ils avaient quelque chose à lui donner à manger ; puis il consomma devant eux un peu de poisson rôti. Non qu’il ait été ramené à la vie quotidienne végétative, mais seulement pour prouver la réalité de sa résurrection.
Ainsi pleinement convaincus, revenus à eux, attendant de leur Maître une parole nouvelle, ils entendirent de nouveau : « Paix à vous. » Et cette fois la paix était reconquise. Alors c’est la mission, le commandement auguste qui leur ouvre le monde : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. » Puis il souffla sur eux et leur dit : « Recevez l’Esprit Saint ; ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis, ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. » Ce n’est point encore la grande manifestation de l’Esprit qu’il leur avait promise au soir de la Cène – elle viendra à son heure –, mais dès ce moment, aussitôt après sa résurrection, il les constitue en un gouvernement spirituel. Ils ont désormais pouvoir sur les âmes, et ce pouvoir s’exercera spécialement ou par le pardon des péchés, accordé sans doute au Nom de Dieu, ou bien par un refus de pardonner qui ne peut dépendre que des mauvaises dispositions du pécheur, car au repentir sincère Dieu pardonne toujours. Les dispensateurs de cette grâce seront juge des cas, ils devront donc les connaître. C’est donc aussi avec raison que l’Église a vu dans ce geste et dans ces paroles mémorables l’institution du sacrement de pénitence.
Jésus ressuscité ne devait plus vivre avec ses disciples comme autrefois. Les apparitions étaient un fait exceptionnel ; ni saint Jean, ni cette fois saint Luc n’eurent besoin de dire qu’il disparut après cette manifestation du dimanche de la Résurrection. Cette grande journée est devenue la vraie fête de Pâque des chrétiens.
Christ est ressuscité, Christ est vivant au milieu de nous, Alleluia !
20 mars 2016
Dimanche des Rameaux. Entrée messianique de Jésus à Jérusalem
Le dessein de Jésus était d’accomplir une prophétie bien connue du prophète Zacharie (9, 9), que saint Matthieu a introduite par quelques mots d’Isaïe, pour atténuer l’impression de triomphe qui hantait l’esprit du voyant. Au lieu de dire : « Tressaille de joie, fille de Sion, pousse des cris d’allégresse, fille de Jérusalem ! » saint Matthieu, sachant bien que les images grandioses des prophètes valent surtout pour leur portée spirituelle, et songeant à l’hostilité sourde qui animait les chefs de la fille de Sion, ne les invite pas à tressaillir d’allégresse, mais écrit seulement : « dites à la fille de Sion », formule plus modeste d’Isaïe (62, 11). Zacharie disait encore : « Voici que ton roi vient à toi ; il est juste et victorieux, humble et monté sur un âne, et sur un poulain, petit des ânesses. » Saint Matthieu retranche encore ce qui est trop glorieux. Il reste seulement que le roi est doux, et monté sur un âne.
C’était donc une entrée messianique à laquelle Jésus se prêtait, lui qui avait toujours refusé de se laisser nommer Messie, si ce n’est en secret, par les plus fidèles. Mais le moment était venu, où il allait confesser devant le Sanhédrin qu’il était bien le Messie. Il admit donc la foule à le saluer comme tel. Il voulu aussi que ce fût dans une pompe si modeste qu’elle ne portât pas ombrage aux Romains, et n’eût rien de tapageur ni de révolutionnaire. […] Jésus cependant agréait ces humbles hommages, lui le roi humble et doux. Ces braves gens faisaient ce qu’ils pouvaient. Les plus favorisés placèrent leurs manteaux sur l’ânon pour servir de selle, d’autres jetaient les leurs sur le chemin. Ils coupaient de la verdure dans les champs et en jonchaient le sol, gardant les branches de palmiers pour les porter à la main. Ils entouraient Jésus, les uns courant en avant, les autres suivant sa monture, et tous criaient : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Béni soit le règne qui vient, de notre père David ! Hosanna dans les hauteurs » (Matthieu 11, 9 s.). Hosanna, c’est-à-dire « Sauve donc ! », était une acclamation consacrée par l’usage dans les processions. On saluait donc le Fils de David, le roi d’Israël, le Messie tant désiré (Père Lagrange, L’Évangile de Jésus Christ).
19 mars 2016
« Ô glorieux et très bon saint Joseph, je suis honteux de vous invoquer si peu souvent. Du moins, très indulgent Père nourricier de Jésus, daignez présenter à votre Épouse Immaculée les misérables prières que je lui adresse, et les faire agréer d’elle. En la priant, j’ai toujours recours à vous qu’elle m’a donné pour patron » (Père Lagrange dans son Journal spirituel).
15 mars 2016
Il y a péril à méconnaître l’envoyé de Dieu (Jean 8, 23).
Le plus grand nombre des Juifs ne voulut pas comprendre. Il y en avait cependant parmi eux plusieurs qu’animait un désir sincère de suivre la voie tracée par Dieu. Ce sont sans doute ceux-là que Jésus poursuit d’un dernier appel : « Quand vous aurez dressé en haut le Fils de l’homme, alors vous comprendrez qui je suis. » Ces hommes de bonne volonté ne devaient pas mourir dans leur péché. Frappés d’un ton si noble dans ce Fils de l’homme, si humblement attaché à faire la volonté de son Père, ils crurent en lui (Père Lagrange, « Jésus méconnu par les fils d’Abraham » dans L’Évangile de Jésus Christ).
10 mars 2016
« Ô Jésus, donnez-moi votre amour ; je n’ai rien à faire que vous aimer, oublier le reste et vous trouver ! » (Père Lagrange, Journal spirituel.)
Comme chaque 10 du mois, nous sommes en communion de prières avec frère Manuel Rivero qui célèbre la messe de ce jour aux intentions des amis du père Lagrange et pour la prochaine béatification de cette grande figure spirituelle.
http://www.mj-lagrange.org/?page_id=35
5 mars
« Ton frère que voici était mort, et il est revenu à la vie ; et il était perdu, et il est retrouvé ! » (Luc 11, 32.)
Jésus n’a pas expliqué cette parabole. Elle n’en avait pas besoin. Le fils prodigue est le pécheur ; son père est Dieu, le Père des miséricordes. Le fils aîné ressemble quelque peu à ces Pharisiens qui murmuraient de l’indulgence du Sauveur pour les publicains et les pécheurs, mais son intimité avec son père, quoiqu’il n’en sentît pas le prix, en fait plutôt le type des justes qui servent loyalement le Seigneur, s’arrêtant trop à cette idée du service. Dieu les invite à plus d’épanchements envers lui et d’indulgence pour les autres. La miséricorde, comme tous les attributs de Dieu, surpasse infiniment notre entendement ; mais, si elle nous est devenue si douce au cœur, c’est du jour où la parabole de l’enfant prodigue a été prononcée (Père Lagrange. L’Évangile de Jésus-Christ).
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