30 avril2023
Journée mondiale de prière pour les vocations
L’histoire d’une vocation
Comment devient-on le père Lagrange ?
Depuis que j’avais lu la Vie de S. Dominique par Lacordaire, je ne me couchais jamais sans un « Souvenez-vous » et « S. Dominique, priez pour moi ». J’avais même en secret le vœu d’entrer dans l’Ordre, mais ce dernier souvenir s’était échappé complètement de ma mémoire. […] Or il arriva, au mois de mai de cette année 1877, que Dieu me toucha la cœur… Un jour un ami me dit qu’il y avait chez moi une dépêche… Je rentrai aussitôt : cette dépêche m’annonçait de mauvaises nouvelles de ma famille. Désolé, j’entrai à Saint-Sulpice, jusqu’au fond, aux pieds de Marie… Que se passa-t-il ? Quelques jours après, j’achetais un chapelet… Puis je rentrai à Bourg le jour de Ste Marie-Madeleine, j’écrivais à un ami : « Il me vient des pensées de religiosité » … Au 15 août, j’allai me confesser comme la première fois à la Visitation ; et tout stupéfait de mon audace, je confiai au confesseur le désir de me faire prêtre ! Il en fut moins surpris que je craignais, se souvenant des pieux désirs de mon enfance, que j’avais manifestés à ma mère la première fois que je la vis après ma première communion. – S’il m’était permis de sonder les desseins de Dieu, il me semble que cette conversion, due sans doute aux prières des âmes généreuse qui priaient pour moi, comme ma cousine Marie du Saint-Sacrement, fut aussi en partie une récompense de la démarche qui me fit sans hésiter quitter la faculté de l’État pour m’inscrire à l’Université catholique aussitôt ouverte… Heureusement cette université avait des étudiants meilleurs que moi… […]
J’étais décidé à quitter le monde. Comment avertir mes parents ? […] Mes parents acceptèrent l’appel de Dieu. […] Avant la fête de l’Assomption, j’avais fait trois jours de retraite à la chartreuse de Sélignac. Le P. Doussot y était encore, il m’engagea à voir la province de Toulouse. Je pris rendez-vous avec l’abbé Castellan : le 8 septembre, j’étais à Saint-Maximin, le soir à la Sainte-Baume. J’étais ravi : entrer dans un Ordre dont les saints ont été si purs m’effrayait : Ste Marie-Madeleine m’encourageait doucement. À Marseille, le P. Cormier me permit de suivre la retraite : je revins donc à Saint-Maximin. La retraite terminée, je revins dire adieu à mes parents : ils étaient tristes ; mon père était déjà en proie à une sourde persécution comme clérical… Je confiais tout à la Vierge noire, au Cœur Immaculé de Marie, dans mon dernier passage furtif à l’église. Le matin du Rosaire, j’étais à Marseille avec mon cousin Langeron, dans cette même église du Rosaire, le soir à Saint-Maximin. Le lendemain 6 octobre, je prenais l’habit ; j’avais stipulé de ne plus faire de retraite ; on me donna le nom de Marie-Joseph.
Le reste figure dans ce cahier (Journal spirituel), grâces sans nombres, grâces de choix, et toujours par Marie ; et, dans les plus mauvais moments, son visage me rassérène. Emissiones tuae paradisus ; et malgré ma tiédeur actuelle, inguérissable mal d’après les saints, j’espère en Marie, Marie me sauvera. C’est à elle que je dois d’avoir connu, après six mois de noviciat, jour pour jour, la présence de Dieu dans l’âme et, à la première retraite du P. Colchen, la présence de Jésus-Christ en nous. Qu’ai-je fait de tant de dons…
(Bernard Montagnes. Extraits de Marie-Joseph Lagrange. Une biographie critique. Cerf histoire, Biographie, 2004, pp. 45-49.)
Prière de saint Jean-Paul VI pour les vocations
Ô Jésus, divin Pasteur des âmes, qui as appelé les Apôtres à être des pêcheurs d’hommes, attire de nouveau à toi les âmes ardentes et généreuses des jeunes, pour en faire tes disciples et tes ministres ; fais-les participer à ta soif de Rédemption universelle, […] ouvre-leur les horizons du monde entier, […] afin que, répondant à ton appel, ils prolongent ta mission ici-bas, construisent ton Corps mystique, qui est l’Église, et soient “sel de la terre”, “lumière du monde” (Mt 5, 13).
Que la Vierge Marie vous accompagne et vous protège. Avec ma bénédiction
29 avril 2023
Sainte Catherine de Sienne, tertiaire dominicaine. Docteur de l’Église et copatronne de l’Europe.
Dans son Journal spirituel, le P. Lagrange consacre le mois d’avril à honorer Ste Catherine de Sienne, pour lui demander la dévotion à Jésus Crucifié, à Marie très Sainte, à l’Église.
BENOÎT XVI. AUDIENCE GÉNÉRALE. Salle Paul VI
Mercredi 24 novembre 2010
Catherine de Sienne
Chers frères et sœurs,
Je voudrais aujourd’hui vous parler d’une femme qui a eu un rôle éminent dans l’histoire de l’Église. Il s’agit de sainte Catherine de Sienne. Le siècle auquel elle vécut — le XIVe — fut une époque tourmentée pour la vie de l’Église et de tout le tissu social en Italie et en Europe. Toutefois, même dans les moments de grandes difficultés, le Seigneur ne cesse de bénir son peuple, suscitant des saints et des saintes qui secouent les esprits et les cœurs provoquant la conversion et le renouveau. Catherine est l’une de celles-ci et, aujourd’hui encore, elle nous parle et nous incite à marcher avec courage vers la sainteté pour être toujours plus pleinement disciples du Seigneur.
Née à Sienne, en 1347, au sein d’une famille très nombreuse, elle mourut dans sa ville natale en 1380. A l’âge de 16 ans, poussée par une vision de saint Dominique, elle entra dans le Tiers Ordre dominicain, dans la branche féminine dite des Mantellate. En demeurant dans sa famille, elle confirma le vœu de virginité qu’elle avait fait en privé alors qu’elle était encore adolescente, et se consacra à la prière, à la pénitence et aux œuvres de charité, surtout au bénéfice des malades.
Lorsque la renommée de sa sainteté se diffusa, elle fut protagoniste d’une intense activité de conseil spirituel à l’égard de toutes les catégories de personnes : nobles et hommes politiques, artistes et personnes du peuple, personnes consacrées, ecclésiastiques, y compris le Pape Grégoire XI qui à cette époque, résidait à Avignon, et que Catherine exhorta de façon énergique et efficace à revenir à Rome. Elle voyagea beaucoup pour solliciter la réforme intérieure de l’Église et pour favoriser la paix entre les États : c’est pour cette raison également, que le vénérable Jean-Paul II voulut la déclarer copatronne de l’Europe : pour que le Vieux continent n’oublie jamais les racines chrétiennes qui sont à la base de son chemin et continue de puiser à l’Évangile les valeurs fondamentales qui assurent la justice et la concorde.
Catherine souffrit beaucoup, comme de nombreux saints. Certains pensèrent même qu’il fallait se méfier d’elle, au point qu’en 1374, six ans avant sa mort, le chapitre général des Dominicains la convoqua à Florence pour l’interroger. Ils mirent à ses côtés un frère cultivé et humble, Raymond de Capoue, futur maître général de l’Ordre. Devenu son confesseur et également son « fils spirituel », il écrivit une première biographie complète de la sainte. Elle fut canonisée en 1461.
La doctrine de Catherine, qui apprit à lire au prix de nombreuses difficultés et à écrire à l’âge adulte, est contenue dans le Dialogue de la Divine Providence, ou Livre de la Divine Doctrine, chef d’œuvre de la littérature spirituelle, dans ses Lettres, et dans le recueil de Prières. Son enseignement contient une telle richesse qu’en 1970, le Serviteur de Dieu Paul VI, la déclara Docteur de l’Église, titre qui s’ajoutait à celui de copatronne de la ville de Rome, par volonté du bienheureux Pie IX, et de patronne d’Italie, selon la décision du vénérable Pie XII.
Dans une vision qui ne s’effaça plus jamais du cœur et de l’esprit de Catherine, la Vierge la présenta à Jésus, qui lui donna un anneau splendide, en lui disant : « Moi, ton créateur et sauveur, je t’épouse dans la foi, que tu conserveras toujours pure jusqu’à ce que tu célèbres avec moi tes noces éternelles » (Raymond de Capoue, Sainte Catherine de Sienne, Legenda maior, n. 115, Sienne, 1998). Cet anneau ne demeura visible qu’à elle seule. Dans cet épisode extraordinaire, nous percevons le sens vital de la religiosité de Catherine et de toute spiritualité authentique : le christocentrisme. Le Christ est pour elle comme l’époux, avec lequel existe un rapport d’intimité, de communion et de fidélité ; il est le bien-aimé au-delà de tout autre bien.
Cette union profonde avec le Seigneur est illustrée par un autre épisode de la vie de cette éminente mystique : l’échange du cœur. Selon Raymond de Capoue, qui transmit les confidences reçues de Catherine, le Seigneur Jésus lui apparut tenant dans la main un cœur humain rouge resplendissant, lui ouvrit la poitrine, l’y introduisit et dit : « Ma très chère petite fille, de même qu’un jour j’ai pris le cœur que tu m’offrais, voici à présent que je te donne le mien, et désormais, il prendra la place qu’occupait le tien » (ibid.). Catherine a vécu véritablement les paroles de saint Paul : « Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 20).
