Écho de notre page Facebook : avril 2022

 

28 avril 2022

 

« L’humble, continuelle et fidèle prière. Cette prière est une mère, tout embrasée et enivrée du Précieux Sang ; elle nourrit les vertus sur son sein. » (Ste Catherine de Sienne. Lettres, Cartier, 2, 118.)

(Une des pensées de la sainte citée par le Serviteur de Dieu Fr. Marie-Joseph Lagrange o.p. dans son Journal spirituel, Cerf, 2014, p. 83.)

Illustration : Ste Catherine de Sienne par Guidoccio Cozzarelli(1450-1517)-Ste Catherine change son cœur avec celui de Jésus-Pinacothèque nationale.

 

 

 

24 avril 2022

Dimanche de la Divine Miséricorde institué par Saint Jean Paul II en 2000

Christ est ressuscité, Alléluia !

Le huitième jour, soudain, Jésus se trouva de nouveau parmi ses Apôtres

Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, les portes étant fermées. Et il se tint au milieu et dit : « Paix à vous ! » Ensuite il dit à Thomas : « Donne ton doigt ici. Et vois mes mains. Et donne ta main ; et mets-la dans mon côté. Et ne sois pas incrédule, mais croyant. » Thomas répondit et lui dit : « Mon Seigneur ! et mon Dieu ! » Jésus lui dit : Parce que tu m’as vu, tu as cru ? Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru ». » (Jean 20, 26-29)

— Thomas laissa-t-il le Christ s’emparer de sa main et la conduire à la blessure de son côté, ou renonçant à sa logique, se rendit-il à l’évidence de ce qu’il voyait ? C’est à lui, l’incrédule, qu’échappa le premier acte de foi explicite en la divinité du Ressuscité. Il s’écria : « Mon Seigneur et mon Dieu ». Et Jésus, avec un sourire de pardon : « Tu crois après avoir vu ? » Ce n’est pas étonnant, ni méritoire ! Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! Et Thomas lui-même en était là. Il avait excédé en refusant de croire à la résurrection de son maître sur le témoignage de ses frères dont il connaissait la sincérité. C’est ce que Jésus fait ressortir doucement ; il a voulu voir de ses yeux le corps du ressuscité, et l’ayant vu, il n’avait plus à s’en rapporter à d’autres sur ce fait. Mais comme a très bien dit saint Grégoire, ayant vu l’humanité glorieuse, il a cru à la divinité, ce qui est le véritable acte de foi. Cet acte exigeait déjà, il exige encore, l’adhésion de l’intelligence à une vérité révélée par le Christ lui-même et par conséquent révélée par Dieu. Cette adhésion était plus facile aux Apôtres, parce que l’affirmation de Jésus était confirmée par sa résurrection. Mais ils étaient plus heureux de croire en sa divinité que d’avoir joui de la présence sensible de son humanité. Ce bonheur, prélude de la béatitude éternelle, est aussi le lot de ceux qui croient sans avoir goûté la même consolation. Ils doivent d’ailleurs se souvenir que Jésus leur a promis que sa présence intérieure ne leur ferait pas défaut, dans la compagnie du Père et de l’Esprit Saint, présence qui rend la foi plus facile et plus douce.

(Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège, 2017, extrait p. 639.)

20 avril 2021

L’apparition aux disciples d’Emmaous

« Reste avec nous, car le soir vient et le jour est déjà sur son déclin. » Et il entra avec eux. Et après s’être mis à table avec eux, prenant le pain, il bénit Dieu ; et l’ayant rompu, il le leur donnait. Les yeux s’ouvrirent : et ils le reconnurent. Et lui disparut d’auprès d’eux. Et ils se dirent l’un à l’autre : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait dans le chemin, tandis qu’il nous découvrait les Écritures ? » (Luc, 24, 29-32)

