In Évangile selon saint Jean, p. 513-515, Librairie Lecoffre J. Gabalda, Paris, 1936.
19Comme il était tard ce même jour, le premier de la semaine, et les portes étant fermées par crainte des Juifs là où étaient les disciples, Jésus vint et se tint au milieu, et leur dit : Paix à vous !
Cette apparition est la même que celle dont parle Luc et qu’il fixe au dimanche soir. Le jour et le moment sont marqués : une heure très tardive, ce qui laisse aux disciples d’Emmaüs le temps de revenir à Jérusalem, même s’ils sont partis de l’Emmaüs qui devint Nicopolis, à 160 stades [30 km]. Les portes étaient fermées, non que les Juifs n’eussent pu les forcer, mais pour éviter des importuns qui pouvaient être des espions. Ce détail est mentionné pour montrer que Jésus entra d’une façon surnaturelle. Il n’en usait point ainsi de son vivant : c’est donc que son corps ressuscité a acquis des propriétés surnaturelles, qui lui sont pour ainsi dire naturelles. C’est ce que Luc exprime lui aussi d’une manière indirecte, par les faits, non par un enseignement théorique. […]
« La paix à vous » est bien cette fois la formule de salutation des Juifs, mais non cependant sans une certaine solennité […] : en souhaitant la paix, Jésus la donne, comme il l’avait déjà donnée.
20Et cela dit, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples se réjouirent donc en voyant le Seigneur.
Jésus avait donc conservé sur son corps ressuscité la trace de ses blessures, comme de glorieuses cicatrices : non qu’il ne puisse apparaître autrement ; mais il les montre pour être reconnu comme le crucifié, et sans se faire un mérite de ses souffrances auprès de ses disciples, il les rappelle néanmoins, soit pour exciter leur foi et leur amour, soit pour que la joie soit plus complète, tant de douleurs n’étant plus qu’un souvenir. Le ressuscité en use selon les dispositions de ceux auxquels il apparaît. Il avait dû modérer l’ardeur aimante de Magdeleine ; il semble avoir eu besoin de convaincre ses disciples […]. La joie, certes, bien naturelle avait été annoncée par Jésus.
21Il leur dit donc de nouveau : « Paix à vous ! Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. »
Jésus répète sa salutation, comme prélude d’un dernier acte avant de prendre congé, et parce que la paix est une disposition favorable à l’action divine.
Parlant à son Père, il avait déjà regardé la mission des Disciples comme accomplie dans sa pensée. Il la leur intime maintenant dans les mêmes termes : comme il a été l’envoyé de son Père, ils seront ses envoyés : la résurrection dont ils sont les témoins sera sans doute la première bonne nouvelle qu’ils auront à annoncer au monde.
22Et cela dit, il souffla sur eux et leur dit « Recevez l’Esprit-Saint ; 23ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis : et ceux à qui vous les retiendrez, ils seront retenus.
[…] Ce que Jésus donne à ses apôtres est donc quelque chose de surnaturel que l’on doit rattacher à l’action de l’Esprit-Saint, représenté dans l’Ancien Testament surtout comme vivifiant, et que Jésus lui-même a désigné comme un Aide dans l’ordre de la vérité. Après la mission imposée au verset précédent, il semble bien que ce doit être un pouvoir, plutôt qu’une disposition de l’esprit ou du cœur, mais on ne saurait que conclure, si des paroles jointes au geste ne donnaient l’explication. Ce pouvoir, en effet, est exprimé clairement (verset 23) ; c’est celui de remettre les péchés, et c’est aussi celui de les retenir. C’est le pouvoir déjà donné à Pierre et aux apôtres, qui est ici renouvelé expressément, avec l’insufflation de l’Esprit, laquelle le confère définitivement. L’allusion à l’Esprit s’entend assez : remettre les péchés, c’est donner la vie spirituelle ; et cela ne doit pas se faire sans discernement, puisque dans certains cas les péchés sont retenus. Or cela ne saurait être par caprice, mais par suite d’un jugement porté sur les dispositions des hommes.
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