Comme la sainte de Sienne, chaque croyant ressent le besoin de s’uniformiser aux sentiments du Cœur du Christ pour aimer Dieu et son prochain, comme le Christ lui-même aime. Et nous pouvons tous laisser notre cœur se transformer et apprendre à aimer comme le Christ, dans une familiarité avec Lui nourrie par la prière, par la méditation sur la Parole de Dieu et par les Sacrements, en particulier en recevant fréquemment et avec dévotion la sainte communion. Catherine appartient elle aussi à ce groupe de saints eucharistiques, avec lesquels j’ai voulu conclure mon Exhortation apostolique Sacramentum caritatis (cf. n. 94). Chers frères et sœurs, l’Eucharistie est un don d’amour extraordinaire que Dieu nous renouvelle sans cesse pour nourrir notre chemin de foi, renforcer notre espérance, enflammer notre charité, pour nous rendre toujours plus semblables à Lui.
Autour d’une personnalité aussi forte et authentique commença à se constituer une véritable famille spirituelle. Il s’agissait de personnes fascinées par l’autorité morale de cette jeune femme dont la vie atteignait un niveau très élevé, et parfois impressionnées également par les phénomènes mystiques auxquels elles assistaient, comme les extases fréquentes. Beaucoup de gens se mirent à son service et considérèrent surtout comme un privilège d’être guidées spirituellement par Catherine. Ils l’appelaient « maman », car en tant que fils spirituels, ils puisaient en elle la nourriture de l’esprit.
Aujourd’hui aussi l’Église tire un grand bénéfice de l’exercice de la maternité spirituelle de nombreuses femmes, consacrées et laïques, qui nourrissent dans les âmes la pensée pour Dieu, qui renforcent la foi des personnes et qui orientent la vie chrétienne vers des sommets toujours plus élevés. « Je vous dis et je vous appelle mon fils — écrit Catherine en s’adressant à l’un de ses fils spirituels Giovanni Sabbatini —, dans la mesure où je vous mets au monde par des prières incessantes et mon désir auprès de Dieu, comme une mère met son fils au monde » (Recueil de lettres, Lettre n. 141: A dom Giovanni de’ Sabbatini). Elle avait l’habitude de s’adresser au frère dominicain Bartolomeo de Dominici par ces mots : « Bien-aimé et très cher frère et fils dans le doux Christ Jésus ».
Un autre trait de la spiritualité de Catherine est lié au don des larmes. Celles-ci expriment une extrême et profonde sensibilité, la capacité à s’émouvoir et à éprouver de la tendresse. De nombreux saints ont eu le don des larmes, renouvelant l’émotion de Jésus lui-même, qui n’a pas retenu et caché ses pleurs devant le sépulcre de son ami Lazare et la douleur de Marie et de Marthe, et à la vue de Jérusalem, au cours de ses derniers jours terrestres. Selon Catherine, les larmes des saints se mélangent au Sang du Christ, dont elle a parlé avec un ton vibrant et des images symboliques très efficaces : « Rappelez-vous du Christ crucifié, Dieu et homme (…) Donnez-vous pour objet le Christ crucifié, cachez-vous dans les plaies du Christ crucifié, noyez-vous dans le sang du Christ crucifié » (Recueil de lettres, Lettre n. 21; A une personne que l’on ne nomme pas).
Nous pouvons ici comprendre pourquoi Catherine, bien que consciente des fautes humaines des prêtres, ait toujours éprouvé un très grand respect pour eux : ces derniers dispensent, à travers les sacrements et la Parole, la force salvifique du Sang du Christ. La sainte de Sienne a toujours invité les saints ministres, et également le Pape, qu’elle appelait « doux Christ de la terre », à être fidèles à leurs responsabilités, toujours et seulement animée par son amour profond et constant pour l’Église. Avant de mourir, elle dit : « Alors que je quitte mon corps, moi en vérité j’ai consommé et donné ma vie dans l’Église et pour la Sainte Église, ce qui m’est une grâce très particulière » (Raymond de Capoue, Sainte Catherine de Sienne, Legenda maior, n. 363).
Nous apprenons donc de sainte Catherine la science la plus sublime : connaître et aimer Jésus Christ et son Église. Dans le Dialogue de la Divine Providence celle-ci, à travers une image singulière, décrit le Christ comme un pont lancé entre le ciel et la terre. Celui-ci est formé de trois marches constituées par les pieds, par le côté et par la bouche de Jésus. En s’élevant grâce à ces marches, l’âme passe à travers les trois étapes de chaque voie de sanctification : le détachement du péché, la pratique de la vertu et de l’amour, l’union douce et affectueuse avec Dieu.
Chers frères et sœurs, apprenons de sainte Catherine à aimer avec courage, de manière intense et sincère, le Christ et l’Église. Faisons donc nôtres les paroles de sainte Catherine que nous lisons dans le Dialogue de la Divine Providence, en conclusion du chapitre qui parle du Christ-pont : « Par miséricorde, tu nous as lavés dans le Sang, par miséricorde, tu voulus converser avec les créatures. Ô fou d’amour ! Il ne t’a pas suffi de t’incarner, mais tu voulus aussi mourir ! (…) Ô miséricorde ! Mon cœur étouffe en pensant à toi : car où que je me tourne, je ne trouve que miséricorde » (chap. 30). Merci.
* * *
Chers amis, puisse sainte Catherine de Sienne nous apprendre ainsi la science la plus sublime : aimer avec courage intensément et sincèrement Jésus Christ et aimer l’Église ! Je salue cordialement les pèlerins francophones : bon séjour à tous !
© Copyright 2010 – Libreria Editrice Vaticana
Photo : Sainte Catherine de Sienne a la vision du Cœur de Jésus par Cozzarelli Guidoccio (1450-1517)
28 avril 2023
Deuxième discours : révélation de l’eucharistie.
Ce jour, dans l’évangile de Jean 6 du verset 52 au verset 59,
Ce que Jésus avait dit à la troisième personne, il se l’attribue ouvertement parce que Jésus est descendu du ciel ; ne pas mourir est expliqué positivement de la vie spirituelle, germe d’immortalité bienheureuse.
C’est qu’en effet la manducation du pain de vie, considérée jusqu’à présent d’une façon abstraite, est présentée maintenant comme un don formellement promis pour l’avenir. L’allusion à l’eucharistie est évidente, et ne peut être méconnue par personne, sauf par les protestants à méconnaître la clarté des termes. […] Jean a exprimé ainsi l’efficacité salutaire de la mort. Le pain donne la vie à chacun, c’est l’immolation de la chair qui donne la vie au monde […] Au lieu de retirer sa proposition ou de l’expliquer symboliquement, Jésus la maintient littéralement en ajoutant le sang, comme condition expresse de la vie éternelle. Le « fils de l’homme », non pas comme un titre messianique glorieux, mais pour insister sur sa nature humaine – Les termes sont absolus ; l’église grecque en a conclu qu’il fallait donner l’eucharistie aux enfants, et Augustin le juge bon. L’Église latine attend l’âge du discernement ; elle peut s’appuyer sur une raison très forte : Jésus rappelle que la première démarche auprès de lui se fait par la loi (35.45.47). De cette insistance que Jean n’a pas exprimée à propos de la régénération, on peut conclure avec Thomas que l’eucharistie exigence la révérence et la dévotion qui supposent une certaine perception intellectuelle de la nourriture surnaturelle.
La même chose est répétée positivement, avec le mot mâcher » « croquer » non pas pour varier le style, mais pour couper court à toute échappatoire vers le sens symbolique.
La manducation donne la vie par l’union à Jésus n’est pas sans portée. On dirait que celui qui mange le corps a d’abord Jésus en soi, et cependant c’est lui qui demeure en Jésus, comme dans une plénitude infinie, et c’est par condescendance que Jésus demeure dans sa pauvre maison. […] La manducation donne la vie et en même temps produit l’union. [Ce discours] à la synagogue prouve que Jean veut situer clairement son importance suprême, et prononcé avec solennité. On ne peut savoir combien de personnes pouvait contenir l’ancienne synagogue de Capharnaüm. Celle du IIe siècle, dont on connaît très bien le dessin et l’architecture intérieure, pouvait tenir environ 750 personnes, tant au rez-de-chaussée, que dans les galeries, c’est-à-dire au maximum.
Jean ne dit pas l’impression faite par le discours sur les Juifs. On savait déjà qu’elle était défavorable (52). L’enthousiasme est tout à fait tombé. La mission du Sauveur en Galilée se termine dans l’indifférence. […] Mais plusieurs disciples eux-mêmes se retirent, tandis que les Douze restent fidèles, en attendant la trahison de l’un d’eux.
(Marie-Joseph Lagrange des frères Prêcheurs, L’Évangile selon Saint Jean, Gabalda, 1936.)
26 avril 2023
« Telle est la volonté de mon Père : que celui qui voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. (36) Mais je vous l’ai déjà dit : vous avez vu, et pourtant vous ne croyez pas. » (Jn 6, 40.)
Le P. Lagrange propose à notre réflexion ce verset 40 de l’Évangile de ce jour : Les Juifs savaient bien que pour avoir la vie éternelle il faut croire en Dieu, aller à Dieu : ce que Jésus leur enseigne c’est que le Père veut qu’on passe par le Fils. Encore n’est-ce pas tout ce que ce petit morceau a en vue : c’est une invitation très tendre du Fils, qui se rattache au v. 35 : Celui qui croit n’aura jamais soif. Pourquoi ? Parce que le Père se propose son salut, le donne au Fils dans cette intention, et que le Fils fait tout ce que désire le Père pour le sauver, jusques, et y compris, la résurrection.