— On était arrivé près du village où se rendaient les deux disciples. Jésus allait droit devant lui, sans paraître remarquer qu’ils se disposaient à prendre un chemin amorcé sur la grande route. Mais les charitables pèlerins, ravis de cette exposition de l’Écriture qui leur ouvrait un monde nouveau, ne voulurent pas se séparer sitôt d’un tel compagnon. Ils avaient marché plus de trois heures, le jour déclinait. Pourquoi ne passerait-il pas la nuit dans leur demeure ? En pareil cas on insiste sur l’heure tardive : il devait cependant être au moins trois heures de l’après-midi. L’hôte introduit, on prépara le repas du soir. Étendu avec eux auprès de la table, Jésus, dont ils avaient reconnu l’autorité singulière, prit le pain, prononça une formule de bénédiction, le rompit et le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent ; ils le reconnurent, mais il disparut. Et ils se dirent l’un à l’autre : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait dans le chemin, tandis qu’il nous découvrait les Écritures ? » Plusieurs ont pensé que leur cœur fut surtout embrasé parce qu’ils mangèrent un pain devenu le corps du Seigneur. Mais rien ne prouve que le Christ ait prononcé une seconde fois les paroles de la consécration. Il ne prendra avec ses apôtres qu’une nourriture ordinaire. Pourquoi ce privilège accordé à ces deux, qui, n’étant pas des Douze, n’étaient pas initiés au geste de Jésus à la Cène ? Si leurs yeux s’étaient ouverts à la manducation, saint Luc n’aurait pas dit qu’ils le reconnurent à la fraction du pain, par conséquent avant de manger. Ce terme ne doit pas être censé dès lors signifier l’eucharistie. (Marie-Joseph Lagrange, L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège, 2017, p. 635-636)

Illustration : L’invitation des disciples d’Emmaüs par Duccio du Buoninsegna, 1255-1319.

La cène d’Emmaüs par Diego Velazquez, 1620.

17 avril 2022

Christ est ressuscité, Alleluia !

Le premier jour de la semaine, Marie de Magdala vient de bonne heure, quand il faisait encore nuit, vers le tombeau. Et elle voit la pierre enlevée du tombeau. Elle se met donc à courir et se rend auprès de Simon-Pierre et auprès de l’autre disciple que Jésus aimait et leur dit : « On a enlevé le Seigneur du tombeau ! et nous ne savons où on l’a mis. » Pierre sortit donc et aussi l’autre disciple. Et ils se rendaient au tombeau. Or tous deux couraient ensemble. Et l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. Et se penchant il voit les bandelettes gisantes ; cependant, il n’entra pas. Arrive donc aussi Simon-Pierre, qui le suivait. Il entra dans le tombeau. Il contemple les bandelettes gisantes et le suaire qui était sur sa tête, non pas gisant avec des bandelettes mais roulé séparément dans un endroit. Alors donc l’autre disciple entra aussi, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Et il vit. Et il crut. – Car ils ne comprenaient pas encore par l’Écriture qu’il devait ressusciter des morts. (Jean 20, 1-9)

Madeleine avait précédé les apôtres, puisqu’il était encore presque nuit, quand elle s’aperçut que la pierre avait été enlevée, c’est-à-dire roulée, de façon que le tombeau était ouvert. Les gardes avaient disparu, mais elle ne s’en étonna pas, ignorant qu’on les avait placés là. Un regard furtif lui permit de constater que le corps avait disparu. Elle ne vit qu’un ange : Jésus s’était réservé de l’informer lui-même. Aussitôt dans son inquiétude extrême, craignant une profanation du corps adoré de Jésus, elle prit sa course et alla droit à Simon-Pierre et au disciple que Jésus aimait. Elle était hors d’elle-même, n’hésitant pas à conclure : « on a enlevé le Seigneur du tombeau, et nous ne savons pas où on l’a mis. » Pierre et Jean étaient probablement ensemble lorsque Marie de Magdala leur avait porté la fatale nouvelle

C’est ce point que saint Jean a raconté en détail, car il prit part à cette recherche anxieuse, se désignant lui-même comme cet « autre disciple que Jésus aimait ». Ils partirent aussitôt. Très affectés, tous deux couraient. Jean, plus jeune, courut plus vite que Pierre et arriva donc le premier. Cependant il n’entra pas, sûrement par égard pour son compagnon. Il se pencha seulement et vit au-delà de la petite antichambre les bandelettes gisantes. Pierre qui le suivait entra résolument jusque dans le tombeau. Il vit lui aussi et plus nettement les bandelettes, ce qui prouvait bien qu’on n’avait pas enlevé le corps, car on l’eût pris tel quel. Et, fait plus étonnant encore, le linge qu’on avait placé sur la tête n’était pas mêlé aux bandelettes en désordre ; il était roulé seul à part. L’autre disciple entra et vit la même chose. Tous deux gardèrent le silence, saisis et recueillis, et n’échangèrent pas leurs impressions. Saint Jean dit seulement que dès lors il crut que Jésus était ressuscité, et ce fut sûrement aussi la conviction de Pierre. Jusqu’à ce moment ils n’avaient pas compris, d’après l’Écriture, que le Christ devait ressusciter. Il l’avait cependant annoncé lui-même à tous ses Apôtres. Mais, l’événement leur paraissait improbable que seule l’évidence du fait eut le pouvoir de les convaincre, et il leur apparut alors que cette consécration suprême du Messie avait été prédite (cf. Isaïe 53,11).

(Marie-Joseph Lagrange o.p. L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, extrait, Artège, 2017.)

16 avril 2022

Le grand silence du Samedi saint

Jésus avait annoncé qu’il ressusciterait. Pour cela, ils (les grands prêtres et les Pharisiens) étaient bien tranquilles. Ce n’était pas à eux qu’on en ferait accroire. Mais le peuple est crédule. Jésus avait des partisans fermement convaincus de ses miracles, confiants dans ses promesses. […] Ce tombeau étant à Joseph avec le jardin, échappant à leur surveillance. Les disciples pouvaient s’y introduire durant la nuit, voler le corps, le faire disparaître, affirmer qu’il était vivant, caché quelque part, qu’il allait reparaître en Messie vainqueur de la mort, comme il l’avait annoncé. Il faut tout prévoir. Pilate en avait assez. Après des accusations en l’air, voici maintenant des sornettes ! À eux de s’arranger. On laissait à leur disposition quelques soldats qu’ils requéraient au besoin, comme lors de l’arrestation de Jésus. Il répondit donc sans s’émouvoir : « Vous avez une garde : allez, prenez vos sûretés comme vous savez faire : « Après leur acharnement de la veille, on pouvait s’en rapporter à eux.

Ils se chargèrent donc de tout, placèrent une garde, et apposèrent des sceaux sur la pierre qui fermait l’entrée. (Marie-Joseph Lagrange o.p., L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège, 2017, extrait, p. 622)

Illustration : Le grand silence du Samedi saint (Holy Saturday)

15 avril 2022

Vendredi saint

Ô mon Jésus, vous êtes Dieu, mais si vous n’étiez pas l’Homme-Dieu, vous ne seriez pas le plus grand des hommes. Rien de plus humble que votre naissance, de plus vulgaire que votre vie d’ouvrier dans la pauvre maison de Nazareth ; vous venez, comme tout le monde, au baptême de Jean ; vous enseignez, mais dans un langage simple, avec des comparaisons basses et familières ; vous avez des disciples, mais aucun lettré parmi eux. Était-ce donc difficile d’entraîner quelques hommes ignorants ? La foule se presse autour de vous, mais quand elle vous a vu et entendu elle se retire ; vous triomphez à Jérusalem, mais monté sur une ânesse. Vous n’avez pas couru au-devant de la mort en la bravant comme certains héros fameux : vous êtes venu à Jérusalem pour la Pâque et vous vous êtes laissé prendre par la trahison d’un ami. Les Juifs ont si peu reconnu en vous la grandeur de leur Messie tant attendu, si ardemment aimé par avance, qu’ils vous ont livré aux Romains, tout en gardant pour eux la responsabilité du crime. Aucune parole éclatante retentissante ne vous a vengé de la sottise de vos accusateurs, de l’injustice de vos juges ; vous n’avez pas eu la force de porter la croix, vous vous êtes plaint doucement d’être abandonné de Dieu. — Vous êtes mort du plus affreux supplice, et le monde est sauvé, votre Règne demeure. — Ô mon Jésus, vous êtes Dieu.

(Marie-Joseph Lagrange o.p., Journal spirituel. À Saint-Étienne de Salamanque, p. 103)

14 avril 2022

Jeudi saint

Jésus reprend les disciples de leur ambition et leur lave les pieds

Or, avant la fête de Pâque, Jésus sachant que son heure était venue de passer de ce monde vers son Père, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à la fin.

Et comme on avait commencé de souper – le diable ayant déjà mis dans le cœur de Judas Iscariote, fils de Simon, le dessein de le livrer – sachant que son Père lui avait tout mis entre les mains, et que c’est de Dieu qu’il est sorti et que c’est vers Dieu qu’il s’en va, il se lève de table, et quitte ses habits et, prenant un linge, il s’en ceignit ; ensuite, il jette de l’eau dans le bassin et se mit en devoir de laver les pieds de ses disciples et de les essuyer avec le linge dont il était ceint.