Insistance sur la volonté du Père : tous ceux qui voient le Fils, qui le considèrent attentivement et croient ont d’abord en eux la vie spirituelle qui est la vie éternelle, et ensuite le Fils les ressuscitera. Ils sont orientés par le Père vers la vie éternelle, et le Fils exécutera sa volonté. Il n’est pas dit qu’il n’arrivera à personne de perdre la foi, mais seulement quel est le résultat de la foi d’après les desseins du Père et sous l’action du Fils ; ce qui est surtout enseigné, c’est la parfaite conformité de la volonté du Fils avec celle du Père dans l’œuvre du salut des hommes. Rien de plus propre que ces paroles si bienveillantes à décider des Juifs à confier à Jésus leurs destinées éternelles sans s’écarter d’une ligne de la foi qui les rattachait au Père. C’était une manière de leur expliquer en clair ce qu’il était comme pain descendu du ciel. Il faut convenir que le v. 36 serait beaucoup mieux placé après le v. 40.
(Marie-Joseph Lagrange des frères Prêcheurs. L’Évangile selon Saint Jean, Gabalda, 1936.)
Photo : Comme ces pèlerins d’il y a deux mille ans, les hommes de notre époque, parfois inconsciemment, demandent aux croyants d’aujourd’hui non seulement de « parler » du Christ, mais en un sens de le leur faire « voir ». L’Église n’a-t-elle pas reçu la mission de faire briller la lumière du Christ à chaque époque de l’histoire, d’en faire resplendir le visage également aux générations du nouveau millénaire ? (Saint Jean-Paul II 1920-2005 Novo Millennio Ineunte n° 16-17.)
25 avril 2023
Saint Marc, évangéliste
Le Nouveau Testament parle d’un personnage nommé tantôt Jean (Ac 13,5), tantôt Jean surnommé Marc (Ac 12,12), tantôt Marc (Ac 15,39). Il est d’usage de se demander si Jean Marc et Marc sont le même personnage. Dans ces termes la question est mal posée, car on pourrait croire que Jean Marc a été précisément nommé d’un double nom pour être distingué de Marc tout court. En réalité le composé Jean Marc ne se rencontre nulle part. Il a seulement existé dans la compagnie des Apôtres un juif nommé Jean, de son nom d’Israélite, et surnommé Marc, d’un nom romain. Peu de personnes doutent encore que ce soit le même personnage que Marc. Dans les Actes, quand il est Jean, on voit très bien que c’est le même qui a aussi le nom de Marc, et que c’est le même qui est nommé Marc tout court. Dans les épîtres de saint Paul, il est seulement nommé Marc, mais il est dit cousin de Barnabé ; or les Actes prouvent précisément l’union intime de Barnabé avec Jean, surnommé Marc, et avec Marc. On sait que très souvent les Juifs prenaient un nom grec. Jean avait donc adopté comme nom courant un prænomen latin, déjà répandu dans le monde oriental sous la forme grecque. Ce nom de Marcos est d’ailleurs trop rare chez les Juifs pour qu’on puisse aisément supposer plusieurs Marc dans l’Évangile. La seule raison de supposer deux Marc, ce ne sont pas les textes du N. T., c’est la difficulté d’attribuer à la même personne tout ce que raconte la tradition, et, pensait-on, d’en faire à la fois un disciple de saint Pierre et de saint Paul. Le fait étant avéré, il vaudrait mieux renoncer à certaines données traditionnelles si elles étaient par trop invraisemblables, et reconnaître que saint Pierre et saint Paul s’entendaient mieux sur la doctrine qu’on ne l’a imaginé de nos jours.
Conclusion : La tradition attribue le second évangile à Jean surnommé Marc, Juif de Jérusalem, disciple de s. Paul et de s. Pierre. Il l’aurait écrit d’après la catéchèse de s. Pierre, sans se soucier d’un ordre assuré, dans le but de suppléer au témoignage oral de l’Apôtre, et très probablement à Rome, après la mort des deux grands Apôtres. […] Si l’on considère que Marc, informé par le principal témoin de la vie publique de Jésus, évidemment sincère comme rapporteur des faits, n’est influencé par aucune théologie spéciale, on tiendra son évangile, même au simple point de vue scientifique, pour un document d’une gravité hors de pair, qui nous donne une connaissance très incomplète, mais certaine, des faits et des paroles de Jésus.
(Marie-Joseph Lagrange, o. p. L’Évangile selon saint Marc. Coll. Études bibliques, Lecoffre-Gabalda, Paris, 1911, pp. XVII-XVIII-CLI.)
23 avril 2023
La route vers Emmaüs (Saint Luc 24, 13-35)
Homélie de Fr. Pavel Syssoev, o.p.
DÉCEVANT. Dieu peut-il être décevant ?
“Non-non, bien sûr que non, Dieu comble toujours le cœur de l’homme…” Ne nous dépêchons pas trop vite avec cette réponse. Il se trouve que la rencontre avec le Ressuscité, une vraie rencontre – et vous serez d’accord avec moi qu’une vraie rencontre avec le Ressuscité ne va pas de soi – devient possible pour les disciples dès le moment où ils disent leur profonde déception.
Ils s’éloignent de Jérusalem, le visage morne, en ruminant leur amertume des espoirs déçus. Ils attendaient de Jésus, ce prophète puissant par ses actes et par ses paroles, l’accomplissement de leurs rêves, de leur foi la plus légitime et la plus biblique, osons-le dire. “Nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël”. Luc, en écrivant cette scène, place dans leur bouche les paroles mêmes qui inaugurait son Évangile. Souvenez-vous, Siméon et Anne évangélisaient ceux qui attendait à Jérusalem la délivrance d’Israël. Zacharie, le père du Baptiste, chantait le salut qui arrachait Israël à la main de tous ses oppresseurs. La Vierge elle-même dans son Magnificat exaltait celui qui relevait Israël, son serviteur. L’espoir des disciples est donc plus que fondé et voilà qu’ils s’en vont déçus. En matière de relèvement on a vu mieux qu’un cadavre suspendu du supplicié. Un Messie décevant. Un Dieu décevant. Une histoire décevante.
Nous-mêmes, à combien de reprises n’avons-nous pas été confrontés à la déception devant les choix de Dieu ? Il serait beaucoup trop simple de dire que nos attentes étaient superficielles : les disciples sont déçus non seulement en ce qu’ils désiraient, eux, mais aussi en ce que Dieu leur promettait.
Et Dieu épouse leur marche qui les éloigne de Jérusalem. Il les écoute, les interroge. Il les laisse advenir jusqu’au terme de leur récit. “A vrai dire les femmes de notre groupe nous ont remplis de stupeur…”. Leur histoire ne s’arrête donc pas à Golgotha, à la mise au tombeau. Les femmes leurs annoncent la bonne nouvelle, mais elle est incroyable. Comme illisible à leurs yeux. Indéchiffrable.
Jésus leur impose alors une longue leçon de l’Écriture. De l’Écriture et de son interprétation. Il montre, pas à pas, texte après texte que l’Écriture le concerne. Que ce qu’ils ont vécu s’éclaire par cette parole et que la parole de l’Écriture a pris chair en ce qu’ils ont vécu. En ce qu’ils vivent. Leur déception se change en attente.
Devant toute crise que nous traversons : celle de notre Église, celle de nos vies, celle de nos sociétés, nous abondons en paroles. Nous avons des vues et des solutions. Nous avons des reproches – souvent fondés ; nous avons des projets de rafistolages – souvent inconsistants. Il faut parvenir au bout de souffle dans nos paroles pour entendre – enfin – la Parole venue d’ailleurs. Il nous faut entrer dans ce grand silence où l’Écriture s’impose à nous. Lentement, lourdement. Massivement. Pas à pas elle éclaire ce que nous sommes. Elle façonne ce que nous sommes. Elle nous ouvre notre intelligence et réchauffe notre cœur.
Mes amis, quelle place l’Écriture occupe-t-elle dans notre vie ? La lisons-nous ? La lisons-nous pour elle-même ? Ou tâchons-nous de nous emparer d’elle pour la plier à nos vues, pour illustrer ce que nous avons déjà décidé ? Dans nos choix, dans nos doutes, dans nos rêves, cette Parole résonne-t-elle ? Nous ouvre-t-elle une route ?
Mais ce n’est pas tout. L’ultime réponse et l’ultime remède à notre déception – le pain rompu et partagé. L’Eucharistie, Jésus donné, portant Jésus insaisissable. Il disparait à leurs yeux. Mais il leur donne la force de revenir à Jérusalem. C’est là, où ils raconteront ce qui s’est passé sur la route que le Christ se rendra présent au milieu d’eux. À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain. Comme ils en parlaient encore, lui-même fut présent au milieu d’eux, et leur dit : « La paix soit avec vous ! »
La déception se transforme en joie de la rencontre avec le Ressuscité là où la communauté de témoins le célèbre. Ensemble, ils ont tout quitté pour le suivre, Jésus. Ensemble ils ont appris à ses côtés, ensemble ils ont marché avec lui sur les routes. Ensemble ils ont été ébranlés dans la Passion. Là où le pasteur a été frappé, les brebis se sont dispensées. De nouveau, ils se rassemblent. Car Jésus a pu rejoindre chacun d’eux. Un tel – dans la course vers le tombeau vide. Tel autre – sur la route d’Emmaüs. Telle autre – dans ce jardin du premier jour de la semaine. Les voilà ensemble.
La joie éclot là où la communauté vit. L’unité du Corps de l’Église : ceux qui sont touchés par le Ressuscité, ceux qui se reconnaissent, ceux qui se servent mutuellement, ceux qui vivent de cette expérience commune – là Israël est délivré, là, le Royaume advient.
Décevant et admirable. Dieu est décevant quand nous le ramenons à nous. Dieu est admirable quand il nous ramène à lui. Où le fait-il ? Dans cette communauté qui proclame sa foi dans la résurrection.
Fr. Pavel Syssoev, op
Dominicains de Marseille PRAEDICATIO – DOMINICAINS Groupe Mission Marseille
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Image :
Copie de l’œuvre La route vers Emmaüs de Duccio di Buoninsegna par Nicolas Lokhoff (1872 – 1948).
23 avril 2023
Troisième Dimanche de Pâques
Fruits de la Ste Communion. Le Corps très-pur de N.S. amortit la concupiscence, purifie notre corps, efface les traces du péché. – Son âme donne à notre intelligence la certitude de la foi, à notre volonté le désir ardent de la perfection. – Sa Divinité, la persévérance dans la grâce, la contemplation de l’amour. Nous sommes vains et superficiels devant cette grande réalité de l’amour divin. (M.-J. Lagrange, o.p. Journal spirituel, Cerf, 2014.)
Mystère glorieux : la Résurrection de Jésus
Les deux disciples d’Emmaüs (Luc 24, 18-35)
commenté à la lumière de la vie et de l’œuvre du Père Lagrange
Fr. Manuel Rivero o. p.
Vice-postulateur de la Cause du P. Lagrange
« Et voici que, ce même jour (le premier de la semaine), deux d’entre eux faisaient route vers un village du nom d’Emmaüs, distant de Jérusalem de soixante stades, et ils conversaient entre eux de tout ce qui était arrivé. Et il advint, comme ils conversaient et discutaient ensemble, que Jésus en personne s’approcha, et il faisait route avec eux ; mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître.
Il leur dit : “Quels sont donc ces propos que vous échangez en marchant ?” Et ils s’arrêtèrent, le visage sombre. Prenant la parole, l’un d’eux, nommé Cléophas, lui dit : “Tu es bien le seul habitant de Jérusalem à ignorer ce qui y est arrivé ces jours-ci” – “Quoi donc ?” leur dit-il. Ils lui dirent : “Ce qui concerne Jésus le Nazarénien, qui s’est montré un prophète puissant en œuvres et en paroles devant Dieu et devant tout le peuple, comment nos grands prêtres et nos chefs l’ont livré pour être condamné à mort et l’ont crucifié. Nous espérions, nous, que c’était lui qui allait délivrer Israël ; mais avec tout cela, voilà le troisième jour depuis que ces choses sont arrivées ! Quelques femmes qui sont des nôtres nous ont, il est vrai, stupéfiés. S’étant rendues de grand matin au tombeau et n’ayant pas trouvé son corps, elles sont revenues nous dire qu’elles ont même eu la vision d’anges qui le disent vivant. Quelques-uns des nôtres sont allés au tombeau et ont trouvé les choses tout comme les femmes avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont pas vu !”
Alors il leur dit : “Ô cœurs sans intelligence, lents à croire à tout ce qu’ont annoncé les Prophètes ! Ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances pour entrer dans sa gloire ?”
Et, commençant par Moïse et parcourant tous les Prophètes, il leur interpréta dans toutes les Écritures ce qui le concernait.
Quand ils furent près du village où ils se rendaient, il fit semblant d’aller plus loin. Mais ils le pressèrent en disant : “Reste avec nous, car le soir tombe et le jour déjà touche à son terme.” Il entra donc pour rester avec eux. Et il advint, comme il était à table avec eux, qu’il prit le pain, dit la bénédiction, puis le rompit et le leur donna. Leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent… mais il avait disparu de devant eux. Et ils se dirent l’un à l’autre : “Notre cœur n’était-il pas tout brûlant au-dedans de nous, quand il nous parlait en chemin, quand il nous expliquait les Écritures ?”
À cette heure même, ils partirent et s’en retournèrent à Jérusalem. Ils trouvèrent réunis les Onze et leurs compagnons, qui dirent : “C’est bien vrai ! le Seigneur est ressuscité et il est apparu à Simon !” Et eux de raconter ce qui s’était passé en chemin, et comment ils l’avaient reconnu à la fraction du pain. »
Le père Lagrange commente cette apparition aux disciples d’Emmaüs à la lumière de la foi pascale. Il a vécu la profonde et douloureuse crise moderniste qui analysait les textes bibliques selon les seuls critères de la raison. Scientifique, esprit critique, mais surtout homme de foi en la Parole divine révélée, le père Lagrange rejette l’hypothèse fantaisiste d’Ernest Renan (1823-1892), écrivain et historien français, qui perdit la foi chrétienne et qui montrait dans un de ses ouvrages « les deux disciples soupant avec un juif pieux et versé dans les Écritures, qu’ils avaient rencontré sur leur chemin, puis oubliant sa présence et s’imaginant que Jésus est là qui rompt le pain, et se persuadant enfin, parce que leur compagnon s’est éclipsé pendant leur rêverie, que l’étranger et Jésus ne faisaient qu’un ». (M.-J. Lagrange, Évangile selon saint Luc, troisième édition, Paris, Librairie Victor Lecoffre, J. Gabalda, éditeurs, 1927, p. 610.)
Passionné pour la culture grecque depuis son adolescence, le père Lagrange met en parallèle la démarche de Socrate (470-399 av. J.-C.) qui interrogeait tout en enseignant et qui par sa maïeutique parvenait à faire découvrir à ses interlocuteurs ce qu’ils paraissaient ignorer.
Le verbe utilisé par saint Luc pour décrire la conversation de Jésus avec les deux disciples est « omileo » qui a donné en français « homélie ». Mot grec qui veut dire « converser ». Jésus établit le dialogue avec Cléophas et son compagnon. Il aime poser des questions. Par cette démarche dialectique, Jésus éveille la mémoire et l’intelligence. Le pape Paul VI, dans son encyclique Ecclesiam suam rendue publique en 1964, écrivait que « l’Église se fait conversation ». Le christianisme exalte la valeur de la parole et de la conversation. Par le dialogue Dieu rejoint l’homme et l’homme parvient au mystère de Dieu.
Sur la route d’Emmaüs, le Ressuscité s’entretient avec deux hommes découragés et tristes. Leur cœur a été plongé dans les ténèbres le Vendredi saint. Ils pensaient que leur maître allait délivrer Israël à la manière d’un puissant militaire capable d’expulser de la Terre sainte les légions romaines avec leurs dieux païens. Ils s’attendaient à un Messie triomphant qui attirerait toutes les nations à Jérusalem, centre du monde.
Le messianisme de Jésus avait été annoncé par le prophète Isaïe : « Ce sont nos souffrances qu’il portait et nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous le considérions comme puni, frappé par Dieu et humilié. Mais lui, il a été transpercé à cause de nos crimes, écrasé à cause de nos fautes. Le châtiment qui nous rend la paix est sur lui, et dans ses blessures nous trouvons la guérison » (Isaïe 53, 4-5). Pour le père Lagrange, Jésus est bien le Messie, Serviteur souffrant. Il éclaire son commentaire biblique par l’enseignement de sainte Catherine de Sienne (1347-1380), la grande mystique dominicaine, qui s’élevait contre ceux qui ne voulaient que la gloire sans les souffrances. Elle nommait cette pensée la religion du Père, religion naturelle fondée sur Dieu créateur, par rapport à celle du Fils, Messie qui est entré à travers la croix et la mort dans la gloire du Père.
En commentant la Loi, les Prophètes et les Psaumes, Jésus ouvre les yeux des disciples à l’intelligence des Écritures au moment du partage du pain. Pour le père Lagrange, il ne s’agit pas d’une célébration de l’Eucharistie : « Plusieurs ont pensé que leur cœur fut surtout embrasé parce qu’ils mangèrent un pain devenu le corps du Seigneur. Mais rien ne prouve que le Christ ait prononcé une seconde fois les paroles de la consécration. Il ne prendra avec ses apôtres qu’une nourriture ordinaire. Pourquoi ce privilège accordé à ces deux, qui, n’étant pas les Douze, n’étaient pas initiés au geste de Jésus à la Cène ? » (M.-J. Lagrange, L’Évangile de Jésus-Christ avec la Synopse évangélique traduite par le P. C. Lavergne o.p., nouvelle édition, Paris, Librairie Lecoffre, J. Gabalda, éditeurs, 1954, p. 654.)
Le cœur des disciples est devenu tout brûlant par l’intelligence des Écritures. Jésus est l’exégète du Père, qui en expliquant le sens des prophéties de l’Ancien Testament a ouvert les yeux de l’esprit à la Révélation divine. « Ignorer les Écritures c’est ignorer le Christ », enseignait saint Jérôme ( 347-420 ap. J.-C.). Le père Lagrange, appelé « le nouveau saint Jérôme », nous conduit au Verbe de Dieu, source de Vie, feu d’Amour.
Prions pour ceux qui n’arrivent pas à croire.
Prions pour ceux qui n’ont jamais reçu l’annonce de l’Évangile ni la catéchèse des mystères de Dieu.