Il vient donc auprès de Simon-Pierre, qui lui dit : « Seigneur, c’est toi qui me laves les pieds ? » Jésus répondit et lui dit : « Ce que je fais, tu ne le sais pas maintenant, mais tu le comprendras après. » Pierre lui dit : « Non, tu ne me laveras pas les pieds, jamais. » Jésus lui répondit : « Si je ne te lave pas, tu n’as pas de part avec moi. » Simon-Pierre lui dit : « Seigneur, non seulement mes pieds, mais encore les mains, et la tête. » Jésus lui dit : « Celui qui a pris un bain n’a pas besoin de se laver, mais il est pur tout entier. Vous aussi, vous êtes purs, mais… pas tous. » Il savait, en effet, qui était le traître ; c’est pourquoi il a dit : Vous n’êtes pas tous purs.

Lors donc qu’il leur eût lavé les pieds, et qu’il eut repris ses habits et se fut remis à table, il leur dit : « Comprenez-vous ce que je vous ai fait ? Vous m’appeler “Maître” et “Seigneur” ; et vous dites bien, car je le suis. Si donc je vous ai lavé les pieds, moi le Seigneur et le Maître, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. Car je vous ai donné un exemple, afin que vous agissiez vous aussi comme j’ai agi envers vous. » (Jean 13, 1-15)

  • L’intention principale de Jésus était de donner à ses disciples un exemple d’humilité qui fût une leçon éternelle dans son Église. Ce qui hausse cette basse fonction jusqu’à l’héroïsme, c’est que lui, sorti de Dieu, et allant à Dieu, savait que Judas Iscariote, fils de Simon, l’un des Douze, songeait en ce moment même à le livrer. Et il lui laverait les pieds comme aux autres. Aussi bien ce n’est pas Judas qui protesta ! Ce fut Pierre, étonné de voir Jésus se lever de table, quitter ses vêtements de dessus, se ceindre d’une sorte de serviette, jeter de l’eau dans le bassin aux ablutions, se mettre à genoux – comment aurait-il fait autrement ? – pour lui laver les pieds. Alors il fit mine de refuser, mais en termes très doux, et qui ont dût coûter à son caractère : « Seigneur, c’est vous qui me lavez les pieds ! » Jésus lui répondit du même ton : « Ce que je fais, tu ne le sais pas maintenant, mais tu le comprendras après. » Mais c’est dès maintenant que Pierre veut une explication de ce geste incompréhensible. Il n’y tient plus ; il éclate : « Non, vous ne me laverez pas les pieds, jamais ! » Il s’était mis, par son emportement, sur la voie de la désobéissance. Jésus devient plus sévère : « Si je ne te lave pas, tu n’auras point de part avec moi. » Le cœur aimant est effrayé, il est attendri, il cède, il s’échauffe et passe maintenant la mesure dans la soumission : « Seigneur, non seulement mes pieds, mais encore les mains et la tête ! » Le brave Simon-Pierre ! Judas, lui, ne bougeait pas, ne disait rien, craignant peut-être de se dénoncer lui-même, jugeant tout cela de très haut. Jésus pense à lui en répondant à Pierre : « Celui qui a pris un bain n’a pas besoin de se laver, car il est pur tout entier. Vous aussi vous êtes purs, mais non pas tous. » C’était dire assez clairement que Pierre n’avait en somme pas besoin d’une purification supplémentaire : lui et les autres étaient purs, sauf Judas, dont aucune lotion ne pouvait nettoyer le cœur. Ce que Jésus en avait fait, c’était donc seulement pour abaisser à jamais les sursauts de l’orgueil ou de la vanité chez les siens. C’est ce qu’il énonce clairement, sans faire aucune allusion à un état inférieur de pureté qu’il aurait ainsi rendu plus parfait : « Comprenez-vous ce que je vous ai fait ? Vous m’appelez Maître et Seigneur et vous dites bien ; car je le suis. Si donc je vous ai lavé les pieds, moi le Seigneur et Maître, vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres. » Les fidèles savent très bien que l’imitation de Jésus doit s’étendre à tous leurs actes, à toutes leurs pensées, à toute leur vie, et pourtant cet exemple particulier n’est point spécialement obligatoire. Cependant, pour honorer ce souvenir, les rois ont lavé les pieds des pauvres le jeudi saint, et les prélats de l’Église le font encore. Et qu’on n’allègue pas l’inconvenance de s’humilier devant un frère qui est peut-être un apostat dans son cœur. Jésus l’a fait à l’égard de Judas, et cependant il savait qu’il était déjà figuré dans l’Écriture : « Celui qui mange mon pain a levé contre moi son talon» (Ps 41 (Vulgate 40), 10.) Lorsqu’il prononça ces paroles, Jésus avait déjà repris sa place près de la table. (Marie-Joseph Lagrange, L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège, 2017, extrait, p.542-543).