(Extrait du livre : Le père Lagrange et la Vierge Marie. Méditations des mystères du Rosaire par Manuel Rivero, o.p. Cerf, 2012)
20 avril 2023
Dominicains – Province de Toulouse
20 avril 2023
20 avril 2023
Centre spirituel et pastoral Mont Thabor
20 avril 2023
« Celui qui vient d’en haut est au-dessus de tous ! Celui qui est de la terre appartient à la terre et parle [à la façon] de la terre. Celui qui vient du ciel témoigne de ce qu’il a vu et entendu. Et personne n’accepte son témoignage. Celui qui a accepté son témoignage a signé de son sceau que Dieu est véridique ! Car celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu, car ce n’est pas avec mesure qu’il donne l’Esprit ! Le Père aime le Fils ! Et il a tout remis dans sa main Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; celui qui refuse de croire au Fils ne verra pas la vie ; mais la colère de Dieu reste [suspendue]sur lui. » (Jn 3, 31-35)
Manifestement l’évangéliste a compris que l’entretien de Jésus avec Nicodème soude le Nouveau Testament à l’Ancien par la doctrine de l’Esprit.
L’Évangile de Jésus Christ. P. M.-J. Lagrange, o. p. avec la synopse évangélique grecque traduite par le P. Lavergne, o. p., Éd. Artège, 2017)
Dans l’opinion où le Fils a reçu l’Esprit, quel est le contexte ? D’après les anciens, après avoir montré dans le Christ le serviteur, Jean relève la dignité du Fils. Maldonat : Jean indique la raison pour laquelle le Père a donné l’Esprit. Mais on peut aussi bien dire que le Fils donne l’Esprit parce que le Père a tout remis entre ses mains ; il est l’unique dépositaire du salut auprès des hommes, de tout ce qui concerne le salut de l’humanité.
(L’Évangile selon Saint Jean. P. M.-J. Lagrange, o. p.., Éd. Gabalda, 1941)
18 avril 2023
Nicodème et la nouvelle naissance de l’Esprit.
« De même que Moïse a élevé le serpent dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin que quiconque croit ait en lui la vie éternelle. » (Jn 3, 14-15)
Jésus n’a pas établi si fortement sa qualité de révélateur pour s’en tenir à ce qu’il a dit à Nicodème du baptême. C’est le premier objet de l’enseignement pour qui désire entrer dans le royaume de Dieu, si ce n’est qu’on s’y unit à la mort du Christ pour effacer le péché ? Jésus touche donc au fond de la doctrine du salut, sans aborder les choses dans leur état céleste, et cela est amené très naturellement : après l’Incarnation suggérée par la notion du Fils de l’homme venu du ciel, son rôle comme rédempteur. L’allusion au serpent d’airain (Nb 21, 8-9) est très claire, Jean n’emploie jamais ce mot que pour signifier l’exaltation de la Passion (8, 28 ; 12, 32-34). Rêver qu’on dansait en étant élevé, c’était un pronostic de crucifixion. Il est possible qu’il ait choisi ce mot à cause de son sens exalter – non parce que l’exaltation du Christ a suivi sa passion, car la gloire n’est pas ici dans la perspective – mais parce que la Croix était déjà pour Jésus une exaltation ; il y devait être élevé comme sauveur, afin que chacun puisse élever aussi les yeux vers lui par la foi (Ga 3, 1) ; déjà le serpent d’airain était un symbole (Sg 15, 6) ; Jésus sera la réalité. En effet les Hébreux qui se tournaient vers le serpent n’étaient pas guéris par lui, mais par Dieu (Sg 16, 7), tandis qu’ici la foi devra procurer en lui la vie éternelle. Tout cela est encore au futur, c’est un décret divin qui ne manquera pas d’être exécuté ; la pensée de Jean est clairement de placer le v. 14 dans la bouche de Jésus. L’entretien avec Nicodème se termine ici.
(Marie-Joseph Lagrange, o.p. Extraits de L’Évangile selon saint Jean. Ed. Gabalda. 1941.)
Photo : Holbein 1536.
16 avril 2023
La miséricorde et le père Lagrange
Fondateur de l’École biblique de Jérusalem
Fr. Manuel Rivero o.p.
Vice-postulateur de la cause de béatification du père Lagrange
Un an avant de devenir novice dominicain au couvent royal de Saint-Maximin (Var), Albert Lagrange, séminariste à Issy-les-Moulineaux en 1879, écrit dans son Journal, des réflexions sur le premier mot de la vie dominicaine prononcé par le postulant au jour de sa prise d’habit, les bras en croix, en réponse à la question du prieur provincial « Que demandez-vous ? » : « La miséricorde de Dieu et la vôtre. »
La miséricorde de Jésus, des fidèles et du prêtre.
Exemples de miséricorde dans les derniers moments de la vie de Jésus
La dernière Cène respire ces sentiments de miséricorde : il sent combien ses disciples sont encore mal formés ; il leur lave les pieds, leur promet d’exaucer leurs prières, de leur envoyer l’Esprit consolateur, la force, il leur lègue la paix, leur annonce sa Résurrection, leur donne rendez-vous en Galilée.
La souffrance, si atroce qu’elle soit, ne le rend pas égoïste : il appelle Judas son ami, il guérit Malchus, il convertit St Pierre par un regard, il paraît miséricordieux pour Pilate. Sur la Croix, il prie pour ses bourreaux, il a un mot pour la Ste Vierge et pour St Jean. Après sa Résurrection, il est plein de condescendance pour ses disciples, peu affermis dans la foi.
Enseignements
N.S. est bien aussi le docteur de la miséricorde. Diliges proximum tuum tanquam teipsum (aime ton prochain comme toi-même). St Luc ; le Samaritain qui recueille le malheureux. Le prêtre a l’habitude de gouverner les âmes, de les dominer : souvent il perd ainsi les sentiments de miséricorde et de tendresse. Il est toujours en contact avec les misères, il risque de s’y habituer et d’y devenir indifférent. – Mt 25 (Cf. Évangile selon saint Matthieu 25, 45 : « En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous ne l’avez pas fait à l’un de ces petits, à moi non plus vous ne l’avez pas fait. ».) La miséricorde est le critérium du dernier jugement. Ceux qui cherchent dans la vie le dévouement pour soulager les autres ne sombreront jamais. Ceux qui cherchent la science, la gloire, même avec des vues élevées, peuvent sombrer, ceux-là non. Nous aimons à croire que les hommes miséricordieux seront sauvés, nous espérons que, s’ils sont incroyants, Dieu leur fera la grâce finale.
Discours sur la montagne. 8e béatitude : beati misericordes (Évangile selon saint Matthieu 5, 7 : « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. »).
Estote perfecti (« Soyez parfaits. »). St Luc dit : Estote misericordes (« Soyez miséricordieux. »). Il prêche la miséricorde aux pécheurs. »
(Journal spirituel d’Albert Lagrange, séminariste à Issy-les-Moulineaux, le 25 avril 1879).
Marie-Joseph LAGRANGE, Journal spirituel, Premier cahier ; transcrit par le frère Renaud Escande, révisé par le frère Bernard Montagnes.
16 avril 2023
Dimanche de la Miséricorde : la miséricorde de Dieu « ne nous laisse jamais seul.
Pape François. Audience générale du 12 avril 2023.
En rappelant que le dimanche prochain l’Église célébrera « le Dimanche de la Miséricorde », le pape François a invité à penser « à la miséricorde de Dieu qui nous accueille toujours, nous accompagne toujours, ne nous laisse jamais seuls ».
C’est ce que le pape a dit au terme de l’audience générale de ce mercredi 12 avril 2023, Place Saint-Pierre.
Lors de ses salutations aux fidèles polonais, le pape François a rappelé que « le Dimanche de la Miséricorde Divine » a été « établi par saint Jean-Paul II comme l’a voulu le Seigneur Jésus par l’intermédiaire de sainte Faustine Kowalska, il y a près d’un siècle ».
« Aujourd’hui que le monde est de plus en plus éprouvé par les guerres et s’éloigne de Dieu, nous avons encore plus besoin de la Miséricorde du Père », a poursuivi le pape. « Élevons donc notre prière au Christ : ‘Pour ta douloureuse Passion, aie pitié de nous et du monde entier’ ».
Le Christ a demandé l’institution de Dimanche de la Miséricorde à sainte Faustine Kowalska (1905-1938), religieuse de Notre-Dame de la Miséricorde et mystique polonaise, le 22 février 1931 : « Ce dimanche doit être la Fête de la Miséricorde » (Petit Journal 49).
Il a été institué par le pape Jean-Paul II le 30 avril 2000, jour de la canonisation de sainte Faustine, à Rome, par ces paroles : « Désormais, le deuxième dimanche de Pâques, dans toute l’Église, prendra le nom de “Dimanche de la Miséricorde Divine ” ».
Marina Droujinina. https://fr.zenit.org/2023/04/12/dimanche-de-la-misericorde-la-misericorde-de-dieu-ne-nous-laisse-jamais-seuls/
C’est le dimanche de la miséricorde. Accueillons le pardon de Dieu, faisons confiance en sa miséricorde qui n’a pas de limite. Alors nous pourrons faire miséricorde, nous pardonner à nous-mêmes nos mesquineries et nos méchancetés, notre manque de charité. Nous pourrons aussi pardonner à ceux qui nous ont blessés, humiliés, spoliés. Nous ne pourrons pas continuer à vivre sans cette miséricorde qui peut tout réparer.
https://dimanche.retraitedanslaville.org/meditation/647
Photo 1 : La imagen de Jesús Misericordioso es muy conocida en el mundo entero pues son varios los pintores que han plasmado con sus pinceles el mandato divino, siendo el primero de ellos, el artista polaco Eugenio Kazimirowski quien materializó una obra con un significado sin igual y de la que te hablaremos seguidamente.
L’image de Jésus Miséricordieux est bien connue dans le monde entier car il y a plusieurs peintres qui ont reproduit avec leurs pinceaux le mandat divin, le premier d’entre eux, l’artiste polonais Eugenio Kazimirowski qui a matérialisé une œuvre avec une signification inégalée.
https://divinamisericordia2204.wordpress.com/2020/07/18/primera-imagen-de-la-divina-misericordia/
Photo 2 : Jésus, j’ai confiance en Toi. « Les rayons signifient le sang et l’eau qui ont jailli des profondeurs de ma miséricorde lorsque mon cœur fut ouvert par la lance sur la croix. Les rayons blancs représentent l’eau qui purifie les âmes, les rouges symbolisent le sang qui est la vie des âmes… Heureux celui qui vivra à l’ombre de ces rayons. Je promets que l’âme qui honorera cette image ne sera pas perdue. » Telle est l’explication que Jésus donna à sœur Faustine au cours de sa vision.
https://fr.aleteia.org/2017/04/23/sainte-faustine-secretaire-de-la-misericorde-divine/
16 avril 2023
Bon dimanche de la Divine Miséricorde. Avec ma prière à la messe en la cathédrale de Saint-Denis de La Réunion.
15 avril 2023
RCF Radio 11 avril 2023 Retour sur la Semaine sainte
L’équipe RCF vient de rentrer après une Semaine sainte exceptionnelle en direct de #Jérusalem, où nous avons eu la joie d’être accueillis par l‘École Biblique et Archéologique Française.
(Re)découvrez cette école hors norme qui réunit des grands noms de l’archéologie et des études bibliques en réécoutant l’émission : https://bit.ly/43lQjRt
École Biblique et Archéologique Française, Véronique Alzieu, Dominicains – Province de France
Mercredi 12 avril 2023
Les disciples d’Emmaüs à Jérusalem
Lc 24. 33 Et se levant à l’heure même, ils retournèrent à Jérusalem. Et ils trouvèrent réunis les Onze et leurs compagnons 34 qui [leur] dirent : « Le Seigneur est vraiment ressuscité, et il est apparu à Simon. » 35 Et eux-mêmes racontèrent ce qui [s’était passé] dans le chemin et comment il avait été reconnu par eux à la fraction du pain.
Il semble que les deux disciples, d’abord saisis, puis transportés de joie, ne prirent même pas le temps de terminer leur repas. Il fallait au plus tôt annoncer la bonne nouvelle.
Un nouvel évangile commençait. Revenus à Jérusalem ils trouvèrent réunis les onze Apôtres, avec quelques compagnons, en proie eux aussi à une vive émotion. Sans laisser aux deux arrivants le temps de parler, on leur expliqua la raison de cette réunion extraordinaire à une heure tardive : « Le Seigneur est vraiment ressuscité, et il a apparu à Simon. » Le chef des Apôtres, Simon-Pierre, devant être le premier des disciples à voir leur commun Maître. Saint Paul l’a noté aussi (1), et c’était déjà une preuve que son reniement lui était pardonné, sa situation maintenue et consacrée. Cléopas et son compagnon dirent ce qu’ils avaient vu, et comment ils avaient reconnu le Seigneur à la fraction du pain (2).
(1) 1 Co 15, 5 « Il apparut à Pierre, et ensuite aux Douze », terme consacré pour le conseil des Apôtres. Luc qui est historien a écrit “onze” à cause de Judas, rayé des cadres, sans s’occuper de Thomas qui manquait par hasard.
(2) Sur la fractio panis, cf. v. 30. On ne peut nier que ce terme n’ait ici quelque chose de mystérieux. En tout cas on ne saurait l’expliquer comme notre locution vulgaire : casser une croûte ».
(L’Évangile de Jésus Christ. P. M.-J. Lagrange, o. p. avec la synopse évangélique grecque traduite par le P. Lavergne, o. p., Éd. Artège, 2017 et L’Évangile selon saint Luc, Gabada, 1941.)
Note complémentaire dans le très beau livre : Dictionnaire Jésus – École biblique de Jérusalem. Renaud Silly o.p. Éd. Bouquins, 2021, p. 396 :
- Le nom “Fraction du pain” vient du rite propre au repas juif utilisé par Jésus lorsqu’il bénit et distribue le pain en maître de table lors de la multiplication des pains ou de la Cène (Mt 14,19). Ce geste permet aux disciples de le reconnaître après sa résurrection (Lc 24, 30-35). L’expression désigne les assemblées eucharistiques des premiers chrétiens (Ac 2,42). Le symbolisme du pain divisé et partagé exprime le fait que ceux qui mangent à l’unique pain rompu, le Christ, entrent en communion avec lui et ne forment plus qu’un seul corps en lui. La métaphore implicite dans le verbe klaein (« fracturer », « briser » Mt 26,26 ; 1 Co 22,24) connote la mort violente et le sacrifice sanglant. (…)
Photo : Les disciples d’Emmaüs – La fraction du pain. Jacob Andries Beschey (1710-1786)
10 avril 2023
Après la grande fête de la Résurrection du Seigneur, Alléluia ! Comme chaque mois, nous fêtons le jour-anniversaire du départ au ciel du serviteur de Dieu Fr. Marie-Joseph Lagrange, o.p. Par son intercession nous lui confions les grâces dont nous avons besoin. Si nous pensons avoir bénéficié de grâces par son intercession, n’oublions pas de le signaler à manuelrivero921881772@gmail.com. ou manuel.rivero@free.fr Aucun miracle n’a été encore reconnu pour que son culte soit autorisé et il en faut un pour que le P. Lagrange soit déclaré bienheureux. Des images avec la prière peuvent vous être envoyées. Par courriel : pere.marie.joseph.lagrange@gmail.com ou manuel.rivero@free.fr
9 avril 2023
–
: Regina Cœli, laetare, alleluia.
: Quia quem meruisti portare, alleluia.
: Resurrexit, sicut dixit, alleluia.
: Ora pro nobis Deum, alleluia.
: Gaude et laetare Virgo Maria, alleluia.
: Quia surrexit Dominus vere, alleluia.
:
Deus, qui per resurrectionem Filii Tui, Domini Nostri Iesu Christi, mundum laetificare dignatus es: praesta, quaesumus; ut, per Eius Genetricem Virginem Mariam, perpetuae capiamus gaudia vitae. Per eundem Christum Dominum Nostrum. Amen.
Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto. Sicut erat in principio, et nunc et semper, et in saecula saeculorum. Amen. (3 veces)
9 avril 2023
Apparition de Jésus ressuscité à sa mère
À l’exemple de saint Vincent Ferrier, de saint Ignace de Loyola et du saint pape Jean-Paul II, le père Lagrange croit que Jésus est apparu en premier à la Vierge Marie : « La piété des enfants de l’Église tient pour assuré que le Christ ressuscité apparut d’abord à sa très sainte Mère. Elle l’a nourri de son lait, elle a guidé son enfance, elle l’a comme présenté au monde aux noces de Cana, pour ne reparaître guère qu’auprès de sa croix. Mais Jésus a consacré à elle seule avec Joseph trente ans de sa vie cachée : comment n’aurait-elle pas eu pour elle seule le premier instant de sa vie cachée en Dieu ? Cela n’intéressait pas la promulgation de l’Évangile ; Marie appartient à un ordre transcendant où elle est associée comme Mère à la Paternité du Père sur Jésus ».
Dessin réalisé par un détenu de la prison de Domenjod (La Réunion).
9 avril 2023
Il est vraiment ressuscité !
Il est vraiment ressuscité ! Pourquoi chercher parmi les morts ?
Il est vivant comme il l’a promis ! Alléluia ! Alléluia !
Les évangélistes n’ont pas essayé de dire le tressaillement le tressaillement de la chair livide et meurtrie, s’animant au souffle de l’âme, ce corps humain qui avait contraint le Fils de Dieu à la souffrance, transfiguré par la gloire dans la béatitude, la voix du Père prononçant dans son jour éternel : « Tu es mon Fils, je t’ai engendré aujourd’hui », Jésus Christ remerciant son Père de lui avoir donné les nations en héritage. Toutes choses ineffables demeurées cachées dans le secret de Dieu.
L’Évangile de Jésus Christ. P. M.-J. Lagrange, o. p. avec la synopse évangélique grecque traduite par le P. Lavergne, o. p., Éd. Artège, 2017)
8 avril 2023
Bon triduum pascal. Fr. Manuel
Interview de Fr. Manuel Rivero, o.p. Vice-postulateur de la cause de béatification du P. Lagrange par Véronique Alzieu de RCF
RCF : Le père Marie-Joseph Lagrange, le fondateur de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem ; Pâques 2023 et la Semaine sainte à Jérusalem
https://www.rcf.fr/vie-spirituelle/paques-2023-et-la-semaine-sainte-a-jerusalem?episode=360097
8 avril 2023
Samedi saint
Le tombeau trouvé vide
“Un grand silence règne aujourd’hui sur la terre, un grand silence et une grande solitude.”
Un grand silence parce que le Roi dort. La terre a tremblé et s’est calmée parce que Dieu s’est endormi dans la chair […] et qu’il est allé réveiller ceux qui dormaient depuis des siècles. »
Serait-ce donc le silence de l’attente et non le mutisme du désespoir ?
(Deuxième Nocturne – Sermon de saint Épiphane (évêque) – Lectionnaire patristique dominicain – Jean René Bouchet – Paris – éd. du Cerf – 1994.)