Illustration : Le lavement des pieds par Mariotto di Nardo 1385-1405-sacristie de la chapelle saint Nicolas-église santa Maria Novella-Florence (Italie).

 

13 avril 2022

Mercredi de la Semaine sainte

Jésus dénonce la trahison

Le soir venu, Jésus se trouvait à table avec les Douze. Et pendant qu’ils mangeaient, Jésus dit : « En vérité, je vous le dis que l’un d’entre vous me trahira ». Extrêmement attristés, les Douze commencèrent à lui demander chacun à son tour : « Serait-ce moi, Seigneur ? ». Jésus répondit : « Celui qui a mis la main avec moi dans le plat, celui-là me trahira. Le Fils de l’homme s’en va selon ce qui est écrit à son sujet ; mais malheur à cet homme, par qui est trahi le Fils de l’homme. Il eût mieux valu pour cet homme qu’il ne fût pas né. Prenant la Parole, Judas dit : « Serait-ce moi, Rabbi ? ». Jésus lui répondit : « C’est toi-même qui l’as dit ». (Matthieu 26, 21-25)

Jésus étant près de Judas put aisément lui porter une bouchée trempée jusque dans la bouche. Dernier signe de familiarité intime. Mais Judas s’obstine, et cet endurcissement à cette heure rend Satan maître de son âme ; il suivra ses suggestions jusqu’au bout. (Marie-Joseph Lagrange o.p., L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège, 2017, extrait p. 546)

Illustration : La Dernière Cène. Trahison de Judas.

 

12 avril 2022

Mardi de la Semaine sainte

Jésus dit à Pierre : « Là où je vais, tu ne peux pas me suivre maintenant ; tu me suivras plus tard. » Pierre lui dit : « Seigneur, pourquoi ne puis-je pas te suivre à présent ? Je donnerai ma vie pour toi ! » Jésus réplique : « Tu donneras ta vie pour moi ? Amen, amen, je te le dis : le coq ne chantera pas avant que m’aies renié trois fois. » (Jean 13, 36-38)

Pierre était sincère, mais sa solidité devait être plus sûrement fondée sur son repentir que sur un dévouement empressé et présomptueux. Aussi Jésus : « En vérité, je te le dis : toi-même aujourd’hui, cette nuit, avant qu’un coq ait chanté deux fois, tu me renieras trois fois ». Il n’en répéta qu’avec plus de force : « Quand il me faudrait mourir avec vous, je ne vous renierai pas ! » L’affection, entraînée à s’affirmer plus ardente, peut seule faire pardonner un pareil démenti : cependant le Maître avait doit à un respect plus entier de sa parole. Les autres joignirent leurs protestations à celles de Pierre. Jésus avait parlé. Il ne répliqua pas, mais mit en garde les siens qui n’appréhendaient pas assez l’imminence du péril. (Marie-Joseph Lagrange. L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège, 2017, extrait, p. 552.)

Illustration : Le Reniement de saint Pierre par Canavesio-ND des Fontaines. La Brigue (Alpes-Maritimes)

 

11 avril 2022

Lundi de la Semaine sainte

À la réflexion particulière de Judas Iscariote, après que Marie, la sœur de Marthe, eût versé sur les pieds de Jésus un parfum d’un nard authentique d’une grande valeur, Jésus dit à Judas : « Laisse-la observer cet usage en vue du jour de ma sépulture. Vous avez toujours des pauvres parmi vous ; mais moi, vous ne m’avez pas toujours.  Jean 12, 7-8. »

Pour cette fois, le Maître moins soucieux de secourir les pauvres que de défendre la noble femme contre un hypocrite : « Laisse-la » en paix, dit-il. Tu demandes pourquoi elle n’a pas vendu ce parfum ? C’était afin de le conserver pour le jour de ma sépulture. Et, en effet, son cœur attentif avait été touché d’un pressentiment auquel les autres demeuraient fermés ; elle avait oint d’avance le corps du Maître tant aimé. Et ce beau geste était si beau, étant inspiré par une lumière divine, que Jésus annonça solennellement : partout où sera prêché l’Évangile, dans le monde entier, on parlera aussi de ce qu’a fait cette femme, en mémoire d’elle. Prophétie réalisée dans toutes les chaires où l’on prêche la Passion.