Elles entrèrent dans le tombeau et ne trouvèrent pas le corps. […] Alors, elles avisent un jeune homme assis à leur droite, sur la banquette, revêtu d’un habit blanc. Effrayées, elles baissèrent les yeux à terre. Le jeune homme dit : « Ne soyez pas dans cette stupeur. Vous cherchez Jésus de Nazareth le crucifié ; il est ressuscité, il n’est pas ici. Voici la place où on l’avait déposé. Mais, allez, dites à ses disciples et à Pierre qu’il vous précède en Galilée ; là vous le verrez, comme il vous l’a dit. »
(L’Évangile de Jésus Christ. P. M.-J. Lagrange, o. p. avec la synopse évangélique grecque traduite par le P. Lavergne, o. p., Éd. Artège, 2017)
7 avril 2023
Les Sept paroles de Jésus en croix avec les mots du P. Lagrange
La 7e parole (Pater, in manus tuas…)
Puis d’une voix forte, Jésus dit : « Père ! Je remets mon esprit entre tes mains ! (Luc 23, 46a) » Ayant donc montré par ce grand cri qu’il rendait librement son esprit à son Père, Jésus expira.
« Ayez pitié de nous, très doux Jésus, qui dans votre clémence avez souffert pour nous. »
Les Sept paroles de Jésus en croix avec les mots du P. Lagrange
Vendredi de la Semaine sainte
La 6e parole (Consummatum est)
« Tout est consommé », en bon ouvrier qui a fini sa tâche (Jean 19,3a).
6 avril 2023
Les Sept paroles de Jésus en croix avec les mots du P. Lagrange
Jeudi de la Semaine sainte
La 5e parole (Sitio)
Jésus cependant laissa entendre : « J’ai soif. »
[…] En disant : « J’ai soif », Jésus avait accompli une parole d’un psaume sur le juste souffrant (Psaume 68, 22). Désormais il avait bu le calice jusqu’à la dernière goutte.
Ps. 68,22. Pour nourriture ils m’ont donné du poison, dans ma soif ils m’abreuvaient de vinaigre.
6 avril 2023
Les Sept paroles de Jésus en croix avec les mots du P. Lagrange
Jeudi de la Semaine sainte
La 4e parole (Eloï)
« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
Durant trois heures, une obscurité opaque s’étendit sur le pays. Le soleil était voilé. L’atmosphère était lourde. Jésus garda le silence jusqu’à la neuvième heure. Il souffrait. Rejeté par les chefs de la nation comme blasphémateur et livré à des étrangers, traité par les Romains comme un malfaiteur, conspué par la populace, raillé par un bandit, abandonné par les siens, il ne lui restait plus qu’une peine à endurer dans son âme, la plus cruelle de toutes, l’abandon de son Père. Nous devons le croire, puisque deux évangélistes l’ont dit. Ils l’ont dit, et c’est sans doute la preuve la plus indiscutable de leur véracité. Les ennemis de Jésus venaient de l’insulter dans sa confiance en son Dieu : Non, qu’il se détrompe, Dieu l’a abandonné ! Les chrétiens devaient tenir cette insulte pour un blasphème envers l’objet de leur culte, Jésus Christ, Fils de Dieu. Alors pourquoi avouer que c’était vrai ? Pourquoi le faire avouer par Jésus lui-même criant dans sa détresse : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » […]
Le mystère subsiste pour nous. Même au moment où l’âme de Jésus allait quitter son corps, nous ne devons pas supposer une sorte de dédoublement de sa personnalité. C’est toujours le Fils de Dieu qui parle. Mais la voix humaine exprime le sentiment de son humanité, de son âme désolée comme si Dieu se retirait d’elle. Désolation plus entière que celle de Gethsémani, puisque Jésus ne dit plus « mon Père », mais seulement « mon Dieu », Eloï, Eloï. Comme toutes ses autres douleurs, celle-là aussi devait être acceptée pour nous : c’est le refuge des grandes âmes dans les dernières épreuves qui les purifient. […] Chargé sur son gibet de tous les péchés du monde, Jésus était devenu malédiction [Ga 3, 13]. Mais il nous délivrait de la malédiction en la prenant sur lui, et la désolation éclatait en joie dans les derniers versets du psaume dont il prononçait les premiers mots [Ps 22 (Vg 21), 1. Le psaume est en hébreu comme tous les autres, mais Jésus l’a prononcé en araméen.]. Les afflictions du juste, le véritable Messie, aboutissent à la gloire de Dieu. Le psaume reproduisait à l’avance le défi ironique des docteurs : « Qu’il s’abandonne à Iahvé ! Qu’il le sauve ! » Et en effet, l’abandonné s’abandonne ; il sait qu’à ce prix toutes les extrémités de la terre se tourneront vers Dieu, et toutes les familles des nations se prosterneront devant sa face [Ps 22, 28, peut-être Luc et Jean écrivant surtout pour les Gentils convertis ont-ils omis cette parole parce qu’elle est une citation qu’il fallait entendre comme telle.].
Parmi ceux qui étaient présents, les docteurs seuls comprirent que Jésus citait un psaume. D’autres, plus simples, n’entendant guère que les premiers mots, s’imaginèrent que Jésus appelait Élie. Ils y virent la dernière hallucination de cette tête que la torture achevait d’égarer. Car Élie, tout le monde le savait chez les Juifs, reviendrait pour manifester le Messie, mais il n’irait pas le chercher sur une croix !
5 avril 2023
Les Sept paroles de Jésus en croix avec les mots du P. Lagrange
Mercredi de la Semaine sainte
La 3e parole (Hodie)
« En vérité, je te le dis, aujourd’hui, tu seras avec moi, dans le Paradis. » (Lc 23, 43)
Cependant l’autre larron, moins endurci, rentrait en lui-même au moment de paraître devant Dieu. Il se rendait justice : sa peine était méritée. Et ce même instinct de grâce, si sûr, lui faisait comprendre aussi que Jésus était innocent. Peut-être autrefois avait-il entendu son compagnon de supplice, alors suivi de la foule, parler du royaume de Dieu qu’il devait inaugurer comme Messie. Les prêtres venaient encore de reconnaître ses miracles. Et cependant ce Jésus se taisait. C’est qu’il attendait son heure qui sûrement sonnerait, après ces souffrances dont il avait aussi parlé. Et s’efforçant de tourner la tête, le larron articula doucement : « Jésus, souviens-toi de moi lorsque tu viendras dans l’éclat de ton règne. » Admirable acte d’une foi que Jésus veut éclairer davantage, en tournant toutes les pensées du pécheur repentant vers son accès si prochain auprès de Dieu : « En vérité, je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis (Luc 23, 43). » Le bon larron, qui était juif, avait sûrement entendu parler du Paradis.
Le bon larron, qui était juif, avait sûrement entendu parler du Paradis. Transposant dans le monde d’en haut le Paradis terrestre, les docteurs en faisaient un lieu agréable où les âmes attendaient le dernier jugement. Et, en effet, Jésus devait se trouver avec le larron pardonné parmi les justes de l’Ancien Testament dans le lieu que les chrétiens nomment les limbes. Selon les Psaumes de Salomon, les saints eux-mêmes sont le Paradis de Dieu et les arbres de vie [Psaumes de Salomon 14, 3]. Compagnon de Jésus sur la Croix, l’heureux larron sera désormais sous sa sauvegarde auprès de Dieu. Et c’est ainsi que sur la Croix le Sauveur servait bien réellement les autres.
L’Évangile de Jésus Christ. P. M.-J. Lagrange, o. p. avec la synopse évangélique grecque traduite par le P. Lavergne, o. p., Éd. Artège, 2017)
4 avril 2023
Les Sept paroles de Jésus en croix avec les mots du P. Lagrange
Mardi de la Semaine sainte
La 2e parole (Mulier…) « Femme, voilà ton fils… »
Or, près de la croix de Jésus, se tenaient sa Mère, et la sœur de sa Mère, Marie, la [femme] de Clopas, et Marie de Magdala. 26Jésus donc, voyant sa Mère et, tout près, le disciple qu’il préférait, dit à sa Mère : « Femme, voilà ton fils… » 27Ensuite, il dit au disciple : « Voilà ta mère… » Et depuis cette heure-là, le disciple la prit chez lui (Jean 19, 25-27).
Le calice de la Rédemption fut amer pour Jésus. Ses souffrances sur la croix étaient atroces. Son cœur était meurtri par l’abandon de ses disciples, le mépris des chefs des Juifs, la lourde indifférence du grand nombre. Jusque-là, même dans ce mystère douloureux, le Père avait encore versé beaucoup de joie dans l’âme de Jésus par l’amour de sa Mère. Elle était là, pâtissant avec lui, augmentant ainsi sa torture et pourtant le consolant dans l’abandonnement des autres. Avec elle sa sœur, peut-être sa cousine, qui était la mère de Jacques et de José, puis Marie, femme de Clopas, Marie de Magdala, enfin le disciple bien-aimé. […] Jésus donc, voyant sa Mère et tout près le disciple qu’il aimait, dit à sa Mère : « Femme, voilà votre Fils. » Ce terme de femme sonne plus doucement aux oreilles d’un Oriental qu’aux nôtres, nous l’avons déjà vu [les noces de Cana]. Et Jésus, se séparant de sa Mère, ne veut plus lui donner ce nom très doux. Cela aussi fait partie de son sacrifice. Sa pensée est de la confier à celui qu’il aime le mieux, par qui elle sera le mieux comprise quand elle parlera de son vrai Fils. Étant très jeune, son affection sera à la fois plus respectueuse et plus tendre. Il devra donc la regarder vraiment comme sa mère : « Voilà ta mère. » Et depuis ce moment le disciple la prit chez lui. Quelle union entre eux fut créée par cette parole et par ce souvenir ! Tous les chrétiens, devenus frères de Jésus par le baptême, sont donc aussi fils de Marie. Ils s’approchent de la Croix, s’entendent dire cette parole : Voilà votre Mère ! Et ils savent, et ils éprouvent que Marie les traite vraiment comme des fils.