Quant au pauvres, Jésus qui va mourir ne peut plus rien faire pour eux, mais il compte sur ses disciples. Il voudrait cependant émouvoir ces cœurs du tendre et douloureux sentiment de Marie : « Vous avez toujours les pauvres parmi vous ; mais moi, vous ne m’avez pas toujours. » (Marie-Joseph Lagrange, L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège, 2017, extrait, p. 463.)

 

10 avril 2022

Dimanche des Rameaux et de la Passion

Entrée messianique à Jérusalem

« Et comme Jésus approchait déjà de la descente du mont des Oliviers, toute la troupe des disciples, transportés de joie, se prirent à louer Dieu d’une voix forte pour tous les miracles qu’ils avaient vus, disant ‘Béni celui qui vient, lui, le Roi, au nom du Seigneur ! Paix dans le ciel et gloire dans les hauteurs !’ Et quelques Pharisiens, mêlés à la foule, lui dirent : ‘Maître, mets tes disciples à la raison !’ Et Jésus répondit : ‘Je vous le dis : si ceux-ci se taisent, les pierres crieront.’ » (Luc 19, 37-40)

[Jésus] voyant devant lui, dans l’éclat encore récent de leurs grandes pierres blanches, les palais, les remparts, le Temple du Seigneur ruisselant d’or, toute cette sainte Sion où l’attendaient la haine et la perfidie, il pleura.

(Marie-Joseph Lagrange, L’Évangile de Jésus Christ avec la synopse évangélique, Artège-Lethielleux, 2017, p. 468.)

Avec fr. Manuel Rivero, nous faisons mémoire du jour-anniversaire ou dies natalis de fr. Marie-Joseph Lagrange o.p. qui a accompli un immense travail afin que la Parole de Dieu soit accessible à tous. Confions -lui nos demandes de grâces et prions pour sa prochaine béatification.

4 avril 2022

5ème semaine de Carême

« Je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie. » (Jean 8, 12)

Cette lumière ne serait donc pas dans le disciple une connaissance stérile ; elle atteindrait le cœur, mettrait en branle la volonté, vive étincelle de vie morale et religieuse, rayon parti de Jésus pour dissiper les ténèbres dans lesquelles l’homme cherchait sa voie.

(Marie-Joseph Lagrange. L’Évangile de Jésus-Christ avec la synopse évangélique, Artège-Lethielleux, 2017, voir la suite p. 326 s.)

3 avril 2022
« Pris à leur propre piège ».
Homélie pour le cinquième dimanche de Carême 2022.
Saint-Denis (La Réunion), le 3 avril 2022.
Fr. Manuel Rivero O.P.
C’est trop facile ! Son mari pleure, cocu. Femme légère, elle donne un mauvais exemple. « Qui a bu boira ». Elle va recommencer. Enfin, pour une fois que l’on l’attrape sur le fait et que nous avons des preuves, il faut la punir sévèrement. La loi le dit clairement, elle est faite pour cela. Si l’on pardonne au méchant, il n’apprendra jamais la justice. Elle l’a cherché. Qu’elle assume !
Jésus enseigne dans le Temple de Jérusalem. Les scribes et les pharisiens, les mêmes qui le condamneront à mort sur la croix, lui amènent cette femme adultère, effrayée à l’idée de la condamnation, tête baissée, remplie de honte.
Voilà le grand prophète Jésus! Que va-t-il dire ? Que va-t-il faire ?
Ces scribes et ces pharisiens ressemblent aux journalistes qui pratiquent le dilemme : « Est-ce que vous êtes pour ou contre ? » Ce type de questions s’attend souvent à des réponses simplistes, superficielles qui ne vont pas au fond du problème car rarement la question de la finalité bénéficie d’une mise en lumière. Quel est le sens et la finalité de la Loi ? Quelle est la volonté de Dieu pour l’homme et la femme qui fautent ? Quelle est la lettre de la Loi et quel est son esprit, volonté du législateur, en l’occurrence Dieu ?
Ces scribes et ces pharisiens se réjouissent d’avoir trouvé l’occasion de prendre au piège Jésus. Est-il pour la Loi de Moïse ou contre la Loi de Moïse ? S’il est pour la Loi de Moïse, Jésus devra la déclarer coupable. S’il se manifeste opposé à la Loi de Moïse, Jésus sera considéré comme un mauvais juif, révolté contre la révélation divine.
Le voici face à une colle ! Comment va-t-il s’en sortir cet ami des pécheurs et des publicains ? Jésus, homme libre, fustige les politiques corrompus qu’il traite de « renards » (Lc 13,32) comme il l’a fait envers Hérode. Ce Jésus de Nazareth n’hésite pas à dénoncer les autorités religieuses, tatillonnes sur l’application des détails de la Loi mais à côté de l’essentiel, les traitant de « serpents et d’engeance de vipères » (Mt 23,33) : « Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites, qui acquittez la dîme de la menthe, du fenouil et du cumin, après avoir négligé les points les plus graves de la Loi, la justice, la miséricorde et la bonne foi ; c’est ceci qu’il fallait pratiquer, sans négliger cela. Guides aveugles, qui arrêtez au filtre le moustique et engloutissez le chameau » (Mt 23,23-24).
Mais Jésus ne répond pas à la question des scribes et des pharisiens. La naïveté ne représente pas une vertu dans l’Évangile. « Jamais un homme n’a parlé comme cet homme » (Jn 7,46), Jésus. À son tour, il va leur poser aussi une question sur leur vie morale et sur leur conscience. Le Psalmiste dans l’Ancien Testament priait ainsi : « Ils tendaient un filet sous mes pas, mon âme était courbée ; ils creusaient devant moi une trappe, ils sont tombés dedans. » (Ps 57, 7).
Les scribes et les pharisiens vont tomber dans leur propre piège, celui de l’accomplissement parfait de la Loi. Au nom de la Loi, ils condamnent. Au nom de la Loi, leur conscience les condamne : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre » » (Jn 8, 7).
Jésus qui ne nous a pas laissé d’écrit écrivait sur le sable. Qu’a-t-il écrit ? Mystère ! Nous n’en savons rien. Ou plutôt nous ne connaissons pas le texte mais nous savons son contenu, son message, son esprit : « C’est la miséricorde que je veux, et non le sacrifice. Je ne suis pas venu appeler les justes mais les pécheurs » (Mt 9,13).
Saint Jean évangéliste précise que tous s’en allèrent, un par un, en commençant par les plus âgés. Qu’est-ce que cela veut dire ? Les plus âgés étaient-ils les plus grands pécheurs où leur âme était-elle la plus sensible envers leurs fautes ? Peu importe ! L’évangéliste saint Jean nous conduit à Jésus et à son regard miséricordieux posé sur cette femme dont nous ignorons le prénom car elle représente l’humanité pécheresse et coupable : « Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamné ? ». La femme adultère répond : « Personne, Seigneur. » Et Jésus fait du neuf dans sa vie : « Moi, non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »
Jésus n’est pas laxiste ni relativiste. Il ne dit pas ce que nous entendons tout le temps « ce n’est pas grave », « fais comme tu peux », « surtout ne culpabilise pas, sens-toi libre »… Jésus recrée le cœur de cette femme par son pardon. Devenue une création nouvelle par la rencontre avec Jésus, elle est envoyée : « Va ». Témoin de la grâce du pardon, cette femme relève la tête. Aimée de Dieu, elle prend un chemin de lumière, celui de la résurrection spirituelle. Elle est passée de la honte à la fierté d’être aimée de Dieu, de la mort du péché à la vie de la grâce, des ténèbres à la Lumière du Christ.
Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face reconnaissait son indignité et la grandeur de la miséricorde divine. Elle s’adressait à Dieu le Père en priant ainsi : « Au soir de cette vie, je paraîtrai devant vous les mains vides. (…) Je veux donc me revêtir de votre propre Justice, et recevoir de votre amour la possession éternelle de vous-même » .
« Si notre cœur nous condamne, Dieu est plus grand que notre cœur » (1 Jn 3,20).
« La miséricorde divine se moque du jugement » ( Jc 2,13).
Voilà notre Justice, notre Salut, notre Joie : l’amour de Jésus pour nous, plus fort que toutes les puissances de mort.
Amen !

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