L’Évangile de Jésus Christ. P. M.-J. Lagrange, o. p. avec la synopse évangélique grecque traduite par le P. Lavergne, o. p., Éd. Artège, 2017, p. 609.)
3 avril 2023
Lundi de la Semaine sainte
Première des Sept paroles de Jésus en Croix : Le Pater…
Lc 23. 34a. Or Jésus disait : « Père ! pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. »
Le premier mot de Jésus sur la croix fut une parole de pardon : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. » Les Juifs croyaient savoir, mais ils étaient aveuglés par l’orgueil, racine de leur haine, et cet aveuglement étant volontaire dans son principe, ils avaient grand besoin de pardon. Jésus leur accorde le sien et implore son Père pour eux en montant sur la croix, puisqu’il est venu souffrir pour obtenir la grâce des pécheurs.
Il faut surtout se souvenir que la charité couvre la multitude des péchés : « Avant tout, conservez entre vous une grande charité, car la charité couvre une multitude de péchés. (1ère Épître de Pierre, 4, 8.) »
L’Évangile de Jésus Christ. P. M.-J. Lagrange, o. p. avec la synopse évangélique grecque traduite par le P. Lavergne, o. p., Éd. Artège, 2017 et L’Évangile selon saint Luc. P. M.-J. Lagrange, Lecoffre, 1941.
1er avril 2023
« Jésus-Christ s’est fait pauvre pour nous enrichir par sa pauvreté »
Récollection aux Équipes Notre-Dame de La Réunion
Carmel des Avirons, les 25-26 février 2023.
Fr. Manuel Rivero O.P., conseiller spirituel du secteur La Réunion.
Les Équipes Notre-Dame soutiennent les couples dans leur désir de mieux communiquer grâce aux réunions mensuelles de partage et de formation ainsi que par la pédagogie spirituelle de l’oraison, le cœur à cœur avec Dieu dans le silence, la prière et le devoir de s’asseoir.
Le devoir de s’asseoir
Ce devoir de s’asseoir que l’on pourrait aussi appeler « plaisir de s’asseoir » représente un apport original pour la croissance de l’amour conjugal. En quoi consiste-t-il ? Il s’agit d’un rendez-vous que le couple prend afin de se rendre disponible de manière réciproque dans un climat de prière, de calme et d’exigeante vérité. D’aucuns déclarent a priori qu’ils communiquent déjà beaucoup et qu’ils se voient tout le temps. À quoi bon ajouter un rendez-vous qui pourrait sembler artificiel ? En réalité, dans toutes les relations humaines il y a des non-dits, ces pensées que l’on garde en soi de peur de provoquer un conflit. Ces pensées cachées, fermées, fermentent petit à petit et elles peuvent tourner au « cancer » ou à « la gangrène ». Ces cellules infectieuses grandissent et finissent par rendre malade la relation du couple. Le malaise intérieur se manifeste aussi dans la violence verbale ou physique. Il convient d’arrêter la maladie en ses débuts. Le devoir de s’asseoir (DSA) permet l’expression et la libération de l’agressivité qui peut couver en chacun ; il freine la violence qui provient de la frustration. Ce qui était négatif dans le silence intérieur peut devenir énergie positive par l’écoute, la compréhension et la réconciliation.
Au cours du devoir de s’asseoir on ne coupe pas la parole au conjoint qui s’exprime et on lui dit « merci » pour avoir partagé ce qu’il pensait même si cette pensée peut être erronée ou douloureuse à entendre. Habituellement trois questions scandent l’échange : est-ce que ça va ? ; est-ce que quelque chose te dérange ? ; y a-t-il quelque chose que tu aimerais ?. Plus les couples partagent en profondeur dans la bienveillance et la miséricorde et plus ils ont envie de mettre en commun davantage de sentiments et d’idées.
Communiquer à partir des fragilités et des pauvretés.
Habituellement les conjoints pensent que le partage des forces et des réussites apportera bonheur et estime réciproque. Ce n’est pas faux. Mais l’expérience montre que c’est dans la reconnaissance de ses propres faiblesses que la rencontre devient plus sincère et bienfaisante.
Ceux qui fréquentent des personnes handicapées avouent que ces personnes pauvres en pouvoir et en réussite sociale leur font du bien. Il en va de même dans la rencontre avec des personnes détenues en prison. Ils n’ont à offrir qu’eux-mêmes avec la grandeur de leur dignité humaine sacrée. En laissant tomber les masques, la personne manifeste son besoin d’aide et sa vulnérabilité. « Heureux ceux qui ont une âme de pauvre » (Mt 5,3), enseigne Jésus dans les béatitudes. D’ailleurs, c’est la première des béatitudes qui figure comme le fondement du projet chrétien de réussite, non pas de la réussite « dans la vie » mais de « la réussite de la vie ». En effet, les pauvres ne seront plus pauvres. Dieu comble leur manque : « le Royaume des cieux est à eux » (Mt 5,3).
Si le mariage unit des forces il n’en demeure pas moins l’union de deux solitudes et de deux pauvretés. Chaque conjoint porte en lui une solitude infinie, espace d’accueil de Dieu et pour les autres. Plutôt qu’un vide, la solitude peut devenir la demeure intérieure riche en hospitalité et en échange. Il importe de reconnaître sa propre fragilité et d’accepter avec amour la fragilité de l’autre.
Dieu a choisi de se révéler et de nous sauver en s’abaissant et en se dépouillant de la gloire qui était la sienne dès avant la fondation du monde. La science divine de la communication se trouve cachée en Jésus-Christ qui aurait pu nous sauver du haut du Ciel et dans sa toute-puissance mais qui a préféré le dépouillement et l’humilité jusqu’à l’humiliation et la douleur de la croix : « S’étant comporté comme un homme, il s’humilia plus encore, obéissant jusqu’à la mort, et à la mort sur une croix ! » (Ph 2,8).
Le couple chrétien devient disciple de Jésus en s’unissant aux sentiments du fils de Marie dans la méditation du Chemin de croix. Les récits de la Passion de Jésus représentent non pas un échec mais l’art d’aimer du Fils de Dieu fait homme.
Saint Paul le dit dans sa lettre aux chrétiens de Corinthe : « Jésus-Christ s’est fait pauvre pour nous enrichir par sa pauvreté » (2 Cor 8,9). Formule paradoxale ! Dans la logique humaine, la pauvreté ne peut pas enrichir. Pourtant dans la sagesse de Dieu le partage de la pauvreté enrichit le cœur et l’âme de l’amour de Dieu et de l’amour humain, amours inséparables dans la personne de Jésus-Christ, Fils de Dieu fait homme. « Il n’y a qu’un amour », s’exclamait saint Augustin. L’amour de Dieu répandu dans le cœur des fidèles (cf. Rm 5,5) devient la force d’aimer les autres et soi-même. Le symbole du triangle équilatéral, où Dieu figure au sommet tandis que l’homme et la femme représentent les côtés, permet de visualiser ce qui se passe dans les âmes : plus les conjoints montent vers Dieu par la foi, la prière et la charité plus ils se rapprochent l’un de l’autre et non seulement de Dieu. Le mystère de l’amour chrétien abolit les séparations et il fait disparaître les compartiments étanches : l’oratoire et le laboratoire, l’église et l’entreprise, la foi et la raison, le quotidien du profane et le sacré dans les temples. « Dieu est dans les marmites », enseignait sainte Thérèse d’Avila. Dieu est partout. Pour le croyant, la vie ordinaire devient sacrement de la rencontre avec Dieu : « Voir Dieu en toutes choses et toute chose en Dieu », selon la spiritualité de saint Ignace de Loyola.
Les conjoints remettent souvent le devoir de s’asseoir à plus tard afin d’éviter des conflits ou la honte d’avoir à reconnaître leurs torts. Jésus a aimé les hommes alors qu’ils étaient coupables. Dans la lumière de l’amour de Jésus pour chacun, le rendez-vous des conjoints dépasse la peur du jugement pour partager la vulnérabilité et la pauvreté de chacun dans une démarche de miséricorde réciproque.
Lors de mon séjour en Haïti, à l’occasion d’une session de l’école des parents, un couple avait témoigné sur la communication conjugale en disant : « Dans le mariage, il est impossible de durer sans prononcer deux phrases : « Tu m’as fait mal » et « je te prie de m’excuser ». La souffrance doit être exprimée et le pardon accordé. Sans la verbalisation des sentiments douloureux l’agressivité, voire la haine grandissent jour et nuit. Sans les excuses pour les manques d’attention ou sans la demande de pardon pour les fautes commises, la confiance disparaît et les blessures restent ouvertes. L’envie de tout arrêter jaillit. Le besoin de reconnaissance de la vérité et la soif d’une vie meilleure poussent à la fuite et à la rupture des engagements. Il n’y a de liberté que dans la vérité : « La vérité rend libre » (Jn 8, 32), enseigne Jésus dans l’Evangile. Sans l’aveu des fautes et sans le pardon, les conjoints se condamnent à porter des « sacs de ciments » sur leurs têtes. Ces « sacs de ciment » sont déposés à terre dans le dialogue et la miséricorde. La réconciliation affermit alors l’estime réciproque, la confiance en soi-même et elle ouvre un chemin de lumière pour l’avenir.
1er avril 2023
Saint du jour :
Il fut un élève du P. Marie-Joseph Lagrange à l’École biblique de Jérusalem.
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